(De Bruyne et al., 2006 ; Dorosz P., 2010 ; Dupouy-Camet J.,
Murrell K.D., 2007 ; Poirrier M.,2010)
Le traitement anthelminthique lors de la trichinellose serait
d'autant plus efficace que sa mise en route ait été
précoce.
En effet son action cible majoritairement les formes
parasitaires encore dans l'intestin, ou en phase de migration
c'est-à-dire les formes non tissulaires. Ces phases sont très
courtes et nécessitent une action rapide avant l'apparition des signes
cliniques. Cependant, n'ayant précisément établi ni le
délai de survie des adultes, ni celui d'émission des larves, on
recommande l'administration d'anthelminthiques pendant la période allant
de 4 à 6 semaines après infection.
Les benzimidazoles sont suffisamment diffusibles et peuvent
de ce fait atteindre les larves L1M ; mais après enkystement des larves,
il est très difficile de les atteindre. Si le diagnostic de la
trichinellose a été posé précocement, les
anthelminthiques qui peuvent être utilisés pour le traitement sont
:
En tête de liste, l'albendazole (Zentel®) qui est une
molécule dérivée des benzimidazoles. C'est un inhibiteur
de la polymérisation de la béta tubuline qui agit sur de nombreux
cestodes et nématodes. Il va donc agir sur le cytosquelette des
helminthes en inhibant cette polymérisation. On a donc un blocage de
l'absorption du glucose qui provoque la mort du parasite.
Il est actuellement conseillé d'utiliser l'albendazole,
en raison de sa bonne tolérance (Dupouy Camet J. et al., 2002).
Cette molécule est disponible sous forme de
comprimés dosés à 400 mg pour l'adulte et l'enfant de plus
de six ans ou de suspension buvable à 400 mg/10 ml
réservée à l'enfant de moins de six ans, (AMM non
délivré en Algérie pour l'albendazole).
La posologie pour l'enfant est de 15 mg/kg/j, au moment d'un
repas (pour améliorer la tolérance digestive) répartie en
deux prises par jour.
Pour l'adulte, la posologie est de 800 mg soit un
comprimé de 400 mg deux fois par jour. La durée du traitement est
de 10 à 15 jours selon la sévérité de la
symptomatologie et la précocité de la prise en charge.
L'albendazole est contre-indiqué chez les femmes
enceintes bien que les enfants nés de femmes enceintes ayant reçu
accidentellement de l'albendazole à de hautes doses n'aient pas
montré de malformations à la naissance (Bradley M., Horton J.,
2001).
Le mébendazole présente une efficacité
équivalente à celle de l'albendazole.
Le thiabendazole (Mintezol®) est efficace mais n'est
plus prescrit car il présentait de trop nombreux effets
indésirables (dans 50 % des cas) comme nausées, vomissements,
somnolence, vertiges, anorexie, céphalées, diarrhées mais
aussi neutropénie, fièvre et rash cutané.
Le traitement symptomatique (antalgiques, antipyrétiques)
est ici, très important. L'adjonction ou non de glucocorticoïdes
est encore discutée puisqu'il n'y a eu encore
aucune étude en prouvant le bénéfice. Elle
n'a pas d'action sur les parasites. Au contraire, elle pourrait favoriser leur
enkystement et prolifération (en ralentissant leur expulsion) car elle
diminue les réactions immunitaires de l'hôte, c'est pour cette
raison que la corticothérapie doit toujours être
administrée en association avec un antihelminthique.
Les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans ne sont
donc à priori pas traités.
Son efficacité sur les symptômes
généraux du malade est spectaculaire. Une corticothérapie
n'est donc pas forcément prescrite devant un tableau clinique de
symptomatologie peu prononcée mais est indispensable devant tout signe
de manifestation aiguë ou de complication, en effet la destruction massive
de larves L1 circulantes peut exacerber la réponse inflammatoire de
l'hôte et aggraver la clinique. Il en est de méme pour
l'hospitalisation ; les formes graves peuvent d'ailleurs nécessiter des
mesures de réanimation.
Le glucocorticoïde le plus généralement
utilisé est la prednisolone, qui est disponible en comprimés de 1
mg ou 5 mg et est administré à un dosage de 30 mg à 60 mg
par jour, pendant 10 à 14 jours.