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Les relations inter- coréennes de 1910 à  2009

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par Kossi AHOSSEY
Université de Lomé Togo -  Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011
  

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3.2. Une réunification difficile à réaliser ?

Plusieurs facteurs rendirent quasiment impossible la réunification de la péninsule. La Corée du Sud eut peur des difficultés économiques qu'aurait occasionnées une réunification, en prenant surtout l'exemple de l'Allemagne. En effet, la réunification allemande fit apparaître des déséquilibres et posa la question de stabilité économique.

Aussi la Corée du Sud se rendit compte des probables difficultés qu'entraînerait une réunification dans la péninsule. Pyongyang fut lâchée par ses principaux soutiens dans les années 1990 et son économie très sinistrée, occupe le 83ème rang mondial. La vie à Pyongyang fut faite de famine et de disette tandis que le sud développa un niveau de vie très élevée.

Le rapport de PIB par habitant de la péninsule fut de dix pour un (Kissinger 2003: 144), ce qui poussa les Coréens du Sud à croire à une difficulté économique qu'ils auraient à faire face1. Ainsi donc, une grande partie de la population sud-coréenne se vit difficilement disposée à «payer» les prix d'une réunification avec l'un des États les plus pauvres au monde.

La réticence à aller à la réunification fut encore plus développée au sein de la population conservatrice coréenne, celle-là qui vécut ou qui garde encore en mémoire les affres de la guerre civile de 1950 à 1953. Ces derniers reprochèrent aux présidents Kim DaeJung (1998-2002) et Roh Moo-Hyun (2002-2008) leur Sunshine Policy dite de rapprochement à l'égard du nord.

Par ailleurs notons que c'est du rang de cette frange de la population sud-coréenne que fut élu l'actuel Président (décembre 2007) Lee Myung-Bak. Tenant d'une ligne ferme et faite de réciprocité vis-à-vis du Nord, son arrivée contrairement à ses prédécesseurs contribua à refroidir2 les relations intercoréennes.

Enfin, il faut relever le faite que Pyongyang brandit toujours la menace de guerre à l'encontre de sa soeur à chaque fois qu'il y ait raidissement de la situation internationale contre-elle. Ce qui ne mit pas en confiance les partisans d'un quelconque rapprochement. A

1- Source : www.diploweb.com. L'auteur nous rappelle à ce propos que Séoul se refusa à accepter une reprise de dialogue qui supposerait que la Corée du Sud assume la quasi intégralité de la reconstruction de l'économie se son voisin.

2- Source : www.mondediplomatique.fr.

ces facteurs internes à la péninsule qui hypothéquèrent la réunification, s'ajoutèrent des facteurs régionaux et internationaux très déterminants.

En effet, les puissances régionales, qu'ils s'agissent de la Chine, du Japon ou de la Russie, n'ont aucun intérêt à voir la situation1 péninsulaire évoluer vers une réunification. En effet, la population de la Péninsule, une fois réunifiée, ferait environ 75 millions d'habitants. Un grand marché de consommation en perspective et ajouter à cela la suprématie sudcoréenne en technologie qui, de plus est déjà une puissance économiquement en expansion. Les coréens dans ces conditions et dans leur ensemble s'imposeraient à leur voisin de part leur position de carrefour. Ainsi le Japon s'inquiète de voir une Corée trop puissante à son voisinage2.

La Chine, premier partenaire commercial de la Corée du Nord ne souhaita aucune puissance à ses portes et fut toujours disponible à éviter un quelconque effondrement du régime de Pyongyang. D'ailleurs sa volonté de devenir une puissance régionale, continentale et voir mondiale ne rime pas du tout avec l'émergence d'une puissance péninsulaire qui deviendrait sa rivale. Mais de tous ceci, la question de la réunification de la Corée pose en filigrane une question de sécurité militaire.

L'armée US fut présente dans la moitié Sud de la péninsule depuis la fin des hostilités. Cette présence américaine eut un double objectif : garantir la sécurité de la Corée du Sud et partant, assurer celle régionale puis mondiale à partir de l'Extrême-Orient. Or, une éventuelle réunification dans la péninsule mettrait systématiquement fin à la présence militaire américaine en Corée. Bien que Pyongyang pose comme préalable à une réunification le départ des forces américaines, il faudrait avoir à l'esprit que l'avenir de l'Asie tout entière dépend du sort des forces américaines actuellement stationnées le long du 38ème parallèle.

Même si les Etats-Unis ont intérêt à soutenir la réunification en Corée (Kissinger 2003 : 115)3, il fut hors de question pour eux de se retirer du sud de la Corée, au risque de voir la péninsule s'embrasser et sombrer de nouveau surtout que Pyongyang n'a nullement l'intention d'abandonner son armement nucléaire.

1-Henry Kissinger (2003) nous rappelle que la Corée est le point de rencontre entre les intérêts de plusieurs grandes puissances. Selon lui, ni la Chine, ni le Japon ne souhaitent la réunification rapide de la Corée surtout si elle devait hériter de la Corée surtout si elle devait hériter de la technologie nucléaire et de missiles nordcoréenne.

2-Le passé pourrait d'ailleurs refaire surface dans le régime puisque nous l'avions mentionné dans le premier chapitre. La colonisation japonaise fut très terrible en Corée et les Coréens une fois unis, demanderaient réparations. Ce qui contribuerait à affaiblir la puissance japonaise.

3-Selon l'auteur, une puissante Corée au carrefour des grandes puissances régionales permettrait aux USA de les contrôler. C'est le cas de la Chine.

Par ailleurs, une simple annonce de redéploiement et de réduction des forces US en Corée du Sud fit réagir les autorités militaires sud-coréennes dont le conseiller à la sécurité Kwon Chin-ho pour qui, toute action de la part des USA devait préalablement faire l'objet de discussion bipartite. C'est dire que la question de sécurité militaire prédomine tout débat dans la péninsule. Dans ces conditions, la réunification, qu'elle soit rapide ou progressive nécessite beaucoup de sacrifices des deux parties. Bien qu'on enregistra une avancée dans le rapprochement économique en Corée, aussi bien Pyongyang que Séoul ne se sentit jamais près à une réunification de la Péninsule.

Créés à partir de la volonté des puissances étrangères, histoire de diffuser et d'enraciner dans la région leur idéologie, les deux États de la Corée intégrèrent très tôt la confrontation idéologique que fut la Guerre froide. La protection militaire américaine et l'assistance financière; environ 1700 000000 de dollars1 entre 1953-1956, Guerre froide oblige, firent de la Corée du Sud une puissance économique dans la péninsule avec, de nos jours, son statut de 13ème pays industrialisés au monde. Ce pays connut une évolution remarquable sur le plan démocratique. Ils organisent régulièrement des élections aussi bien législatives que présidentielles avec un suffrage universel et direct. Ils en sont aujourd'hui au septième président démocratiquement élu. Tous ceci contraste avec la réalité du coté septentrionale. En effet, au sortir de la Guerre, la Corée du Nord, par peur de se voir envahir par l'armée américaine s'investit dans la remilitarisation à outrance du régime de Pyongyang. L'armée est de nos jours l'épine dorsale du régime. Ce qui justifia la dernière nomination du fils de l'actuel président Kim Jong-un, propulsé au rang de général quatre étoiles et qui est pressenti succéder à son père Kim Jong-il lui même remplaçant son père Kim Il-sung fondateur de la RPDC. C'est donc un régime dynastique fortement militarisé qui est à la tête d'un pays, classé aujourd'hui 83èm mondiale sur le plan développement économique avec une population constamment affamée et isolée du monde, celle-ci n'ayant pour recours que l'aide alimentaire de la chine qui demeure son seul soutien et partenaire économique.

C'est dans cette situation de contraste que les deux États furent condamnés à évoluer et à mener leurs relations. Ces dernières furent faites de confrontations régulières, de conflits localisés mais aussi de partenariats économiques et culturels. Dans ces circonstances, la réunification tant prônée par les deux parties ne fut qu'un voeu pieux tant les conditions pour y parvenir restent divergentes.

1-Confer le www.clio.fr/archive/2009.

La Péninsule coréenne fut, pendant la Guerre froide, un terrain de confrontation idéologie. En effet, après l'échec de la volonté de réunifier la Corée d'une façon armée, les deux puissances renforcèrent leurs positions en Corée. Les USA par le pacte miliaire signé avec le sud, renforcèrent leur présence autour et dans la péninsule. Ils visent assurer non seulement la sécurité de leur protégé mais aussi la sécurité régionale et par delà la sécurité mondiale. Le bloc soviétique de son coté assura à la Corée du Nord un soutien économique et technologique lui permettant de renforcer son Armée et de résister à la présence militaire américaine à ses frontières. Ceci justifia le transfert de la technologie nucléaire par Moscou à Pyongyang.

La Corée vécut durant cette période, jusqu'à 1990, la confrontation de l'Axe Pyongyang-Moscou-Pékin contre l'Axe Séoul-Washington-Tokyo. Mais avec la disparition de l'URSS mettant ainsi fin à la Guerre froide, la Corée du Nord perdit son Alliée historique. Les USA devinrent une hyperpuissance et contribuèrent à isoler d'avant le régime communiste du nord seul au monde à conserver le stalinisme. Même la Chine, à partir de cette période s'ouvrit au capitalisme et noua des relations avec les pays du bloc occidental et même avec la Corée du sud l'ennemi du Nord. Malgré ce changement, la Chine ne lâcha pas son petit frère, lui accordant l'aide alimentaire et économique et l'utilise comme pion quand elle se sent menacée sur le plan international. Sur le plan interne cette situation eut des répercussions sur les relations des deux Etats. Pyongyang utilise le chantage nucléaire pour obtenir des avantages sur le plan international et menace constamment sa soeur du sud d'une guerre généralisée.

Malgré les tentatives de rapprochement prônées par le sud pour venir en aide à son frère du nord, histoire de préparer une réunification en douceur, ce dernier par des provocations frontalières menace constamment la paix. En réactions contre ses provocations la coalition militaire coréo-américaine entreprend des exercices militaires dans les mers frontalières pour dissuader le nord dans ses intentions guerrières. La présence des troupes américaines semble désormais coûtée à l'économie sud-coréenne en témoigne la manifestation du sentiment nationaliste de sa population. Mais que deviendrait une Corée sans présence militaire américaine?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo