1.7 L'impact des investissements chinois sur le financement
du développement de la R.D.Congo
Lors du Forum sino-africain de Novembre 2006, la chine a
annoncé la mobilisation sur trois ans de 10 milliards de dollars de
prêts concessionnels à destination de l'Afrique, ce qui va le
placer en 2011 parmi les principaux créanciers du continent africain.
Certes, la coopération sino-africaine n'est pas neuve,
puisque elle existe de puis plus d'un demi-siècle (elle a
fêté se cinquante ans en 2006). Mais elle est entrain de prendre
une nouvelle dimension,
notamment en R.D.Congo. le régime chinois a
publié en 2006 un document qui rend compte de la philosophie de sa
politique de coopération internationale.
La politique de coopération chinoise, que d'aucuns ont
baptisée « consensus de pékin », se fonde sur
l'égalité, la souveraineté et la non- ingérence.
Les gouvernements africains se voient dès lors offrir une aide un peu
moins avantageuse que l'aide officielle, mais dépourvue de
stabilité et le développement aux réformes, contrairement
au consensus de Washington qui donne la priorité aux réformes
comme préalable au développement74.
Mais les bailleurs de fonds occidentaux ont
généralement une toute autre analyse de la situation. La Banque
mondiale s'inquiète du peu de transparence qui entoure les financements
chinois et de l'impact que peuvent avoir ces prêts sur propres
critères de « confessionnalités » et lie ses
investissements à des contrats d'extraction de matières
premières. Le risque est grand de maintenir ces pays au rang peu
enviable d'exportateurs de matières premières,
c'est-à-dire de produits à faible valeur ajoutée et peu
créateurs d'emplois qui les excluent des chaînes mondiales de
production industrielle.
Pourtant, selon Alice SIndzingre, économiste du
développement au CNRS, si ces inquiétudes sont fondées, le
pire n'est certain : » les ressources naturelles peuvent certes devenir
une malédiction, mais ce n'est pas toujours le cas (...). Lorsque la
rente est bien gérée, la croissance est possible(...) surtout,
des flux financiers additionnels induisent une compétition
bénéfique(...) on peut ainsi estimer que les financements sans
conditionnalité de la chine donnent aux gouvernements une marge de
manoeuvre elle en conclut que « le monde multipolaire est en marche, avec
ses incertitude »75.
Une conclusion qui ne semble pas loin de partager le
commissaire européen au développement, Louis Michel? qui propose
de développer une coopération sino-européenne en Afrique.
En Afrique, ceux qui voient
74 Penny DAVIES, »chine and of poverty in
Africa-towards mutual benefit? », Diakonia et Euradad, 2007.
75 Alice SINDZINGRE, »la chine en Afrique : le
pire n'est pas sûr « in le monde Economie,
dans la chine une opportunité de s'affranchir de la
mainmise occidentale s'opposent ceux qui diagnostiquent une reproduction des
erreurs du passé. C'est notamment le cas en République
Démocratique du Congo où la chine annoncé en Septembre
2007, au nez et à la barbe de la mission d'évaluation du FMI
à Kinshasa, investir 6,5 milliards de dollars dans les infrastructures
congolaises.
Un protocole signé entre le ministre congolais des
infrastructures, des travaux public et de la reconstruction et un groupement
d'entreprises chinoises76 représenté par LICHANGJIN,
PDG de la chine Railway Engineering corporation, prévoit des
investissements dans les chemins de fer (3,4 milliards), les routes (2
milliards), les voiries (400 millions) et le bâtiment (758 millions pour
32 hôpitaux, 145 centres de santé, 5000 logements sociaux et deux
universités). En contre partie, la chine dispose d'un contrat
d'exploitation des ressources naturelles congolaises (8 millions de tonnes de
cuivre, 200.000 tonnes de cobalt et 372 tonnes d'or). Pour ce faire, les deux
regroupements d'entreprises chinoises et la Gécamines (à raison
de 68% pour la partie chinoise et 32% pour la congolaise). Cette
société de joint-venture a été baptisée
société congolaise minière (SOCOMIN) en décembre
2007, après deux mois de négociations à pékin.
Le remboursement des investissements chinois est garanti par
les concessions minières mises à disposition de la SOCOMIN, dont
la réparation du résultat d'exploitation se fera en trois
étapes, dite « de remboursement ou de paiement des travaux
d'infrastructure » pour un montant total de 3 milliards de dollars, 66% du
bénéfice net seront utilisés pour rembourser les travaux
d'infrastructure, les 34% restant étant répartis entre les
actionnaires. Après le remboursement et l'amortissement de tous les
investissements. La troisième étape sera celle de l'exploitation
commerciale, avec une répartition du dividende en fonction de la
clé 68% / 32% définie par le protocole. Afin d'assurer le
remboursement de ce financement, des conditions particulières,
validées durant trente ans, comprennent: « exonération
totale de tous les impôts, droits, taxes, douanes, redevances direct ou
indirects, à l'intérieur ou à
l'import et l'export, payables en RDC et ceux liés aux
activités minières et au développement d'infrastructures
de la société de joint-venture »77.
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