Les relations inter- coréennes de 1910 à 2009( Télécharger le fichier original )par Kossi AHOSSEY Université de Lomé Togo - Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011 |
II. Les différentes phases de l'évolution des relations intercoréennes de 1953-2009Les deux États de la Péninsule, nous l'avions mentionné naquirent dans un schéma de confrontation bien impliqué dans la Guerre froide, avec un nord communiste et un sud allié des États-Unis. A leur naissance le premier obstacle au quel furent confrontées les deux Corée est d'ordre idéologique. En effet, de chaque côté, il fut question d'affirmer la suprématie d'un choix de société et la directive politique qui en ressort. D'ailleurs la partition du pays et l'écartement de la nation coréenne furent les conséquences de cet imposant choix, qu'il fût libéral ou communiste. Depuis la fin de la Guerre civile qui empêcha et le communisme et le libéralisme de s'emparer de toute la Péninsule, la ligne de démarcation: le 38ème parallèle fut transformé en une frontière, la plus intangible du monde aussi bien économiquement, idéologiquement politiquement que militairement. Sur ce dernier point, il faut rappeler qu'environ 1 million 200 soldats nord-coréens furent mobilisés dans cette zone de même que 400000 soldats sudcoréens (Péron-Doise 2007: 1). 1-L'auteur révèle qu'après la libération, la Corée du Nord était plus favorable à la Corée du Sud sur le plan industriel. La partie septentrionale, selon l'auteur produisait 92% l'électricité, 86% des combustibles, 82% des produits chimiques, 78% des minerais mais la presque totalité des installations industrielles furent détruite par les bombardements américains pendant la guerre de Corée. Photo n°17: DMZ : village frontière de Panmunjom Source: Microsoft Encarta 2008. La clause principale de l'armistice du 27 juillet 1953, qui mit fin à la guerre de Corée, spécifia que les deux adversaires (Sud-coréens et Nord-coréens) doivent reculer leurs troupes de 2 km par rapport à la ligne de front (le 38e parallèle), créant ainsi une zone démilitarisée, connue sous le nom de DMZ (Demilitarized Zone). Longue de 250 km, sur une largeur de 4 km, la DMZ est délimitée par une haie continue de 3 m de haut, surmontée de barbelés. Le seul point de contact entre le nord et le sud, où des soldats se font face, se situe à Pan mun jom, là où a été signé l'armistice. Ainsi donc on peut apercevoir des soldats sud-coréens et nord-coréens face à face à longueur de journées. Ce fut à travers de cette frontière large de 4 Km et long de 250 Km à hauteur du 38 parallèle que les Coréens furent condamnées à mener leurs relations. Ces relations furent, durant toute cette période très tendues, mais faites par monument de dialogues et de partenariats économiques. 2.1. Des relations tendues dans la péninsule Coréenne de 1953 à 2009Dès leur fondation, les deux régimes du Nord et du Sud prétendirent représenter l'ensemble de la Corée. Au sud, la Corée du Nord demeure toujours officiellement La province du Nord. Il exista une loi interdisant aux sud-coréens de mener des échanges directs, sans aucune autorisation au préalable, avec leurs frères du nord. Au sortir de la guerre de Corée, les acteurs n'ont jamais signé un traité de paix et ce fut l'armistice de 1953 qui régit les relations intercoréennes. Ces dernières s'établirent bon gré mal gré et dans un climat de défiance extrême. La diplomatie nord-coréenne avança toujours sur une base de confrontation1. Ainsi, des affrontements entre les forces armées ou les services secrets de la Corée du Nord et de la Corée du Sud au cours d'espionnage, des raids commandos, de terrorisme d'État, ainsi qu'au sujet des zones de pêches ont faits depuis la fin des opérations militaires en Corée des centaines de victimes civiles et militaire, avec souvent de lourdes pertes dans les deux camps. Plusieurs attentats furent perpétrés contre des membres du gouvernement sudiste dont deux contre le président Park Chung-Hee 2en 1980. Les années 1967 et 1968 furent des années record d'infiltrations militaires avec 743 agents armés recensés sur les 3693 infiltrées de 1954 à 1992. Une attaque contre la résidence présidentielle par 31 hommes qui formaient un commando des forces spéciales du Nord, se solda par 28 tués et un prisonnier du côté Nord-coréen. En Corée du Sud, on dénombra 68 morts civils et militaires et 66 blessés. Trois américains furent blessés et trois autres moururent au cours de cette attaque du 21 janvier 1968. En octobre de la même année, 130 commandos Nord-coréens, venus par la mer tentèrent un raid sur la côte-est de la Corée du Sud, 190 furent tués et 7 capturés. Outre ces raids commandos, on nota des attentats de la part des nordistes. En effet, en novembre 1983, un attentat à Rangoon contre le président sud-coréen Chun Doo-Hwan au mausolée du Martyr fit 17 morts, dont quatre ministres3. Le Boeing 707 de la Korean Air reliant Bagdad à Séoul en plusieurs étapes explosa en plein vole en novembre 1987 tuant 115 personnes. Kim Hyun-Hee, l'un des agents nord-coréens ayant placé la bombe dans l'avion, fut gracié par le président Roh Tae-Woo après qu'il ait été condamné à mort par le tribunal de Séoul le 25 avril 1989. Au cours de la Guerre froide, 3795 pécheurs sud-coréens furent enlevés et emmenés en Corée du Nord. Ce qui témoigna de l'effectivité de véritables tensions autour des zones de pêches. Les incidents de Yeonpyeong en furent la preuve. En effet, en 1999 et 2002 des affrontements eurent lieu entre les Forces navales nord-coréennes et sud-coréennes à proximité de l'île Sud-coréennes de Yeonpyeong. Le conflit porta sur l'accès à la zone de pêche aux alentours de l'île, normalement réservée aux bateaux sud-coréens. Ainsi les 9 et 15 juin 1999, les échanges de tirs firent une trentaine de morts nord-coréens, après qu'un 1-Source : www.lemonde.fr /27/Mai/09/18h 40. 2-www.wiképédia.org/politique_de_la_Corée_du_Sud. Il perpétra le coup d'État après le départ de Syngman Rhee et prend le pouvoir à partir de 1963 jusqu'à 1979. 3-Confer le www.aujourdhuilacorée.org: du 24 / Avril / 2007. torpilleur du nord fut coulé. Le 19 juin 2002, dans la même zone, suite à l'écoulement d'un patrouilleur sud-coréen, des échanges de tirs firent de nouveau une quarantaine de victimes de part et d'autre. Depuis cet incident, on sentit une accalmie dans les relations intercoréennes jusqu'en 2009 où un nouvel incident éprouva les deux États. Le 10 novembre 2009, la flotte Sudcoréen ouvrit le feu sur un navire nord-coréen qui passa la frontière maritime séparant les deux Corée1. Les nord-coréens réagirent aussitôt en tirant cinquante munitions contre deux cents du côté des sudistes. Le bateau nord-coréen fit demi-tours, gravement endommagé. Par la suite, le Nord présenta une demande d'excuse que la Corée du Sud ne suivit point. Elle fut aussitôt menacée de guerre2. Ce dernier point fit réagir le gouvernement des États-Unis à travers le porte parole de la maison blanche Robert Gibbs. Celui-ci, après avoir mis en garde les nordistes contre toute intervention ultérieure en mer Jaune, invita le régime de Pyongyang à abandonner les discours guerriers et les actions de provocation3. Mais Pyongyang va-t-il respecter cet appel ? Les manoeuvres militaires conjointes Coréo-américaines perçues comme menace à la sécurité du Nord ne furent pas de nature à calmer les relations intercoréennes. A chaque fois que ces exercices furent annoncés, Pyongyang réagit en menaçant la Péninsule d'une Guerre généralisée. Des relations très tendues de 1953 jusqu'à la fin de la Guerre froide, l'on assista désormais et ceci jusqu'en 2009 dans la péninsule à une alternance d'affrontements, de dialogues, de négociations et puis de partenariats économiques. Ceci justifie la thèse de Gazano (2003: 15), pour qui la définition des relations internationales est relative et contingente, variant des approches conflictuelles aux approches solidarités 4 et associant par moment ces deux aspects. 1-Selon le Korea times du 10/Novembre/2009/archives, le navire nord-coréen pourchassait un chalutier chinois pêchant illégalement du crabe en Mer Jaune, à proximité de l'île de Daechong. 2-Dépêche du 12 / Novembre / 2009 de l'agence de Presse nord-coréenne (Korean Central New Agency): DPRK. 3-Information révéla par l'Agence France Presse, dans l'une de ses dépêches datées du 14 / Novembre / 2009. 4-Selon Gazano (2003), celles-ci sont difficiles à appréhender et il n'est pas exagéré d'affirmer qu'il existe autant de théories des relations internationales que des chercheurs. Aussi, il s'accorde avec J-J Roche pour classer les relations internationales en deux grandes approches doctrinales à savoir les approches réalistes ou conflictuelles et celles solidaristes ou transnationalistes. Pour lui, les relations internationales sont longtemps dominées par l'approche réaliste, du moins jusqu'à la fin de la Guerre froide. En Corée cette approche persiste toujours même si on observe des avancées notables dans leurs relations. |
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