CONCLUSION
Avec cette étude, il s'agissait de répondre
à la problématique suivante : Dans quelle mesure une
sensibilisation des professionnel.le.s de l'école et des lieux de
loisirs aux thématiques du genre peut-elle éviter la reproduction
du sexisme et de l'homophobie ?
Il a été préalablement établit que
la notion de genre a d'abord été utilisée pour
différencier les caractéristiques construites socialement du
sexe, variable anatomique (sexe social) puis pour désigner
l'essentialisation et la hiérarchisation construite des sexes. Cette
notion permet donc d'éclairer et d'analyser un rapport social, celui qui
existe entre les hommes et les femmes. L'apprentissage de cette
différentiation par les individu.e.s se fait au travers de la
socialisation de genre, processus d'intériorisation d'une police et
d'une performance de genre, se préparant dès avant la naissance,
se réalisant pleinement pendant l'enfance au sein de la famille, et se
consolidant à l'adolescence à l'école, dans les lieux de
loisirs, et au contact des pairs. En ce sens, les comportement et
représentations sexistes et homophobes des adolescents au sein de ces
institutions sont les conséquences de la reproduction des schémas
hétérosexistes à travers la socialisation de genre.
Il a ensuite été montré que
l'organisation des structures de loisirs étudiées était
genrée. En effet, on remarque qu'au niveau de la maison de quartier du
Jardin Public, les activités sont réparties sur deux lieux qui
sont finalement polarisés en fonction du genre. De la même
manière, à la Bastide, les deux centres sociaux accueillent
chacun respectivement un public largement masculin ou un public largement
féminin, notamment du fait que les équipes d'animation sont
elles-mêmes non mixtes et polarisées en fonction du genre selon
les centres. Cette « séparation » - involontaire - entre
garçons et filles crée ce que l'on peut appeler des
maisons-des-hommes et des maisons-des-femmes, lieux privilégiés
d'apprentissage des codes de genre. De plus, ce qu'il se passe à
l'intérieur des activités ou des cours de collège peut
renforcer cet apprentissage (séparation en cours d'EPS,
stéréotypes de genre dans les lectures de
référence...). Finalement, l'organisation des structures
d'accueil, des enseignements et des activités participe à la
socialisation genrée.
Les représentations de genre des professionnel.le.s de
l'école et des loisirs ont ensuite été interrogées.
Ainsi, malgré le fait qu'ils.elles prônent
généralement une égalité en droit et
de traitement entre les garçons et les filles,
ils.elles restent largement ancré.e.s dans le schéma
hétérosexiste, probablement du fait qu'ils.elles soient
très peu sensibilisé.e.s à ces thématiques. En
effet, ils.elles considèrent majoritairement que les garçons et
les filles, mais aussi les hommes et les femmes, sont différents dans
leurs comportements et dans leurs modes de pensée. Même si
quelqu'un.e.s considèrent que ces différences sont acquises,
ils.elles assument généralement que cet apprentissage se fait
dans la famille, et donc que l'école ou les lieux de loisirs n'ont pas
leur place dans cette construction. La faible sensibilisation à cette
thématique et les représentations que peuvent avoir les
profesionnel.le.s encouragent donc la reproduction de la socialisation
genrée. Ces institutions seraient finalement sexistes par abstention.
Il apparait donc important de pouvoir former les
professionnel.le.s sur les thèmes du genre, de la mixité, et de
leur gestion dans le but de pouvoir lutter contre le sexisme et l'homophobie,
conséquences directes de la socialisation différenciée de
genre, et de la reproduction du schéma hétérosexiste qui
l'accompagne, et ce quel que soit le territoire concerné.
Dans ce sens, une poursuite de la recherche dans le but de
comprendre les enjeux liés à chaque situation (territoires,
nature de la structure, garçons et filles, poste et rôle du
professionnel.le...) est envisageable et souhaitable.
On peut également espérer que cette politique de
formation des professionnel.le.s de l'école et des lieux de loisirs des
jeunes s'inscrive dans une volonté plus large d'intégrer un
questionnement sur le genre à l'ensemble des politiques publiques et au
fonctionnement de chaque institution.
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