DISCUSSION
Les résultats obtenus au cours de cette étude
montrent que les paramètres biodémographiques de C.
maculatus varient en fonction de l'origine agro écologique de la
souche.
L'analyse des résultats observés au niveau de la
durée de vie montre que la longévité des adultes de cette
espèce ne dépasse guère 7 jours. Ces résultats
confirment les observations de Jonhson et al. (1989) en Cote d'Ivoire
où une longévité moyenne de 5,8#177;1,5 jours a
été enregistrée pour la méme espèce.
Ces résultats sont aussi en accord avec ceux obtenus
par Howe et Curie (1964), qui indiquent que les espèces du genre
Callosobruchus ne vivent en général que quelques jours.
Selon ces auteurs, plusieurs facteurs biotiques et abiotiques peuvent
influencer leur durée de vie ; ce sont les conditions de
développement des larves et la variation individuelle de la physiologie
des adultes.
D'après Ketoh (1998), il existe au sein d'une
population de C. maculatus, des individus qui vivent plus longtemps
que d'autres et la signification physiologique de cette variation biologique
est très importante car les adultes qui vivent plus longtemps sont
potentiellement résistants et échappent souvent aux
méthodes de contrôle utilisées pour lutter contre les
déprédateurs dans les stocks (Wellington, 1977).
Cependant, la durée de vie observée pour C.
maculatus est nettement inférieure à celle
enregistrée au Niger pour B. atrolineatus, espèce
pourtant sympatrique de ce ravageur en zone sahélienne, qui a une
durée de vie d'environ 30 j dans les mémes conditions
expérimentales (Doumma, 1998).
Par ailleurs, il ressort de nos observations que la
longévité de C. maculatus est fonction de l'origine
géographique de la souche
C'est ainsi que nos résultats ont permis de montrer des
différences significatives entre la longévité moyenne de
C. maculatus provenant des quatre zones agro écologiques du
Niger. L'étude ayant été menée dans les mêmes
conditions pour toutes les souches, on admet que ce sont les facteurs
environnementaux sous lesquels a lieu le développement de la souche
initiale notamment la températures, l'hygrométrie et la
photopériode qui sont à la base de ces variations.
L'étude de l'activité de ponte de C.
maculatus montre que le nombre d'oeufs pondus par cette bruche varie en
fonction de la souche utilisée. C'est ainsi que le nombre moyen d'oeufs
pondus est significativement plus important à Maradi que dans les
autres localités. Cependant, quelque soit la
localité considérée, le taux de
fertilité est importante et est supérieure à 90%. Ces
variations de la fécondité ont été observées
par certains auteurs sur la même espèce. Ainsi en étudiant
les paramètres démographiques de C. maculatus sur
plusieurs générations, Sanon et al. (1996) ont
trouvé une fécondité moyenne de 78,3 oeufs/femelle pour la
deuxième génération. Cette fécondité est
descendue à 41,2 oeufs/femelle pour la troisième
génération.
La durée d'éclosion varie peu dans toutes les
quatre localités (6 j à moins de 8 jours). Cependant,
la durée de développement montre des variations
importantes suivant les zones agro-écologiques. Elle est relativement
plus élevée dans la zone du fleuve (Gaya, Ayerou) où elle
est proche de 33 jours qu'à Maradi et Tchintabaraden où elle est
de l'ordre de 30 jours.
Dans la zone sahélienne du Burkina Faso, Sanon et
al. (1994) ont observé chez C. maculatus une
durée de développement moyenne de 30 jours. Par contre en zone
guinéenne, au Togo, (Glitho (1994) a trouvé pour le même
insecte une durée de développement moyenne de 33 jours.
Le taux de survie larvaire et le taux d'émergence
varient également en fonction de la souche. Ils sont plus importants
pour les souches des zones soudanienne et sahélo soudanienne que pour
celles des zones sahélienne et saharienne. Selon Nyamador (2009), les
taux élevés de survie larvaire et d'émergence sont
favorisés par les conditions climatiques de développement des
larves et la disponibilité du substrat de ponte. En effet, en
renouvelant tous les jours les graines de voandzou, cet auteur a
constaté que les femelles de C. subinnotatus ne déposent
qu'un à deux oeufs par graine et limite ainsi la compétition
intra spécifique chez les larves. Selon les travaux de Zannou (2000),
Booker (1967), Howe et Curie (1964) sur C. maculatus et de Desroches
et Huignard (1991) sur B. atrolineatus, lorsque la densité
larvaire intragranaire augmente, le taux de mortalité larvaire augmente
également ; mais le taux d'émergence diminue.
Le sex-ratio varie aussi en fonction des localités. .
Il est en faveur des femelles dans la zone du fleuve (plus de 50%) et en faveur
des mâles à Maradi et Tchintabaraden (moins de 50%). Ces
résultats corroborent ceux de Conny (1991) dans les conditions
climatiques de Niamey où il a trouvé un sex-ratio (pourcentage du
male) de 47% c'est-à-dire que celui de femelle 53%. Cette tendance n'a
pas été observée chez B. atrolineatus car Doumma
en 1998 constate que le sex-ratio n'est ni en faveur du male ni en faveur du
femelle
Les résultats sur l'évolution de la
fécondité moyenne journalière montrent que pour toutes les
localités, l'essentiel des oeufs est pondu pendant les trois premiers
jours de l'infestation comme cela a été observé chez de
nombreux bruchidae. C'est ainsi qu'en étudiant les paramètres
démographiques de B. atrolineatus en conditions naturelles et
contrôlées, Doumma (1998) constate
que le maximum des oeufs pondus dans les deux conditions se situe
au troisième jour.
Les travaux réalisés par Nyamador (2009) ont
montré que, la femelle de C. subinnotatus dépose
ème
l'essentiel de ses oeufs (80,83%) en 6 jours avec un pic au 3
jour au cours d'une durée moyenne de vie de 11,36 #177; 1,85 jours.
Ketoh et al. (2001) et Mbata (1990) ont respectivement
observé que la femelle de cette espèce de bruche dépose
75% des oeufs respectivement en 8 jours et en 4 jours.
L'évolution des émergences journalières
montre que pendant les trois premiers jours se sont les mâles qui
dominent à Maradi et Tchintabaraden, pendant que les femelles ont
tendance à dominer dans la zone du fleuve.
L'évolution de la mortalité des adules indique
que la mortalité débute dès les deux à trois
premiers jours de l'expérience alors que chez B. atrolineatus,
Doumma (1998) observe que la mortalité chez cet insecte
débute à J11 en conditions naturelles et à J13 en
conditions contrôlées.
Toutes ces variations montrent l'importance des facteurs du
climat et notamment la température, la photopériode et
l'humidité relative du milieu sur la dynamique des populations des
insectes. L'expérience ayant été menée dans les
mémes conditions climatiques pour toutes les souches, il semble que les
variations observées seraient liées aux conditions dans
lesquelles a lieu le développement des insectes. En effet, selon
Credland, (1990), Dick et Credland (1984) l'activité reproductrice de
C. maculatus varie en fonction de la souche utilisée.
De nombreux auteurs ont montré que le
développement et la reproduction des insectes sont influencés par
les facteurs climatiques dans lesquelles soit ils se sont
développés, soit ils se reproduisent.
Les travaux réalisés par Lale & Vidal, 2003,
ont permis de montrer que la variabilité observée dans la
fécondité des C. subinnotatus par rapport aux
données de la littérature serait liée aux conditions
climatiques et à la photopériode du milieu qui influencent
l'oviposition des femelles et le développement des larves avec un
optimum de ponte et de développement observé à 30°C.
Cette variabilité est liée aussi à la souche
utilisée comme cela a été observé chez C.
maculatus (Ouedraogo, 1991).
Les expériences réalisées par Schoof,
(1941) ; El Sawaf, (1956) & Currie, (1964) montrent que la durée de
développement de C. maculatus élevé sur des
graines du niébé varie en fonction des conditions thermiques et
hygrométriques.
Chez différents insectes tropicaux tels que les
Diptères Sarcophagirae (Denlinger, 1974,1979),
les lépidoptères Noctuidae (Jaquemard, 1976 ; Hackett et
Gatehouse, 1982) ou chez l'huménoptères Cynipidae
(Leptopidina boulardi) (Carton et Claret, 1982), des études
expérimentales au laboratoire
ont montré que la baisse de la température
d'élevage induisait la diapause (qui a lieu au stade numphal) chez ces
insectes.
Analysant les facteurs de mortalité chez B.
atrolineatus à différentes phases de développement
dans un agrosystème sahélien, Alzouma (1987) à
montré que les différences de mortalité observées
entre cultures pures de niébé et cultures associées (mil-
niébé) étaient dues à la différences de
microclimat prévalant au niveau de chacune de ces cultures.
Les travaux de Chauvin (1977) chez les
lépidoptères Kératophases portant bien adoptés
à des environnements secs, on montré de ce point de vue
l'importance des variations de l'humidité relative au cours du
développement embryonnaire.
En étudiant les paramètres démographiques
de B. atrolineatus en conditions naturelles et
contrôlées, Doumma (1998) a montré nettement que le
développement de B. atrolineatus est plus importants en
conditions contrôlées de températures et
d'hygrométrie qu'en situation proche de condition naturelles.
Les travaux de Monge et al. (1988) ont montré
que c'est essentiellement la diminution de la température en Novembre et
Décembre qui semble provoquer l'apparition de la diapause reproductrice.
Il apparaît ont-ils dit, au laboratoire, que l'induction de la diapause
reproductrice au stade adulte dépend des conditions thermiques dans
lesquelles a lieu le développement embryonnaire et post-embryonnaire.
Dès lors, tout récemment, en étudiant les
paramètres démographiques de C. maculatus en condition
naturelles au Burkina Faso, Sanon (1997) a montré que l'accroissement de
températures et de l'humidité relative entraîne chez cette
espèce sympatrique de C. maculatus, une augmentation de la
capacité intrinsèque d'accroissement et une diminution du temps
de génération.
L'analyse des résultats sur les paramètres
biodémographiques des descendants issus des larves s'étant
développées dans un milieu préalablement traité
avec B. senegalensis montre que le traitement n'a aucune action sur la
durée de vie de cette descendance.
Par contre, ce traitement a une influence sur le taux de
fertilité des oeufs pondus par la descendance provenant de ces larves.
En effet, Le taux de stérilité qui est de 1,98% dans le
témoin a considérablement augmenté pour atteindre une
valeur de 23,32% pour le traitement. Ce qui laisse supposer que le traitement
des larves ayant déjà pénétré dans la graine
affecte la fécondité des
adultes qui en sont issus.
Les résultats sur le taux d'émergence de ces
adultes montrent une chute considérable de ce dernier comparativement
au témoin. Il est de 89,32% dans le témoin contre 51,22% dans le
cas du
traitement. Ceci laisse supposer que B. senegalensis
semble avoir un effet résiduel sur
l'activitéreproductrice de la génération issue
des larves traitées en inhibant le développement embryonnaire et
post-embryonnaire.
Le traitement des larves par B. senegalensis affecte
aussi la durée de développement globale de la descendance qui est
relativement réduite comparativement au témoin. . En effet, cette
durée est de 30 jours en moyenne dans le témoin contre 27,26
jours dans le cas du traitement. Le taux d'accroissement des individus a
diminué, il passe de 0,12 dans le témoin à 0,072 dans le
cas du traitement.
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