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Les relations inter- coréennes de 1910 à  2009

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par Kossi AHOSSEY
Université de Lomé Togo -  Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011
  

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CONCLUSION

GENERALE

Compte tenu de la situation géopolitique privilégiée de son pays en Asie orientale, la nation coréenne, héritière d'une des plus anciennes et plus grandes civilisations de l'ExtrêmeOrient, connut une longue histoire marquée par une lutte permanente pour préserver sa souveraineté contre l'impérialisme des puissances aussi bien voisines qu'internationales. Elle connut au début du 20ème siècle, en raison de l'impérialisme mondial, l'une des phases les plus tragiques de son histoire, lorsque le Japon, après une série d'interventions successives, l'annexa purement le 22 Août 1910.

Malgré l'entame tardive du processus de réunification du peuple à travers la décentralisation administrative coloniale et l'ouverture de la péninsule à une économie moderne, la terrible domination coloniale qui dura environ quatre décennies suscita la résistance du peuple coréenne. Cette résistance ne faiblit point, malgré l'effroyable répression politique et socioculturelle. La lutte d'indépendance du peuple coréen prit dès lors la forme armée dans les années 1930 et joua un rôle décisif dans la libération du pays, en convergence avec le combat des forces alliées notamment celle américano-soviétique contre l'axe fasciste dont le Japon.

Après la libération le 15 Août 1945, le peuple coréen prétendit recouvrer son indépendance et la souveraineté, comme s'y furent engagées les Alliés lors de la conférence du Caire en novembre 1943. Cette légitime aspiration de toute une nation ne fut malheureusement pas réalisée et ceci, dans le contexte de l'affrontement des superpuissances qui suivit la défaite de l'Axe. Les États-Unis, profitant de la présence au Sud des troupes qu'ils déployèrent pour la libération puis le désarmement des troupes japonaises dominées, y s'installèrent comme en pays vaincu. Ils éliminèrent toutes les instances populaires pluralistes coréennes et méprisèrent les Sud-coréens. Parallèlement, l'armée soviétique dans sa partie encouragea la mise en place des structures étatiques populaires coréennes, favorisant du coup le communisme. Ainsi l'occupation soviétique du nord de la Péninsule conduisit, en septembre 1948 à la mise en place d'un régime de type Démocratie populaire, tandis qu'au Sud, l'influence américaine favorisa l'émergence d'une République autoritaire anticommuniste sous la houlette de Syngman Rhee. Dès lors s'installa en Corée une logique de Guerre froide et la ligne de démarcation provisoire au niveau du 38ème parallèle devint une frontière intangible séparant deux Univers idéologiques antagonistes.

Les actions de la commission de l'ONU dans ces circonstances n'aboutirent pas, puisque les deux zones furent fortement influencées. Et quand les troupes d'occupation furent retirées, les conditions furent réunies pour que la Corée devienne le point chaud de la Guerre froide.

En effet, soutenu par les leaders communistes, Kim Il-sung, dirigeant nord-coréen lança l'attaque contre sa voisine du Sud le 25 juin 1950. Puis survint la riposte immédiate des USA. L'intervention chinoise sous la bannière des volontaires fut un tournant dans cette Guerre et prouva encore l'opposition idéologique et l'influence étrangère dans la Péninsule. Lorsqu'en juillet 1953, intervient la signature de l'armistice, il n'y eut ni vaincu ni vainqueur. L'on retourna au statu quo antérieur. La réunification n'intervint point comme souhaitée et le

38ème parallèle se transforma en une Zone Démilitarisée, long de 280 Km et large de 4 Km une paix armée y règne puisque remplie de militaires de chaque coté.

Les coréens de part et d'autre de cette zone évoluèrent sous l'influence des superpuissances qui transformèrent la Péninsule en un terrain de confrontation idéologique au cours de la guerre froide. En effet, après l'échec de la volonté de réunifier la Corée d'une façon armée, les deux puissances y renforcèrent davantage leurs positions. Les USA par le pacte miliaire signé avec le Sud, intensifièrent leur présence militaire autour et dans la Péninsule. Ils visent assurer non seulement la sécurité de leur protégé mais aussi la sécurité régionale et par delà la sécurité mondiale, en contenant en Corée la progression inquiétante du communiste qui risque d'atteindre le Japon affaiblie par la Guerre. Le bloc soviétique, de son coté, assura à la Corée du Nord un soutien économique et technologique lui permettant de renforcer son Armée et de résister à la présence militaire américaine à ses frontières. Ceci justifia le transfert de la technologie nucléaire par Moscou à Pyongyang. La Corée vécut durant cette période, jusqu'à 1990, la confrontation de l'Axe Pyongyang-Moscou-Pékin contre l'Axe Séoul-Washington-Tokyo qui ne furent que des instruments de la Guerre froide en Extrême-Orient.

Mais avec la disparition de l'URSS, mettant ainsi fin à la Guerre froide, la Corée du Nord perdit son Alliée historique. Les USA devenu hyperpuissante, contribuèrent à isoler davantage le régime communiste du nord, seul au monde à conserver le stalinisme. Même la Chine à partir de cette période s'ouvrit au capitalisme et noua des relations avec les pays du bloc occidental dont la Corée du sud, l'ennemi de la Corée du Nord. Malgré ce changement, la Chine ne lâcha pas son petit frère, lui accordant l'aide alimentaire, assistance militaire et économique et l'utilisa comme pion quand elle se sent menacée sur le plan international.

Les américains, désormais investis de leur rôle de gendarme de la planète et craignant le risque de prolifération nucléaire dans la région, à travers toute les administrations jusqu'à nos jours, alternent confrontation et dialogue pour parvenir à obtenir le gel des activités nucléaires de Pyongyang et la dénucléarisation totale de ce dernier. Ainsi le placèrent-ils parmi les pays de « l'Axe du mal » et le traita d' « État voyou ». Simultanément, ils obtinrent

de celui-ci des discussions sur la dénucléarisation. La Corée du Nord pour sa part exige avant tout un traité de paix avec les USA qui bannirait l'état de belligérance entretenu par l'armistice de 1953 et une discussion direct avec les américains, ce que ceux-ci ne furent pas disposés à admettre lui faisant comprendre que Washington passe forcement par Séoul. Même leur désir de voir l'armée américaine quitter la Corée n'aboutit jamais. Au cours d'une rencontre bilatérale entre les présidents américain et sud-coréen lors du sommet du G20 de Toronto, il a été décidé de repousser à 2015 le transfert à l'armée sud-coréenne du contrôle des opérations militaires en temps de guerre dans la péninsule coréenne, contrôle actuellement détenu par l'armée américaine qui maintient près de 30000 hommes en Corée. L'accord signé en 2007 par la Corée du Sud et les Etats-Unis prévoyait pourtant ce transfert dès 2012.

Sur le plan interne, cette situation d'influence étrangère eut des répercussions sur les relations des deux États. Ces relations, entre 1953-1990 furent faites d'affrontement au tour des zones de pèches, de vives tensions, de raids commandos, d'attentats avec plusieurs victimes de part et d'autre. Mais à partir de 1991, on sentit une amélioration dans ces relations, puisque Pyongyang perdit ses alliées et s'isola de plus. On observa alors un rapprochement des deux Entités de la Péninsule. La Corée du Sud devint le second partenaire économique de sa soeur derrière la Chine. Les relations entre 1991-2009 ne furent pas totalement chaudes entre les deux pays, il y eut de grandes crises qui menacèrent ces relations notamment l'affrontement naval en mer jaune des deux armées qui conduisit la Péninsule à bord d'une guerre et qui s'en suivit d'une prompte réaction internationale.

Dans ces circonstances, Pyongyang utilise constamment le chantage nucléaire pour obtenir des avantages sur le plan international en menaçant régulièrement sa soeur du sud d'une guerre généralisée à travers des provocations frontalières. Ainsi, les tentatives de rapprochements prônées par le sud pour préparer une réunification en douceur, n'aboutirent point. D'ailleurs en réaction à ses provocations, la coalition militaire coréo-américaine entreprit plusieurs exercices militaires dans les mers frontalières pour dissuader le Nord dans ses intentions guerrières. Ce qui porta de sérieux coups à la probable réunification. Cette dernière, bien qu'étant le souhait de tous les coréens, s'exposa à d'énormes difficultés.

Le niveau de développement de la Corée du Nord (83èm rang mondial) contrasta avec celui du sud (aujourd'hui 13ème pays industrialisés au monde). Séoul eut peur de faire face aux difficultés d'une probable réunification comme ce fut le cas en Allemagne, où la RFA a dû supporter les coups de la réunification allemande. Il faut aussi noter l'opposition des conservateurs, aujourd'hui au pouvoir qui garde en souvenir le déferlement du Nord sur le Sud en 1950. Ceux-ci sont partisans d'une radicalisation des relations avec leurs frères. Ainsi

depuis l'élection de Lee Myung-back en 2008, on note une montée de tension dans la Péninsule. A ces facteurs internes s'ajoutent ceux extérieurs.

La réunification Coréenne menacerait la Chine dans ses ambitions de puissance régionale voire mondiale. En effet, une Corée réunifiée ferait une forte puissance économique et nucléaire. Or ni le Japon, ni la Russie encore moins la Chine n'accepterait une forte puissance nucléaire à ses frontière et surtout qui ne se laisserait plus influencée, vu sa situation de pont entre les pays précités. Ces derniers mirent tous et mettrons tout en oeuvre pour éviter une réunification péninsulaire.

Loin de nuire à la puissance américaine, cette réunification avec à l'appui une puissance aux frontières de la Chine et de la Russie permettra aux USA de contrôler ces derniers, mais la réunification de la Péninsule implique immédiatement le retrait des troupes américaines dans la région, ce qu'ils ne sont pas près à admettre d'autant plus que leur sécurité et surtout la sécurité mondiale en dépend.

Dans ces conditions, les coréens dans leur ensemble ont beau émis des voeux de réunification à travers des discours et des rencontres, cette réunification pour l'heure est hypothéquée. D'ailleurs les récents développements de l'actualité dans la péninsule avec le bombardement du nord sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong suivie des échanges de tirs d'obus et la réaction musclée de la communauté internationale, au rang de laquelle on note l'ONU mais surtout les États-Unis, qui multiplièrent avec leur alliée du sud plusieurs exercices militaires en protestation à l'attaque du nord, prouvent à suffisance le degré de tensions entre les deux États qui, d'ailleurs ne sont pas près pour une réunification. Mais cette dernière dépendrait énormément de la volonté des USA qui détiennent jusqu'alors une très grande marge de manoeuvre dans la péninsule

Pour l'heure, Pyongyang persiste dans sa diplomatie prédatrice et même la politique de reforme économique avec une réallocation des ressources militaires et l'ouverture du régime sur l'extérieur tant prônée par certains analystes sont peu crédibles, vu le fonctionnement du régime. Il faudrait peut être promouvoir la coexistence pacifique dans la péninsule en tenant compte du jeu trouble des puissances extérieures, notamment la Chine et les États-Unis, surtout que la thèse d'un probable brutal effondrement de la Corée du Nord a définitivement traversée le temps, puisque ce régime continue de résister. La preuve, les deniers développements de l'actualité font entrevoir une probable succession de Kim Jong-un à son père, Kim Jong-il actuellement très soufrant, ce qui a d'ailleurs fait monter la tension

dans la Péninsule. Si ceci venait à être confirmé, avec la même orientation politique, la crise en Corée aura certainement de beaux jours devant elle et les puissances étrangères continueront, elles aussi à influencer les deux Etats frères au grand dam du processus de réunification.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius