1 Villes, Label Unesco, et cours d'eau : Mise en
perspective des reconqurtes fluviales
1.1. Evolution des rapports ville/fleuve
Les cours d'eau sont les berceaux de toutes les grandes
civilisations. Les villes traversées par ces derniers se singularisent
par un échange d'influence considérable entre les hommes, la
terre et l'eau, ce qui garantit une architecture patrimoniale et un urbanisme
unique. Souvent, la reconnaissance mondiale de ce patrimoine, propulse les
villes à un rang plus élevé, elles deviennent alors une
vitrine ouverte sur le monde. Autrement dit « Le patrimoine urbain
constitue, à cet égard, un atout de plus en plus valorisé,
en particulier lorsqu'il est reconnu « Patrimoine mondial » par
l'Unesco»1. D'une part, ceci remet en question les
priorités d'aménagement de ces villes et impose une dynamique de
mise en valeur et de sauvegarde patrimoniale2.
D'autre part, les relations entre une ville et son cours d'eau
se trouvent bouleversées. Le but est donc d'identifier ces points de
confluence rattachés au classement Unesco. De plus, l'eau en ville est
un élément non négligeable pour la mise en place des
politiques d'aménagement, ainsi la gestion de la présence de
l'eau dans la ville, est une question qui ressurgit tout au long de l'histoire
du développement urbain3 .
Des études ont démontré la mutation des
rapports en faisant une analyse rétrospective des rapports villes
rivière à travers les temps. En effet Les relations ville-fleuve,
souvent complexes, ont évolué au cours de l'histoire urbaine de
l'imbrication à l'exclusion. Cette évolution passe par trois
phases urbanistiques bien distinctes4 :
-Celui d'une ville ouverte sur le cours d'eau jusqu'au
début du XXe siècle ; -Celui d'une ville tournant le dos au
fleuve au cours du XXe siècle ;
- Enfin, celui d'un retour vers le fleuve depuis les
années 1980.
Le schéma (figure 1) illustre bien les étapes de la
relation ville rivière en France
1 Sarah RUSSEIL, Les pouvoirs publics
locaux face aux processus de labélisation : l'inscription du site
historique de Lyon au patrimoine mondial, revue politiques et
aménagement public, volume 22, N
1 mars 2004.
2 Recommandations Unesco 2006
3 Aude CHASSERIAU, Jean-Pierre PEYON ; Le
projet île de Nantes, où comment la ville se réconcilie
avec son fleuve, N° 22, octobre 2004
4 Café géographique
Toulouse, Entre nature et aménagement, quels sont les rapports entre
une ville et un fleuve ? Toulouse, 24/10/2001
Figure 1 : Schéma représentant
l'évolution de la relation ville rivière à travers le
temps
Source : projet ile de Nantes
Figure 2 : 1 Positionnement du bâti classé au
patrimoine mondial de l'Unesco par rapport au cours d'eau. De gauche à
droite : Cas de Lyon Bordeaux et Albi.
Source : Naila SMATI
Limite des sites classés au patrimoine mondial Unesco
Nous pouvons conforter l'idée que le label Unesco est
un élément non négligeable, vue l'encrage des cours d'eaux
par rapport à la délimitation de la zone patrimoniale (Figure
2).
Cependant, la valorisation de cet héritage peu
améliorer l'image de la ville et donc être à l'origine de
l'émergence d'un nouveau référentiel global. Autrement
dit, plusieurs politiques d'aménagement se basent sur ce nouveau rang
pour réformer et combler les carences d'un point de vue
d'aménagement, d'esthétique ou de qualité de vie urbaine.
Le but est de favoriser le dialogue entre les différentes sphères
sociales naturelles politiques et patrimoniales.
Le fait que les territoires soient plus attractifs, peut
donner naissance à de nouvelles représentations sociales et de
nouvelles pratiques urbaines liées au fleuve. C'est ce que nous allons
donc tenter d'identifier à travers cette étude.
Pour illustrer les expériences menées dans ce
contexte-là, nous allons faire une mise en perspective des
différents cas de reconquête fluviale. Nous prendrons à
titre d'exemple la ville de Lyon et de Bordeaux qui depuis leur
patrimonialisation oeuvrent pour s'inscrire dans de nouveaux principes de
gestion des formes urbaines et naturelles dans la ville.
|