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Evénements de vie signicatifs, détresse psychologique et dépendance aux drogues

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par Dzodzo Eli Ekploam KPELLY
Université de Lomé - Diplôme d'études supérieures spécialisées  2011
  

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2.3.2. Axe des travaux relatifs aux consommations de drogues

Du jour au lendemain, plusieurs études se construisent sur les drogues. Les tendances s'intéressent soit à leur genèse, soit à leur évolution ou soit aux complications psychiatriques que les drogues sont susceptibles de provoquer à court ou à long terme. Nous nous sommes intéressé de près aux recherches essayant de repérer les facteurs psychologiques et socioculturels intervenant de façon décisive dans le déterminisme des conduites de consommation de drogues.

Hall et al. (1990) ont réalisé une étude prospective auprès des alcooliques. Dans leurs explications, les alcooliques ont associé leur rechute à un état de stress. Cette étude, s'intéressant également aux situations ou événements qui peuvent déclencher la rechute des alcooliques, relève la prudence avec laquelle il faut considérer les explications des toxicomanes. Cela signifie qu'il peut avoir d'autres variables intrinsèques à la personnalité du toxicomane que lui-même peut ignorer.

Outre que l'état de stress peut conduire à la reprise des conduites alcooliques, les états émotionnels pénibles et les désaccords nés des relations interpersonnelles déclenchent aussi la rechute dans l'alcoolisme.

Marlatt et Larimer(1990) dans leur étude initiale sur les alcooliques, ont demandé aux personnes qui avaient rechuté de décrire les situations qui avaient déclenché cette rechute, au moment du suivi. Ils ont constaté que les

situations relevées par les alcooliques pouvaient être classées en catégories et que près des trois quart des rechutes étaient associés à trois d'entre elles : les états émotifs désagréables, la pression sociale et les conflits interpersonnels.

Les facteurs sociaux et familiaux sont non négligeables dans le déterminisme des conduites de consommation de drogues.

Tremblay et al. (2000) ont mis en évidence des facteurs socio-familiaux et l'influence des pairs sur la cause et la poursuite des conduites toxicomaniaques chez les toxicomanes.

Parfois, certaines recherches incriminent manifestement les problèmes émotifs et les problèmes personnels vécus par les individus pour expliquer le retour aux consommations de drogues.

Westermeyer et Boedicker (2000), ont montré que le retour à la consommation après une période d'abstinence tient à des pressions internes, aussi bien qu'externes : problèmes émotifs (anxiété, dépression, colère), fuite des problèmes personnels ou soulagement de la douleur, disponibilité de la drogue.

Depuis les années 2000, les troubles de la personnalité sont identifiés comme jouant un rôle prééminent dans l'apparition des conduites de consommation de drogues.

Franques et al. (2000) ont cherché à étayer l'hypothèse d'une relation entre abus de cannabis et personnalité dans une étude longitudinale sur un an. Cette étude qui avait pour objectif d'étudier la relation entre la consommation du cannabis et l'évolution symptomatologique d'une pathologie psychotique de début récent, a porté sur 93 patients âgés de 15 à 26 ans. Les résultats ont montré que la consommation d'importantes quantités de cannabis se retrouve chez les psychopathes. Ils concluent que la personnalité antisociale est une personnalité à haut risque pour la consommation du cannabis.

En 2001, C'est Dulit qui s'inscrit dans cette approche selon laquelle le rôle des troubles de la personnalité dans les addictions aux drogues est prépondérant.

Dulit (2001) a pu montrer dans une étude portant sur la consommation de substances psychoactives chez les états limites que si la toxicomanie ne faisait plus partie des symptômes de diagnostic de personnalité-limite, le cours de la maladie devenait plus favorable. Il ajoute que ces patients peuvent engendrer lors des sevrages soit des symptômes psychotiques, soit des troubles anxieux, soit des états dépressifs majeurs sur l'un des quatre pôles : cognitif, affectif, psychotique ou comportemental.

Dans le souci de répertorier les facteurs probables d'explication des habitudes de consommation de drogues, il est apparu un élément essentiel : la prégnance des traumatismes antérieurs.

Une étude (Nardeau& Bertrand, 2001) menée à Montréal dans le cadre d'un projet sur l'inadaptation grave et persistante chez les toxicomanes, a montré que pratiquement, les rechutes sont fréquentes et font partie intégrante du processus de rémission. Les auteurs ont ainsi pu identifier, suite aux entrevues de deux heures avec chacune de ces femmes toxicomanes, que ces rechutes sont dues aux mêmes facteurs associés que l'on retrouve dans la progression de la consommation, mais aussi au contexte qu'évoquent les situations de traumatisme dans l'enfance.

La toxicomanie des jeunes adultes peut être la conséquence de la perturbation du climat affectif familial, qui se veut apaisant et sécurisant à travers l'amour, la sympathie, la tendresse, la solidarité, la cordialité et la bienveillance des membres de la famille.

Sévon(2002), dans son étude sur « l'impact du climat affectif familial sur la personnalité de l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé », a montré que l'âge actuel, le type de famille et la position occupée dans la fratrie ne sont pas des facteurs déterminants dans l'explication de l'étiologie de la toxicomanie. Cependant, il ressort que le phénomène est essentiellement masculin, que la consommation se fait en groupe et la plupart des toxicomanes le sont devenus lorsqu'ils vivaient encore avec leurs parents géniteurs. D'après les facteurs subjectifs, le désir d'attirer l'attention des

parents constitue un facteur déterminant. Enfin, parmi les facteurs psychologiques, la disqualification du père (absence physique et / ou psychique) et la surprotection maternelle sont les facteurs prépondérants entraînant le trouble de l'organisation de la personnalité pouvant déboucher sur la dépendance à la drogue.

Dans la poursuite des recherches et suite aux diverses expériences, certains chercheurs font prévaloir les résultats positifs, obtenus suite aux attentions, soins et services additionnels accordés aux femmes, dans l'issue favorable des traitements d'alcoolisme et de toxicomanie des femmes.

Ashley (2003) a effectué une étude portant sur le traitement des femmes qui ont des problèmes importants d'alcoolisme et de toxicomanie.Pour ce faire, elle a examiné 38 études sur le traitement des femmes, dont 7 étaient aléatoires, et cerné plusieurs composantes du traitement qui étaient associées à des résultats positifs : garderies, services prénataux, programme pour femmes seulement, services additionnels et ateliers axés sur les femmes, soins de santé mentale, et soins de santé intégrés. Les études ont trouvé des associations de ces six composantes de l'achèvement du traitement : la durée du séjour, la diminution de la consommation d'alcool et des drogues, la réduction des symptômes touchant la santé mentale, une meilleure issue de la grossesse, l'emploi, l'état de santé auto déclaré et la réduction des risques de contracter le VIH.

Par ailleurs, la consommation de drogues peut être considérée comme une réponse à la mauvaise estime de soi et à la détresse psychologique des jeunes adultes.

Hattah (2007), a fait ressortir les situations et les effets tirés des substances psychoactives qui maintiennent la conduite de consommation, en dépit de la connaissance des conséquences néfastes que ces produits engendrent.Cette étude a permis de cerner la consommation de drogue comme répondant à un certain nombre de facteurs à savoir la nervosité, les soucis, la tristesse, la fatigue, la déprime, les frustrations, la difficulté à réaliser son

rêve, l'image négative de soi, qui sont à l'origine de la consommation des drogues.

Outre que les situations désagréables et l'image négative de soi facilitent l'apparition des conduites de consommation de drogues, les traits de personnalité sont de plus en plus primés dans le déclenchement des consommations de drogues.

Allouky(2008) dans une étude portant sur 38 alcooliques au Centre Hospitalier Universitaire de Kara a relevé les conséquences organiques et psychologiques que peuvent entraîner l'alcoolisme. Il a trouvé que la dépendance à l'alcool conduit à des décompensations psychopathologiques (troubles anxieux, dépressifs et psychotiques). Il a également relevé que l'addiction à l'alcool est liée à des facteurs externes et internes et que les facteurs internes rendent compte de la vulnérabilité de l'individu. Il a en effet identifié les traits de personnalité associés à l'abus de l'alcool. De plus, il a identifié chez ces sujets de nombreuses complications neurologiques de l'alcoolisme chronique.

Au total, les drogues demeurent un domaine de prédilection à la fois pour les consommateurs et pour les chercheurs, qui tentent tant bien que mal de repérer les facteurs psychologiques, sociaux et physiques intervenant dans le déclenchement des conduites de consommation de drogues. Les travaux des différents auteurs, que nous avons cités, tentent d'élucider et de justifier les consommations de drogues par des facteurs antérieurs aux habitudes de consommation et non pas comme étant à l'origine d'autres troubles ultérieurs, selon certaines littératures. Que se soient Hall et al. (1990), Marlatt et Larimer(1990), Tremblay et al. (2000), Westermeyer et Boedicker (2000), Franques et al. (2000), Dulit (2001), Nardeau et Bertrand (2001), Sévon (2002), Ashley (2003), Hattah (2007) et Allouky(2008) ; tous s'accordent pour incriminer soit les troubles de la personnalité dans ses modalités de personnalité antisociale et borderline, soit les émotions désagréables et les états de stress, soit les facteurs socio-familiaux affectifs.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus