Les relations inter- coréennes de 1910 à 2009( Télécharger le fichier original )par Kossi AHOSSEY Université de Lomé Togo - Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011 |
II. La Présence des Puissances Etrangères en Corée dès 1953 jusqu'en 1990Cette partie concerne, comme le mentionne assez bien l'intitulé, la période de l'opposition idéologique qui eut lieu dans la péninsule de Corée et ayant comme acteurs les deux superpuissances qui manipulèrent à leur grée les coréens de part et d'autre du 38èm parallèle. Ce dernier, au sortir de l'Armistice qui sanctionna la fin de la guerre civile entre les coréens, connut une remilitarisation accrue et devint depuis lors un des endroits les plus instables et les plus militarisés au monde. Photo n° 9 : Soldat américain en poste de contrôle dans la Zone Démilitarisée Source : www.wikipédia.org/image. Sur cette image, on peut observer un militaire américain donnant au loin des ordres. Ceci prouve la très forte militarisation de la zone pourtant dite démilitarisée. En outre on aperçoit sur la stèle le drapeau des différents pays qui, sous la bannière de l'ONU prirent part aux hostilités. Les deux Corée, au cours de cette période, furent prisonnières de la Guerre froide. A partir de la guerre de Corée, ces deux entités, manifestant un sentiment d'insécurité et le 1- Selon Kissinger (2003: 139), le nord de la Corée pendant cette période s'est transformée en caricature d'Etat Stalinien et l'on peut affirmer qu'il représente aujourd'hui l'Etat policier le plus intransigeante au monde. même instinct de survie, se confièrent à des alliances. C'est ainsi que l'axe Pyongyang-PékinMoscou s'opposa à l'axe Séoul-Washington-Tokyo (Péron-Doise : 2007). Les sud-coréens s'estimèrent être à portée de l'artillerie lourde nord-coréenne et le régime de Pyongyang de son coté entretint son peuple dans la mentalité de citadelle assiégée, convaincu que les USA voulurent leur destruction. 2.1. Les États-Unis en Corée du sud et ses alentoursLa présence américaine dans la péninsule remonte à la conférence du Caire en 1943 oüles Alliés de circonstance s'étaient définit le monde de l'après capitulation du japon, puissance fasciste, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les forces US devaient recevoir la reddition des troupes nipponnes dans la moitié sud de la Corée à partir du 38èm Parallèle. L'armée soviétique le ferait du coté Nord. Ils conclurent se retirer de la péninsule après avoir organisé des élections et unifié le pays. Mais il faut noter que cette donne de partage de la Corée n'acquit du fait que les américains redoutèrent l'expansion soviétique dans le pacifique. Une Corée affaiblie par la colonisation japonaise et un Japon totalement détruit par les effets de la bombe atomique ne sauraient faire face à la volonté d'expansion soviétique. Cette volonté d'ailleurs fit ses preuves en Europe de l'Est. Ce ne fut, grâce à la politique d'endiguement et surtout au plan Marshall que les Etats-Unis, fort de leur puissance et de leur désir d'imposer le système libéral au monde entier, firent face à l'avancée soviétique en Europe orientale. Mais bien avant cette partie du monde, les USA, malgré toute leur détermination et leur investissement n'ont pas empêché la victoire communiste qui consacra une République populaire le 1er octobre 1949 en Chine. La menace soviétique devint ainsi élevée au point que les américains devaient appliquer une politique d'endiguement pour contenir l'avancée du communisme en Extrême-Orient. L'invasion surprise de la Corée du sud par son voisin du Nord (1950), l'intervention au cours de cette guerre des unités chinoises sous le nom officiel de volontaire furent des preuves que le communisme s'imposerait en Asie de l'Est si rien n'y fit. Leur réaction durant toute cette période justifia cet état de fait. En effet, les américains continuèrent à éliminer au sud de la Péninsule toutes les forces communistes et nationalistes, empêchant ainsi toutes les commissions mises en place d'oeuvrer à la réalisation des objectifs qu'ils se sont fixés lors des grandes rencontres. L'imposition du leader Syngman Rhee à la tête d'un régime répressif et dictatorial compliqua la situation en Corée et aboutit à la guerre. Au cours de cette guerre, les américains prient le commandement des forces de l'ONU dont ils assurent 90%, et décidèrent d'éliminer la République populaire et démocratique de Corée. Mais étant donné que la guerre s'acheva sur un statu quo: la situation de départ étant maintenue, en dépit de la volonté de chaque camp d'unifier le pays en instaurant son idéologie, les américains changèrent de stratégie en Extrême-Orient. Au sortir de la guerre, ils signèrent un pacte militaire avec la Corée du Sud. A partir de ce pacte, une politique de containment fut installée au Sud du 38è parallèle contre le communisme. La première victime fut belle et bien la République populaire démocratique de la Corée. A partir de cette date, jusqu'à l'effondrement de l'URSS ; superpuissance qui fut le soutien de la Corée du Nord, la Guerre froide fut définitivement transportée en Corée. Les crises au sein de la Péninsule ne furent que le reflet des relations internationales entre les deux Superpuissances. Ce pacte militaire est perçu par Péron-Doise1 comme un accord de défense que les Etats-Unis entretiennent avec la Corée du Sud, histoire de justifier leur présence dans la Péninsule et de combattre le communisme qui ne devra pas gagner le Japon. D'ailleurs, nous rappelions dans les pages précédentes que la culture stratégique des deux Corée et la question de l'identité politique péninsulaire furent les principales causes de la guerre. Le Traité de mutuelle défense signé entre Washington et Séoul en 1953 était donc destiné à prévenir une nouvelle agression nord-coréenne. L'appareil militaire Sud-coréen fut donc confié au commandement américain qui s'établit en Corée après la constitution des Forces Armées combinées. Cette Alliance, dans ces premières heures, poursuivit deux objectifs primordiaux. Dans un premier temps, elle visa assurer la sécurité de la Corée du sud face aux régimes communistes nord-coréen et chinois. En effet, comme le dit si bien Barthélemy Courmont2, le souvenir des Sud-coréens du déferlement de l'armée nord-coréenne sur Séoul reste vivace. Ainsi optèrent-ils se protéger sous les Américains qui d'ailleurs prouvèrent leur solidarité à 1-Se référer au www.ifri.org du 15 Avril 2008. 2-Barthélemy Courmont (2006), justifie la protection militaire américaine accordée à la Corée du sud sous un titre d'ailleurs très révélateur à savoir: « Séoul et la menace Nord-coréenne ». Pour la Corée du sud, la menace militaire en cas de conflit dans la péninsule est immédiate. disait-il. Située à moins de cinquante kilomètre de la zone démilitarisée, la région de Séoul, qui regroupe plus de 11 millions d'habitants, pourrait être transformée en un océan de flammes par les moyens d'artillerie traditionnels, peu sophistiqués dont dispose la Corée du Nord. La capitale pourrait également, comme ce fut le cas en 1950, être directement visée par un déferlement de troupes mal équipées, mais en grand nombre, contre lesquelles les capacités de défense pourraient s'avérer insuffisantes. La Corée du sud fait donc face à un risque de destruction assurée qui n'implique même pas forcément des forces balistique et encore moins nucléaire; concluait-il. cette attaque de 1950. Les japonais de leur cotée, évoquant une question d'équilibre régionale invitèrent les troupes américaines à s'éterniser en Corée (Kim 1971 : 69) Les différentes Administrations qui se sont succédées aux Etats-Unis virent en cette Alliance la clef de la stabilité dans l a Péninsule coréenne (Kissinger 2003: 142). Cette observation des différents locataires du Bureau ovale de la Maison blanche n'eut rien de surprenant surtout que la logique de la Guerre froide en Asie fit de la lutte contre le régime de Pyongyang, un blocus à l'avancement du communisme en Asie de l'Est. Ce dernier point constitue d'ailleurs le second volet de l'alliance militaire que les États-Unis signèrent avec la Corée du sud. En effet, comme le rappelle Péron-Doise (2008), au plan mondial, l'alliance permettait à Washington de contenir la menace du communisme en Asie, selon la politique du containment pendant la Guerre froide. Ainsi fut crée l'axe SéoulWashington- Tokyo pour bien mener une protection militaire de Séoul. Outre ce pacte, la Corée du Sud intégra l'OTASE (Organisation du Traité d'Asie du Sud-est) puis l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) qui furent des outils militaires au cours de la Guerre froide. Cette présence américaine eut un impact sur le plan politique puisque la plupart des présidents durant cette période en Corée du Sud furent des militaires. La dictature militaire y régna jusqu'à une période récente1, faite de renversement et de coups d'États militaires. Mais ce fut sur le plan économique que la présence américaine fit du bien à la Corée du sud et continue d'ailleurs de lui faire du bien. En effet, la partie Sud de l'ancienne colonie japonaise, très pauvre en ressources minières ne constituait que de grandes plaines propices à l'agriculture. Des industries légères y furent implantées contrairement au Nord qui connut à l'époque la fabrication de voitures et autres. Mes les Américains ouvrirent le pays à l'économie monde. Les investisseurs étrangers à la tête desquels les USA relevèrent l'économie sud-coréenne, leur permettant de faire face à la menace communiste. A partir de 1965, la situation économique s'améliora grâce à l'aide japonaise, suite au Traité de normalisation signé entre les deux pays (Balaize 1991 : 79). Les Américains, premiers partenaires fournirent à la Corée du Sud, autour des années 1960 une aide financière d'environ 1,5 milliard de dollars US et ceci permit au coréens du sud d'entretenir leur Armée dont l'effectif envoisina 630000 hommes y compris les forces U.S (Duroselle 2004 : 328). Pour sa reconstruction, elle obtint des USA jusqu'en 1965, 3,9 milliards de dollars et 400 1-Confer chapitre quatre. Le premier président civil fut élu en 1998, il instaura le Sun Shine Policy qui mit la Corée du Sud sur les Rails du développement. millions de dollars d'aide militaire; ce qui représenta 12% du PNB et 73% des importations au cours de cette période (Balaize 1991 : 115). Jusqu'à 1988 selon l'auteur, le commerce extérieur de la Corée du sud occupa 1,8% du commerce mondial. Ainsi donc la présence militaire américaine en Corée permit le relèvement rapide de celle-ci. Les américains s'en servirent pour luter contre l'extension du communisme dans le Pacifique à partir de la Corée du Nord. Cette dernière, fort de la présence américaine sur le plan militaire redouta une probable attaque en vu de sa destruction totale. En effet, le Régime de Pyongyang s'estime toujours en conflit avec les USA puisque n'ayant pas obtenus un traité de paix1 à la fin de la Guerre. La Corée du Nord dénonça avec rigueur l'impérialisme américain et le régime fantoche de la Corée du Sud, qui selon elle fut toujours manipulé par les occupants. Elle réussit entre 1953-1990 à maintenir isolé son pays et à entretenir sa population dans la logique conflictuelle de la Guerre froide. Son principal mentor demeura, durant cette période L'URSS. |
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