Les relations inter- coréennes de 1910 à 2009( Télécharger le fichier original )par Kossi AHOSSEY Université de Lomé Togo - Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011 |
2.2. Les relations de bon voisinage dans la Péninsule Coréenne de 1953-2009En Corée, l'approche réaliste ou conflictuelle domine les relations entre les deux États, puisqu'étant en perpétuel logique de guerre. Mais cela n'empêcha qu'il y eut des périodes de bon voisinage et de coopération. C'est d'ailleurs ces derniers aspects que cette partie se proposa d'élucider, étant donné que les relations internationales se définissent dans un cadre limité, à tous les rapports et flux transfrontaliers, matériels ou immatériels, qui peuvent s'établir entre deux ou plusieurs individus, groupes ou collectivité (Gazano 2003: 15). Malgré l'opposition idéologique et économique, malgré la permanence des conflits et surtout pour l'intérêt du peuple coréen très homogène ethniquement (90% de la population parle le Coréen, leur langue maternelle), les dirigeants, aussi bien du nord que du sud, n'eurent de cesse prôné le dialogue. Des rencontres de haut niveau furent organisées dans ce sens. En effet, le dialogue entre les deux États de la péninsule débuta à partir de 1972 (Balaize 1991: 86). Ils aboutirent à la création d'une commission de coordination dans le but d'établir des relations de confiance mutuelle1 malgré la persistance de la méfiance2 et le nom respect des clauses. Bien avant ce premier dialogue intercoréen qui eut le mérite d'avoir permis, malgré tous, aux acteurs de franchir un important pas, ce furent les Croix-Rouge des deux pays qui initièrent en premier des réunions entre les familles divisées en 19713. Ces rencontres de dialogue et d'échange eurent beaucoup plus de réussite dans les années 1990. En effet, les années 90 virent la chute de l'URSS et le démantèlement du bloc soviétique. Outre la disparition de son mentor l'URSS, la Corée du Nord perdit aussi le soutient inconditionnel de la Chine le grand frère du Nord. Ce dernier s'ouvrit au marché de consommation et au libéralisme économique. N'ayant plus d'autres alternatives, Pyongyang dilua ses menaces à l'égard de Séoul. Ainsi les rencontres entre le Sud et le Nord reprirent de fort belle manière. Le premier ministre nord-coréen Yon Hyonmuk, à la tête d'une forte délégation se rendit à Séoul en septembre 1990. Il y rencontra son homologue du sud et le président Roh Tae-Woo (1988-1993). En novembre 1890, le premier ministre sud-coréen Kang Yong Hun, 1-Confer le www.lemondediplomatique.fr. Il y est détaillé tous les points de discussions et les engagements pris. 2-Pour Balaize (1991), cette méfiance se justifia dans la mesure ou on découvrit des attentats fomentés par le Nord contre le Sud, la découverte des tunnels d'invasion creusés par le Nord sous la zone démilitarisée ou encore les constantes manoeuvres militaires entre la Corée du Sud et les États-Unis d'Amérique qualifiées d'atteinte à la sécurité nord-coréenne. 3-Se référer au www.wikipédia.fr du 10 / Février / 2010. Les familles furent séparées par la zone démilitarisée. Depuis 1953 il est difficile à un Coréen du Sud de se rendre au Nord, le sens inverse fut encore plus complexe. Cette initiative, même si elle a échoué à ces débuts, connut une avancé remarquable. De nos jours elle est plus ou moins régulière, les familles se rencontrant pour échanger pendant quelques minutes. à son tour se rendit à Pyongyang et discuta avec Kim Il-sung. Il fut donc instauré un processus de rotation quant à ce qui concerne ces rencontres. La conséquence immédiate de cette détente dans les relations intercoréennes fut la présentation conjointe d'adhésion des deux Corée aux Nations-unies (Balaize 1991 : 87). En effet, le 17 septembre 1991 les deux pays furent conjointement admis aux Nations-Unies. Dans la foulée, ils signèrent le 13 décembre 1991 un accord de reconnaissance réciproque et de coopération1. A partir de cet accord, plusieurs évènements intervinrent dont l'ouverture de circuits touristiques en Corée du Nord pour les coréens du Sud dès 1997. Dans le contexte de la politique d'apaisement, on assista à plusieurs sommets de haut niveau qui eurent pour objectif d'approfondir le dialogue abandonné depuis 1972. A cet effet, en juin 2000, une rencontre officielle eut lieu entre Kim Jong-il2 et le président du sud Kim Dae-jung (1997-2003) à Pyongyang du 13 au 15 juin 2000. Cette rencontre fut sanctionnée par une déclaration commune qui constitua le soubassement du rapprochement intercoréen3. Photo n°18: rencontre historique entre Kim Jong-il et Kim Dae-jung Source : http://www.amitiefrancecoree.over-blog.org/26-06-2009. Les présidents nord-coréen (à gauche) et sud-coréen (à droite) au début du sommet historique à Pyongyang. Le sourire sur les lèvres fut révélatrice des nouvelles orientations que les deux leaders voulurent impulser à leur relation à travers la déclaration commune sanctionnant la fin des travaux. Mais à quels résultats? 1-Source : www.lemonde.fr/27-Mai-09. Les deux États reconnaissent réciproquement le système politique de l'autre (puisqu'ils livraient une guerre idéologique) et se défendirent de toute ingérence dans ses affaires intérieures. En outre, l'accord prévit le développement des échanges militaires, économiques et culturels. 2-Kim Jong-il succéda à son père décidé en 1994, instaurant du coup une succession dynastique en Corée du Nord. 3- Pour l'intégralité de la déclaration, confer le site officiel de la Corée du Nord : Naenara. Toujours à Pyongyang, un second entrevu entre Roh Moo-Hym1 et Kim Jong-il se tint du 02 au 04 octobre 2007 et un nouveau document fut signé par les acteurs dans lequel ils s'engagèrent à promouvoir la paix et la propriété économique dans la Péninsule. Quelques mois plutôt eut lieu, dans la péninsule (mai 2007), le rétablissement d'une liaison ferroviaire entre le nord et le sud, celle-ci avait été coupée depuis 1945 quand les soviétiques prirent possession du nord de la Corée. Ceci témoigna de la réelle volonté des coréens de divers horizons à coopérer. Cette volonté fut plus manifeste chez les dirigeants sud-coréens2 qui s'inspirèrent de la théorie fonctionnaliste des relations internationales (Gazano, 2003). En effet, animés du désir de prévenir les conflits assez récurrents dans la péninsule dus à la méfiance réciproque et de préparer la réunification, ces dirigeants, de commun accord avec le leader du nord, créèrent les intérêts communs en particulier dans le domaine économique. L'approche géoéconomique3 fut donc mise en application non seulement pour la défense des intérêts économiques du sud mais aussi et surtout pour atténuer les disparités économiques et culturelles qui existent entre eux. Ainsi lors des sommets, un accent particulier fut mis sur l'essor des échanges intercoréen. Ces échanges, sur le plan économique permirent à Séoul de devenir le deuxième partenaire de Pyongyang. En 2005, les échanges commerciaux intercoréens dépassèrent un milliard de dollars. Les exportations du nord vers le sud atteignirent en 2007, 390 millions de dollars4. Outres ces échanges économiques, il eut le rétablissement des liaisons ferroviaires (mai 2007), aériennes et maritimes. Sur ce dernier aspect, un navire de la compagnie Hyundai Asan effectue une liaison permanente entre le sud et le poste de Kosong au nord pour le transport des touristes sud-coréens. Le 21 mai 2007, pour la première fois un navire nordcoréen, le Kang Son-Ho, accosta au sud depuis la fin de la guerre. Les échanges de personnes5 et de cultures connurent une véritable avancée. Elles concernèrent en particulier la coopération sportive et scientifique. Des scientifiques du nord et 1-Nouveau Président à partir de Février 2003, il remplaça Kim Dae-Jung. Ils furent tous les deux les acteurs principaux de cette ouverture vers le Nord.
4-Source : www.wikipédia.fr/10/02/2010. L'auteur nous rappelle que l'essor des exportations du Nord vers le Sud traduisit le développement de la zone industrielle de Kaesong où sont implantées des entreprises Sudcoréennes. 5- Source : www.wikipédia.fr/10/02/2010 . L'auteur nous informe qu'ils y eurent des échanges touristiques depuis 1997 et en 2005 il eut environ 87000 visiteurs au Nord. La réunion des familles continue jusqu'à nos jours. La dernière en date fut novembre 2010. du sud se rencontrèrent à plusieurs occasions pour la promotion de la coopération entre les deux pays. Ainsi, du 07 au 11 ami 2007 un séminaire scientifique intercoréen se tint à Pyongyang. Environ soixante chimistes du sud et cinquante du nord se concertèrent pour des publications d'études conjointes1. Au regard de tous ce qui précèdent et vu l'implication des acteurs, pourrait-on envisager une réunification des deux États de la Corée? |
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