B. Organisation de la gestion et du suivi des
participations de l'Etat
La libération du capital social des entreprises
publiques ou semi-publiques et les autres prises de participation de l'Etat se
font sur la base de mandats émis par la Direction Générale
du Budget (DGB) et transmis au Receveur Général des Finances pour
paiement après visa du Contrôleur Financier. Les
dépenses relatives aux prises de participations de l'Etat
obéissent donc à la procédure normale d'exécution
des dépenses publiques (Atout). Les titres de paiement
émis dans ce cadre sont imputés aux dépenses
d'investissements publics, en particulier aux investissements en portefeuille.
La nomenclature des pièces justificatives des dépenses a
prévu, en ses points 148 et 149, les pièces justificatives
relatives à cette catégorie d'opérations. Ces
pièces justificatives sont constituées de :
- en ce qui concerne la libération du capital social des
entreprises publiques et semi-publiques :
· le mandat de paiement édité dans le
Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFiP)
;
· la décision de mandatement ;
· l'acte portant création de l'entreprise et/ou
fixant le montant de l'apport de l'Etat ;
· la demande d'engagement ou de réservation de
crédit ;
· l'accord du ministre chargé des finances ;
· la convention ou le protocole d'accord.
- en ce qui concerne les prises de participations de l'Etat
béninois dans les institutions à caractère international
:
· le mandat de paiement édité dans SIGFiP
;
· la décision de mandatement ;
· la demande d'engagement ou de réservation de
crédit ;
· la lettre d'appel de fonds de l'institution ;
· la convention ou le protocole d'accord liant l'Etat
à l'institution ;
· l'accord du ministre chargé des finances.
Cependant, dans la pratique, seule la décision de
mandatement est transmise, en appui du mandat de paiement au Receveur
Général des Finances. La nomenclature des pièces
justificatives de dépenses n'est donc pas respectée en ce qui
concerne les dépenses liées aux prises de participations de
l'Etat (Faiblesse).
Une fois les entreprises publiques ou semi-publiques
constituées ou les autres participations acquises, leur suivi est
confié, comme il a été mentionné plus haut et
conformément aux textes, principalement à la DGTCP et à la
DGCPE : il existe des structures chargées de la gestion et du
suivi des
participations de l'Etat (Atout). Mais,
aucun texte n'a été pris pour préciser les
attributions de la DGCPE après son changement de dénomination
(Faiblesse) bien que conformément à sa
dénomination, son champ d'action aille au-delà de celui de
l'ancienne DSAEP. De même, l'arrêté portant
attributions, organisation et fonctionnement de la DGTCP n'est pas
harmonisé avec le décret fixant les attributions, l'organisation
et le fonctionnement du Ministère de l'Economie et des Finances
(Faiblesse). A titre d'illustration, on note que l'Arrêté
n°1188/MF/DC/SGM/DA du 14 décembre 1998 classe la RGF parmi les
services extérieurs de la DGTCP alors que le Décret
n°2008-111 du 12 mars 2008 en fait une direction technique.
Sur le plan de la mise en oeuvre des attributions de la DGTCP,
c'est la Direction des Affaires Monétaires et Financières (DAMF)
qui, aux termes de l'article 28 de l'Arrêté
n°1188/MF/DC/SGM/DA du 14 décembre 1998, est chargée de
« ...la prise et la gestion des participations... ». Mais en
réalité, cette direction ne fait que donner des avis et faire des
suggestions sur les dossiers de prise de nouvelles participations soumis
à son étude : contrairement aux dispositions
réglementaires, la DAMF n'assure pas véritablement la
gestion des participations étatiques (Faiblesse). Par ailleurs,
par Décision n°2420/MEF/CAB/SGM/DGTCP/RGF/DGR/BP/SP du 11
août 2008, le Directeur Général du Trésor et de la
Comptabilité Publique a créé au sein du Service de la
Trésorerie de la RGF, une division chargée de la gestion des
valeurs mobilières. Cette division, si l'on s'en tient à sa
dénomination, devrait s'occuper, entre autres, des participations de
l'Etat mais ses activités se limitent au suivi des Certificats
Spéciaux de Créances sur l'Etat émis par le Trésor
Public en règlement des arriérés salariaux : la
Division de la Gestion des Valeurs Mobilières (DGVM) du Service de la
Trésorerie ne gère pas les participations de l'Etat
(Faiblesse).
En ce qui concerne la tenue de la comptabilité, c'est
le compte 26 ?Prises de participations, placements et cautionnements? qui
enregistre à son débit les participations de l'Etat. Son solde
devrait donc indiquer la valeur comptable desdites participations. De 2006
à 2009, le poste ?Prises de participations? apparaît au bilan dans
le Compte Général de l'Administration des Finances comme
l'indique le tableau n°1.
Tableau n°1 : Montant du poste ?Prises de
participations et cautionnements? au bilan dans le CGAF de 2006 à
2009
Années
|
Montant du poste ?Prise de participations et
cautionnements? au bilan
(en FCFA)
|
2006
|
|
441
|
893
|
054
|
2007
|
4
|
250
|
938
|
172
|
2008
|
3
|
908
|
031
|
605
|
2009
|
14
|
175
|
618
|
940
|
Source : CGAF (2006 à 2009)
Mais lorsqu'on se réfère aux soldes successifs
de ce compte au titre de ces même années, tels que
restitués par le progiciel ASTER utilisé pour la tenue de la
comptabilité de la DGTCP, on obtient plutôt la situation
décrite dans le tableau n°2.
Tableau n°2 : Solde du compte 2611 ?Prises de
participations et cautionnements? de 2006 à 2009
Années
|
Solde du compte 2611 ?Prise de participations et
cautionnements?
(en FCFA)
|
|
2006
|
2
|
423
|
943
|
696
|
2007
|
6
|
674
|
881
|
868
|
2008
|
10
|
582
|
913
|
473
|
2009
|
13
|
026
|
069
|
358
|
Source : Fiches comptes ASTER (2006 à
2009)
Il est aisé de constater les discordances entre les
montants inscrits au bilan dans le CGAF et les soldes du compte 2611 au
titre de ces années. De même,
ceci est confirmé par les agents de la DGTCP, aucune
des deux situations ne traduit la valeur comptable du portefeuille des
participations de l'Etat pour lesdites années. Il apparaît ainsi
que la valeur comptable des participations de l'Etat n'est pas connue
(Faiblesse).
La DGTCP a également la charge de recouvrer les revenus
gérés par les différentes participations. Ces revenus sont
constitués, conformément à la nomenclature
budgétaire en vigueur, par :
- les contributions des entreprises publiques au budget de
l'Etat : elles représentaient, en vertu de l'article 2 de la Loi
n°97-001 du 21 janvier 1997 portant loi de finances pour la gestion 1997,
40% du bénéfice distribuable (après déduction des
réserves du bénéfice net) desdites entreprises. Mais, avec
la loi de finances pour la gestion 2012, ce taux est désormais
porté à 80% du bénéfice après
déduction des réserves.
- les dividendes au titre des autres participations de l'Etat.
Les réalisations de recettes au titre des contributions
des entreprises au budget de l'Etat et des dividendes se présentent de
2006 à 2010 comme l'indique le tableau n°3.
Tableau n°3 : Contributions des entreprises
publiques et dividendes de 2006 à 2010
Années
|
Contributions des entreprises publiques au budget de
l'Etat
(en FCFA)
|
Dividendes
(en FCFA)
|
|
|
2006
|
|
508
|
560
|
729
|
|
632
|
898
|
179
|
2007
|
1
|
127
|
485
|
611
|
1
|
792
|
733
|
237
|
2008
|
1
|
068
|
488
|
708
|
|
640
|
597
|
500
|
2009
|
1
|
915
|
012
|
989
|
4
|
994
|
111
|
991
|
2010
|
2
|
741
|
703
|
385
|
6
|
055
|
923
|
033
|
Source : Service de la Recette/RGF
Les participations de l'Etat génèrent donc
des ressources pour son budget (Atout).
Au niveau de la DGCPE, une tentative de recensement des
éléments constitutifs du portefeuille de l'Etat a
été initiée en 2003 et a conduit à la prise de
l'Arrêté n°179/MFE/DC/DGAE/DSAEP/SER du 10 mars 2003 fixant
la liste des sociétés d'Etat et offices de la République
du Bénin et ceux dans lesquels l'Etat a une participation. Mais, cette
liste, d'une part, ne distingue pas les offices à caractère
social, culturel et scientifique2 des offices à
caractère industriel et/ou commercial et, d'autre part, ne rend pas
compte des participations que l'Etat béninois détient dans
certains organismes sousrégionaux, régionaux et internationaux.
Une autre liste a été conçue qui présente les
offices par catégorie mais elle a toujours la tare de ne pas être
exhaustive. Il en résulte donc l'inexistence d'un état
exhaustif des participations de l'Etat (faiblesse).
Par ailleurs, l'article 154 de la Loi n°2004-20 du 17
août 2007 portant règles de procédures applicables devant
les formations juridictionnelles de la Cour Suprême prévoit que la
liste annuelle des sociétés d'Etat, des sociétés
d'économie contrôlées par l'Etat et des
établissements publics nationaux à caractère industriel et
commercial soit produite par arrêté du ministre chargé des
finances. Mais depuis l'adoption de cette loi, cette obligation n'a jamais
été respectée. On note que la liste des
entreprises publiques et semipubliques n'est produite par arrêté
(Faiblesse).
La DGCPE reçoit, pour étude, les
procès-verbaux des Conseils d'Administration, les comptes d'exploitation
et les budgets d'investissement prévisionnels ainsi que les états
financiers des offices et sociétés d'Etat, avant la saisine du
Conseil des Ministres pour approbation. Elle étudie également les
rapports des commissaires aux comptes nommés auprès des
entreprises publiques et semi-publiques. L'étude des documents
comptables des
2 Cette catégorie d'offices est régie
par la loi n°94-009 du 28 juillet 1994 portant création des offices
à caractère social, culturel et scientifique
entreprises publiques est donc effective à la
DGCPE (Atout). Ces documents doivent être transmis au ministre
chargé des finances :
- au plus tard 15 jours avant la fin de l'exercice
précédent pour les comptes d'exploitation et le budget
prévisionnels ;
- aussitôt après l'approbation par le Conseil
d'Administration qui doit intervenir dans les trois mois qui suivent la
clôture de l'exercice, pour les états financiers.
Ces délais de transmission ne sont souvent pas
respectés (Faiblesse).
Il est également utile de mentionner qu'à la
suite de l'étude d'un rapport de l'Inspection Générale
d'Etat, le Conseil des Ministres, en sa séance du 8 juillet 2011, a
procédé à la nomination d'auditeurs internes au sein de
certaines entreprises publiques et semi publiques. Au nombre des
défaillances soulevées par ledit rapport et repris dans le compte
rendu du Conseil des Ministres, figurent, entre autres :
- la récurrence des réserves formulées par
les commissaires aux comptes ;
- l'absence de manuels de procédures administratives,
comptables et financières ;
- la mauvaise gestion des ressources humaines ;
- la gabegie et le gaspillage des ressources publiques ;
- le non respect des dispositions législatives sur les
entreprises publiques et semi-publiques.
Ces constats de l'Inspection Générale d'Etat
posent le problème de la gouvernance des entreprises et on peut en
déduire que les entreprises
publiques et semi-publiques font l'objet de mauvaise
gouvernance (Faiblesse).
Après cette restitution de l'état des lieux sur
l'organisation et le suivi des participations étatiques, sa
synthèse grâce à l'inventaire des forces et faiblesses
permettra de cibler la problématique à retenir dans le cadre de
la présente étude.
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