CONCLUSION
GENERALE
Compte tenu de la situation géopolitique
privilégiée de son pays en Asie orientale, la nation
coréenne, héritière d'une des plus anciennes et plus
grandes civilisations de l'ExtrêmeOrient, connut une longue histoire
marquée par une lutte permanente pour préserver sa
souveraineté contre l'impérialisme des puissances aussi bien
voisines qu'internationales. Elle connut au début du
20ème siècle, en raison de l'impérialisme
mondial, l'une des phases les plus tragiques de son histoire, lorsque le Japon,
après une série d'interventions successives, l'annexa purement le
22 Août 1910.
Malgré l'entame tardive du processus de
réunification du peuple à travers la décentralisation
administrative coloniale et l'ouverture de la péninsule à une
économie moderne, la terrible domination coloniale qui dura environ
quatre décennies suscita la résistance du peuple coréenne.
Cette résistance ne faiblit point, malgré l'effroyable
répression politique et socioculturelle. La lutte d'indépendance
du peuple coréen prit dès lors la forme armée dans les
années 1930 et joua un rôle décisif dans la
libération du pays, en convergence avec le combat des forces
alliées notamment celle américano-soviétique contre l'axe
fasciste dont le Japon.
Après la libération le 15 Août 1945, le
peuple coréen prétendit recouvrer son indépendance et la
souveraineté, comme s'y furent engagées les Alliés lors de
la conférence du Caire en novembre 1943. Cette légitime
aspiration de toute une nation ne fut malheureusement pas
réalisée et ceci, dans le contexte de l'affrontement des
superpuissances qui suivit la défaite de l'Axe. Les États-Unis,
profitant de la présence au Sud des troupes qu'ils
déployèrent pour la libération puis le désarmement
des troupes japonaises dominées, y s'installèrent comme en pays
vaincu. Ils éliminèrent toutes les instances populaires
pluralistes coréennes et méprisèrent les
Sud-coréens. Parallèlement, l'armée soviétique dans
sa partie encouragea la mise en place des structures étatiques
populaires coréennes, favorisant du coup le communisme. Ainsi
l'occupation soviétique du nord de la Péninsule conduisit, en
septembre 1948 à la mise en place d'un régime de type
Démocratie populaire, tandis qu'au Sud, l'influence américaine
favorisa l'émergence d'une République autoritaire anticommuniste
sous la houlette de Syngman Rhee. Dès lors s'installa en Corée
une logique de Guerre froide et la ligne de démarcation provisoire au
niveau du 38ème parallèle devint une frontière
intangible séparant deux Univers idéologiques antagonistes.
Les actions de la commission de l'ONU dans ces circonstances
n'aboutirent pas, puisque les deux zones furent fortement influencées.
Et quand les troupes d'occupation furent retirées, les conditions furent
réunies pour que la Corée devienne le point chaud de la Guerre
froide.
En effet, soutenu par les leaders communistes, Kim Il-sung,
dirigeant nord-coréen lança l'attaque contre sa voisine du Sud le
25 juin 1950. Puis survint la riposte immédiate des USA. L'intervention
chinoise sous la bannière des volontaires fut un tournant dans cette
Guerre et prouva encore l'opposition idéologique et l'influence
étrangère dans la Péninsule. Lorsqu'en juillet 1953,
intervient la signature de l'armistice, il n'y eut ni vaincu ni vainqueur. L'on
retourna au statu quo antérieur. La réunification
n'intervint point comme souhaitée et le
38ème parallèle se transforma en une
Zone Démilitarisée, long de 280 Km et large de 4 Km
oüune paix armée y règne puisque remplie de
militaires de chaque coté.
Les coréens de part et d'autre de cette zone
évoluèrent sous l'influence des superpuissances qui
transformèrent la Péninsule en un terrain de confrontation
idéologique au cours de la guerre froide. En effet, après
l'échec de la volonté de réunifier la Corée d'une
façon armée, les deux puissances y renforcèrent davantage
leurs positions. Les USA par le pacte miliaire signé avec le Sud,
intensifièrent leur présence militaire autour et dans la
Péninsule. Ils visent assurer non seulement la sécurité de
leur protégé mais aussi la sécurité
régionale et par delà la sécurité mondiale, en
contenant en Corée la progression inquiétante du communiste qui
risque d'atteindre le Japon affaiblie par la Guerre. Le bloc soviétique,
de son coté, assura à la Corée du Nord un soutien
économique et technologique lui permettant de renforcer son Armée
et de résister à la présence militaire américaine
à ses frontières. Ceci justifia le transfert de la technologie
nucléaire par Moscou à Pyongyang. La Corée vécut
durant cette période, jusqu'à 1990, la confrontation de l'Axe
Pyongyang-Moscou-Pékin contre l'Axe Séoul-Washington-Tokyo qui ne
furent que des instruments de la Guerre froide en Extrême-Orient.
Mais avec la disparition de l'URSS, mettant ainsi fin à
la Guerre froide, la Corée du Nord perdit son Alliée historique.
Les USA devenu hyperpuissante, contribuèrent à isoler davantage
le régime communiste du nord, seul au monde à conserver le
stalinisme. Même la Chine à partir de cette période
s'ouvrit au capitalisme et noua des relations avec les pays du bloc occidental
dont la Corée du sud, l'ennemi de la Corée du Nord. Malgré
ce changement, la Chine ne lâcha pas son petit frère, lui
accordant l'aide alimentaire, assistance militaire et économique et
l'utilisa comme pion quand elle se sent menacée sur le plan
international.
Les américains, désormais investis de leur
rôle de gendarme de la planète et craignant le risque de
prolifération nucléaire dans la région, à travers
toute les administrations jusqu'à nos jours, alternent confrontation et
dialogue pour parvenir à obtenir le gel des activités
nucléaires de Pyongyang et la dénucléarisation totale de
ce dernier. Ainsi le placèrent-ils parmi les pays de « l'Axe du
mal » et le traita d' « État voyou ».
Simultanément, ils obtinrent
de celui-ci des discussions sur la
dénucléarisation. La Corée du Nord pour sa part exige
avant tout un traité de paix avec les USA qui bannirait l'état de
belligérance entretenu par l'armistice de 1953 et une discussion direct
avec les américains, ce que ceux-ci ne furent pas disposés
à admettre lui faisant comprendre que Washington passe forcement par
Séoul. Même leur désir de voir l'armée
américaine quitter la Corée n'aboutit jamais. Au cours d'une
rencontre bilatérale entre les présidents américain et
sud-coréen lors du sommet du G20 de Toronto, il a été
décidé de repousser à 2015 le transfert à
l'armée sud-coréenne du contrôle des opérations
militaires en temps de guerre dans la péninsule coréenne,
contrôle actuellement détenu par l'armée américaine
qui maintient près de 30000 hommes en Corée. L'accord
signé en 2007 par la Corée du Sud et les Etats-Unis
prévoyait pourtant ce transfert dès 2012.
Sur le plan interne, cette situation d'influence
étrangère eut des répercussions sur les relations des deux
États. Ces relations, entre 1953-1990 furent faites d'affrontement au
tour des zones de pèches, de vives tensions, de raids commandos,
d'attentats avec plusieurs victimes de part et d'autre. Mais à partir de
1991, on sentit une amélioration dans ces relations, puisque Pyongyang
perdit ses alliées et s'isola de plus. On observa alors un rapprochement
des deux Entités de la Péninsule. La Corée du Sud devint
le second partenaire économique de sa soeur derrière la Chine.
Les relations entre 1991-2009 ne furent pas totalement chaudes entre les deux
pays, il y eut de grandes crises qui menacèrent ces relations notamment
l'affrontement naval en mer jaune des deux armées qui conduisit la
Péninsule à bord d'une guerre et qui s'en suivit d'une prompte
réaction internationale.
Dans ces circonstances, Pyongyang utilise constamment le
chantage nucléaire pour obtenir des avantages sur le plan international
en menaçant régulièrement sa soeur du sud d'une guerre
généralisée à travers des provocations
frontalières. Ainsi, les tentatives de rapprochements
prônées par le sud pour préparer une réunification
en douceur, n'aboutirent point. D'ailleurs en réaction à ses
provocations, la coalition militaire coréo-américaine entreprit
plusieurs exercices militaires dans les mers frontalières pour dissuader
le Nord dans ses intentions guerrières. Ce qui porta de sérieux
coups à la probable réunification. Cette dernière, bien
qu'étant le souhait de tous les coréens, s'exposa à
d'énormes difficultés.
Le niveau de développement de la Corée du Nord
(83èm rang mondial) contrasta avec celui du sud (aujourd'hui
13ème pays industrialisés au monde). Séoul eut
peur de faire face aux difficultés d'une probable réunification
comme ce fut le cas en Allemagne, où la RFA a dû supporter les
coups de la réunification allemande. Il faut aussi noter l'opposition
des conservateurs, aujourd'hui au pouvoir qui garde en souvenir le
déferlement du Nord sur le Sud en 1950. Ceux-ci sont partisans d'une
radicalisation des relations avec leurs frères. Ainsi
depuis l'élection de Lee Myung-back en 2008, on note une
montée de tension dans la Péninsule. A ces facteurs internes
s'ajoutent ceux extérieurs.
La réunification Coréenne menacerait la Chine
dans ses ambitions de puissance régionale voire mondiale. En effet, une
Corée réunifiée ferait une forte puissance
économique et nucléaire. Or ni le Japon, ni la Russie encore
moins la Chine n'accepterait une forte puissance nucléaire à ses
frontière et surtout qui ne se laisserait plus influencée, vu sa
situation de pont entre les pays précités. Ces derniers mirent
tous et mettrons tout en oeuvre pour éviter une réunification
péninsulaire.
Loin de nuire à la puissance américaine, cette
réunification avec à l'appui une puissance aux frontières
de la Chine et de la Russie permettra aux USA de contrôler ces derniers,
mais la réunification de la Péninsule implique
immédiatement le retrait des troupes américaines dans la
région, ce qu'ils ne sont pas près à admettre d'autant
plus que leur sécurité et surtout la sécurité
mondiale en dépend.
Dans ces conditions, les coréens dans leur ensemble ont
beau émis des voeux de réunification à travers des
discours et des rencontres, cette réunification pour l'heure est
hypothéquée. D'ailleurs les récents développements
de l'actualité dans la péninsule avec le bombardement du nord sur
l'île sud-coréenne de Yeonpyeong suivie des échanges de
tirs d'obus et la réaction musclée de la communauté
internationale, au rang de laquelle on note l'ONU mais surtout les
États-Unis, qui multiplièrent avec leur alliée du sud
plusieurs exercices militaires en protestation à l'attaque du nord,
prouvent à suffisance le degré de tensions entre les deux
États qui, d'ailleurs ne sont pas près pour une
réunification. Mais cette dernière dépendrait
énormément de la volonté des USA qui détiennent
jusqu'alors une très grande marge de manoeuvre dans la
péninsule
Pour l'heure, Pyongyang persiste dans sa diplomatie
prédatrice et même la politique de reforme économique avec
une réallocation des ressources militaires et l'ouverture du
régime sur l'extérieur tant prônée par certains
analystes sont peu crédibles, vu le fonctionnement du régime. Il
faudrait peut être promouvoir la coexistence pacifique dans la
péninsule en tenant compte du jeu trouble des puissances
extérieures, notamment la Chine et les États-Unis, surtout que la
thèse d'un probable brutal effondrement de la Corée du Nord a
définitivement traversée le temps, puisque ce régime
continue de résister. La preuve, les deniers développements de
l'actualité font entrevoir une probable succession de Kim Jong-un
à son père, Kim Jong-il actuellement très soufrant, ce qui
a d'ailleurs fait monter la tension
dans la Péninsule. Si ceci venait à être
confirmé, avec la même orientation politique, la crise en
Corée aura certainement de beaux jours devant elle et les puissances
étrangères continueront, elles aussi à influencer les deux
Etats frères au grand dam du processus de réunification.
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