I.1.2. Les déchets ménagers vus comme
externalités pécuniaires
Les économistes considèrent l'externalité
pécuniaire comme reposant sur des mécanismes de marché
classique et de prix. Différentes distinctions ont pu être
envisagées pour caractériser les modes et les conditions de
transmissions de ces externalités pécuniaires, par
l'intermédiaire du marché. Les effets de prix se
présentent comme une variété d'externalités
pécuniaires. L'effet externe qui accompagne les échanges porte
sur une variation de prix que génère ou qui génère
un surplus pour des agents économiques.
Les déchets ménagers, produit joint de
consommations de biens, font effectivement l'objet d'échanges qui
passent par le marché notamment par les mécanismes de prix. Ce
phénomène observé en Afrique est très largement
relaté dans les études des organismes internationaux, d'agences
de coopération bilatérale etc. Cette activité est
basée sur l'interdépendance directe sur le marché entre un
récepteur c'est à dire les récupérateurs et
recycleurs - et un émetteur - le consommateur. Cette
interdépendance directe est communément décrite comme une
filière de récupération et recyclage. Elle est
appréhendée en termes de secteur informel ou économie
informelle.
Toute une « filière» de
récupération et recyclage des déchets ménagers est
basée sur un processus relationnel particulier entre le récepteur
- les récupérateurs et les recycleurs - et le receveur sur le
marché. L'activité du récepteur dépend de la
production de déchets ménagers dont il fait usage comme input.
L'input figure comme argument de la fonction de profit du
récepteur. Le profit du recycleur, par exemple,
dépend non seulement de sa propre production et de ses propres facteurs
de production, mais aussi de la production de déchets ménagers
émanant du consommateur - ou ménages -. La manifestation des
déchets ménagers passe par le mouvement de prix de l'input des
récupérateurs et recycleurs, ce qui constitue en fait une source
de surplus pour ces récepteurs.
Nous pouvons décrire le processus comme étant le
suivant : les récupérateurs et les recycleurs voient leurs
profits augmenter suite à la baisse du prix de leur input
constitué de déchets ménagers. Cette baisse du prix de
l'input est ensuite répercutée sur le prix de l'output, ce qui
bénéficie aux utilisateurs de cet output. Ils produisent des
biens dits recyclés dont le prix
reflète le mouvement du prix des facteurs de
production. Il s'agit bien là d'un surplus du consommateur telle que
Scitovsky le conçoit. Scitovsky (1954) rattache, en effet, les
mouvements de prix à une variété de surplus:
« Les profits (résultant du mouvement de prix des
facteurs lorsque la taille de
certaines industries augmente) - sont des économies
externes pécuniaires -Marshall les appelait, ou les aurait
appelés les bénéfices que retient lesindividus, des
surplus du producteur et du consommateur, respectivement.»
Au total, les déchets ménagers peuvent
être appréhendés sur le plan théorique à la
fois comme des externalités technologiques et pécuniaires. Pour
corriger ces externalités et aboutir ainsi à l'optimum collectif
il convient d'internaliser les coûts. Nous ne retiendrons ici que
l'internalisation à l'aide d'instruments économiques.
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