CHAPITRE 2 : L'ANALYSE EMPIRIQUE DE L'AIDE ALIMENTAIRE
AU
BENIN
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SECTION 1: L'AIDE ALIMENTAIRE AU BENIIN
Paragraphe1 : Historique et les raisons de l'utilisation de
l'aide alimentaire
Dans ce paragraphe il s'agira de rappeler les origines, des
différents rôles que jouent l'aide alimentaire et surtout la
controverse qui anime les débats. Ainsi que les raisons d'utilisation de
l'aide alimentaire au Bénin.
A - Historique de l'aide alimentaire
1. Origine de l'aide alimentaire
L'aide alimentaire a ses origines dans les excédents
agricoles considérables dont disposaient certains pays
industrialisés. Pour les retrouver, nous devons nous
référer á la période de l'après-guerre
où le monde a connu une situation paradoxale caractérisée
par des surplus alimentaires.
En effet, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les
pays occidentaux instaurèrent une nouvelle stratégie pour
relancer leurs économies. D'importants investissements ont
été faits, notamment dans le domaine agricole, c'est ainsi que la
plupart des pays de l'Europe Occidentale et de l'Amérique du Nord ont
connu une agriculture particulièrement brillante : c'était la
surproduction.
Un grave dilemme s'est alors posé pour ces pays et tout
spécialement pour les Etats-Unis d'Amérique. La question la plus
urgente était de savoir ce qu'il convenait de faire de ces
excédents. Devait-on continuer á accroitre et imaginer de
nouvelles solutions pour la résorber ?
C'est ainsi qu'entre 1954 et1956 les autorités
américaines prirent d'importantes mesures dont la «loi publique 480
« pour autoriser le gouvernement américain : «soit à
faire don à des populations «amies« frappées par la
famine, soit á vendre á des pays amis á des conditions
avantageuses pour eux, les surplus agricoles américains
suivant une gradation suivante : accord de troc, ventes en monnaie locale,
ventes assorties de crédits à long terme«.
Au meme moment, les pays en développement connaissaient un
important déficit alimentaire, notamment céréalier. De
meme ils ne pouvaient pas importer les excédents des pays exportateurs
en quantités suffisantes, n'étant pas solvables. Un marché
mondial de produits alimentaires s'est alors développé,
animé principalement par les USA, le Canada, l'Argentine et l'Australie
d'une part et les autres pays en développement d'autre part. Dès
lors, à travers des accords bilatéraux et multilatéraux,
de nombreux pays et institutions emboîtèrent les pas aux USA, puis
le concept de l'aide alimentaire se répandit dans le monde entier.
Jusqu'au début des années 60, l'aide alimentaire
est perçue (à raison) presque comme synonyme d'aide alimentaire
américaine. Les sujets dominant les discussions politiques et pratiques
autour de l'aide sont focalisés sur l'Inde (le plus important
bénéficiaire), les problèmes de sécheresse, les
désincitations vis à vis de la production agricole locale, les
balbutiements des relations entre pays donateurs et pays récipiendaires
et enfin sur la création récente du Programme Alimentaire
Mondial, encore à l'état expérimental.
A posteriori, la première Convention sur l'Aide
Alimentaire (Food Aid Conven-tion) peut etre considérée comme un
tournant dans l'histoire de l'aide; car on y observe l'apparition et
l'engagement de donateurs nouveaux. 19 pays sont concernés et s'engagent
à fournir un volume minimum de 4,2 millions de tonnes annuellement.
Les années 1970 vont etre les témoins d'une crise
alimentaire internationale; plusieurs PED sont confrontés à ce
que l'on commencera à appeller "insécurité alimentaire".
La Convention (FAC) est renégociée en 1971, sans changement dans
les engagements. La conférence alimentaire mondiale des Nations- Unies
en novembre 1974, appelle à une amélioration des politiques
concernant l'aide alimentaire et décide de la création de deux
organismes:
- le comité sur les politiques et les programmes d'aide
alimentaire,
- - le comité FAO sur la
sécurité alimentaire mondiale.
2. Rôle de l'aide alimentaire
Bien que représentant essentiellement un apport en nature
aux projets en général, le volet « aide alimentaire »
est souvent le plus élevé des apports en terme de valeur. L'aide
alimentaire joue divers rôles selon les types d'activités qu'elle
assiste :
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> Elle combat la faim et la pauvreté en aidant les
populations des pays sahéliens ou celles qui sont victimes des guerres
et de rapatriement par la fourniture gratuite de produits alimentaires ;
> Elle soutient les projets de développement
socio-économique : ici l'aide alimentaire est considérée
comme une source précieuse d'investissement aux fins du
développement. Dans ce sens elle appuie les objectifs fondamentaux des
stratégies nationales de développement.
A travers ses deux principaux rôles, l'aide alimentaire
remplit les fonctions de : Nutrition ; assistance aux groupes
vulnérables et aux cantines scolaires ;
Revenu et de budget : complément de salaires en vue
d'encourager les ouvriers qui travaillent sur des chantiers qui
nécessitent une haute intensité de main d'oeuvre.
3. Controverse sur l'aide alimentaire
L'efficacité de l'aide alimentaire en tant qu'instrument
de développement économique et social suscite bien de
polémiques auprès des observateurs et spécialistes du
développement. Les points de vue sont partagés. Très
souvent l'aide alimentaire est critiquée. On l'accuse de toutes sortes
de maux.
En 1960, à l'époque où l'aide alimentaire
est liée à la volonté des Etats Unis d'écouler leur
excédent de production céréalière, une
première critique de l'aide alimentaire émerge, initiée
par T. W. Schultz: l'aide alimentaire distribuée entraînerait une
baisse des prix des denrées alimentaires locales et désinciterait
la production locale.
Au fur et à mesure d'opérations d'aide alimentaire
plus ou moins réussies, les détracteurs se font de plus en plus
nombreux. Les critiques intègrent l'effet "schultzien" cité
précédemment mais aussi d'autres sujets de controverse, dont les
trois premiers cités sont de l'ordre des effets désincitatifs
:
· l'aide alimentaire décourage les prises de
décisions des gouvernements bénéficiaires
particulièrement dans le secteur agricole,
· elle résulte en des changements de goûts ou
d'habitudes alimentaires des populations bénéficiaires au profit
de produits étrangers non produits localement,
· en concurrençant la production agricole dans les
projets Vivres-Contre-Travail, elle désincite la main d'oeuvre à
se diriger vers le secteur agricole,
·
elle est peu fiable dans sa régularité, ses
délais de livraisons, son volume disponible. Elle n'est pas sûre
donc comporte des risques.
· En permettant d'approvisionner à bas prix les
zones urbaines, elle découragerait la production agricole locale.
Quant aux défenseurs de l'aide alimentaire, ils
soutiennent au contraire que, bien gérée, elle peut créer
des impulsions positives à la croissance économique. En effet,
utilisée comme source d'investissement, elle peut créer de
nouveaux emplois, donc résorber le chômage et améliorer le
revenu des bénéficiaires. Ces mémes défenseurs
estiment qu'à longue échéance, l'exportation gratuite des
excédents ne peut pas se substituer à une aide structurelle aux
pays en développement. Ils espèrent qu'un jour ces pays vont se
développer, deviendront des partenaires normaux dans le commerce
international.
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