1ELHa
Haute Eccile LOLJVi
en Hainaut
Le digital est-il devenu le nouveau support
de
communication des marques de luxe ?
(c) Chanel
Presente par Ilaria Badjir
Travail encadre par Madame Stephanie Delbart
En vue de l'obtention du grade de Bachelier
en
Communication
Table des matières
0. Introduction 1
1. Luxe, origine et signification 4
1.1 La France, berceau du luxe 5
2. Qu'est ce qu'une marque de luxe ? 6
3. Qui sont les acteurs du luxe ? 7
4. Qui sont les consommateurs du luxe ? 8
4.1 La commercialisation du luxe 11
4.2 La démocratisation du luxe, un danger pour les
marques ? 12
5. Politique de communication du luxe 13
5 .1 Les médias 14
5.2 Le hors-média 15
5.3 Internet : le nouvel eldorado des marques 16
6. Le luxe dans l'ère du digital 17
6.1 Mais qui sont ces « Digital Natives » ? 18
7. Quels sont les outils digitaux utilisés par le
luxe ? 19
7.1 Analyse de cas, le site web de Louis Vuitton 19
7.2 La tendance des mini-sites temporaires 21
7.2.1 Analyse du mini-site dédié de Lancôme
21
7.3 Les magazines en ligne 22
7.4 L'importance de la vidéo virale 23
7.4.1 Le cas unique de Cartier 25
7.5 Les web-séries 25
7.6 Les tutoriels Make Up 26
7.7 Les vidéos d'animations 26
7.7.1 Un vecteur d'enchantement 27
7.7.2 Quelques exemples récents de storytelling 28
7.8 Quand le luxe revisite la culture « Geek » 29
8. Le luxe et les médias sociaux 29
8.1 Le blog officiel de la marque 29
8.1.1 Analyse de deux blogs officiels 30
8.1.2 Les blogueurs, une « vitrine » de choix pour le
luxe ? 30
8.2 L'alliance aux réseaux sociaux 34
8.2.1 Choisir les bons réseaux sociaux 36
8.2.2 L'importance du community manager 37
9. La nébuleuse Facebook 38
9.1. L'ascension digitale de Burberry 39
9.1.1 Quand le luxe utilise la créativité de ses
fans 40
9.1.2 Quelles sont les marques au plus gros QI Facebook ? 41
9.1.3 Chanel aime Facebook 42
10. Le petit oiseau Twitter 43
11. Les réseaux de partage vidéo
44
12. Pinterest, le petit nouveau 45
13. Quand le digital s'immisce sur le papier !
46
13.1 Comment ça marche un QR CODE ? 46
14. L'enjeu du web mobile 47
14.1. Marque de luxe et application mobile 48
10.1.1 Instagram, la star des applications 49
15. Le digital, puissant vecteur de
créativité 51
16. Luxe et e-commerce 52
17. La Chine et les pays émergents, quel avenir
pour le luxe ? 53
18. Conclusion 55
19. Bibliographie 57
20. Sommaire des interviews 62
0. Introduction
« Le luxe n'est pas un plaisin, mais le plaisin est un
luxe »
Francis Picabia
Quel plaisir fut mon choix de sujet pour ce travail de fin
d'études. Il m'a été donné la possibilité de
travailler sur deux thèmes qui me passionnent : le luxe et le digital
!
Le digital, tout d'abord, car il représente à
mes yeux une source inépuisable de créativité et
d'expérience. Nous avons eu la chance de connaitre la naissance et
l'ascension d'un nouveau média. Chaque époque a connu une
révolution technique qui a changé à tout jamais les
habitudes de communication et les moeurs : l'électricité, le
téléphone, la radio, la télévision...
Internet et le digital sont les véritables tourbillons
du XXIe siècle, qui ont chamboulé les
sociétés, transformé les modes de vie et changé les
rapports de tous les citoyens face à la communication et à
l'information.
Savamment utilisés, ces outils nous ont
déjà prouvé la force qu'ils pouvaient avoir pour s'ancrer
dans le quotidien des gens et la capacité de ralliement et de
mobilisation des internautes.
Ce qui me fascine le plus avec le digital, c'est qu'on ne
connait pas ses limites. Sans cesse, l'innovation est poussée au
maximum, nous permettant d'assister à des évolutions
spectaculaires...
Quant au deuxième thème, le luxe, il
représente à mes yeux toute la beauté du savoir-faire de
l'humanité. Il fut souvent accusé de pervertir les moeurs,
Rousseau le jugeait sévèrement : « Le luxe corrompt
à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la
convoitise (...) L'inégalité injuste des richesses que montre le
luxe est nuisible à l'unité du corps social.»
Le luxe s'inscrit malgré lui dans le patrimoine des
civilisations... Nécessaire à tous, il est l'initiateur de nos
fantasmes et de nos rêves les plus fous. Le luxe peut également
être perçu comme une source de dépassement et de
progrès, tout comme le digital !
Pouvoir établir un lien, voire plus, une rencontre
entre ces deux thèmes, était pour moi le parfait sujet de fin
d'études, étant une utilisatrice avérée du digital
et une consommatrice (occasionnelle) sensible aux produits de luxe.
Le déclic s'est fait lorsque j'ai eu la chance
d'assister l'année dernière durant mon stage de 2e
année à une journée porte ouverte au sein du plus grand
groupe de luxe au monde, à savoir Louis Vuitton Moët Hennessy ! De
plus le célébrissime magazine Vogue (nonante ans d'existence)
tient depuis peu une nouvelle rubrique sur son site internet «
Expériences digitales ».
C'est à ce moment-là que j'ai
réalisé l'ampleur que prenait le digital dans le secteur du luxe.
Avec toute la curiosité qui m'anime, je me devais d'explorer ce
phénomène afin d'en comprendre les enjeux et les
intérêts.
Ma méthode de travail pour aborder ce sujet fut dans un
premier temps d'être la spectatrice de toutes les formes d'innovation
digitale pour le luxe. Je ne compte plus le nombre de vidéos
visionnées, de sites internet de marques de luxe parcourus, le nombre
d'applications iPhone téléchargées pour décrypter
leur contenu.
Par chance, j'ai bénéficié d'une large
série d'articles de magazine et de sites internet
spécialisés dans les deux thèmes. Des livres tous plus
intéressants les uns que les autres, certains achetés, d'autres
loués en bibliothèque...
Pour mes interviews, j'ai choisi mes intervenants en fonction
de leur spécialisation dans les domaines abordés tout au long de
ce travail... J'aurais voulu interviewer des responsables de la communication
d'une grande marque de luxe... Mais le souhait d'approcher ces grandes
enseignes avec un simple statut d'étudiante n'aura malheureusement pas
eu assez de poids dans mes démarches...
À travers toutes ces démarches de recherche, mon
but est de vous convaincre à l'aide d'analyses, d'avis de professionnels
et d'exemples concrets que désormais le digital et le luxe sont en
parfaite osmose !
Ce travail représente vraiment tout mon investissement
et mon intérêt ! Avec, cela dit, un certain goût de
nostalgie, car il est la dernière étape, la dernière
pierre portée à l'édifice bâti au long de ces trois
années d'études. À l'intérieur de cet
édifice se trouve tout mon savoir, acquis grâce aux cours
reçus à la HELHa et à l'expérience professionnelle
assimilée lors des stages...
Avis important !
Cher lecteur, tout au long de ce travail de fin
d'études, je vais analyser et décrire les expériences
digitales que proposent les marques de luxe. Ce travail est donc axé sur
la recherche visuelle. Afin de mieux vous imprégner des
expériences relatées, je vous invite à être
également le spectateur privilégié de toutes ces
vidéos ou pages internet qui déploient la beauté du luxe
sous toutes ses formes. À l'aide des notes de bas de page, j'ai
établi une liste des liens URL correspondants. Cette liste vous sera
envoyée par mail dès que je connaitrai l'identité de mon
lecteur. Il vous suffira alors de cliquer sur chaque lien correspondant au
numéro des notes de bas de page pour être renvoyé à
la vidéo ou au site internet dont je fais l'analyse. La
compréhension de mon travail sera alors complète !
En vous souhaitant un agréable moment de lecture et une
bonne expérience digitale !
1. Luxe, origine et signification
Définir le luxe peut dans un premier temps paraitre
chose aisée, mais le luxe, au-delà d'un simple mot, est
considéré comme un concept subjectif mêlant la
sensibilité et les préférences de chacun.
Son étymologie vient du latin Lux : Lumière,
Luxuria : excès ou Luxus, déviation.1
Le luxe représente également tout ce qui est
faste, coûteux, raffiné et somptueux. Un plaisir d'un prix
relativement élevé, que l'on s'offre sans vraie
nécessité vitale. Gilles Lipovetsky, philosophe, le
précise bien : « Tout ce qui est cher n'est pas luxe, mais tout
ce qui est luxe est cher ».
Trop souvent, le luxe a une connotation « négative
». La richesse abondante, l'excès en tout genre, la
supériorité ! Le luxe est perçu comme un moyen de paraitre
et non d'être, une forme d'ostentation à son paroxysme. Voltaire a
toutefois qualifié différemment le luxe : « Le superflu,
chose très nécessaire ».
Mais quel a été le premier acte luxueux de
l'être humain ? On suppose que la découverte du feu figure parmi
l'une des premières manifestations de luxe.2
À cette première manifestation, nous pouvons
ajouter le désir de parure, désir de beauté, qui n'est pas
lié aux besoins vitaux de l'homme. L'acquisition d'objets rares reste la
plus ancienne tradition liée au luxe, acte qui perdure encore
aujourd'hui grâce aux oeuvres d'art...3
Faisons une brève rétrospective de l'Histoire...
Bien des époques et des civilisations témoignent d'actes luxueux.
L'Orient fut le véritable berceau du luxe. Dès 3000 ans av.
J.-C., dans l'Égypte Antique, au temps des Pharaons : faste,
suprématie, ornements et bijoux faisaient partie des traditions. La
quête de richesse avec la découverte des nouveaux continents,
métaux précieux, épices ou textiles. Le luxe a joué
un rôle clé dans le commerce et l'activité
économique des premières civilisations.
1 Castarède (Jean), Que sais-je : Le Luxe, Paris,
Édition PUF, 2010, p 3.
2 Idem., Luxe et Civilisation, Paris,
Eyrolles, 2008, p 14.
3 Ibid., p 14.
L'ère industrielle a développé les
activités du secteur du luxe. Période de l'histoire où les
grandes maisons de luxe sont apparues. Citons par exemple Delvaux. La plus
ancienne maison de maroquinerie au monde a été
créée en 1829 et est juste un peu plus vieille que la Belgique
elle-même ! Suivie de près par la maison française Louis
Vuitton en 1854.
Les maitres-mots de ces grandes maisons sont
l'authenticité, le savoir-faire et l'artisanat.
C'est majoritairement grâce aux talents des artisans que
les maisons de luxe ont connu leur croissance et ont pu faire valoir leur
prestige. Leur richesse réside dans le travail méticuleux des
ouvriers, des tanneurs et dans le choix de matières nobles. Un
héritage unique, gardé précieusement au fil des
siècles, qui assure la pérennité de la marque...
On peut donc affirmer que le luxe est vieux comme le monde,
ainsi que le souligne Gilles Lipovetsky : « On ne peut pas penser
l'humanité sans le luxe, parce que, à travers lui, l'homme
atteste qu'il n'est pas un simple animal et que son horizon ne se réduit
pas à la survie, à la conservation et au besoin. »
1.1 La France, berceau du luxe
La France est l'un des pays les plus emblématiques de
l'univers du luxe. L'époque des grands rois de France a contribué
à l'hégémonie du pays et au déploiement de son
savoir-faire, le château de Versailles en est une des plus belles
preuves...
La haute-couture est née en France grâce à
Dior, Chanel, Yves Saint-Laurent... Véritable patrimoine, ces marques
font partie du paysage culturel français, elles sont
protégées par une appellation juridique et doivent
répondre à une série de critères pour
bénéficier du titre4. Preuve que le luxe est un joyau
précieux à l'Histoire de France, le comité Colbert a
été créé en 1954. Cette association regroupe
septante-cinq maisons de luxe françaises.
C'est seulement en 2011 que le comité a
décidé de s'ouvrir à l'Europe et d'accepter quatre maisons
venant de Hongrie, de la République tchèque et d'Allemagne.
4
http://www.modeaparis.com/fr/la-federation/
consulté le 17/05/12
Sa mission principale consiste à faire rayonner l'art
de vivre français aux quatre coins du monde et à se porter garant
des stratégies collectives du luxe français.5
Aujourd'hui, au XXIe siècle, le luxe se
définit comme un mode de vie caractérisé par de grandes
dépenses liées à l'acquisition de biens superflus par
goût de l'ostentation et de plus grand bien-être.6
Toute une série de mots peuvent être associés
au luxe :
Plaisir, possession, hédonisme, expérience,
rareté, statut social, privilège, désir... Mais le terme
le plus adéquat que l'on peut lui associer, c'est l'intemporalité
!
Comme l'affirme Elyette Roux, ancienne directrice du
management chez LVMH : « Le luxe, ce n'est pas la mode. Le luxe, ce
n'est pas la tendance, c'est ce qui reste lorsque la tendance est
passée. La marque de luxe ne doit pas suivre une tendance, mais c'est
à elle de créer la tendance ».
2. Qu'est-ce qu'une marque de luxe ?
Le meilleur ADN d'une marque dite de luxe est
indéniablement son passé historique.
Les grandes maisons ont pu largement bâtir leur
succès grâce à la personnalité de leur fondateur et
de l'histoire familiale. Pour Coco Chanel, Christian Dior ou Louis Vuitton,
pour ne citer qu'eux, leur propre personne est une marque à part
entière. Le poète Jean Cocteau rend ainsi hommage à
Christian Dior en citant : « Ce génie léger propre
à notre temps, dont le nom magique comporte celui de Dieu et d'Or
».
Voilà pourquoi les premiers signes de reconnaissance
sont établis sur le nom, qui reflète la notoriété
du créateur.
Les valeurs véhiculées d'une marque de luxe sont
généralement communes et reposent sur : l'engagement, la
recherche d'excellence et l'innovation. 7
L'identité visuelle est savamment travaillée
mais reste sobre. Les marques ne doivent pas trop en faire avec un logo trop
lourd, qui pourrait nuire à l'image chic qu'elles renvoient.
5
http://www.comitecolbert.com
consulté le 13/04/12.
6
X, Le nouveau Petit Robert, Paris, Dictionnaire Le
Robert, 2012.
7 Knafo (Jean), Pub de luxe - dis-moi combien tu
m'aimes ?, Alban Editions, 2008, p 43
Le champ lexical est en relation directe avec l'univers de la
marque. Rares sont les slogans accrocheurs et aguicheurs. Les marques de luxe
préfèrent jouer sur les mots, qui se doivent d'être
évocateurs de désir, voire carrément envoûtants !
3. Qui sont les acteurs du luxe ?
Sur les marchés mondiaux, le luxe affiche des chiffres
d'affaires record d'une année à l'autre ! 172 milliards pour
l'année 2010 et 185 milliards pour 20118. Il demeure une
valeur sûre, malgré la crise, le secteur a su rester solide et
garder le cap.
Le marché est dominé par de grands groupes
mondiaux, dont voici les principaux :
Précisons que certaines maisons ont gardé leur
indépendance en jouant sur le côté familial. Hermès
et Chanel sont les meilleurs exemples d'empires restés aux mains des
membres de leur famille.
LVMH : Louis Vuitton Moët
Hennessy. Ce groupe fut créé en 1987 par les deux emblèmes
du logo. À sa tête, Bernard Arnault, qui détient plus de
soixante marques dans les secteurs les plus prestigieux : vins et spiritueux
(Moët, Hennessy, Belvedere, Veuve Clicquot...), de la mode (Louis Vuitton,
Fendi, Kenzo, Christian Dior, Givenchy, ...), de l'horlogerie et de la
joaillerie (Tag Heuer, Chaumet, Hublot, de Beers, Bvlgari, ...). Il est
incontestablement le numéro un sur le marché avec une hausse de
16 % sur la vente et un chiffre d'affaires de 23 659 millions d'euros pour
l'année 2011.9
PPRPinault-Printemps-Redoute:
Fondé en 1963 par François Pinault autour des métiers du
bois et des matériaux de construction, le groupe PPR s'est
positionné à partir du milieu des années 90 sur le secteur
de la Distribution. En 1999, le groupe prend le contrôle de Gucci. Le
portefeuille des marques de luxe est prestigieux : Gucci, Bottega Veneta, Yves
Saint Laurent, Alexander McQueen, Balenciaga, Boucheron...
Le groupe enregistre une hausse de 11% avec 12 227 millions
d'euros de chiffre d'affaires pour l'année 2011.10
8
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Economie/Actu/Les-acheteurs-du-luxe-ne-connaissentpas-
la-crise-348773/ consulté le 8/04/12
9
http://www.daily-bourse.fr/resultats-LVMH-chiffre-affaire-FR0000121014.php
consulté le 8/05/12
10
http://www.ppr.com/fr/rapport-annuel-2011
consulté le 8/04/12
L'Oréal : Leader
incontesté sur le marché des cosmétiques, le groupe est
présent depuis plus d'un siècle. Fondé en 1909 par
Eugène Schueller, chimiste de formation, le groupe détient de
nombreuses marques et possède une division pour les produits de luxe
avec : Lancôme, YSL beauté, Giorgio Armani, Ralph Lauren, Victor
& Rolf... Des protagonistes de poids, vu que le compteur affiche un chiffre
d'affaires global pour 2011 de 20 343 millions d'euros, dont 4 800 millions
d'euros pour la branche luxe, qui croît de 8,2 % de 2010 à
2011. 11
4. Qui sont les consommateurs du luxe ?
Le luxe vend du rêve et du prestige, tout prestige a son
prix. Relativement élevé, le prix se justifie par un savoir-faire
et une main d'oeuvre exceptionnels, gages de qualités. Un prix
élevé reste la meilleure façon de se distinguer d'un
produit de grande consommation et de permettre au client d'être certain
qu'il accède à un objet haut de gamme.
Danielle Allérès, économiste et
spécialiste des métiers du luxe déclare : « Le
juste prix d'un produit de luxe repose sur la corrélation parfaite entre
son niveau dans l'univers du luxe, son degré de rareté et la
notoriété relative de sa marque. 12»
La règle du prix psychologique joue un rôle
déterminant dans la clientèle potentielle du produit de luxe.
Le prix psychologique correspond au prix qu'un consommateur
est prêt à payer pour s'offrir un produit qui correspond à
ses attentes et exigences. Prenons un exemple concret : le prix de vente d'un
vernis Dior est de 22,37 € dans les points de vente agréés
en parfumerie13.
À première vue, 22,37 € pour un simple
flacon de vernis, cela parait relativement excessif. Mais lorsque l'on prend en
compte le fait que ce vernis porte la griffe d'une des plus grandes maisons de
Haute-Couture au monde... 22,37 €, de ce point de vue, c'est abordable si
l'on veut s'accorder un petit plaisir !
11
http://www.loreal-finance.com/fr/chiffres-cles
consulté le 8/04/12
12
http://institut-gestion.univ-larochelle.fr/IMG/pdf/alleres.pdf
consulté le 12/05/12.
13
http://webshop.iciparisxl.be/fr_BE/Marques/DIOR/
consulté le 12/05/12.
Un consommateur issu d'une classe moyenne sera relativement
conquis par le rapport qualité/prix et aura la sensation de
posséder une part du mythe que représente Dior.
Même s`il est tout à fait logique
d'établir comme lien que les plus fidèles clients des marques de
luxe sont issus d'un milieu économique élevé et
représentent une partie de la population que l'on caractérise de
« privilégiée ». Les marques de luxe, qui cultivent le
culte de l'inaccessibilité, font paradoxalement des actions qui
étendent de plus en plus leur gamme de produits afin de toucher un
nouveau type de clientèle ayant des habitudes de consommation
différentes. Jean-Baptiste Fabbricatore, directeur chez LWS production,
explique la raison de cette diversité des produits de luxe : «
Les maisons ne font pas de bénéfices avec les ventes
Haute-couture. Au contraire, elles y perdent. Elles font leur chiffre
d'affaires grâce au prêt-à-porter et surtout
grâce aux accessoires, parfums et cosmétiques.
14»
Qui dit consommateur dit stratégie marketing ! Dans ses
premières années d'existence, le luxe n'avait pas de
stratégie propre, vu qu'il était réservé aux
cercles d'élite de la population... Mais les trente glorieuses ont vu
naitre les classes dites moyennes, de nouveaux consommateurs faisant les yeux
doux aux enseignes luxueuses.
Aujourd'hui, l'achat d'un produit de luxe représente
pour une certaine tranche de la population une preuve de réussite
sociale. C'est ce qu'on appelle les nouveaux riches.15
Deux types de clientèle typique sont à
définir pour comprendre tout le déploiement de la
stratégie marketing du luxe.
Les clients réguliers : Les
fidèles et connaisseurs du secteur. Aisés et d'âge mature,
ils achètent parce qu'ils savent reconnaitre et apprécier la
qualité du produit fini.
Cela représente avant tout pour eux un mode de vie - et
non un niveau de vie. Ce n'est pas une manière de prouver leur existence
au monde entier.
14
Propos de Jean-Baptiste Fabbricatore, extrait de l'interview p
68
15
Knafo (Jean), Pub de luxe - dis-moi combien tu m'aimes ?
, Alban Editions, 2008, p 62
Les clients occasionnels : Ce type de
clientèle a un attachement fort avec les marques de luxe. Ces clients
passent à l'achat pour marquer le coup lors d'événements
importants (anniversaire de mariage, Fête des Mères ...). Une
façon de lier l'acte d'achat exceptionnel à une valeur
sentimentale et émotionnelle. 16
À la vue des différents types de
clientèle, c'est en toute logique que le marketing va s'atteler à
répondre aux besoins de tous les consommateurs du luxe, quels que soient
leurs revenus mensuels !
On distingue trois types de concept marketing pour les
catégories de produits de luxe17 :
Le luxe inaccessible : Les produits doivent
être les plus rares et les plus précieux. Il garantit une
qualité et une authenticité remarquables. Il répond d'une
stratégie marketing d'offre.
Exemple : une robe de Haute-Couture.
Le luxe intermédiaire : Un produit
avec un profil élaboré et reflétant le prestige de la
marque. Il est conçu en série limitée pour garder le champ
du privilège, mais répond à la stratégie de l'offre
et de la demande.
Exemple : un sac d'une grande marque de luxe.
Le luxe accessible : Ce sont les accessoires
ou produits dérivés, créés en abondance et
plébiscités par les grands médias de masse. Ils
interviennent dans une stratégie de demande uniquement.
Exemple : parfums et cosmétiques.
Une combinaison qui s'avère efficace, comme le confirme
l'économiste Jean Castarède : « Le parfum, la couture et
les accessoires sont devenus complémentaires, même s'il s'agit de
luxes totalement différents. »
16
Knafo (Jean), Pub de luxe - dis-moi combien tu m'aimes ?
, Alban Editions, 2008 , p 79- 80
17 Allérès (Danielle), Luxe un
management spécifique, Economica , 1995 , p 66
4.1La commercialisation du luxe
Les objets et produits de luxe sont commercialisés dans
les boutiques en noms propres de la marque... Ce ne sont pas de simples «
points de vente ». Ces espaces doivent avant tout être somptueux
pour poursuivre la part de rêve que procure le luxe. L'acte d'achat en
magasin doit procurer au client une expérience inoubliable.
Le service fourni en boutique au client doit être d'une
qualité irréprochable, à l'image des produits prestigieux
de la marque.
Généralement, ces boutiques sont
présentes dans les plus grandes villes et capitales des pays
industrialisés. Pour garder la notoriété d'une marque,
elles choisissent évidemment de s'établir dans les plus beaux
quartiers et endroits chics. Ces lieux jouent un rôle important dans la
stratégie marketing d'une marque, ils sont devenus aussi mythiques que
les marques qu'ils abritent.
Il suffit de citer par exemple la place Vendôme ou
l'avenue Montaigne, qui sont d'indéniables références pour
un shopping luxueux et très ancrées dans l'esprit des
touristes.
Outre les boutiques, les marques ont déployé
également une stratégie de distribution dans les chaines de
magasins multimarques aux enseignes réputées telles que les
Galeries Lafayette pour la France ou Harrod's pour le Royaume-Uni.
La distribution sélective est de prime importance pour
garder un côté élitiste. Mais les grandes chaines
multimarques sont d'autant plus judicieuses, car elles sont le premier «
Eldorado » des touristes. Ces magasins sont fréquentés par
tout type de clientèle, une façon efficace de renforcer sa
visibilité aux yeux de tous !
4.2 La démocratisation du luxe, un danger pour
les marques ?
Ces dernières années, on assiste à une
autre forme d'accessibilité du luxe : « Le Masstige ». Ce
concept résulte de la contraction entre les mots « mass
market18 » et « prestige. 19»
Cette notion n'est pourtant pas si neuve. Déjà
dans les années 80, la frontière entre le luxe et la consommation
de masse était ambigüe à cause des déclinaisons
multiples des produits de luxe.20
Le meilleur exemple de Masstige que l'on peut citer est la
collaboration en 2004 d'H&M (le géant suédois du textile
à bas prix) avec le directeur artistique de chez Chanel,
l'emblématique Karl Lagerfeld ! Véritable pionnier de cette
pratique, il déclare : « L'élitisme de masse, c'est mon
rêve depuis longtemps. Je pense qu'il était presque de mon devoir
de faire ça avec mon nom, c'est le chemin de la
modernité.»
L'action étant un succès, H&M ne manquera
pas de réitérer le coup avec d'autres couturiers de renom, tels
que Victor & Rolf ou Albert Elbaz, de la maison Lanvin !
Cette modernité associée au luxe accessible
résonne comme une démocratisation des marques de luxe. Plusieurs
raisons de cette démocratisation donnent tout intérêt aux
marques de luxe de se diriger vers ce phénomène. Si la raison
financière en est bien évidemment la principale, la dimension
sociale joue un rôle important. Gilles Lipovetsky l'explique : «
Aujourd'hui, tout le monde veut sa part de luxe ». Cette citation est
en lien direct avec la société d'hyperconsommation qui nous
anime, on veut tout posséder, tout consommer ! Ce luxe à prix
démocratique permet de répondre aux besoins d'identité des
populations dites de masse, qui entretiennent une fascination pour l'univers du
luxe.
On est plus proche du domaine de la passion que de la raison et
on achète un
signe, une appartenance, un besoin de
considération ou d'être considéré dans
le cas du
cadeau (...) Le luxe est un facteur d'identification : c'est une façon
de
18 Terme anglophone qui signifie en français
« Marketing de masse ».
19
Lochard (Cécile), Murat (Alexandre), Luxe et
développement durable, édition d'organisation, 2011, p 45
20Lochard (Cécile), Murat (Alexandre), Luxe
et développement durable, édition d'organisation, 2011 p
43
se différencier, de s'affirmer, de ne pas être comme
les autres ou, en tout cas, de copier ceux que l'on admire. 21
Cette diversification apporte un renouveau à la marque,
une possibilité d'augmenter sa notoriété et d'être
une référence dans son segment de marché.
Toutefois, de nombreux professionnels du métier restent
sceptiques face à cette banalisation du luxe et craignent la perte de
prestige, voire même pire, craignent de tuer l'image !
Pierre Cardin en a fait les frais, à trop vouloir se
diversifier. Ses produits ont perdu leur valeur de rareté auprès
de sa clientèle.
Entrer dans un secteur que l'on ne connait pas est dangereux
(...) la pollution de l'image peut entrainer ce que l'on appelle la
cannibalisation, c'est-à-dire la disparition de l'« aura de
rêve » attachée à la marque. Par exemple, un objet bon
marché tel que des pantoufles ne fait pas bon ménage avec la
Haute- Couture.22
5. Politique de communication du luxe
Après avoir passé en revue de manière
brève les trois premiers « P » du mix-marketing du luxe,
à savoir le produit, la place et le prix, nous allons nous attarder plus
longuement sur le dernier « P » et l'un des plus importants : la
promotion (communication).
La politique de communication des marques de luxe est
très paradoxale : leurs produits sont un gage de rareté, mais la
visibilité des campagnes publicitaires est beaucoup plus étendue
que pour des produits de marques courantes.23
Il s'agit là du meilleur moyen d'atteindre une
notoriété spontanée chez les nonacheteurs de la
marque.24
21
Castarède (Jean), Que sais-je : Le Luxe, Paris,
Édition PUF, 2010, p 81
22 Idem , p 92
23 Knafo (Jean), Pub de luxe - dis-moi combien tu
m'aimes ? , Alban Editions, 2008, p 13 24Knafo (Jean), Pub
de luxe - dis-moi combien tu m'aimes ? , Alban Editions, 2008, p 14
Les actions de communication restent le meilleur allié
pour accroitre la notoriété d'une marque et pousser son public
à l'acte d'achat. Les marques de luxe l'ont bien compris et ne
lésinent pas sur les budgets en matière de communication. 5
à 10 % du chiffre d'affaires global sont consacrés à la
communication, et ce pourcentage peut monter à 30 % lors du lancement de
produits phares.25
Le luxe est actif aussi bien dans les secteurs des médias
que du hors-média.
Faisons le tour des branches les plus fréquentées
par le luxe pour communiquer avec son public :
5.1 Les médias
Le premier secteur d'investissement est la presse papier,
magazine et féminine !
Ce support reste pour l'instant le favori des
stratégies de communication, car un espace publicitaire dans un magazine
papier reste l'action la moins chère en ce qui concerne le secteur des
médias.
Pour l'année 2012, une page A4 dans un numéro
mensuel du magazine féminin ELLE Belgique coûte 8 200 euros en
quadri couleur et 16 300 euros pour une double page A4 26. Des prix
relativement accessibles quand on sait que le chiffre d'affaires annuel des
marques de luxe se compte en millions d'euros.
De plus, figurer dans un magazine prestigieux tel que Vogue,
Marie-Claire ou ELLE, maintient le niveau de crédibilité du titre
luxueux d'une marque.
La télévision vient ensuite, avec les spots
publicitaires. Les coûts sont relativement plus élevés !
Pour la diffusion d'un spot publicitaire de trente secondes un samedi soir sur
TF1 dans une tranche horaire « Prime-Time », le montant est de 80.000
€ !27
Un créneau sur lequel, pourtant, les marques de luxe
sont très présentes pour toucher la « masse ». C'est
une parfaite vitrine pour mettre en scène leur égérie en
tant qu'icône de la mode. Les visages choisis sont de grands mannequins
internationaux ou des actrices du 7e art, pour renforcer le culte de
l'identification.
25 Idem, p 13
26
ww.editionsventures.be/pdf/ELLE_BELGIQUE_FR_EN_2012.pdfw
consulté le 12/05/2012
27
http://www.tf1pub.fr/tf1/tarifs/
L'affichage dans les grandes villes permet de mettre en avant
le côté créatif et d'apporter une haute visibilité
avec un ciblage des plus précis. Mais n'est-il pas assez paradoxal de
croiser une affiche pour le dernier parfum « J'adore » de Dior au
croisement d'une station de métro ou dans un abribus ? Un lieu urbain et
cosmopolite ne correspondant pas à première vue au raffinement et
au prestige du luxe. Cependant, ces lieux sont choisis pour leur grande
fréquence de passage et renvoient à la notion du luxe accessible
définie précédemment.
La radio est le grand perdant face au luxe, les consommateurs
ont besoin d'expérience visuelle pour mieux faire entrer le luxe dans
leur espace mental. Comme le déclare Joël Knafo, conseiller en
stratégie de communication : « Il est très difficile de
vendre du rêve et de l'émotion lors d'une publicité radio,
les marques de luxe investissent peu ce média ». Le joaillier
Cartier l'a prouvé avec sa dernière campagne (cas qui sera
abordé plus loin dans ce travail).
5.2 Le hors-média
La promotion sur le lieu de vente est une pratique inexistante
pour les marques de luxe, tout comme les soldes. Casser les prix est
contradictoire au schéma des marques de luxe, elles n'attirent pas le
client grâce à un prix bon marché. Pourtant, certaines
méthodes plus « discrètes » sont employées,
comme l'échantillonnage pour les cosmétiques et parfums. Par
ailleurs, les ventes privées sont une technique qui séduit de
plus en plus la sphère du luxe. Organisées en comité
restreint pour garder le sentiment de privilège, elles permettent
d'acquérir les pièces des collections prêt-à- porter
des saisons passées...
Le mécénat, l'événementiel et les
relations publiques sont les secteurs les plus prisés par le luxe :
L'événementiel constitue la part la plus importante de la
communication des produits de luxe, en tout cas la plus créative :
d'où l'importance naturellement du mécénat, à
condition qu'il soit adapté et cohérent avec le produit ou
l'image de la marque.28
28
Castarède (Jean), Que sais-je : Le Luxe, Paris,
Edition PUF, 2010, p 83.
LVMH en est le parfait exemple. Il est clairement
indiqué sur la page d'accueil de son site web : une vocation de
mécène. Son président Bernard Arnault le justifie :
« Par le mécénat, nous voulons construire une action
d'intérêt général afin que notre succès
économique profite à tous. 29 »
5.3 Internet, le nouvel eldorado des marques
S'il y a un domaine qu'il serait gravissime de ne pas
solliciter aujourd'hui dans un plan média, c'est bel est bien cette
fantastique invention qu'est le web ! Tout d'abord parce que c'est un outil
remarquable en matière de rapidité de diffusion d'un message,
mais surtout parce que c'est là que se trouvent de plus en plus de
consommateurs potentiels pour les marques, tous secteurs confondus. C'est le
média de masse par excellence ! (2.833.714 de foyers belges
possédaient une connexion internet en 2011)30. Internet doit
être considéré comme un média à part
entière, il est incontournable. Les entreprises l'ont bien compris, en
augmentant leur investissement sur la toile. Toutes les marques ont leur part
de visibilité, en commençant par le classique site web de la
marque, jusqu'au profil Facebook. Mais nombreux sont les analystes qui
prétendent que le web est encore trop sous-estimé en termes
d'investissement par rapport au temps passé sur ce média par
habitant.31 (En moyenne, un Belge passe 20,5 heures par mois sur
internet.)32
29
http://www.lvmh.fr/lvmh-une-vocation-de-mecene
consulté le 17/05/12.
30
http://www.levif.be/info/actualite/technologie/internet-les-foyers-belges-de-plus-en-plus-connectes
consulté le 17/05/12
31
Loukouman (Amidou), Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt , 2012, p 30-31
32
http://datanews.levif.be/ict/actualite/apercu/2012/02/20/le-belge-passe-20-5-heures-par-mois-sur-
internet consulté le 17/05/12
6. Le luxe dans l'ère du digital
Le digital se définit comme tout ce qui est lié
aux doigts (empreintes digitales). Son deuxième sens se rapporte au
numérique.33 Le numérique se qualifie, quant à
lui, par une représentation de l'information grâce à un
nombre fini de valeurs discrètes.34
Les plus gros avantages des médias numériques
sur tous les autres médias traditionnels, c'est la mesure de l'audience,
la traçabilité et l'interactivité. À
première vue, le luxe et internet s'opposent par leurs
caractéristiques si différentes.
L'un représente l'esprit conservateur, la tradition et
la rareté alors que l'autre est associé à
l'instantanéité et au partage gratuit.35 Ils ont
cependant un des meilleurs points en commun : l'innovation !
Le luxe, pour ne pas s'essouffler, doit utiliser tous les
nouveaux canaux de communication qui sont à sa disposition. D'abord
parce qu'il faut être en accord avec son temps et son époque - le
XXIe siècle est l'ère du numérique. Ensuite,
parce que les habitudes de consommation changent, il faut donc sans cesse se
réinventer pour séduire de nouveaux clients et rester
présent dans les esprits de ceux déjà séduits.
Comme le souligne Peter Meyers, account manager chez Social Lab : « Le
digital devient de plus en plus important, car c'est le premier point de
contact avec les clients d'une marque, mais aussi avec les non-clients !
»
L'enjeu de l'internet et du digital représente donc un
réel défi pour les marques de luxe, que ce soit pour la
clientèle habituelle ou pour la clientèle occasionnelle du luxe.
Ces deux tranches ne sont pas nées et n'ont pas grandi avec internet. Le
pari est d'autant plus osé, car les clients d'aujourd'hui ne seront plus
là demain. Pour assurer un bon impact sur un public plus jeune, les
marques doivent s'inscrire dans une communication jeune et dynamique. Il faut
aller séduire les consommateurs de demain. Ces futurs consommateurs, ce
sont les douze/vingt-cinq ans. Ils n'ont pas encore le pouvoir d'achat de leurs
parents, mais ils ont du goût et savent ce qu'ils veulent ou ne veulent
pas. Pour parler le même langage que cette nouvelle cible, une belle
publicité format A4 dans un magazine de prestige ne suffit plus. Il faut
parler
33
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/digital/
consulté le 28 /04/12
34
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/numerique/
consulté le 28/ 04/12
35
http://www.fullsix.fr/tribunes/1113
consulté le 17/05/12
technologie ! Le digital s'avère être le meilleur
porte-parole pour toucher ce qu'on appelle désormais la
génération des « Digital Natives ».
Et puis il y a la génération des « Natives
» de l'internet. Cette génération est née avec un
câble réseau en or dans la bouche. Cette génération
connaît Internet depuis son plus jeune âge et perçoit
rapidement toutes les subtilités technologiques qui permettent
l'évolution du réseau. Cette génération frappe
à la porte de la consommation et je pense que même
énormément de seniors sont déjà dans cette
dynamique.36
6.1 Mais qui sont ces « Digital Natives »
?
Les Digital Natives viennent en toute logique après les
deux premiers grands booms des générations qui ont grandi avec
l'avancée technologique :
La generation X : Ce sont les personnes
nées entre 1959 et 1980, elles ont connu la révolution
technologique grâce à la télévision.
La generation Y : Ils ont vu le jour entre 1981
et 1996, cette génération n'est pas née avec internet,
mais a grandi avec lui et l'a incorporé à son quotidien.
La generation Z, pour conclure, est aussi
appelée Digital Native. Nés aux alentours de 1996, les jeunes de
cette génération sont hyper connectés, ils ont grandi avec
internet, téléphones mobiles et baladeurs MP3. Ils manifestent
une dépendance à internet et aux réseaux sociaux. Ils ne
veulent pas attendre, la BBC a estimé leur temps de tolérance sur
le web : 9 secondes ! Au-delà, ils jugent ça trop lent. En 2009,
une étude du bureau webmarketing JTW à Paris a permis d'affirmer
que le digital est la cause de changements de comportements profonds au sein de
cette population.37
36
Propos de Jean-Baptiste Fabbricatore, extrait de l'interview LWS
production p 68
37
http://www.marketing-professionnel.fr/breve-wp/comment-marque-digitale-digital-natives.html
consulté le 28/04/12
7.Quels sont les outils digitaux utilisés par le
luxe ?
Le premier outil de base est le site web officiel de la
marque. Il est la carte d'identité, la vitrine virtuelle des produits de
la marque. C'est le premier point de contact avec le consommateur à la
recherche d'information sur la marque ou sur un produit qu'il désire
acheter. Les marques de luxe, ayant une forte empreinte visuelle, peuvent
laisser libre cours à leur imagination pour la charte graphique de leur
site internet, tout en veillant à rester cohérentes avec leur
image construite au préalable. Autrement dit, le site web doit inviter
à l'expérience multi-sensorielle en gardant
l'élégance de la marque.
7.1 Analyse d'un cas, le site web de Louis Vuitton
Louis Vuitton fut l'un des premiers à adopter une
stratégie digitale dans sa communication. La marque qui, au travers de
ses célèbres malles, incarne l'art du voyage a su parfaitement
transposer son univers sur la toile en créant des expériences
digitales totalement inouïes.38
Le site web de la marque a été
réédité en intégralité en octobre 2011, la
nouvelle plateforme est entièrement présente sous format flash.
Ce qui n'empêche pas les utilisateurs de Smartphone de pouvoir profiter
de l'expérience grâce à un site spécialement
conçu pour les Smartphones et tablettes39. Si la perception
visuelle est importante, le contenu est bien évidemment à ne pas
négliger. Nous avons là un parfait exemple de contenu interactif
de qualité. Parcourons les différents onglets : NEW, NOW, c'est
l'espace réservé au magazine en ligne de Louis Vuitton (nous
aborderons le thème des magazines en ligne plus loin dans ce travail).
L'onglet JOURNEYS est l'espace dédié aux informations
institutionnelles de la marque (Histoire de la maison, valeurs). La rubrique la
plus importante du site est bien stir le portail COLLECTIONS, divisé en
sous-catégories pour accéder directement à l'objet
recherché : sac à main, chaussures ou
prêt-à-porter.
38
www.louisvuitton.com (Lien
présent dans la liste envoyée par mail)
39
Le format flash n'est pas supporté sur les Smartphones et
tablettes tactiles, ce qui rend la navigation de certains sites web impossible
à partir de ces deux outils. Voilà pourquoi en
général les plateformes sont sous format HTML 5.
Preuve que le texte des messages qui sont adressés aux
internautes est très subtilement travaillé, l'onglet qui nous
invite à cliquer pour continuer dans la rubrique des sacs à main
nous incite à « commencer l'expérience. »
Capture d'écran du site
louisvuitton.com
La rubrique qui a retenu toute mon attention et qui est
à mes yeux la plus réussie du site est cette invitation à
« toucher le luxe ». Luxe virtuel certes, mais dès le premier
clic, nous sommes transportés grâce aux mélodies douces qui
éveillent nos sens.
Un message apparaît, nous appelant à « oser
toucher le luxe ». Si nous déplaçons la souris sur les
célèbres monogrammes, ils interagissent en devenant plus
épais !
|
|
Capture d'écran du site
louisvuitton.com
Le dernier onglet qui ne laisse plus aucun doute quant
à la présence du digital dans l'univers de Louis Vuitton
s'appelle « Digital Discoveries ». En cliquant dessus, nous sommes
redirigés vers un mini site entièrement dédié aux
dernières tendances digitales : « un voyage d'inspiration vers
des destinations digitales.40 » Tel est le message qui
paraît sur la page d'accueil. Ce mini site fait part des dernières
actualités digitales, non pas de Louis Vuitton, mais de personnes ou
événements qui ont su brillamment mettre le digital au service de
leurs activités ! Une belle preuve, pour Louis Vuitton, d'ouverture sur
le monde qui l'entoure!
La promesse d'un voyage d'exception est parfaitement tenue en
parcourant l'intégralité du site internet de Louis Vuitton!
40
www.louisvuitton-digitaldiscoveries.com
(Lien présent dans la liste envoyée par mail)
7.2 La tendance des mini-sites temporaires
Le lancement d'un nouveau produit génère
toujours tout un déploiement d'actions de communication. Une pratique a
su sortir du lot en étant souvent sollicitée par les marques. Les
mini-sites dédiés ont l'avantage de mettre en lumière un
produit spécifique en réservant tout l'espace nécessaire
à la promotion sans qu'un autre objet de la marque vienne s'interposer.
Ils sont de parfaites plateformes pour exprimer le potentiel du nouveau produit
sous tous ses aspects et créer un univers à part entière.
Hébergé sous la même adresse que le site web officiel, un
simple clic renvoie vers le contenu dédié spécialement
créé pour l'occasion. Cette technique est appelée le
« One page slide 41» et fait dérouler le contenu
grâce au scroll.42
7.2.1 Analyse du mini-site dédié de
Lancôme
Les mini-sites dédiés apparaissent comme s'il en
pleuvait sur la toile. Le dernier exemple en date est celui de Lancôme
pour le lancement de la campagne de son rouge à lèvres «
Rouge In Love ».43
L'analyse de cette campagne sera découpée en
plusieurs points tout au long de ce travail et divers exemples reviendront au
cours des chapitres suivants. Lancôme a vraiment su utiliser toutes les
interfaces dont dispose le digital pour réaliser une très bonne
campagne publicitaire.
Le premier point important dans une campagne pour un produit
de beauté est le choix de l'égérie. Lancôme a su
rafraichir son image en choisissant la jeune Emma Watson.44 Ce choix
est également perçu comme un très bon moyen pour toucher
la génération des Digital Natives.
Le mini-site dédié propose un large panel
d'exclusivités, on peut y découvrir la vidéo officielle de
la campagne, le making-of où Emma Watson explique les raisons de cette
collaboration avec la marque, des photos inédites d'Emma Watson
(précisons que la campagne fut réalisée par Mario Testino,
qui est un des photographes de mode les
41
Contenu tenant sur une seule page.
42
Le scroll représente la flèche à droite de
l'écran, qui permet de monter et descendre sur une page.
43
www.lancome.fr/_fr/_fr/ecommerce/medias/animations/sideline/rouge-in-love/index.aspx(Lien
présent dans la liste envoyée par mail)
44 Actrice de la saga Harry Potter interprétant
le rôle d'Hermione et ayant déjà prêté son
image pour Burberry et Chanel.
plus réputés au monde). Un contenu parfaitement
étudié et mis en scène qui ne laissera certainement aucune
fan de l'actrice insensible au rouge à lèvres dont elle vante si
bien les mérites...
Lancôme, jouant parfaitement avec les tendances, a fait
appel au groupe de chanteuses très en vue sur la scène musicale
française, « Brigitte ». Les deux chanteuses ont
enregistré un morceau spécialement pour le lancement du rouge
à lèvres. Et la chanson s'intitule sans grande surprise «
Rouge in Love » !
Un extrait du clip est à visionner, un onglet donne la
possibilité de le télécharger sur iTunes 45 et
également sur Smartphone pour faire du titre une sonnerie
téléphonique !
La véritable expérience digitale de ce mini-site
dédié est la possibilité de tester le fameux Rouge In Love
tout en restant dans son salon confortablement installée face à
son écran ! Lancôme propose un miroir virtuel.
Capture d'écran du mini-site dédié
de Lancôme.
Deux manières sont proposées pour tester le
produit, soit on le teste sur les photos des mannequins mises à
disposition, soit on pousse l'expérience plus loin en
téléchargeant une photo de son propre visage ! Cette technique de
plus en plus courante est appelée la réalité
augmentée. Elle consiste à utiliser un écran de
caméra ou de webcam pour superposer des objets de 2D en 3D pour donner
une impression de visualisation en temps réel.46
7.3 Les magazines en ligne
Pour récapituler, le site web est donc la carte
d'identité officielle de la marque, le mini-site dédié
permet un total focus sur un produit particulier lors de son lancement. Un
troisième outil vient s'ajouter au contenu en ligne proposé par
les marques de luxe : le magazine en ligne !
45 iTunes est la plateforme musicale d'Apple de
téléchargement payant.
46
http://www.webandluxe.com/02/2010/luxe-mode-et-realite-augmentee-dossier-e-marketing/
consulté le 17/05/12.
Dior, depuis le mois de mars dernier, est le premier à
se lancer dans l'aventure. Baptisée « Dior Mag »47,
la plateforme digitale est accessible depuis le site web de la marque. À
travers ce e-magazine, on découvre du contenu exclusif et des photos
totalement inédites, grâce aux diverses rubriques. L'histoire de
la marque y est transcrite dans sa légende, les petits secrets de
fabrication de Christian Dior y sont contés avec de merveilleuses images
d'archives et l'actualité de la marque y est présente aussi, bien
évidemment.
Comme le cite l'édito du magazine : «Le
présent de la narration d'abord, et c'est dans ce magazine que vous
trouverez toutes les informations que vous cherchez sur l'univers
Dior. 48 » Un bel outil pour fédérer la
communauté des « Dior Addicts ».
7.4 L'importance de la vidéo virale
Comme le chantait le groupe anglais Buggles dans les
années 80, « Video killed the radio star » ! La vidéo a
tout raflé sur son passage, elle est devenue l'outil le plus
prisé par les marques de luxe pour avoir un impact sur la toile. Les
campagnes jusque-là immobiles sur le papier glacé des magazines
s'animent pour faire vivre des moments inédits aux internautes. Les
défilés de mode furent les premiers grands rendez-vous des
marques de luxe à être retransmis virtuellement grâce au
web. Une vidéo virale n'est pas construite de la même
manière qu'une publicité destinée à la
télévision, elle emploie de nouveaux codes, qui bousculent les
schémas classiques des publicités pour les marques de luxe. Ces
publicités emploient une égérie dans un décor
somptueux avec des histoires romantiques ou mystérieuses... Tout le
monde a encore en tête la publicité de Lancôme avec la
sublime Isabella Rossellini pour le parfum éponyme de la marque «
Trésor ». Le scénario et la musique de la publicité
restent les mêmes au cours de ces vingt dernières années,
il n'y a que les égéries qui changeront...49 Les spots
destinés au grand public ne peuvent pas se permettre d'être aussi
décalés et imaginatifs que les campagnes réalisées
sur la toile.
Les avantages que comportent les vidéos virales sont
multiples. Tout d'abord, le coût de leur réalisation est bien
moindre que celui d'un spot télé de 30 secondes... La
durée aussi joue en faveur des vidéos virales : en
télévision, le temps est limité tandis que sur le web,
47
http://www.dior.com/magazine/
(lien inclus dans la liste envoyée par mail).
48
http://www.dior.com/magazine/News/WELCOME
consulté le 17/05/12
49 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
une vidéo n'a pas de contrainte dans la durée de
sa diffusion ni l'heure à laquelle elle est diffusée, en
comparaison avec la télévision et ses tranches d'heures oil
l'audience est plus forte et oil, par conséquent, les prix des
publicités s'envolent ! Impérissables et déclinables
à l'infini, les vidéos diffusées en masse sur les
réseaux sociaux créent un véritable buzz pour la marque.
Mais l'atout majeur d'une vidéo virale est la précision avec
laquelle on connait le nombre de personnes qui ont cliqué et
regardé cette vidéo à travers le monde ! Une arme de poids
dans une campagne publicitaire, oil les investissements sont calculés en
termes de retombées !
L'autre avantage des vidéos virales, c'est que le message
n'est pas perçu comme une publicité ou, du moins, il est
très bien déguisé !
La créatrice Vanessa Bruno déclare à
propos de ses vidéos : « J'envisage mes vidéos comme des
poèmes visuels qui permettent de véhiculer mon univers de
façon plus forte qu'une photo... Le résultat reste un moment
d'émotion et pas une pub. 50»
Les marques de luxe ont depuis deux ans exploité les
nombreuses potentialités de ces « mini-films » et depuis, des
centaines de vidéos ont vu le jour sur la toile. Au commencement de
l'exploitation des vidéos virales, les marques de luxe s'en sont surtout
servi pour mettre en lumière et scénariser le savoir-faire
exceptionnel de leur maison. Elles permettent de se retrouver au coeur d'un
atelier et d'être le spectateur privilégié de la conception
d'un sac ou d'une paire de chaussures en assistant à toutes les
étapes, du croquis à la découpe du cuir et jusqu'à
l'assemblage des pièces...
Les exemples de vidéos se comptent par dizaines et les
plus grands noms y sont passés. Pour en citer quelques-unes :
Hermès, qui définit le luxe comme « ce qui dure plus
longtemps que vous 51» a lancé une vidéo qui
s'intitule « Hermès, artisan contemporain depuis 1837 ». Gucci
a lancé toute une campagne nommée « Gucci Forever Now »
pour rendre hommage à l'héritage transmis de
génération en génération depuis plus de nonante
ans. Dior a mis en avant les « nez » de sa maison pour la conception
des plus belles notes de ses parfums.52
50
http://www.elle.fr/Mode/Les-news-mode/Autres-news/Phenomene-les-marques-de-luxe-misent-sur-les-
videos-virales-1338978# consulté le 17/05/12
51
Knafo (Jean), Pub de luxe - dis-moi combien tu m'aimes ?
, Alban Editions, 2008, p 23
52 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail pour Hermès et Dior)
7.4.1 Le cas unique de Cartier
Cartier a sur ce coup repoussé toutes les limites de la
créativité en lançant une vidéo spectaculaire pour
marquer le 165e anniversaire de la maison de haute joaillerie.
Baptisée « L'odyssée de Cartier »53, elle a
été diffusée en spot publicitaire de 45 secondes en heure
de prime time sur TF1 et diffusée en intégralité
massivement sur la toile. Ce bijou virtuel aura coûté 4 millions
d'euros et, ainsi que l'affirme Bernard Fornas, PDG de Cartier, n'est pas une
campagne classique pour vanter les mérites d'un produit.
Avec ce film, nous avons voulu réaffirmer avec force le
mythe Cartier, réaliser une fresque cinématographique qui met au
premier plan son histoire, ses valeurs de créativité,
d'élégance et de raffinement, ses inspirations, sa dimension
artistique et universelle(...) Nos produits sont conçus pour la vie, pas
pour quelques saisons (...) Nous avons placé la barre très haut
pour les autres maisons de luxe qui voudraient mettre en avant leur «
légende », si tant est qu'elles en aient une.
54»
7.5 Les web-séries
Les marques de luxe aiment créer des histoires et
façonner des personnages. Les web- séries sont le parfait moyen
de communiquer autour d'un personnage associé à un produit.
Nouvel exemple à l'appui, la marque Guerlain a créé pour
sa dernière crème de soin « L'orchidée Imperial
» une web-série lancée le 20 février dernier sur son
site web, sa page Facebook et sa chaine Youtube. Cinq épisodes ont
été produits, la star de cette web-série n'est autre que
la nouvelle ambassadrice de la maison, l'actrice chinoise Michelle Yeaoh.
Chaque épisode ne dure pas plus de 2 min 30 et retrace subtilement la
manière dont les orchidées sont choisies pour la fabrication de
la crème de soin.55
53 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
54
http://www.lefigaro.fr/medias/2012/03/02/20004-20120302ARTFIG00548-cartier-lance-une-
campagne- de-pub-institutionnelle.php Consulté le
17/05/12.
55 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
7.6 Les tutoriels Make Up
À défaut d'avoir comme petit ami le meilleur
maquilleur de la maison Dior ou Chanel pour nous parfaire un sublime
maquillage, autant essayer d'en copier les gestes et techniques pour le
réaliser soi-même ! Ces vidéos, on les appelle les «
Tutoriels ».56
Elles consistent à enseigner les petits trucs et
astuces pour utiliser au mieux ses produits de beauté luxueux. Ce sont
les grands maquilleurs talentueux des défilés de mode en personne
qui révèlent leurs secrets pour un maquillage réussi et
expliquent étape par étape leurs techniques pour reproduire (ou
du moins, essayer de reproduire) leurs gestes avec précision. Ces
tutoriels sont accessibles via le site web des enseignes de luxe ou directement
téléchargeables sur les applications mobiles !
7.7 Les vidéos d'animations
S'il est bien un univers que les marques de luxe n'avaient
jusque qu'ici jamais exploité, c'est l'animation ! Les campagnes ont
toujours été réalisées avec des mannequins et
actrices dans des lieux réels sans aucune intervention fictive. C'est
là que la vidéo et le digital permettent de donner un
véritable coup de fouet à la créativité des marques
de luxe. Les mini films d'animation sont de véritables prouesses
digitales, fraiches, ludiques et étonnantes ! La première marque
à s'être lancée dans la tendance fut Chanel. Une
vidéo d'animation créée entièrement avec la
technique du stop-motion. Cette technique appelée en français
« Animation de volume » permet de créer une animation à
partir d'objets immobiles. Le concept de base se rapproche de la technique
utilisée pour les dessins animés.57
La vidéo mettait en scène des robots construits
à partir des produits de maquillage Chanel. 58Fard à
paupières, gloss et tube de mascara se sont donc prêtés au
jeu pour un résultat époustouflant.
|
Capture d'écran de la vidéo Chanel
Robot.
|
|
56 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
57
http://www.techno-science.net/?onglet=glossaire&definition=7469
consulté le 17/05/12
58 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
Le digital a permis à Chanel d'être perçu
sous un jour fun et branché !
Depuis que Chanel a franchi le pas du stop motion, d'autres
marques ont suivi le même chemin : Hermès, Louis Vuitton et
Louboutin.59
7.7.1 Un vecteur d'enchantement
Les vidéos d'animation reposent sur le principe du
brand content (contenu de marque), à savoir : un contenu émis par
une marque sur un produit, mais de manière créative et
divertissante60. Le Brand Content mêlé au storytelling
(l'art de raconter des histoires), voilà deux puissants outils dans
l'élaboration du scénario d'un film d'animation.
Aujourd'hui, le « storytelling » est devenu
très à la mode, les marques veulent raconter des histoires. On
crée tout un récit autour d'une pièce (comment estelle
faite, tout le travail qu'il y a derrière la création...) Les
gens sont séduits et vont vers ce contenu créatif et original.
Comme l'explique Peter Meyers61
Ce n'est pas un scoop, on sait tous que l'émotion plus
que la raison guide les choix de l'être humain. Un simple récit
peut agir sur notre monde intime, structurer nos sentiments et nous pousser
à l'acte.62 Grâce aux mythes et à la
beauté de l'histoire des maisons de luxe, le storytelling s'est tout
naturellement infiltré dans la communication des marques. Pour attirer
le consommateur, les marques vont plus loin que la simple information, elles
veulent divertir et engendrer de l'émotion.63 Avant, le
marketing était dominé par la tendance de l'image de marque. Une
nouvelle ère a changé la donne depuis les années 2000,
c'est l'histoire de la marque.64
59 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
60
http://www.conseilsmarketing.com/communication/brand-content-et-story-telling-lorsque-les-marques-
fabriquent-une-histoire consulté le 17/05/12
61
Extrait de l'interview de Peter Meyers , Social Lab p 65
62
Clodong (Olivier), Chétochine (Georges), Le
storytelling en action, Edition d'Organisation, Paris, 2010, p26.
63
Idem, p 32.
64
Idem, p 112
Quelques points sont essentiels pour construire un storytelling
efficace pour une marque65 :
De l'émotion, c'est le plus important! Entendez par
là de l'émerveillement, de la surprise ou même de l'effroi
! Ensuite, il faut y ajouter de la simplicité, car un récit trop
compliqué risquerait de chambouler l'esprit des spectateurs. Une bonne
visibilité est de rigueur, on doit visualiser ce que l'on veut raconter
! Une bonne dose d'originalité est de mise, bien évidemment, et
un message universel, dénué de toute identité culturelle,
pour mieux séduire aux quatre coins du monde. Comme le disait si bien
Voltaire, « Ce qui touche le coeur se grave dans la mémoire ».
Il avait, à l'époque déjà, évoqué les
bases du storytelling. D'ailleurs, ce sont les plus beaux récits
fantastiques qui ont marqué l'Histoire.... Pour ne citer
qu'Homère, avec L'Iliade et L'Odyssée !
Le storytelling est la clé pour contrer un message
publicitaire rébarbatif, comme l'affirme Phillipe Mihailovich, brand
architecte et consultant pour marque de luxe.
Dans la vie, une personne qui raconte toujours la même
chose est à juste titre considérée comme ennuyeuse et
limitée. Eh bien, il en va de même pour les marques de luxe... Si
la marque est perçue comme sans âme, sans authenticité ni
intégrité, la cible l'abandonne et la marque disparaît
tôt ou tard de son esprit. 66
7 .7.2 Quelques exemples récents de storytelling
Yves Saint-Laurent, pour le lancement du « Rouge Pur
Couture Vernis à Lèvres », nous plonge dans un
véritable conte pour enfants avec petites fées et magicien
endossant les rôles d'acteurs principaux. Louis Vuitton a inauguré
sa deuxième boutique à Rome dans le plus ancien cinéma de
la ville. Deux mini films façon vieux classiques italiens ont
été réalisés pour l'événement. En
gardant l'oeil ouvert, on y aperçoit à plusieurs reprises les
célèbres monogrammes placés subtilement dans le
décor. Dior nous conte dans une sublime vidéo l'histoire du
mythique parfum « J'adore ».67
65
Clodong (Olivier), Chétochine (Georges), Le
storytelling en action, Edition d'Organisation, Paris, 2010 p 120- 122
66
http://www.infidele-magazine.com/digital-culture/philippe-mihailovic-luxe-la-mort-du-storytelling/3
consulté le 19/05/12
67 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
7.8 Quand le luxe revisite la culture « Geek
»
Être qualifié de « Geek » signifie
être une personne passionnée d'informatique et accro aux jeux
vidéos. A priori, pas le premier public d'une marque de luxe. Pourtant,
elles ont surfé sur le phénomène. Aujourd'hui, il existe
bel et bien des « Geek de luxe » ! Dior a utilisé des
références fortes dans le monde des jeux vidéo, comme Pac
Man, Tétris et Super Mario Bros ! Baptisés « Dior Games
»68, ce sont les rouges à lèvres , vernis et
fonds de teint qui endossent le rôle de super héros des temps
modernes, le résultat est surprenant, ludique et innovant ! Dior a su
prouver sur ce coup qu'il pouvait sortir des codes du luxe traditionnel tout en
restant chic !
Hermès a quant à lui créé un
mini-site dédié remixant le mythique jeu vidéo des
années 80 : Space Invaders ! Un support de promotion et de placement de
produit assez surprenant ! Une action qui ne peut laisser indifférente
la génération Y, qui a grandi entourée de ces jeux
vidéo.
8.Le luxe et les médias sociaux
8.1 Le blog officiel de la marque
Une marque doit posséder sur la toile un espace qu'elle
maitrise à 100 %, autrement dit, être chez elle, sur son
territoire... Cet espace est appelé « le puits de contenu ».
C'est l'endroit oil est centralisé le contenu de la marque. Comme nous
les avons décrits précédemment, site web,
web-séries, mini-site dédié font partie du territoire
maitrisé par la marque. Un dernier outil vient s'ajouter au puits de
contenu : le blog.69
Le blog d'une marque est considéré comme le
relais entre le territoire officiel de la marque (son site web) et sa
présence sur les réseaux sociaux. La force d'un blog
réside dans sa ligne éditoriale, qui peut se dissocier du
discours institutionnel de la marque. Les articles peuvent traiter des sujets
moins corporate par rapport au contenu traditionnel relayé par une
marque sur son site officiel ou magazine en ligne. Il sert également de
référencement très judicieux pour les moteurs de
recherche. Plus un blog génère de trafic, plus le contenu sera
visible sur les moteurs de recherche. Ce
68 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
69
Loukouman (Amidou) , Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt , 2012 , p 75
trafic est produit grâce aux partages sur les
réseaux sociaux. C'est la clé essentielle pour étendre sa
visibilité.
8.1.1 Analyse de deux blogs officiels
LVMH a lancé en 2009 son blog, baptisé «
NowNess70 », le logo du groupe de luxe le plus puissant au
monde n'apparait nulle part. Le blog est dénué de
publicité, son contenu est axé sur les nouvelles tendances dans
l'univers du luxe, de l'art, de la musique... Le but est évidemment de
relayer l'information sur les réseaux sociaux dont les onglets sont
apparents en bas de chaque article.
Chanel a aussi envahi l'univers de la blogosphère avec
sa plateforme chanel- news.com71. L'intitulé est clair :
« Actualité et coulisses de la mode ». Sur ce blog, on
retrouve les making-of des campagnes, des interviews vidéos de
mannequins, créateurs et célébrités ayant un lien
avec la marque, les défilés en vidéo dans leur
intégralité, leurs coulisses et, pour les inconditionnels, les
playlist sont même mises en ligne !
Le blog est régulièrement mis à jour et
l'originalité du concept réside dans les post des
célébrités ! En effet, quelques stars comme Sarah Jessica
Parker ou Claudia Schiffer ont posté sur le blog leurs photos
personnelles prises lors des défilés Haute-couture
organisés par la maison.
8.1.2Les blogueurs, une « vitrine » de choix pour
le luxe ?
Les blogueurs ont su s'imposer dans le monde de la mode en
devenant de vraies références dans le milieu. Il n'est pas rare
de les voir assis au premier rang des défilés Haute-couture aux
côtés des rédacteurs en chef des magazines les plus
prestigieux. Les plus célèbres ont une véritable
communauté qui les suit activement. Certains blogs
génèrent jusqu'à 90.000 visiteurs par jour !
72À la base, le concept des « Fashion Bloggers » est
d'allier pièce de luxe et vêtement de marque accessible du genre
Zara ou Mango, d'écrire des articles sur leurs coups de coeur et de
partager leur passion pour la mode. Leur succès réside dans le
processus d'identification, les blogueurs
70
http://www.nowness.com/(Lien
présent dans la liste envoyée par mail)
71
http://chanel-news.chanel.com/fr/(Lien
présent dans la liste envoyée par mail)
72
http://www.lalibre.be/culture/arts-visuels/article/688125/profession-fashion-blogueuse.html
consulté le 20/05/12
mode sont censés incarner ces gens de tous les jours
avec un style original, que l'on peut croiser dans la rue... Il est donc plus
facile pour les internautes de s'identifier à eux qu'au super top model
aux mensurations de rêve. Les marques de luxe ont bien compris l'enjeu
que représentent ces égéries de tous les jours. Il n'est
donc pas étonnant de voir naitre des collaborations entre les marques de
luxe et les blogueurs stars du web !
Reprenons l'analyse de la campagne Lancôme « Rouge
in Love » citée précédemment. La marque a choisi
trois blogueuses issues des villes les plus branchées - Paris, Londres
et New York - filmées le temps d'un clip de deux minutes dans une mise
en scène de leur quotidien. Si elles vantent subtilement les
mérites de leur nouveau rouge à lèvres, le message de la
campagne est, quant à lui, très clair : « Trois blogueuses,
trois villes, Rouge in Love in real life »73. Les blogueurs
sont devenus malgré eux des acteurs influents dans la stratégie
marketing des marques de luxe. Olivia Roks, journaliste professionnelle et
blogueuse, confie qu'elle n'est pas étonnée de cette pratique
devenue de plus en plus courante.
Même si les blogueuses sont souvent utilisées
comme un outil marketing, cela a tout de même des points positifs. Du
côté de la marque de luxe, ça apporte un plus, car ce sont
des filles de « tous les jours », on peut plus facilement
s'identifier à elles qu'a un mannequin. Pour la blogueuse, c'est
intéressant, car cela apporte de la notoriété à son
blog et puisqu'elles sont souvent narcissiques, rien de mieux pour renforcer
leur ego74 !
La Belgique a aussi son lot de blogueurs mode très
influents, qui collaborent avec les marques de luxe. Récemment, la
marque belge Luc Duchenne a surfé sur la vague en donnant carte blanche
aux blogueurs les plus connus de la blogosphère belge pour
réaliser sa nouvelle campagne été 2012. Quatre blogueuses
ont joué le jeu en posant habillées par la marque devant
l'objectif du meilleur photographe et blogueur streetstyle belge. Coup gagnant
pour la marque, car la campagne confiée aux blogueurs a suscité
des réactions positives dans les magazines mode et lifestyle du
73
http://www.lancome.fr/_fr/_fr/ecommerce/medias/animations/sideline/rouge-in-love/index.aspx
consulté le 20/05/12 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
74
Extrait de l'interview d'Olivia Roks p 76
pays, des retombées presse qualitatives, qui augmentent
encore la visibilité de la campagne !
Les blogs ont leur intérêt, car à travers
les photos et les articles, ils laissent une liberté d'expression
totale. Contrairement à un magazine, ils n'ont pas forcément de
ligne éditoriale fixe ni de problème de censure. Ils peuvent
critiquer ou aimer librement sans contrainte... Si certaines actions marketing
entre les marques et les blogueurs sont bien perçues, certains
professionnels, notamment des journalistes, crient au scandale en accusant les
blogueurs d'avoir vendu leur « âme » aux marques de luxe. Un
article récent du New Times mettait en exergue ce
phénomène, en allant plus loin même, car certains super
blogueurs américains se font « coacher » par des agents pour
choisir les meilleures marques à représenter et gérer leur
publicité.75 Du simple blog conçu par passion pour la
mode, on est passé à un véritable business, où les
marques de luxe sont les premières à « draguer » les
blogueurs pour s'assurer d'une haute visibilité et de retombées
faciles ! Évidemment, quand on connait le potentiel des blogueurs les
plus influents avec l'énorme trafic généré sur leur
blog, c'est plus que tentant !
Mais la question qui interpelle est celle de
l'indépendance, de l'objectivité et de la corruption...
76 Un blogueur ne sera plus libre de ses choix et de ses opinions pour
ses articles quand, à côté, il est gracieusement
payé et couvert de cadeaux par une marque de luxe. Impossible
d'émettre une critique négative à l'égard de cette
marque ou de vanter les mérites de son principal concurrent ! La
pratique est monnaie courante même chez nous, en Belgique : la preuve,
avec Olivia Roks, blogueuse belge et journaliste.
Quand j'écris sur une marque, on ne me donne rien en
échange... Alors que d'autres marques te démarchent en proposant
une somme contre un post sur le blog... Mais je ne rentre pas dans ce genre de
choses, car je veux rester libre dans mon écriture et sur mes choix
concernant les produits ou vêtements que je veux mettre en
valeur.77
75
http://www.nytimes.com/2011/09/29/fashion/fashion-bloggers-get-
agents.html?pagewanted=all consulté le 21/05/12
76
http://fr.elle.be/Mode/Actu/Les-fashion-blogueurs-representes-par-des-agents
consulté le 21/05/12
77
Extrait de l'interview d'Olivia Roks p 76
La célèbre maison belge Delvaux a tenté
aussi de rafraichir son image auprès de la génération
digitale. L'action est hautement symbolique. Delvaux et le géant Samsung
se sont associés en partenariat en lançant la tablette Samsung
Galaxy Tab II accompagnée d'une pochette en cuir imaginée par
Delvaux spécialement pour l'occasion. La tablette et la pochette sont en
vente depuis le mois d'avril dernier au prix de 699 €.78
Pascale Delcor, responsable communication de la marque de maroquinerie,
explique les raisons de cette nouvelle collaboration.
Une maison comme Samsung représente les nouvelles
technologies, nous sommes la plus ancienne maison de maroquinerie de luxe au
monde, on travaille de façon artisanale, tout est fait main. C'est
vraiment cette balance que l'on a trouvée entre les nouvelles
technologies et la maroquinerie de luxe, c'est un partenariat idéal
(...) Oui, ça touche un public plus jeune, mais il n'y a pas d'âge
pour porter un sac Delvaux.79
Quelques blogueurs belges privilégiés ont eu la
« chance » de recevoir en cadeau la tablette accompagnée de la
pochette... Simple élan de générosité de la part de
Delvaux ou façon de s'assurer subtilement des retombées sur la
blogosphère ?
Depuis 2010, une nouvelle marque de maroquinerie de luxe belge
s'impose dans l'univers très sélect de l'artisanat belge. Le
responsable communication de la marque, Niyona Jonathan Wieme, explique sa
position sur les actions avec les blogueurs.
On a souvent des demandes de blogueurs qui veulent s'associer
à la marque par le biais de concours, oui cela permet une
visibilité facile et rapide, c'est indéniable. Mais je qualifie
ça de « prostitution de produit » et je ne veux pas faire
ça pour Niyona. Il y a des blogueurs qui font du super boulot, avec de
beaux articles. Avec eux oui, pourquoi ne pas envisager une collaboration
valorisante pour les deux côtés ? On a eu une belle action avec
Nokia. (...) Je préfère ce genre d'action aux échanges
avec des intérêts faciles.80
78
http://geeko.lesoir.be/2012/04/20/samsung-annonce-un-partenariat-avec-delvaux-pour-le-galaxy-tab-
10-1/ consulté le 21/05/12
79
Extrait de l'interview vidéo de Pascale Delcor pour
Lesoir.be sur Youtube.
http://www.youtube.com/watch?v=VtiTkBLISVg&feature=player_embedded
consulté le 21/05/12
80
Extrait de l'interview de Jonathan Wieme, responsable
communication et marketing de la marque Niyona p 74
Un blogueur n'est pas un journaliste. De ce fait, il n'a pas
à suivre de code déontologique. Etre blogueur mode, ce n'est pas
(encore) une profession reconnue. Même si certains possèdent une
belle plume, cela reste aux yeux des journalistes des gens passionnés
qui écrivent de manière subjective. Voilà pourquoi
certaines marques, de luxe ou pas, se permettent de payer des blogueurs pour
s'assurer des retombées et de la visibilité, une méthode
impossible à envisager avec des journalistes professionnels tenus de
respecter le code déontologique. Au sein des grandes maisons, la langue
de bois est de rigueur concernant ces pratiques. Carla de Préval,
directrice du marketing digital chez Yves Saint Laurent beauté,
préfère parler de collaboration.
Les blogs ont une nouvelle vision sur les marques de luxe avec
un regard de consommateur, il y a une interaction avec le lectorat. Les
blogueurs ne sont pas un simple relais de nos campagnes, mais un
partenariat(...)
C'est une perte de contrôle maitrisé (...) Le
contenu écrit par un blogueur est perçu comme une recommandation
avec une crédibilité plus forte que le contenu émis sur
les réseaux sociaux. Il ne s'agit pas de choisir les plus gros
blogueurs, mais ceux qui ont le plus d'affinités avec votre marque.
81
Le débat reste difficile, tant le sujet est
épineux. A terme, où sera la légitimité de toutes
ces actions entre blogueurs et marques de luxe ? Deviendront-ils les meilleurs
« public relations » d'une marque de luxe ? Certains blogueurs
perdront-ils leur crédibilité à force d'être
achetés par les marques ? Cette problématique aurait pu, à
elle seule, faire l'objet d'un sujet de travail de fin d'études.
8.2 L'alliance aux réseaux sociaux
La question fait débat entre les esprits conservateurs
et la nouvelle génération, une marque de luxe doit-elle
être présente sur les réseaux sociaux, au risque de voir
son image de prestige dégradée par cette interface ?
Personnellement, je pense que la question ne se pose pas, une marque de luxe
doit être présente sur les réseaux sociaux, surtout quand
on sait qu'une minute sur sept passée sur le web est consacrée
aux réseaux sociaux et plus particulièrement à
Facebook.82 Le responsable
81
Extrait de l'interview vidéo de Carla de Préval
directrice du marketing digital Yves Saint Laurent beauté sur Media
Junkie
http://www.youtube.com/watch?v=LNtAEB6fH8E
consulté le 21/05/12
82
http://www.blogkaralys.com/2012/02/1-mn-sur-5-est-passee-sur-les-reseaux.html
consulté le 21/05/12
communication de la marque Niyona explique sa motivation à
porter la marque sur Facebook.
Quand on a lancé la page Facebook, certaines personnes
nous ont fait comme réflexion : « Mais les gens qui achètent
vos sacs ne sont pas sur Facebook quand même ? » Honnêtement,
je pense que si, ils le sont et même si ce n'est pas le cas, et alors ?
On avait envie de montrer à tout le monde qui était la marque
Niyona. Ce n'est pas parce qu'on est caché que l'on est forcément
plus exclusif ou plus luxueux...83
A l'aide d'exemples concrets, nous allons démontrer que
la présence d'une marque de luxe sur un réseau social
n'altère en rien son prestige. Le risque réside dans
l'utilisation qu'elle va faire de ce réseau. Voilà pourquoi les
réseaux sociaux doivent être utilisés à bon escient,
dans une optique de complémentarité avec la stratégie
globale de la marque. Cette stratégie de marketing et communication,
c'est le fameux POEM « Paid, Owned, Earned Media ». Peter Meyers en
explique le principe.
Le « Paid » correspond aux publicités faites
dans les magazines, télévision, radio, etc. Car on paye un
certain service. «Own », c'est tout ce que l'on possède :
chaine de magasins, site internet, newsletter... Tout l'étalage que l'on
peut faire. Et « Earned », ce sont les gens qui parlent de ta marque
: Forum, page Facebook, like...84
Les réseaux sociaux sont à cheval entre le owned
et le earned car ils sont gratuits, à portée de tous et les
profils sont créés de manière officielle par la marque. Le
earned intervient dans les commentaires des internautes, leurs recommandations
... C'est le « Word of mouth ».85
Toutefois, il faut faire attention car communiquer sur les
réseaux est bien plus difficile que cela peut paraître, tant les
cibles sont multidirectionnelles. Les marques doivent avant tout faire la part
des choses entre le web dit « classique » et le social média,
autrement dit, les réseaux sociaux.
83
Extrait de l'interview de Jonathan Wieme p 74
84
Extrait de l'interview de Peter Meyers , Social Lab p 64
85
Expression anglophone qui signifie en français «
Bouche- à-oreille »
La communication sur les réseaux sociaux comporte des
objectifs digitaux pour une marque, dont voici les principaux86 :
- Apporter du trafic pour son site.
- Donner une visibilité de sa marque et de ses
produits.
- Augmenter la notoriété.
- Repositionner son image et assurer une bonne
crédibilité.
- Diffuser un message.
- Fidéliser une catégorie de clients.
- Dégager un sentiment d'appartenance à une
communauté.
- Échanger avec sa communauté.
- Étudier et analyser sa communauté.
- Communiquer en temps réel.
Pour bien commencer l'exploitation de sa marque sur les
réseaux sociaux, il faut réfléchir à plusieurs
points essentiels, dont un crucial : connaitre sa cible, comme l'explique Peter
Meyers, Account Manager chez Social Lab : « Ce qui est très
important avec les réseaux sociaux, avant de se lancer dans cette
aventure, il faut qu'une marque sache bien connaitre ses
consommateurs : qui je veux toucher et comment je peux les toucher ?
»
8.2.1 Choisir les bons réseaux sociaux
Il existe des tas de réseaux sur le web, aucun n'est
jugé « mauvais ». Une marque de luxe qui ne veut pas ternir
son image doit impérativement choisir les réseaux qui seront les
plus efficaces et pertinents pour elle. Car une marque doit veiller à ne
pas avoir trop de points de contact éparpillés sur le vaste
domaine qu'est internet.
Pour faire ce choix, la marque doit se poser les bonnes
questions : 87
- Où les conversations ont-elles lieu ?
- Quels sont les réseaux fréquentés par mes
cibles ?
- Quels contenus ai-je potentiellement à ma disposition
?
- Sur quels réseaux ai-je la capacité de faire
relayer mon contenu et de fédérer une communauté ?
86
Loukouman ( Amidou), Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p 64 -65
8787
Loukouman ( Amidou), Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p
Il existe plusieurs catégories de réseaux sociaux
: 88
- Les généralistes (Google +, Facebook...)
- Les réseaux sociaux professionnels (LinkedLin)
- Les partages de vidéos (Youtube...)
- Les sites de partage photos (Pinterest)
- Les microblogging (Tumblr)
Après avoir défini ses objectifs digitaux,
s'être posé les bonnes questions et avoir choisi le ou les
réseaux sociaux qui répondent à ses exigences, il reste
à définir un point : qui va prendre la parole sur ces
réseaux où le dialogue et l'écoute sont de rigueur ? Ces
personnes sont appelées « Community managers ».
8.2.2 L'importance du community manager
Comme l'affirme Loukouman Amidou, directeur de l'agence
webmarketing Mediaventillo : « Les réseaux sociaux sont des
médias de conversation. » La conversation, ce sont les
internautes qui l'ont créée. Discuter avec sa communauté
sur les réseaux sociaux est bénéfique, mais cette
discussion doit être encadrée. L'animation de la conversation sera
faite par le community manager.
Des critères de qualité sont impératifs
pour savoir comment s'adresser à la communauté de la marque sur
les réseaux sociaux.
La transparence est l'une des premières
qualités, il faut veiller à rester simple dans le ton
adopté et surtout ne jamais user de ton promotionnel ! Ici, dans le cas
d'une marque de luxe, il convient de garder un vocabulaire «
distingué ». Même si les réseaux sociaux permettent
une proximité, une espèce de relation plus intimiste avec la
marque. Il serait de mauvais goût pour une marque de luxe de poster des
messages trop familiers ! Imaginez Chanel vous dire : « Coucou, les amis
vous allez bien, ça a été, votre week-end ? ». Non,
évidemment ça ne collerait pas à l'image ! La
réactivité est aussi un point important, réagir vite aux
publications montre un dynamisme de la part de la marque. Le contenu doit
impérativement être mis à jour
régulièrement.
Mais attention aussi à trouver le bon équilibre,
afin que les internautes ne se sentent pas inondés de publications.
88 Loukouman ( Amidou), Marketing des
réseaux sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p 71
9.La nébuleuse Facebook
Le réseau social par excellence, le plus prisé par
les internautes et par les marques ! Voici quelques chiffres pour rappeler
l'outil puissant qu'est Facebook. D'après les dernières
statistiques, 901 millions de personnes sont connectées à
Facebook dans le monde entier. Le réseau existe en 70 langues
différentes. 526 millions d'utilisateurs étaient actifs
quotidiennement durant le mois de mars 2012.
En moyenne, 300 millions de photos sont mises en ligne sur le
réseau en une journée et 3.2 milliards de commentaires et like
par jour ont été effectués durant le premier quadrimestre
de 2012.89Des chiffres qui donnent le tournis, aucun média
traditionnel n'a une telle audience ! Il serait donc suicidaire pour une marque
d'ignorer la force du réseau social créé en 2004 par un
jeune étudiant d'Harvard.
On ne peut s'empêcher enfin de voir, là encore,
le gigantisme de Facebook, qui donne des chiffres en millions, quand Twitter
les donne en dizaines de milliers et la presse en centaines. Certes, la presse
bénéficie du levier de la diffusion et de l'audience, mais le
premier réseau social au monde nous révèle - pour ceux qui
ne l'auraient pas encore compris- son omniprésence, qu'une
stratégie marketing ne saurait négliger.90
Facebook est comparable à un TGV qui met ses services
à disposition en totale gratuité. Rapide, gratuit et efficace
donc. Si les marques de luxe n'avaient pas franchi le cap de s'afficher sur
Facebook, cela reviendrait pour elles à continuer à prendre la
vieille locomotive omnibus.
Une étude a été réalisée
en 2011 par Press Index 91(groupe de veille des médias) sur
la présence des marques de luxe dans la presse et sur les réseaux
sociaux. Ils se sont appuyés sur le classement fait par Interbrand en
2010 des cent premières marques de luxe au monde. Ils ont comparé
leur présence dans la presse par rapport à leur
notoriété sur les réseaux sociaux. Le gros point à
dégager de cette étude est le rapport entre une marque
très citée dans la presse et moins "likée" sur les
réseaux sociaux.
89
http://newsroom.fb.com/content/default.aspx?NewsAreaId=22
consulté le 23/05/12
90
http://blogfr.pressindex.com/2011/04/presse-et-reseaux-quelle-strategie-pour-le-luxe/
consulté le 23/05/12
91
http://uk.pressindex.com/fr/
Les deux exemples contradictoires les plus explicites sont le
cas de Burberry et Giorgio Armani. La marque italienne est très bien
référencée dans la presse européenne, avec plus de
1800 citations pour le mois de février 2011. Par contre, elle est plus
faible en matière de followers sur les réseaux sociaux, avec
"seulement" 1 348 648 fans sur Facebook précisément et 10 457 sur
Twitter. Burberry, quant à lui, est largement cité dans la presse
du pays dont la marque est originaire, à savoir le Royaume-Uni, mais
moins dans les autres pays européens, ce qui fait en tout 743 citations
pour la même période de février 2011. Par contre, la marque
au célèbre trench comptabilise le plus de followers sur Facebook
et Twitter par rapport à ses concurrents.92 Mais comment
expliquer qu'une marque soit largement exposée dans les magazines et
faiblement représentée sur les réseaux sociaux ? La
réponse réside dans la force de persuasion que possèdent
les réseaux sociaux. Dans la vie de tous les jours, les gens sont
influencés par l'avis de leur entourage, le choix de leur famille et
amis proches ! C'est ce qu'on appelle un réseau, un ensemble de
personnes reliées entre elles par un intérêt commun !
Facebook n'est rien d'autre que le support virtuel de ce réseau
humain.
9.1 L'ascension digitale de Burberry
De nombreux spécialistes s'accordent à dire que
Burberry (fondée en 1856) est le meilleur exemple de marque de luxe qui
a su intégrer sa stratégie digitale à sa stratégie
globale. Pour preuve, elle est la marque de luxe la plus aimée sur
Facebook, avec 11.6 millions de like et arrive troisième du top dix des
marques les plus populaires sur Facebook. Dior n'arrive qu'en huitième
position et la première place est détenue par la marque de basket
Converse, qui comptabilise plus de 23 millions de like en mars
2012.93
92
http://blogfr.pressindex.com/2011/04/presse-et-reseaux-quelle-strategie-pour-le-luxe/
consulté le 23/05/12
93
http://fr.elle.be/Mode/Actu/Le-top-10-des-marques-les-plus-populaires-sur-Facebook
consulté le 23/05/12
9.1.1 Quand le luxe utilise la créativité de
ses fans
Un des secrets du succès digital de Burberry
réside dans une pratique marketing le « Crowndsourcing94
». Cela consiste à utiliser la créativité et la
connaissance des internautes pour créer du contenu sur le
web.95 Cette technique n'est pas nouvelle, c'est le principe
même sur lequel repose la plus grande encyclopédie en ligne :
Wikipédia. Elle permet aux internautes d'écrire eux-mêmes
le contenu des articles.
Même si Wikipédia a souvent été
montré du doigt pour le problème lié à la
véracité et la pertinence des sources. La démarche en
elle-même est fantastique puisqu'elle laisse libre cours à la
liberté d'expression de chacun.
Burberry a été la première marque de luxe
à tester la méthode de la co-création avec ses
internautes.
Burberry représente en Grande- Bretagne un cas
d'école d'usage vertueux des médias sociaux en termes d'inputs de
la clientèle mondiale sur le développement de produits. En phase
de repositionnement, le groupe cherche à séduire une
clientèle plus jeune depuis plusieurs années. 96
La marque a lancé en 2009 une campagne autour de son
produit phare : le trench. Elle a carrément créé un
réseau social nommé " The art of trench" réunissant les
amoureux du trench coat. Le principe était pour les utilisateurs de se
faire prendre en photo avec le manteau culte de la marque et de poster la photo
sur le réseau. Ensuite, les membres pouvaient voter pour la photo qu'ils
jugeaient la plus réussie.97
La marque a été une des premières
également à faire vivre des expériences digitales à
ses consommateurs en incorporant la technologie dans ses boutiques à
l'aide d'écrans géants, iPad et iMac.98 Mais c'est
dans ses défilés de mode qu'elle a su surprendre tout le monde et
apporter une expérience inédite ! En avril 2011, pour l'ouverture
de sa boutique à Pékin, la marque britannique a mis le paquet en
organisant le premier
94
Terme qui signifie en français « externalisation
ouverte ».
95
http://www.journaldunet.com/diaporama/0610-dicoweb2/1.shtml
consulté le 23/05/12
96
http://www.worldtempus.com/fr/actualites/a-la-une/details/article/1294676287-medias-sociaux-limites-
du-crowdsourcing-dans-le-luxe/ consulté le 23/05/12
97 http://artofthetrench.com/ ( Lien présent
dans la liste envoyée par mail)
98
http://www.webandluxe.com/12/2011/10-millions-de-fans-facebook-comment-burberry-a-gagne-au-jeu-
du-digital/ consulté le 23/05/12.
défilé virtuel avec des hologrammes ! Un show
tout simplement époustouflant accompagné en musique par un
concert live du chanteur anglais Keane !99 Un coup de poker gagnant,
qui a prouvé sa suprématie sur les autres marques de luxe en
matière de maitrise du digital. Amanda Ahrendts, PDG de Burberry,
résume l'engouement de la marque pour le digital dans une interview pour
The Telegraph : « Les gens parlent de l'âge et du positionnement
d'une marque, mais il ne s'agit pas de cela. La langue mondiale parlée
est numérique et nous avons besoin de parler cette langue.
»100
9.1.2 Quelles sont les marques au plus gros QI Facebook ?
La crédibilité et la notoriété
d'une marque de luxe sur un réseau social s'acquièrent
principalement avec la bonne compréhension du réseau et une
utilisation intelligente. De plus, Facebook est l'outil rêvé pour
une marque car, grâce à « Facebook Insight », cette
plateforme fournit les statistiques globales de la page fan sous forme de
graphique complet et légendé !
Elle propose même des indicateurs dont les statistiques
des sites web traditionnels ne disposent pas ! Exemple : répartition
géographique de la communauté, âge et sexe.101
Facebook propose donc d'exposer sa marque et son contenu gratuitement, il
permet de créer de véritables buzz et fournit les outils de
mesure pour analyser sa présence sur le réseau ! Contrairement
aux médias classiques, où les études de
Médiamétrie sont payantes ! La récente arrivée du
format journal pour les profils et page Facebook, joue en faveur des marques de
luxe, comme l'explique Véronique Valcu, consultante pour l'agence
digitale L2 : « Le déploiement du journal propose aux marques
de luxe la possibilité de transmettre de manière plus riche leur
histoire de fabrication et leur esthétisme. »102 Le
profil de type journal de Facebook se base sur l'essence du storytelling. Avec
tous ces arguments de poids, il serait suicidaire pour une marque d'ignorer le
potentiel de Facebook !
L'agence digitale L2 a établi en juin 2011 le top 100
des marques de luxe avec le plus gros QI Facebook. Comme dans un vrai test de
quotient intellectuel, L2 a fait passer
99 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
100
http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/retailandconsumer/8455646/Burberry-chief-Angela-
Ahrendts-wants-to-sell-the-British-attitude-across-the-world.html
consulté le 23/05/12
101
Loukouman ( Amidou), Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p 184
102
http://www.l2thinktank.com/new-facebook-timelines-will-benefit-luxury-brands/2012/
consulté le 23/05/12
des tests aux marques de luxe présentes dans les
secteurs suivants : automobile, beauté, champagne et spiritueux, mode et
bijoux. Ils ont mesuré quatre critères : la taille de la
communauté, le contenu proposé, l'engagement de l'interaction
avec les fans et la part d'intégration de Facebook dans la
stratégie digitale de la marque. Les résultats ont permis de
classer les marques en cinq catégories en fonction du quotient obtenu
:
- Plus de 140 de QI, ce sont des génies
- Entre 110 et 139, ils sont doués
- Entre 109 et 90, ils se situent dans la moyenne
- Entre 89 et 70, ils ont du challenge
- Et moins de 70, ils sont trop faibles
Le grand gagnant, tous secteurs confondus, est la marque
automobile BMW avec un QI de 175 ! La deuxième place est tenue par la
marque de beauté Clinique avec 165 de QI et le troisième fait
aussi partie du secteur automobile, il s'agit d'AUDI avec 156 de QI.
Le plus mauvais élève est la marque de champagne
Dom Pérignon avec un QI de 24 ! Burberry arrive seulement en
49e position, avec un QI tout pile de 100 ! Preuve que, même
si la marque jouit du plus grand nombre de fans, elle n'exploite pas encore
assez intelligemment toutes les potentialités de Facebook !103
9.1.3 Chanel aime Facebook !
Capture d'écran du sondage Chanel
Les réseaux sociaux ont l'avantage de laisser la parole
à tout le monde. Une marque qui veut être proche de ses
consommateurs doit être à l'écoute de leurs envies,
opinions et habitudes... Les marques de luxe ont souvent eu l'image
d'être fort distantes avec leur public...
Les réseaux sociaux sont un bon moyen de
renforcer
l'échange avec sa cible. Chanel l'a
103
L2 prestige 100 Facebook QI, document pdf
téléchargé le 20/05/12 sur la page :
http://www.l2thinktank.com/research/facebook-iq-2011/
compris en lançant tout récemment (mai 2012) un
grand sondage sur sa page Facebook 104!
C'est la première fois qu'une marque de luxe s'adresse
aussi directement aux internautes ! Chanel arrive à la 59e
place de l'enquête de L2 et se classe dans la moyenne. Cette action lui
fera-t-elle gagner des points ? C'est en tout cas une initiative surprenante.
Le sondage est divisé en trois catégories de questions. Rien que
l'intitulé des catégories annonce un ton direct entre Chanel et
son interlocuteur : « Vous et Chanel », « Vous et Facebook
», « Vous et le luxe » ! J'ai répondu à ce
sondage. Les questions sont à choix multiples et portent sur
l'utilisation de Facebook en général, de la Fan page de Chanel,
quelles sont les autres marques de luxe aimées sur Facebook...
Mais une question en particulier a retenu mon attention :
« Facebook enlève-t-il du prestige à une marque de luxe ?
» Personnellement j'ai répondu que non, il faut être en
accord avec son temps ! Ce sondage sera un atout de poids dans la
stratégie digitale de Chanel.
10. Le petit oiseau Twitter
En termes de popularité, le deuxième
réseau social sur lequel le plus de marques de luxe sont
présentes, c'est le petit frère de Facebook. Twitter a su faire
son nid en peu de temps, lancé en 2006 par un jeune américain. Le
principe est simple : on poste des petits messages de maximum 140
caractères appelés « Tweet » à son réseau
de « Followers », des personnes qui ont décidé de
s'abonner à votre page Twitter et qui peuvent répondre à
vos Tweets. Il compte plus de 105 millions d'utilisateurs dans le monde, 230
millions de Tweets en moyenne sont envoyés par jour et les quinze
vingtcinq ans y sont présents à hauteur de 49 %.105
Et c'est encore Burberry qui se positionne en leader sur
Twitter pour les marques de luxe ! Leur compte est suivi par plus d'un million
d'abonnés ! Le 20 février dernier, les Britanniques ont encore
frappé fort en présentant leurs collections Automne-Hiver
2012-2013 lors de la fashion-week de Londres en direct et en
avant-première sur Twitter ! Ils ont créé le premier
« Tweetwalk ». Chaque silhouette du défilé en
104
http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Ffbsurvey.chanel.com%2F&h=DAQHemhHL
consulté le 24 /05/12
105
Loukouman ( Amidou), Marketing des réseaux
sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p 218
coulisses était présentée en photo en
avant-première sur Twitter juste avant que les mannequins montent sur le
podium ! Une primauté de l'information époustouflante !
L'internaute était donc privilégié et au centre des
attentions !106 Christopher Bailey, directeur général
de la Création Burberry , revient sur leur performance digitale.
Nous sommes heureux à l'idée de créer le
tout premier défilé « Tweetwalk » en partenariat avec
Twitter. Twitter est instantané et j'adore l'idée que la
retransmission d'un défilé puisse prendre différentes
formes. Cette collection s'articule autour de pièces artisanales dans
leurs moindres détails, de matières innovantes, créant
ainsi une belle expérience physique transmise digitalement, de
manières dynamiques et diverses. J'aime équilibrer ces deux
mondes.107
11. Les réseaux de partage vidéo
Nous l'avons vu en détail précédemment
dans ce travail, les vidéos virales sont la clé d'un buzz
réussi pour une marque de luxe. Ces vidéos, pour pouvoir
être partagées sur la toile et entre autres sur Facebook, doivent
être hébergées sur un canal de partage. Le canal par
excellence, c'est Youtube ! Le site, ouvert en 2005, dépasse le milliard
d'abonnés ! Comme son slogan l'indique, « Broadcast yourself
», le principe repose sur l'autodiffusion. C'est la
référence pour le partage vidéo, les marques de luxe se
devaient donc d'y être présentes ! Des chaînes peuvent
être créées sur Youtube pour rassembler tout le contenu
vidéo et personnaliser sa page. Les vidéos les plus
postées sur Youtube par les marques de luxe sont les
défilés de mode ! Youtube va servir de relais pour diffuser ces
défilés sur Facebook et faire partager au monde entier le show
comme si on y était !
106
http://www.aufeminin.com/defile-de-mode/burberry-world-fashion-week-londres-reseauxsociaux-
defiles-n110070.html consulté le 24/05/12
107
http://spnyinteractive.com/blog/fr/2011/09/burberry-presente-le-tout-premier-defile-tweetwalk-en-
direct-de-londres/ consulté le 24/05/12
12.Pinterest, le petit nouveau !
En seulement deux ans d'existence, Pinterest est devenu le
nouveau chouchou des marques de luxe et même de leur directeur artistique
en personne ! Pinterest vient de l'anglais « Pin » et « Interest
», ce qui signifie épingler avec intérêt ! Le principe
de ce réseau social est purement visuel, on crée sa planche, sur
laquelle on poste ses photos préférées, personnelles ou
non, tout ce qui peut nous inspirer ! L'interaction réside dans les
« pin » : quand un utilisateur
Capture d'écran du Pinterest Burberry
aime une photo sur la planche d'un autre, il «
l'épingle » pour, au final, former une espèce de patchwork
géant de toutes les photographies que l'on aime !
Les marques de luxe ont une immense base de photos grâce
à leurs campagnes publicitaires réalisées par les
meilleurs photographes au monde. Pinterest est donc le meilleur outil pour
mettre en avant la beauté de ces clichés !
Face à ce gigantesque déploiement de
créativité, on ne peut plus douter de l'intérêt des
réseaux sociaux à être incorporé dans la
stratégie de communication à 360° (la stratégie qui
utilise tous les points de contact avec le consommateur). Quelques points sont
à retenir concernant les réseaux sociaux : ils ne sont pas
l'effet d'une mode, leur évolution est de plus en plus rapide, les
internautes vont toujours vouloir communiquer davantage et les marques devront
s'y adapter, les opportunités y seront à l'avenir encore plus
importantes !108
108Loukouman ( Amidou), Marketing des
réseaux sociaux, MA Editions , Boulogne-Billancourt,2012, p 255
13. Quand le digital s'immisce sur le papier !
Tout le monde a connaissance du phénomène de la
baisse des ventes des journaux et magazines papier et de la crise de la presse
écrite. On ne va pas refaire l'épilogue ici ! Les marques de luxe
pourtant continuent à investir largement sur ce support. Un outil va
permettre de créer un lien entre la presse papier et le digital. Cet
outil, c'est le QR CODE, une espèce de code-barres virtuel en 2D qui a
vu le jour en 1994 au Japon et qui commence seulement à être
adopté en Europe. QR signifie « Quick Response », car il
permet de décoder rapidement une information.109
13.1 Comment marche un QR CODE ?
Un QR code contient des informations numériques. Une
fois scanné, il délivre digitalement les informations. Pour lire
un QR CODE, il faut posséder un smartphone et l'application qui permet
le scan. Elles sont disponibles gratuitement sur l'Apple Store et Android. Ce
petit carré intelligent a déjà servi à plusieurs
reprises aux marques de luxe pour permettre d'animer leur publicité sur
papier dans les magazines. Ralph Laurent a même créé son QR
CODE en y incorporant son propre logo.
|
Capture d'écran du QR CODE Raph
Laurent
|
Gucci, Lancôme, Jean-Paul Gauthier ont
déjà intégré le QR CODE dans leur campagne. Le
scannage du QR CODE sur un mobile renvoie à du contenu exclusif sur le
produit et la campagne, avec notamment des vidéos et photos.
Le QR CODE est seulement en train de se frayer un chemin chez
les grands noms du luxe. Il a certainement un avenir prometteur, il est
déjà utilisé interactivement en télévision !
Ce petit carré magique n'a donc pas encore livré tous ses
secrets. Histoire à suivre...
109 http://www.code-qr.net/ consulté le
23/05/12
14. L'enjeu du web mobile
L'internet sur téléphone mobile, c'est le pur
nomadisme ! Pouvoir rester connecté n'importe oil et consulter son site
web favori dans le métro ou en terrasse, c'est la véritable
révolution de la téléphonie ! Aujourd'hui, sur trois
téléphones portables vendus, l'un est un smartphone
!110 Ce sont ces téléphones dits intelligents qui
permettent de surfer sur le web à haut débit. Les leaders du
marché sont Apple et Samsung. Apple est le pionnier avec ses deux bijoux
de technologie l'iPhone et sa tablette mobile l'iPad. Lors du premier trimestre
de 2012, Apple a vendu 37 040 000 iPhone. En moyenne, le taux de naissances par
jour est de 371 124 bébés. En prenant le nombre de ventes
d'iPhone divisé en 98 (nombre de jours du trimestre), on arrive à
377 959 ! Il y a donc eu plus d'iPhone vendus que de naissances ! Un chiffre
incroyable, qui prouve la suprématie d'Apple dans le monde
!111
Si la possibilité de surfer sur internet est ce qui
fait toute l'utilité des Smartphones, les applications quant à
elles leur donnent tout leur charme ! Apple et Samsung ont leur propre
plateforme, respectivement l'App Store et Android. Via ces plateformes, on va
pouvoir télécharger les applications mobiles de façon
payante ou gratuite. Une application mobile permet de consulter du contenu
exclusif avec un format adapté au téléphone mobile et une
navigation simple.
110
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/02/15/un-telephone-mobile-sur-trois-vendu-dansle-
monde-est-un-smartphone_1643508_3234.html consulté le 24/05/12
111
http://iphoneaddict.fr/post/news-46729-plus-diphone-vendus-que-de-naissances-dans-lemonde
consulté le 24/05/12
14.1 Marques de luxe et application mobile
Les marques de luxe commencent à incorporer le web
mobile dans leur stratégie en proposant des applications officielles au
contenu original avec des photos exclusives, des vidéos backstage ou ces
fameux tutoriels make-up. Dior, Chanel, Gucci, Dolce Gabanna se sont mis
à l'heure du web mobile. Certaines n'ont pas d'application officielle
pour leur marque mais lancent des applications dédiées à
un seul produit, comme ce fut le cas pour Guerlain et son rouge à
lèvre « Rouge Automatique ». L'application est un
condensé d'information sur le produit, le design est très
important dans une application, il doit refléter au
maximum l'image du produit. Capture d'écran de
l'application iPhone Guerlain
Yves Saint Laurent, sur le principe de la
réalité augmentée expliqué
précédemment dans ce travail, a réalisé son
application « Collor Mirror ». On utilise la photo du mannequin ou
celle de son propre visage pour tester le maquillage. On peut enregistrer le
résultat, l'envoyer par mail ou le partager sur Facebook ! Chaque
produit est expliqué en détail avec les références
complètes, une information très utile pour commander le produit
en ligne !
Capture d'écran de l'application iPhone Yves Saint
Laurent
Point très important, toutes les applications des
marques de luxe sont téléchargeables gratuitement ! Donc a
priori, les applications ne rapportent rien financièrement mais, comme
elles contribuent à une bonne promotion des produits, elles vont
forcément être un élément-clé dans la pulsion
à l'acte d'achat. Thomas Van Steyvoort, développeur
d'applications, explique l'intérêt de posséder une
application.
Il faut bien se dire aussi que, si une marque va lancer son
application, elle aura logiquement un bon retour sur investissement (...) Cela
offre une véritable vitrine pour la marque, vu que les gens font la
démarche de télécharger l'application, ils sont
intéressés par
le contenu, et la marque est certaine de toucher son public
cible.112
14.1.1 Instagram, la star des applications
C'est la nouvelle application tendance du moment,
créée en octobre 2010 aux États- Unis, elle est gratuite
et fait le buzz actuellement en Europe ; le nombre d'utilisateurs atteint les
40 millions !113 Un buzz tel que le géant Facebook a
racheté l'application à son créateur pour un milliard de
dollars ! Certains y voient une crainte de Facebook de se faire contrer par une
application mobile.114 Car Instagram, à la base, c'est une
application qui permet de modifier à l'aide de filtres de couleur les
photos prises avec son Smartphone pour leur donner un look plus vintage !
Ensuite, ces photos sont publiées sur le réseau d'Instagram, on
peut s'abonner au profil des utilisateurs pour consulter les photos, les
commenter et les aimer ! Même les célébrités y sont
! L'actrice Jessica Alba est très active sur le réseau et poste
des photos inédites de son quotidien et même de ses enfants ! Donc
si les stars y sont, pourquoi pas les marques de luxe ? Jonathan Wieme, de la
marque Niyona, nous explique l'intérêt d'Instagram pour sa marque
: « Instragram, on l'utilise pour le côté visuel, montrer
la création et l'inspiration dans les ateliers, être proche des
consommateurs... C'est l'effet « Behind the scene », dont les gens
raffolent ».
Tout doucement, les marques de luxe envahissent l'application la
plus sympathique de partage photo, Burberry , Gucci , Marc Jacobs , Oscar de la
Renta...
112
Extrait de l'interview de Thomas Van Steyvoort p 79
113
http://www.tomsguide.fr/actualite/instagram-utilisateurs,3300.html
consulté le 24/05/12
114
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/pourquoi-facebook-a-debourse-1-milliard-pour-
instagram_290622.html consulté le 24/05/12
Même le magazine prestigieux VOGUE a son profil
Instagram ! L'effet « Behind the scene » a parfaitement
été mis en évidence avec le profil Instagram du
célèbre créateur de chaussures à semelles rouges :
Christian Louboutin ! Les photos postées nous font découvrir
l'antre du créateur, comme ici Christian Louboutin en personne dessinant
un croquis !
|
|
Capture d'écran de la photo Instagram de
Louboutin
Une relation si intimiste qu'elle ne peut qu'accroitre
l'intérêt des fans pour la marque !
Reprenons encore une fois l'exemple de la campagne de
Lancôme pour « Rouge In Love ». La marque a lancé un
concours via Instagram ! Intitulé « Colors in your life », son
principe était simple : s'inscrire sur Instagram, se prendre en photo
dans des moments de bonne humeur, qui mettent de la couleur dans nos vies,
comme l'indique la consigne de Lancôme, et la mettre en ligne ! Les
gagnants du concours recevaient une bague en forme de lèvre d'une valeur
de 1500 dollars spécialement conçue pour Lancôme par la
créatrice de bijoux Solange Azagury-Partridge. 115Une
innovation qui, depuis, en a inspiré d'autres, comme Yves Saint Laurent
pour le lancement de son nouveau parfum homme « L'homme libre ».
Le site internet Web&luxe, spécialiste dans le luxe et
le digital, a dressé une liste d'avantages à utiliser Instagram,
pour les marques de luxe.116
offrir un contenu de qualité et tendance : ne dit-on pas
qu'une photo vaut mille mots ?
Proposer des contenus exclusifs et en temps réel.
Organiser un jeu concours.
115
https://lancome.lpd.us.com/colorinyourlife/how-to-play.php
116
http://www.webandluxe.com/08/2011/pourquoi-les-marques-de-luxe-aiment-instagram/
consulté le 24/05/12
Faire parler de la marque et générer du
bouche-à-oreille sur ses dernières actualités.
Ecouter les conversations et voir les images qui circulent
à propos de la marque sur Instagram en temps réel.
Ecouter ce que les consommateurs disent de la marque.
Suivre la concurrence en temps réel.
Renforcer la relation et l'affect entre le consommateur et la
marque.
Bénéficier d'une visualité impressionnante
et ce à moindre coût (l'application est 100% gratuite).
Une application géniale, qui n'a pas fini de nous
étonner ! Et, pour l'anecdote, son designer est belge, Tim Van Damme !
L'enjeu du web mobile et la stratégie digitale de demain, c'est que nous
sommes de moins en moins derrière notre écran d'ordinateur, mais
de plus en plus accrochés à notre téléphone. C'est
donc là qu'il faudra que les marques se positionnent astucieusement pour
continuer à fidéliser et surprendre leurs cibles !
15.Le digital, puissant vecteur de
créativité
Nous l'avons vu tout au long de ce travail, le digital
s'invite partout, même la où on ne l'attend pas ! Pour l'anecdote,
et surtout pour la beauté de la création et la prouesse
technique, voici quelques beaux exemples de créativité des
marques de luxe réalisés à l'aide du digital.
The little black jacket by Chanel117
Le visionnaire Karl Lagerfeld a
réinterprété de façon numérique la
légendaire petite veste noire en tweed créée en 1954 par
Coco Chanel. Il a réalisé toute une série de
clichés avec des mannequins, chanteurs ou personnalités portant
la veste. La totalité des cent treize clichés est exposée
sur le site web créé spécialement pour l'occasion et
portant le nom de l'exposition. Cette expérience est particulière
et le résultat est presque envoûtant ! Un livre sortira
prochainement avec la série de clichés exposés d'abord
virtuellement.
117
(Lien présent dans la liste envoyée par mail)
Valentino et son musée virtuel
Le couturier italien a ouvert en 2011 son musée virtuel
appelé « Valentino Garavani Virtual Museum ».
118Comme dans un vrai musée, on peut se balader dans les galeries
et admirer les premières robes du créateur, les anciennes
publicités et des photographies inédites. Un véritable
hommage aux cinquante années de carrière du
créateur.119
Les cartes de voeux numériques
La maison Lanvin a signé une délicate attention
pour les fêtes de fin d'année. Une carte de voeux digitale
animée et décalée ! On pouvait la découvrir sur le
site internet de la marque.120 Signée « With love,
Lanvin », la carte est un joli clin d'oeil au digital. C'est le directeur
artistique, Albert Elbaz, qui est à l'origine de l'idée !
16.Luxe et e-commerce
Si les marques de luxe se sont autant appliquées
à utiliser les outils que propose le digital, c'est bien
évidemment pour mieux vendre leurs produits ! Les ventes en boutique,
certes, mais de plus en plus en ligne ! A priori, acheter en ligne peut freiner
les clients, car le site doit être sécurisé pour les
transactions. La peur que le colis se perde en chemin est aussi à
prendre en considération. Et acheter en ligne, ce n'est pas vivre
l'expérience en boutique. On ne peut pas essayer le produit ni le
toucher... La difficulté pour les marques de luxe est donc de
recréer cette expérience d'achat d'une façon virtuelle.
Pour cela, les e-shop ont été conçus comme de vraies
boutiques luxueuses. L'e-shop de Louis Vuitton propose une expérience
intéressante en ligne. Rotation à 360 degrés autour du
produit pour permettre de le visualiser dans les moindres détails,
palette de couleurs disponibles pour le modèle choisi, tout y est pour
céder à son coup de coeur ! Toutefois, certains articles
apparaissent avec la mention « uniquement disponible en magasin ».
L'effet de rareté n'est pas oublié, même dans un e-shop !
Ce sont les cosmétiques et parfums (le luxe accessible) qui sont les
produits les plus faciles à acheter en ligne, jamais une robe
Haute-couture ne sera mise en vente en ligne !
118
(Lien présent dans la liste envoyée par mail)
119
http://www.webandluxe.com/11/2011/valentino-ouvre-son-musee-virtuel/
consulté le 24/05/12
120 (Lien présent dans la liste envoyée par
mail)
Lancôme l'a bien compris, en proposant une véritable
vitrine en ligne ! 121
Un petit kit beauté est même offert en cadeau
pour un achat de plus de 75 euros en ligne ! Un top des meilleures ventes est
aussi disponible... Les vendeuses qui donnent habituellement des conseils sont
remplacées par des questionnaires pour connaitre son type de peau afin
de mieux choisir son fond de teint ! Les frais de livraison sont de 6 euros et,
si la commande dépasse 70 euros, les frais sont offerts !
17. La Chine et les pays émergents, quel avenir
pour le luxe ?
Le luxe est international, il n'a pas de frontière et
il est présent dans une multitude de domaines d'activités (sport,
loisirs et vacances, gastronomie). Même s'il a pris naissance sur le
continent européen, le luxe est très apprécié aux
quatre coins du monde. Les marchés matures (Europe, Amérique et
Japon) sont les points forts du business du luxe. Cependant, les pays
émergents connus sous l'appellation « BRIC » (Brésil,
Russie, Inde et Chine) sont considérés comme les pays prometteurs
d'avenir pour le secteur du luxe. Il n'est pas anodin que Moscou soit
désormais la ville la plus peuplée de
milliardaires.122
La conquête de la Chine par le luxe n'est pas chose
laborieuse, c'est bien connu, les Chinois raffolent du luxe et de
l'élégance à la française. Aujourd'hui, la Chine
représente un avenir certain pour le luxe. Le crédit Lyonnais
Securities Asia (CSLA) prédit qu'en 2020, la Chine sera le premier
marché du luxe.123 Mais ce nouveau territoire n'est pas sans
risque, comme l'affirme Jean Castarède : « Ce défi
asiatique est difficile à anticiper : puisque les grandes valeurs
traditionnelles du luxe qui sont françaises et occidentales ne devront
pas perdre leur authenticité et leur
légitimité.» Louis Vuitton, la première marque
de luxe au monde124 en ferait déjà les frais, perdant
de son prestige et sa rareté auprès des milliardaires chinois. La
marque est omniprésente en Chine, tout le monde a son sac Louis Vuitton,
milliardaire ou pas ! La contrefaçon made in China est bien connue,
Louis Vuitton est une des marques de maroquinerie les plus copiées au
monde. À force de voir les célèbres monogrammes au bras de
tout le monde, ça devient banal !125
121 (Lien présent dans la liste envoyée
par mail)
122
http://www.rfi.fr/economie/20110310-bric-nouveaux-milliardaires
consulté le 10/04/12
123
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/02/02/97002-20110202FILWWW00338-la-chine-le-1ermarche-
du-luxe-en-2020.php consulté le 20/05/12
124
http://millwardbrown.com/brandz/2012/Documents/2012_BrandZ_Top100_Report.pdf
125
http://www.chinecroissance.com/luxe-en-chine/louis-vuitton-devient-trop-banal-en-chine.html
Outre le luxe, la Chine représente également un
investissement intéressant pour les nouvelles technologies. D'où
l'intérêt pour le luxe et sa stratégie digitale de pointer
le bout du nez au pays de la Grande muraille. Dior l'a bien compris, en
créant l'événement le 14 avril dernier, avec le premier
défilé Haute-couture à Shanghai, où
défilaient principalement des mannequins chinoises !126
Rappelez-vous le « DiorMag » précédemment cité
dans ce travail. Ce magazine en ligne est, depuis le 8 avril dernier, traduit
en chinois ! Dior a donc toutes les cartes en main pour séduire la Chine
!
Capture d'écran du DiorMag
126
(Lien présent dans la liste envoyée par mail)
18.Conclusion
En parcourant ce travail, qui regorge d'exemples concrets, on
ne peut plus douter de l'alliance réussie entre le luxe et le digital.
Deux domaines distincts qui ont su s'apprivoiser pour proposer des
expériences multi-sensorielles grâce aux nombreux supports
différents que propose le digital. Le luxe doit continuer à faire
rêver et à procurer du désir. Le luxe accessible est la
plus belle preuve que l'être humain a besoin de cette dimension
ostentatoire pour se révéler aux yeux de tous... Comme l'annonce
Jean Castarède : « Perfection, ouverture sur le monde et
innovation, tels sont les trois défis du luxe. » Le
défi de l'innovation, grâce au digital, semble être
réussi !
Le digital montre sa force quand il vient appuyer les
campagnes traditionnelles. Mais d'ici vingt ans, que seront devenues ces
campagnes classiques ? Toutes les personnes que j'ai rencontrées durant
mes interviews s'accordent à dire que la presse papier ne disparaitra
jamais et j'ai tendance à être du même avis. Cependant, je
suis certaine que le digital sera encore plus ancré dans notre quotidien
et servira la presse papier. Le QR CODE n'est que la première tentative,
encore timide, du mariage entre digital et papier.
Tous les jours ou presque, j'avais l'opportunité de
tomber sur un article supplémentaire concernant mon sujet. Ou alors,
c'était une nouvelle vidéo de marque de luxe qui était
mise en ligne ! Ma plus grosse difficulté a donc été de
faire un choix face à la riche documentation qui m'était
proposée, afin de ne retenir que les exemples les plus pertinents !
Quand j'ai découvert que des agences de communication digitale
s'étaient carrément spécialisées dans le secteur du
luxe et qu'au sein des plus grandes maisons de luxe ont été
créés des postes pour le marketing et la communication digitale,
je n'ai plus eu aucun doute sur l'intérêt de ce travail. J'avais
mis le doigt sur un changement, une évolution, dans le secteur de la
communication.
Ce travail m'a particulièrement enrichie, en premier
lieu sur l'histoire du luxe et de ses grandes maisons, ensuite sur les
différents procédés marketing mis en oeuvre pour la
conception des campagnes, le storytelling et le crowdsourcing par exemple.
Toutes ces techniques m'interpellent !
Mes recherches m'ont également permis de mieux
comprendre le dynamisme des réseaux sociaux que j'utilise chaque jour.
Avant la lecture du livre « Marketing des réseaux sociaux »,
je n'avais pas autant conscience de la puissance et de l'impact de ces nouveaux
canaux de communication, qui révolutionnent notre quotidien.
Mais par-dessus tout, ce travail m'a particulièrement
éveillée à l'ère du digital et j'espère que
la passion mise dans ces écrits vous aura aussi éveillé
à la beauté des créations digitales pour le luxe.
Ce travail terminé, je suis en mesure de
répondre positivement à ma question de départ. Oui, le
digital est bel et bien devenu un support de prédilection pour les
marques de luxe dans leur mode de communication. Notamment grâce au large
panel d'outils qu'il propose mais surtout pour sa précision en termes de
mesure d'audience !
Ce travail soulève maintenant d'autres interrogations.
On constate qu'aujourd'hui, le digital est là, et bien là. C'est
une certitude. On ne peut pas faire semblant qu'il n'existe pas et les marques
de luxe l'ont bien compris. Là où d'autres misonéistes
flairent un danger puisque l'inconnu (ou la nouveauté) fait peur, elles
ont donc parié sur cette avancée technologique sans pour autant
perdre de leur splendeur.
Mais comment le digital assurera-t-il sa
pérennité ? Sera-t-il encore plus présent dans la
communication, dans n'importe quel secteur ? Qui d'autre, à l'instar du
luxe, peut miser à ce point sur cette innovation ? À
défaut de se rendre indispensable, le digital saura encore nous
surprendre, j'en suis certaine !
Un futur proche nous le dira, restons connectés...
19.Bibliographie Livres :
Allérès (Danielle), Luxe,un management
spécifique, Paris , Economica,1995.
Castarède (Jean), Le luxe, 6e
édition, Paris, Presses Universitaire de France, (Coll. «
Que-sais-je ? », n°2687),2010.
Castarède (Jean), Luxe et Civilisation,Paris ,
Eyrolles, 2008.
Clodong (Olivier), Le storytelling en action,
1er édition, Chétochine (Geroges), Paris, Edition
d'Organisation, 2010.
Knafo (Joël), Pub de luxe - Dis moi combien tu m'aimes
?,1er édition, Paris, Alban Editions, 2008.
Lochard (Cécile), Luxe et développement
durable, Murat (Alexandre) Paris, Edition d'Organisation, 2011
Loukouman (Amidou), Marketing des réseaux
sociaux,1er édition, Boulogne-Billancourt, M A Editions,
2012.
X, Le nouveau Petit Robert, Paris, Dictionnaire Le
Robert, 2012. Documents en ligne
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23/05/12
Supports vidéos
Extrait de l'interview vidéo de Carla de Préval
directrice du marketing digital Yves Sain Laurent beauté sur Media
Junkie
http://www.youtube.com/watch?v=LNtAEB6fH8E
consulté le 21/05/12
Extrait de l'interview vidéo de Pascale Delcor pour
Lesoir.be sur Youtube.
http://www.youtube.com/watch?v=VtiTkBLISVg&feature=playerembedded
consulté le 21/05/12
Sites internet conseillés aux lecteurs
http://artofthetrench.com
http://be.burberry.com/store
www.dior.com
www.dior.com/magazine
http://chanel-news.chanel.com/fr
http://www.lancome.fr
www.louisvuitton.com
www.louisvuitton-digitaldiscoveries.com
http://www.nowness.com
http://thelittleblackjacket.chanel.com/fr
20.Sommaire des interviews
Interview de Peters Meyers~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
63
Interview de Jean-Baptiste Fabbricatore~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 67
Interview de Jonathan Wieme 71
Interview d' Olivia Roks~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
76
Interview de l'équipe Instant Mode 78
Peter Meyers
Key Account Manager chez Social Lab.
Social Lab est une agence spécialisée dans la
stratégie du social média pour les marques.
Ilaria Badjir : Qu'est-ce que le digital peut
apporter aux marques ?
Peter Meyers : L'avantage avec le
digital, c'est que les clients d'une marque, dès qu'ils ont besoin d'une
information, vont aller chercher la réponse à leur question sur
le site internet de la marque. Ils vont être influencés par les
autres personnes des réseaux sociaux qui ont liké une page. Le
digital devient de plus en plus important, car c'est le premier point de
contact avec les clients d'une marque, mais aussi avec les non-clients ! Pour
les marques de luxe, leurs produits sont beaux, donc le digital va permettre
leur visualisation. Car maintenant, les gens cherchent d'abord des produits sur
internet plutôt que d'aller en magasin, pour des raisons de
rapidité et de facilité. Les gens aujourd'hui veulent avoir
l'information au moment oil ils en ont besoin... Ils ne vont donc pas attendre
entre 9 et 18h qu'une boutique soit ouverte pour avoir leur renseignement... Le
digital est très important, car il peut répondre à tout
moment aux demandes des clients.
I.B : Les grandes maisons de luxe
représentent une certaine durée dans le temps, s'inscrire dans
l'enjeu du digital est important pour leur permettre une plus grande
pérennité ?
P.M : Oui, car rester oil tu es est
égal à faire marche arrière, il faut suivre les
tendances... Les consommateurs sont rois, ce sont eux qui achètent ;
donc si le consommateur n'a plus l'impression que la marque suit les tendances,
son image va elle aussi faire marche arrière et rester « vieillotte
». Les personnes plus âgées qui ne vont pas sur internet ne
seront plus là demain et si rien n'a été fait pour attirer
les jeunes consommateurs vers la marque... Ils n'auront pas envie d'être
associés à quelque chose qui a une image vieillissante, ils iront
forcement chez un conçurent qui a pris la peine d'investir dans le
digital...
I .8 : Comment se bâtit l'identité
d'une marque sur internet et les réseaux sociaux ? P.M :
Ce qui est très important avec les réseaux sociaux, avant de se
lancer dans cette aventure, il faut qu'une marque sache bien connaitre ses
consommateurs : qui je veux toucher et comment je peux les toucher ? Car chaque
cible a une manière différente de communiquer. On appelle le
« Gif to get », on demande toujours quelque chose qui a une valeur
ajoutée aux consommateurs pour qu'elle puisse interagir avec la marque.
Il faut donc bien analyser quelle serait la valeur ajoutée de la marque
pour un consommateur et traduire ça en digital... Ça peut donner
par exemple sur la page Facebook d'une marque : donner la possibilité
aux consommateurs de créer son propre modèle de sac...
I .8 : Est-ce qu'à terme le digital pourra
remplacer tous les autres supports ?
P .M : Je dirais non, car il existe un
mix média qui s'appelle le « Paid, Own & Earned » . Le
« Paid » correspond aux publicités faites dans les magazines,
télévision, radio, etc. Car on paye un certain service.
« Own » c'est tout ce que l'on possède : Chaine
de magasins, site internet, newsletter... Tout l'étalage que l'on peut
faire.
Et « Earned » ce sont les gens qui parlent de ta marque
: Forum , page Facebook, like...
Chaque partie de ce modèle a un certain poids dans le
média mix et le digital ne reprendra jamais tout sur lui parce que les
autres seront toujours complémentaires. Car les cibles sont
multiples...
Mais quand tu communiques, le digital peut toujours venir
s'associer, quand tu retrouves une publicité dans un magazine, il est
facile de transporter ça vers le digital. L'inverse est plus dur, car il
est plus cher de communiquer avec des médias « Above the line
».
I .8 : Vu les coûts réduits du digital,
il permet une grande augmentation de la visibilité d'une marque
?
P.M : Les informations
communiquées par les médias above the line sont regroupées
par exemple dans un spot télévisé de trente secondes, une
masse d'information à
saisir en une seule fois très rapidement. Tandis qu'avec
le digital, tu peux prendre le même message et le multiplier à
l'infini !
I .B : Le digital risque-t-il de faire perdre l'image
de prestige d'une marque de luxe ? P.M : Les marques de luxe sont
nécessaires pour permettre aux gens de rêver, de
s'évader...
Mais je ne crois pas que leur présence sur les
réseaux sociaux va rendre l'image d'une marque moins «
élitiste ». Les valeurs restent similaires et le prix aussi ! Les
réseaux sociaux permettent de se connecter aux clients potentiels.
I .B : La nouvelle application qui fait fureur
chez les marques de luxe : Instagram, vous en pensez quoi ?
P .M : C'est un super bon outil pour
les jeunes qui adorent prendre beaucoup de photos...Mais Instagram reste encore
peu intégré comparé à Facebook ou Twitter par
exemple. Je trouve que ce n'est pas encore très nécessaire
d'être présent sur ce réseau. Cependant, Marc Jacob est la
marque qui communique le mieux pour l'instant sur Instagram à
échelle internationale.
I.B : L'interactivité peut être
considérée comme la clé du succès du digital ?
P.M : L'interactivité, c'est
le résultat d'avoir du contenu qui est bien ciblé, car tu auras
touché les bonnes personnes au bon moment. Il faut ouvrir la
conversation avec les internautes pour qu'ils puissent parler de ta marque
positivement...Les réseaux sociaux sont utiles aussi pour écouter
lorsqu'il y a des mécontentements des clients envers la marque. Et
permettre à la marque de réagir et améliorer son produit
!
I .B : Dior a récemment lancé son
propre magazine on line, du contenu que l'on retrouve uniquement sur internet
et via les applications mobiles, le digital est donc vraiment un acteur
à part entière aujourd'hui ?
P. M : Aujourd'hui le «
storytelling » est devenu très à la mode, les marques
veulent raconter des histoires.On crée tout un récit autour d'une
pièce, comment est-elle faite, tout le travail qu'il y a derrière
la création... Les gens sont séduits et vont vers ce contenu
créatif et original.
I .8 : L'avenir du digital, vous le voyez comment
?
P.M : Ca sera encore plus
intégré dans la vie quotidienne des gens, il sera impossible de
vivre sans. Je me souviens en 1996 quand j'ai eu pour la première fois
internet chez moi, c'était incroyable ! Maintenant, si tu tombes en
panne d'électricité et que tu n'as plus la
télévision, radio ou internet chez toi, tu te sens coupé
du monde...
I .8 : Le digital vient-il en réponse au
déclin des supports papier ?
P .M : La presse reste encore super
intéressante pour tout ce qui est interview de fond, dossier
spécial... Mais pour l'actualité, les gens vont la trouver sur
internet, car c'est beaucoup plus rapide.
Par exemple, tous les matins, je vais consulter le site
internet du journal papier que je pourrais acheter, mais que je ne fais pas !
Je vais sur le site web, car j'ai besoin de savoir les choses rapidement, je
n'ai pas le temps de parcourir un journal papier en entier. Il faudra alors
à l'avenir trouver le bon mix entre digital et média off line.
L'off line devra intégrer encore plus le on line. On appelle ça
le 360 degrés.
I .8 : La présence des marques sur le digital
sous-entend un enjeu marketing ?
P.M : Oui, comme je l'ai
expliqué, pour être présent sur les réseaux sociaux,
il faut en avoir une bonne connaissance... Connaissance que les marques ne
maitrisent pas encore assez, voilà pourquoi elles font appel à
des agences comme nous pour développer leurs stratégies, faire un
« Content plan ». Cela aura plus d'impact et de profit pour la marque
que si elle le fait elle-même. Ce n'est pas facile pour une marque
d'être présente partout, car il faut beaucoup de budgets... Mais
c'est à nous de dire aux marques sur quels réseaux ou
plateformes, elles doivent être présentes pour que ça soit
le plus avantageux pour elles.
On voit souvent que les pages, vidéos etc. renvoient
vers l'e-shop de la marque. Le digital est très intéressant pour
calculer le retour sur investissement, contrairement au média above the
line. On peut toujours avoir une traçabilité, savoir combien de
gens ont visualisé la vidéo, combien ont cliqué sur le
lien. Une campagne de publicité sur la télé n'apportera
jamais de chiffres aussi précis...
Jean- Baptiste Fabbricatore
Managing director chez LWS Production et
Etvonweb.be.
Producteur de contenu vidéo pour des marques luxe &
lifestyle.
Ilaria Badjir : Sur votre site internet127
,vous affirmez aujourd'hui que la vidéo est devenue un support
incontournable dans une stratégie de communication. Pourquoi
?
Jean-Baptiste Fabbricatore : La
vidéo reste le meilleur outil pour communiquer sur internet. C'est
instantané, il y a tout un travail de mot-clé autour, c'est
impérissable. Une production vidéo ne coûte pas
grand-chose, comparée à un spot publicitaire. C'est le même
budget de production pour un jeune créateur qui sort de la Cambre ou
pour une grande maison de haute-couture. Aujourd'hui, on peut réaliser
de belles choses avec un simple appareil photo qui filme en haute
définition.
I.B : Pourquoi le luxe doit-il aller sur internet ?
JB.F : Internet a aujourd'hui pris
le pas sur d'autres médias, même si cela reste encore marginal en
Belgique. Aux États-Unis par exemple, Internet est le premier
investissement en termes de média. C'est vraiment un
phénomène de société. Il est beaucoup plus facile
de communiquer et d'interagir avec son public avec internet que via la presse,
où tu n'as pas vraiment de retour... Les marques de luxe ont vraiment un
avantage comparé à d'autres car elles ont quelque chose à
raconter... Elles possèdent un véritable univers, elles font
rêver les gens. Chanel est un bon exemple, ils font des reportages sur
les petites mains, sur les artisans et ils ont un très bon retour sur
investissement grâce à ça.
Les marques de luxe ont tout intérêt à
aller sur internet, mais de manière intelligente et en restant
prudentes. Une fois sorti de leur propre site web, cela peut devenir «
vulgaire » pour l'image de marque, tu ne sais pas exactement qui va parler
de ton produit ou pire, ton produit peut se faire détruire en un rien de
temps. La force que possède internet, c'est aussi que les gens peuvent
transformer, améliorer ta communication ou même te proposer des
idées.
127
http://www.lwsproduction.com/
Les maisons de Haute-Couture ne font pas de
bénéfices avec les ventes haute-couture ; au contraire, elles en
perdent. Elles font leur chiffre d'affaires grâce au prêt-
à-porter et surtout avec les accessoires, parfums et cosmétiques.
Voilà pourquoi on sait acheter tous ces produits dérivés
on-line et c'est une très belle vitrine pour la marque ! Ils ont
très bien compris que sur internet, les gens choisissent leur propre
communication, un spot télé, c'est bien car il faut continuer
à toucher la masse, mais dans cette masse, tu ne sais pas exactement qui
tu vises... Internet, c'est un peu une espèce de « Big Brother
»... On va te proposer un type de contenu parce que toi-même tu es
à la recherche d'un certain contenu...Par exemple sur YouTube, en
fonction des vidéos précédemment regardées, on va
te proposer des liens similaires... La communication est beaucoup plus
ciblée et rapide... Maintenant, leur plus gros travail est de garder
l'image « Premium ». Je pense que seuls ceux qui auront fait
très attention à leur image seront là encore dans les
dizaines d'années à venir.
Et puis il y a la génération des `natives' de
l'internet. Cette génération est née avec un câble
réseau en or dans la bouche, cette génération
connaît Internet depuis son plus jeune âge et perçoit
rapidement toutes les subtilités technologiques qui permettent
l'évolution du réseau. Cette génération frappe
à la porte de la consommation et je pense que même
énormément de séniors sont déjà dans cette
dynamique.
I.B : C'est vous qui allez démarcher les
marques de luxe pour des productions ou elles viennent vers vous
?
JB.F : C'est assez particulier, car en
Belgique les gens sont encore lents pour ce genre de chose.
A la base, quand on s'est lancé, on a
démarché chez tout le monde, il faut les « éduquer
» à la vidéo. Il y a des années, il était
impossible d'envisager la présence de Chanel ou Hermès sur
Internet... Maintenant, on ne peut pas passer à côté.
Lorsque l'on a travaillé pour Hermès, j'ai dû signer
d'énormes contrats avec plein de clauses de confidentialité...Ils
contrôlent leur image et c'est pour cela que j'aime bien cette maison. On
a produit pour Clinique et grâce à ça, d'autres marques
comme Estée Lauder ou Bobbi Brown nous ont approchés...
Leur communication repose sur deux axes : les grandes
campagnes internationales, oil il suffit d'adapter le discours dans la langue
du pays, et les campagnes « locales » avec
une ouverture de boutique par exemple, là ils feront
appel à nos services, car c'est viral, et peuvent créer un buzz.
Pour les marques de cosmétique de luxe, il y a tout le
phénomène des tutoriels Make-Up, on en a réalisé
pour Bobbi Brown et ça marche très bien. Je pense qu'à
partir du moment oil les gens ont goûté à la vidéo,
ils reviennent. Quand on parle de vidéo, les gens font encore trop
référence à la télévision, alors que pour
Internet, le format est différent et la manière de
réaliser est plus rapide.
L'Oréal, à l'époque, était
très flexible, j'ai connu les grandes époques oil il y avait le
sponsoring des soirées. Aujourd'hui, ils sont beaucoup plus
fermés à tout ça et c'est très dangereux.
Maintenant, il est très facile de devenir une marque
avec de bons produits, une bonne communication, ne pas avoir peur d'investir
sur Internet et une bonne communauté qui te suit... Les marques de luxe
doivent en tenir compte et s'en méfier.
I.B : Que penser du phénomène des
marques de luxe qui s'associent aux blogueurs mode ?
JB.F : Ils ont tout
intérêt à le faire et on bien raison de le faire !
Maintenant, il faut faire attention, ce phénomène me fait
sourire, car oil est la légitimité de tout ça à
long terme ?
Je respecte les blogueurs, mais ils doivent prendre conscience
que c'est un vrai travail. Tout ce phénomène est une grosse
nébuleuse et le temps fera sa sélection, seuls les plus
sérieux avec une vraie passion et les meilleurs resteront.
I.B : Le digital vient en réponse à la
perte de puissance de la presse écrite ?
JB.F : Oui c'est évident, il
y aura toujours de beaux magazines « glossy » avec de belles pages de
publicité. Mais c'est du papier, un média polluant, Internet ne
l'est pas ! Les jeunes ne lisent plus de la même manière, ils
veulent savoir des milliers de choses plutôt qu'apprendre une chose bien
précise. Moi, maintenant, je vais sur Lesoir.be chercher mon info et
à terme ça ne me dérangerait pas de payer un abonnement
pour avoir mon journal sur mon pc plutôt que d'aller le chercher tous les
matins en librairie...C'est l'évolution des comportements.
Je trouve qu'il y a une mauvaise distribution de ce que
devrait être la communication, car en Belgique, on ne veut pas changer
les habitudes, la communication change, mais on reste à travailler de la
même manière... Alors qu'Internet pousse au changement. Autant la
Belgique était précurseur pour le taux de
pénétration d'Internet dans les foyers au début des
années 2000, autant aujourd'hui, on est vraiment à la bourre dans
tout ce qui est exploitation de l'outil propre. On l'utilise encore trop peu
alors que ce média est à la portée de tout le monde.
Les marques de luxe doivent de plus en plus tenir un discours
de proximité, inviter les gens à l'expérience, aujourd'hui
ce n'est pas encore très important, mais ça le sera demain quand
tout le monde sera présent sur le web et à ce moment-là,
ça sera au plus sympa !
Jonathan Wieme
Responsable marketing et communication de la marque de
maroquinerie de luxe Niyona.128
Ilaria Badjir : Comment construit-on
l'identité d'une nouvelle marque de maroquinerie, belge de surcroit
?
Jonathan Wieme : Nina Bodenhorst
(qui s'occupe de la création des pièces) a décidé
de lancer sa propre marque après avoir travaillé chez Delvaux et
Nathan Baume. On a vraiment dû définir ce qui allait nous
différencier des autres marques. On a voulu faire du « made in
Belgium » même si on savait que les coûts de production sont
plus élevés. Se positionner avec un beau produit artisanal avec
un atelier de maroquinerie et de belles techniques... On a joué sur les
points faibles des autres pour mettre en avant notre savoir-faire. Je trouve
dommage qu'aujourd'hui, il ne reste plus beaucoup d'ateliers en Belgique, oil
les gens peuvent venir voir comment se passe la création, sentir les
matières...On cherche vraiment à éduquer les gens à
notre travail et savoir-faire.
I.B : Félicitations pour votre prix au «
International Design Awards in Los Angeles » ;
cela ajoute un atout dans votre communication ?
J.W : Merci ! La beauté du
produit est bien mise en valeur. Tout le monde sait faire des belles choses,
mais au final, dans les magasins, on retrouve souvent les mêmes
modèles de sac... On voulait avoir une autre identité visuelle
que ce qui existait déjà. Voilà pourquoi on travaille avec
du matelassé et des modèles de cuir vintage. On ajoute des
touches différentes pour que le produit puisse s'affirmer
esthétiquement. Comme nous sommes encore une marque naissante, on
à la chance d'être plus flexibles par rapport aux grandes maisons.
Pas de palette de couleurs imposées par exemple, réaliser un sac
en cuir lisse ou grainé ne nous demande pas plus d'effort et c'est
ça qui est notre avantage...
Le sur-mesure pour les clients est très important, c'est
la touche finale.
128 http://www.niyona.be/
I .B : Pour votre visibilité dans la presse en
tant que jeune créateur, quelle est votre stratégie
?
J.W : La marque est récente,
elle est née en 2010. Il a bien fallu nous faire connaitre.
On travaille avec une agence de presse : Sophie Carré.
Nous l'avons choisie, car elle croit en nous et partage les mêmes
valeurs, que nous voulons refléter à travers notre marque.
Les parutions dans la presse apportent une visibilité
et une crédibilité. Les gens peuvent constater que nous sommes
présents dans les plus beaux magazines belges et cela nous aide pour
aller démarcher dans les boutiques... Le bouche à oreille se fait
et c'est plus facile de se faire une place dans le milieu. Les press day sont
aussi importants pour faire parler de nous.
I.B : La marque Niyona est présente sur
Facebook , Twitter , Instagram , Pinterest...Quel est le but de cette
stratégie ?
J.W : C'est simple, nous n'avons pas encore
énormément de budgets... Si ça ne tenait qu'a moi, je
voudrais faire beaucoup plus d'événements off line. Mais le
digital est là, gratuit et à disposition de tout le monde. Je
travaille à la base pour une agence de publicité, d'où mes
connaissances dans le secteur. Autant les utiliser à bon escient.
Facebook est un bon outil, facile d'accès pour connaitre son audience :
qui aime la marque, qui s'y intéresse... C'est un noyau dur, notre page
récolte plus de mille fans en un an seulement. Pour une jeune marque,
c'est vraiment pas mal ! Après, il faut rester vigilant et ne pas partir
dans trop de directions différentes, rester complémentaire dans
son discours sur les différents réseaux. Instragram, on l'utilise
pour le côté visuel, montrer la création et l'inspiration
dans les ateliers, être proche des consommateurs... C'est l'effet «
Behind the scene » dont les gens raffolent.
Le twitter est là pour partager des news plus
générales par forcement liées à la marque, mais des
choses que l'on apprécie dans le milieu de la mode, du design,
stylisme...On ne peut pas partager ça sur notre page Facebook, car elle
existe pour montrer notre travail.
Le site web est la carte d'identité digitale de la marque
: quelqu'un qui pense à Niyona pour trouver les informations de base va
aller sur le site web.
C'est toute la volonté d'être
complémentaire sur les réseaux sociaux, maintenant cela demande
une bonne gestion, le contenu est le plus important, sans contenu de
qualité, tout ça n'a aucun intérêt !
I.B : Désormais, on ne peut plus passer
à côté du digital lorsque l'on communique pour une marque
?
J.W : Le but premier de communiquer
pour une marque de luxe sur internet, c'est de faire vendre son produit. On va
chercher le consommateur sur le web, on ne va pas l'amener en magasin, mais sur
l'E-shop pour qu'il puisse directement faire ses achats. C'est là que
les réseaux sociaux sont magnifiques, car ils permettent de trouver les
bonnes personnes et on peut décider oil les amener.
Il y a tous les âges sur internet, il suffit d'aller sur
la bonne plateforme. On a constaté que la moyenne d'âge des
personnes qui nous suivent sur Facebook a entre vingt-cinq et trente-cinq ans
alors que dans la réalité, nos clients sont un peu plus
âgés. Il faut rester vigilant à ça, car notre
produit a tout de même un coût, le pouvoir d'achat. Je
reçois souvent des mails de jeunes personnes m'expliquant qu'elles
adorent nos produits, mais qu'elles n'ont pas encore les moyens de se payer un
sac Niyona... Ce n'est pas grave, car les jeunes d'aujourd'hui seront les
clients de demain...Les marques de luxe vendent du rêve, il ne faut pas
perdre ça de vue...
Avant tout lancement d'une marque, il y a une étude de
marché qui se fait, on avait constaté que la présence
digitale pour les marques de luxe belge est quasiment nulle. Même Delvaux
n'a pas une aussi belle page Facebook que nous. Delvaux n'a pas encore
établi sa stratégie digitale, enfin je suis sûr que cela se
prépare pour bientôt et quand ça tombera, ça risque
de faire mal pour les jeunes créateurs comme nous !
I.B : Vous pensez à vous diriger vers les
blogueurs ?
J.W : Oui, on y pense assez souvent,
mais c'est très difficile, on a envie de garder une certaine «
inaccessibilité ». Je suis froissé quand je vois des
concours sur les blogs ou sur Facebook pour gagner des produits, cela me
dérange et ne me donne pas envie de m'associer à cette marque.
C'est trop facile, il suffirait de remplir un bête questionnaire pour
gagner un sac Niyona, non c'est contradictoire à nos valeurs ! On a
souvent des demandes de blogueurs qui veulent s'associer à la marque par
le biais de
concours, oui cela permet une visibilité facile et rapide
c'est indéniable. Mais je qualifie ça de « prostitution de
produit » et je ne veux pas faire ça pour Niyona.
Il y a des blogueurs qui font du super boulot, avec de beaux
articles. Avec eux oui, pourquoi pas envisager une collaboration valorisante
pour les deux côtés ? On a eu une belle action avec Nokia.
Le dernier Smartphone N9 qui est sorti dernièrement,
Nokia est venu vers nous en nous demandant de créer spécialement
une pochette pour ce téléphone qui allait être
distribué aux blogueurs. Cette action avait son intérêt vu
qu'on pouvait valoriser notre savoir-faire, on a d'ailleurs eu un très
bon impact...Je préfère ce genre d'action aux échanges
avec des intérêts faciles.
Maintenant, je ne sais pas comment va vraiment évoluer
notre travail avec les blogueurs, car il est tellement facile de se
prétendre blogueur aujourd'hui, je n'ai pas envie de perdre mon temps
à les caresser dans le sens du poil pour obtenir quelque chose en
retour, alors que je pourrais être occupé à travailler pour
améliorer mon produit.
I.B : Communiquer sur les réseaux sociaux pour
une marque de luxe, ce n'est pas un risque de perdre un peu de son prestige
?
J.W : Quand on a lancé la
page Facebook, certaines personnes nous on fait comme réflexion : «
Mais les gens qui achètent vos sacs ne sont pas sur Facebook quand
même ? »
Honnêtement, je pense que si, ils le sont et même
si ce n'est pas le cas, et alors ? On avait envie de montrer à tout le
monde qui était la marque Niyona. Ce n'est pas parce qu'on est
caché que l'on est forcement plus exclusif ou plus luxueux... Ça
devient délicat si je trouve mon produit dans un magazine un peu «
cheap », là c'est dangereux, car c'est un manque de respect envers
la clientèle qui achète mes sacs. Il faut rester vigilant
à ne pas libérer son produit n'importe oil, car à partir
du moment oil l'on publie sur internet du contenu, il ne nous appartient plus !
Voilà pourquoi certaines marques restent réticentes au
digital...
I.B : L'avenir du digital comme outil de communication,
vous le voyez comment ?
J.W : Ca ne va ne jamais
détrôner quoi que ce soit, le digital trouve sa force quand il est
utilisé en complément d'une autre forme de communication. La
manière dont on l'utilise va changer, elle est déjà en
train d'ailleurs. On ne va plus rester derrière son ordinateur, on migre
déjà sur nos smartphones et c'est là qu'il faudra aller
pour trouver sa cible. Le papier aura toujours sa force, en tant que marque de
luxe, on rêve toujours d'avoir une belle page de publicité dans un
célèbre magazine ou une affiche exposée en rue.
On va vouloir se différencier et être plus
créatif que son voisin, maintenant ce n'est pas parce que tu
possèdes une page Facebook que tu fais de la communication digitale. Une
mauvaise gestion, un mauvais contenu peuvent rapidement détruire une
marque.
I.B : Avec plus de moyens, vous seriez partant pour
faire de grandes actions de communication digitale ?
J.W : Bien stir, je trouve
magnifique l'expérience que permet le digital, c'est plaisant et
agréable. Burberry est pour moi le meilleur exemple de comment bien
communiquer de manière digitale. Je suis l'Instagram de Burberry, ils
ont vraiment des actions innovantes, ils invitent les meilleurs photographes
à faire les comptes-rendus de leur défilé. Il n'y a que le
digital qui permet ce genre de belle collaboration... J'aimerais créer
un magazine I-pad par exemple !
I.B : Quels sont les liens entre le luxe et le digital
?
J.W : Le digital et le luxe vendent
du rêve, une chose exceptionnelle à laquelle j'ai assisté
il y a quelques années à Paris. L'enseigne Repeto, ils
étaient les premiers à le faire, ils ont totalement
digitalisé leur vitrine. On pouvait changer l'univers de la vitrine avec
des gestes, changer l'arrière-plan... Voilà où le luxe et
le digital se rejoignent, ils donnent un côté pétillant et
magique aux consommateurs ! C'est vraiment cette magie en tant que jeune marque
que l'on a l'ambition d'atteindre. Créer une expérience luxueuse
et digitale qui a un côté jouissif et plaisant.
Olivia Roks
Journaliste pour la Libre Essentielle et
Essentielle.be.
Blogueuse :
www.fashion-london-life.blogspot.com.
Ilaria Badjir : Pourquoi s'être lancée
dans l'aventure d'un blog ?
Olivia Roks : Lors de mon premier
stage au Vif Weekend, la rédactrice du Vif Weekend, qui était
à l'époque Caroline L'allemand, m'a fait prendre conscience de
l'importance du phénomène montant des blogs. C'était une
bonne manière de poser mon écriture. Donc je ne me suis pas
lancée dans l'aventure en suivant toute cette folie, mais plutôt
parce que j'adore écrire, par passion, j'écris sur mes coups de
coeur.
I.B : Vu le succès de ton blog, des marques
t'ont-elles déjà sollicitée ?
O.R : Oui bien stir, on est
assaillie de mails par les marques, maintenant, si ça ne me plait pas je
ne vais pas en parler. Quand j'écris sur une marque, on ne me donne rien
en échange... Alors que d'autres marques te démarchent en
proposant une somme contre un post sur le blog... Mais je ne rentre pas dans ce
genre de choses, car je veux rester libre dans mon écriture et sur mes
choix concernant les produits ou vêtements que je veux mettre en
valeur.
I.B : Lancôme a récemment lancé
une campagne pour son dernier rouge à lèvre en prenant trois
blogueuses internationales comme égéries. Que penses-tu de cette
action en tant que blogueuse ?
O.R : Eh bien pourquoi pas !?
Même si les blogueuses sont souvent utilisées comme un outil
marketing, cela a tout de même des points positifs. Du côté
de la marque de luxe, ça apporte un plus, car ce sont des filles de
« tous les jours », on peut plus facilement s'identifier à
elles qu'a un mannequin. Pour la blogueuse, c'est intéressant, car cela
apporte de la notoriété à son blog et puisqu'elles sont
souvent narcissiques, rien de mieux pour renforcer leur ego ! Luc Duchenne
(marque de prêt-à-porter belge) a fait une action semblable avec
les quatre blogueuses les plus influentes de Belgique. C'est une super
idée, ça donne un côté très moderne et plus
accessible à l'image de marque. Maintenant, reste au blogueur à
rester droit dans ses baskets et à rester objectif.
I.B : Tu es blogueuse, mais également
journaliste professionnelle, comment te positionnes-tu entre les deux, quelles
en sont les différences ?
O.R : Avant d'être
journaliste, j'étais blogueuse, donc toutes les marques m'avaient dans
leur répertoire en tant que telle. Quand je suis devenue journaliste,
j'ai vraiment dû ramer pour que mon statut de journaliste passe avant
celui de blogueuse. Désormais, quand je vais aux journées presse,
j'y vais en tant que journaliste, car c'est mon métier. Écrire
pour mon blog, cela reste ma passion, mais dans certains cas, cela peut devenir
un métier, car certaines blogueuses internationales peuvent vivre
largement grâce à leur blog.
Une Journaliste a une véritable formation et
écrit objectivement, alors que les blogueuses, on sent de plus en plus,
malheureusement, que tout est calculé. Les journalistes leur reprochent
bien souvent de manquer d'objectivité.
Les journalistes professionnelles s'adaptent aux blogs, mais
restent le premier média incontournable. Sur le site
essentielle.be nous avons une
rubrique dédiée aux coups de coeur des meilleurs blogs.
I.B : Comment vois-tu l'avenir de la presse papier face
à la concurrence du digital ?
O.R : Je pense que la
publicité et la communication via presse écrite sont toujours
plus importantes et vont perdurer, car c'est plus valorisant d'écrire
pour un support papier que pour un site internet. Les prix des
publicités papier restent toujours bien plus élevés que
pour le web. Une belle page de publicité dans un grand magazine reste
toujours plus « prestigieuse ». Sur un support papier, on tourne les
pages du magazine, on voit la publicité. La bannière sur le web,
il faut bien souvent cliquer pour être renvoyé sur la page, mais
peu de gens font l'effort de cliquer. Maintenant, le digital permet une
créativité et une interactivité plus grande que les
supports traditionnels. Une vidéo très bien faite va créer
le buzz et apporter un maximum de visibilité à la marque sur la
toile. Rien de mieux pour étendre le réseau d'une marque.
Lenaic Lefever :
Senior Consultant chez Mainsys Banking IT129
Devellopeur de site web et application dans le milieu bancaire
Thomas Van Steyvoort :
Manager chez Mainsys Banking IT
Sylvia Allende :
Initiatrice du projet Instant Mode.
C'est trois personnes ont comme projet de développer une
application mobile nommée « Instant Mode ».
I.B : Le projet d'application Iphone Instant mode en
quelques mots, c'est quoi ? Silvia Allende : « J'aime bien
m'habiller, mais je ne sais pas comment m'habiller ».
Voilà l'idée de base du concept ! Permettre aux
personnes qui aiment la mode d'avoir à portée de main une
garde-robe virtuelle. L'application Iphone permettra de scanner les
codes-barres des vêtements en magasin.
Le scannage affichera alors toute une série de photos
du vêtement porté par des blogueurs, pour avoir une idée de
combinaisons de vêtements, comment associer la veste que l'on veut
acheter avec un jean par exemple... On vise aussi bien des chaines de magasins
de grande distribution du type H&M ou Zara que des marques de luxe...
L'idée est de pouvoir créer des mix entre des
pièces basiques, abordables, et des accessoires de luxe plus
coûteux. Notre but est de vraiment rendre le vêtement visualisable
de manière à ce que tout le monde puisse s'identifier aux
personnes le portant. Voilà pourquoi nous avons choisi des blogueurs et
non des photos avec des mannequins portant les pièces.
Lenaic Lefever : D'un point de vue
un peu plus « business », l'application permettra de créer une
interactivité entre les consommateurs, les blogueurs et les marques de
vêtements... Instant mode sera le relais entre ces trois interlocuteurs.
Pour les utilisateurs, ils auront accès à toute une
réserve de photos, les blogueurs pourront faire partager leurs tenues du
jour et renforcer leur visibilité. Pour la marque, cela peut
générer un important trafic et leur procurer un large panel
d'acheteurs potentiels.
129
http://www.mainsysgroup.com/
I.B : En tant qu'expert du digital, que pensez-vous
de toutes ces marques de luxe qui lancent leur propre application Iphone
?
L. F : Il y a plusieurs raisons, la
première c'est tout simplement de suivre la tendance... Il y a dix ans,
tout le monde se devait de lancer son site internet, aujourd'hui tout le monde
se doit d'avoir son application Iphone, au risque de ne pas paraitre dans le
coup ! Ensuite via l'Apple store, il est possible d'avoir des statistiques
quant au nombre de personnes ayant téléchargé
l'application.
Une application Iphone, c'est simple et rapide à
installer et le plus souvent celle des marques, de luxe ou pas, sont gratuites.
La personne en quelques manipulations simples peut profiter du contenu, sans
devoir installer un programme spécifique, comme c'est souvent le cas sur
un ordinateur.
Sur une application, on retrouve du contenu exclusif, le
consommateur peut entretenir une relation privilégiée avec la
marque. D'autant plus qu'il y a une réelle démarche et demande,
vu que l'on va soi-même télécharger l'application. Ce n'est
pas un pop-up ou une pub ennuyante qui s'installe sur votre écran et sur
laquelle on ne prête pas forcément attention parce qu'il y en a
des tonnes qui apparaissent sur les écrans tous les jours...
Et puis il y a bien évidemment la cible de niche, un
Iphone coûte 600 euros environ, un Ipad 500 euros et concernant la
plateforme Android, les autres smartphones ont également un coût
élevé.
T.V.S : Il faut bien se dire aussi
que si une marque va lancer son application, elle aura logiquement un bon
retour sur investissement, les chiffres sont encore difficiles à
estimer. C'est comme pour une publicité, ce n'est pas évident de
calculer l'impact qu'elle aura eu sur les ventes. Mais cela offre une
véritable vitrine pour la marque, vu que les gens font la
démarche de télécharger l'application, ils sont
intéressés par le contenu et la marque est certaine de toucher
son public cible.
I.B : Que pensez-vous d'Instagram ? La nouvelle
application qui fait fureur, beaucoup de marques de luxe ont créé
leur compte et postent des photos exclusives...
L.F : C'est une super application
très bien conçue, Twitter l'a vraiment lancée, elle a pris
son essor grâce à ça. Et puis le designer d'Instagram est
belge ! Tim Van Damme !
T.V.S : C'est vraiment la clé
pour entretenir un lien privilégié et permanent avec une marque.
Elle montre des choses « intimes » et exclusives. Le consommateur fan
de la marque a toujours l'impression d'être en relation avec... Tout
comme sur Twitter ou Facebook , le lien est renforcé.
L.F : Maintenant, il faut que la
marque poste du contenu de qualité ; si elle se sert de l'application
comme vecteur de publicité, cela va discréditer l'image et peu de
gens s'intéresseront, car il y aura un effet « discount » . Je
trouve que le contenu doit être vraiment réfléchi et
accrocheur.
I.B : Les marques de luxe qui prennent comme
égérie des blogueuses, ça vous inspire quoi
?
S.A : Un coût réduit !
C'est moins cher qu'un contrat avec un grand mannequin, puis la blogueuse va
d'office suivre la marque, laisser une trace sur son blog. Une blogueuse est
une fille du quotidien, cela donne une autre image de la marque. Elle parle
avec a priori ses propres mots, la proximité est de mise. J'ai
l'impression que ce type d'action est moins « formaté » qu'une
grosse campagne avec un mannequin super star qui s'en tient uniquement au
slogan de la marque.
T.V.S : Une forme de communication et
publicité tout à fait ciblée et savamment calculée
!
I.B : Le digital offre une créativité
infinie, quel sera son avenir selon vous ?
T.V. S : Les supports papier,
affiche publicitaire et spot télé touchent un public de masse qui
ne connaît pas forcement bien la marque. Tandis que pour les supports
digitaux : web, réseaux sociaux et applications, les gens vont sur le
site, s'inscrivent comme fans, ils connaissent déjà bien les
produits proposés par la marque. Le digital permet d'aller plus loin
dans le contenu proposé.
Mais oui, personnellement, je pense que le digital va prendre
plus d'ampleur dans les années à venir grâce aux
générations qui sont nées avec le nez dedans.
S.A : Le digital me permet
d'accéder aux choses plus rapidement, sans aucune limite. Tandis que le
papier est limité... Une belle page de publicité dans un magazine
aura plus d'impact sur moi que si je la vois sur un site web. Maintenant, tout
fonctionne par cycle, tout va plus vite et est en perpétuel changement,
c'est assez « incontrôlable ». Le digital a encore beaucoup de
choses à nous montrer !