2.2. Cadre théorique : la théorie de
l'assuétude de Stanton
La théorie de l'assuétude ou «
dépendance » élaborée par Stanton (1982),repose sur
l'interrelation entre les facteurs physiques, psychologiques et sociaux de la
personne et le rôle que la substance (ou le comportement) occupe dans la
vie de celle-ci.
2.2.1. La théorie de l'assuétude de Stanton
(1982) :le cycle de l'assuétude
Les drogues ont toutes en commun l'effet d'éliminer
l'angoisse et de faire oublier les ennuis de toutes sortes et la douleur chez
l'individu. C'est pourquoi certaines personnes les consomment
régulièrement pour tenter de rendre permanent ce
côté de la drogue. Par contre, lorsque les consommateurs
recherchent cet effet à long terme, ils entrent dans ce qui est
appelé le cycle de l'assuétude. En consommant de la drogue pour
éviter de faire face à la réalité et ce qu'elle
comporte, les personnes en arrivent à un point où leurs
problèmes ne peuvent plus se régler parce qu'elles les ont
évités, c'est cela qui créé de la peur et de
l'angoisse. Elles se retournent donc encore vers la drogue pour oublier ces
problèmes qui empirent de jour en jour, tout comme leur consommation.
Ces personnes en arrivent à un point où leur consommation est le
point central de leur vie parce qu'elles ne trouvent plus aucune
satisfaction dans leur vie. Elles essaient de retrouver cette
satisfaction dans les psychotropes qu'elles consomment, si bien que les
psychotropes consommés deviennent leur seule satisfaction. Les
personnes, graduellement, perdent l'envie de faire des choses pourtant
aimées auparavant pour se consacrer à leur consommation, qui
occupe le temps, structure la vie et procure un rituel rassurant, tout en
donnant une certaine identité aux individus. Quatre
éléments de base permettent de reconnaître une personne
engagée dans le cycle de l'assuétude :
- L'assuétude est un continuum, c'est-à-dire
qu'il est un cercle vicieux, qui recommence sans arrêt et qui n'a pas
de fin sans intervention.
- L'assuétude détourne la personne de tous ses
autres centres d'intérêt, ce qui veut dire que l'usage des drogues
devient omniprésent, enéliminant progressivement tous les autres
centres d'intérêt de la personne.
- L'assuétude n'est pas une expérience
agréable, la personne utilise des psychotropes presque uniquement dans
le but de soulager sa souffrance et qu'il n'y a plus le plaisir lié
à la consommation, comme au début.
- L'assuétude est l'incapacité de choisir de ne
pas faire quelque chose, c'est-à-dire que la personne a placé les
psychotropes au centre de sa vie et qu'elle ne vit que pour cela. Les
substances la dominent totalement et la personne n'est plus maître de sa
vie.
Figure1 : Le cercle vicieux de l'assuétude
L'individu qui au départ possède des
antécédents personnels, vit donc dans un contexte
socio-économique défini. Tout au long de sa vie, il est
susceptible de se trouver dans les situations favorables ou défavorables
qui engendrent des émotions. Les émotions de l'individu peuvent
lui donner du plaisir ou du déplaisir et elles peuvent créer de
l'angoisse, et un sentiment d'impuissance faisant en sorte qu'il se sente
dépassé. L'individu adopte alors une façon qui lui est
propre de fonctionner et de rechercher des solutions pour apaiser la souffrance
engendrée par ces émotions négatives. Il recherche ces
solutions en fonction de sa compréhension du problème. Deux
possibilités s'offrent à lui : il peut choisir des solutions
adaptées ou des exutoires.
Le premier choix consiste à développer ou
à mettre à profit des habiletés qui permettent une
réelle satisfaction et un sentiment de confiance et de
compétence.
Le second choix consiste à opter pour les exutoires.
Ces exutoires apportent une satisfaction apparente, sans toutefois
répondre adéquatement aux besoins réels. Elles procurent
un apaisement momentané mais elles impliquent une
détérioration progressive de la situation de vie, le
déracinement de la personne et la perte du sentiment d'efficacité
et de l'estime de soi.
Lorsque l'effet de l'exutoire est passé, l'individu se
retrouve face aux mêmes difficultés. L'angoisse et le sentiment
d'être dépassé reviennent. L'individu applique les
mêmes solutions pour soulager sa souffrance. Cellesci engendrent d'autres
difficultés, et le problème perpétue. Un continuum s'est
installé.
L'anxiété est ainsi prise comme exemple des
émotions négatives. Elle est donc la porte d'entrée dans
le cycle. L'exutoire constitue le recours aux substances psychoactives qui
procurent du bien-être, de l'euphorie, diminuent la peur en
décrispant ainsi des échanges sociaux, réinstaurent
l'impression de puissance. L'anxiété diminue. Les contraintes
sont dégagées. Cela ne dure qu'un bout de temps : en effet,
l'effet de cet exutoire diminue et les difficultés
réapparaissent. C'est le retour de la tension qui engendre à
nouveau des émotions négatives qu'on fuyait au départ. Et
comme les substances psychoactives constituent les voies qui soulagent
rapidement, on en fait encore recours. Et ainsi recommence le cercle
vicieux.
L'assuétude possède des caractéristiques
particulières bien déterminées. Elle est
l'incapacité de choisir ou de ne pas choisir de faire quelque chose.
C'est aussi le désir de fuir la réalité ou le désir
de simplification et de facilité. L'assuétude amène
l'individu à rechercher la solution adéquate à son
angoisse à l'extérieur de soi. Elle créé le besoin
d'avoir une satisfaction immédiate. D'après certains chercheurs,
c'est à la fois le sentiment d'être incapable d'affronter sa vie
et un besoin de sécurité. C'est aussi une tendance à
être dépendant et passif. L'assuétude suscite chez
l'individu un besoin de pouvoir sur les autres.
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