8. Plan sommaire du travail
Pour mener à bon port l'élaboration de
ce travail scientifique, son ossature se présente en deux chapitres qui
seront encadrés par une introduction avant d'aborder le premier chapitre
et au finish, par une conclusion après avoir étayé le
second chapitre.
Le premier chapitre porte sur les facteurs de la
puissance des États sur la scène internationale et le second
concerne les forces et les faiblesses de la République
Démocratique du Congo en relations internationales africaines. Dans ce
second chapitre, après avoir épinglé les atouts majeurs
dont dispose la RDC et ses insuffisances, nous allons proposer certains
mécanismes ou stratégies en guise de pistes de solution pouvant
permettre à la RDC d'occuper une place importante sur la scène
internationale africaine ou dans le concert des nations.
10
Chapitre I. Les facteurs de la puissance des
États
sur la scène internationale.
Etant donné qu'on ne saurait pas mener une
étude sur les forces et les faiblesses de la RDC en relations
internationales africaines sans préalablement connaître les
facteurs influençant la puissance des États, il sied de se
pencher d'abord sur ce que sont particulièrement les relations
internationales africaines et de passer en revue les facteurs de puissance tels
qu'ils sont retenus par les spécialistes pour enfin les appliquer sur le
cas de la RDC.
I. Commentaires des spécialistes sur les
Relations Internationales Africaines6
L'expression « relations internationales »
en soi se réfère à deux objectifs différents. Le
premier est d'ordre pratique et le deuxième d'ordre théorique. En
tant que pratique, les relations internationales sont un secteur de
réalité sociale, elles donnent à se lire à travers
les interactions, elles mettent en contact plusieurs États ou les
ressortissants de plusieurs États.
Dans la deuxième acception, c'est-à-dire
en tant que théorie ou science, les relations internationales sont une
discipline scientifique, un domaine du savoir ayant un objet ou domaine
d'étude, un ensemble de méthodes et un corpus de propositions
considérées comme vraies7.
Entendue à la lettre, l'expression «
relations internationales africaines » pourrait surprendre si elle
signifiait que les relations en question sont les relations entre les nations
africaines. Même si on admettait que les nations sont des
réalités incontestables, la définition des
6 P.-F. GONIDEC, Relations internationales
africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, Pp.1-7.
7 G. NGOIE TSHIBAMBE, Cours de Relations
Internationales I, Inédit, G1 R.I., F.S.S.P.A, U.O.B., 2006-
2007.
Relations Internationales Africaines n'aurait pas fait
un grand pas du fait que le concept de nation n'est pas entendu par tous de la
même façon8. Les difficultés seraient-elles
résolues si on établissait une équivalence entre les
termes << nation » et << État » ? Ainsi, dans
l'expression << organisation des nations unies », le terme <<
nation » désigne en fait des États, puisque les membres
d'une organisation ne peuvent être que des États. L'expression RIA
signifierait alors « relations interétatiques », l'État
étant naturellement représenté par les gouvernants
habilités à agir dans l'ordre international.
La combinaison d'un critère d'ordre
géographique (l'espace considéré), d'un critère
d'ordre structurel (les éléments composant la région
étudiée), d'un critère d'ordre temporel (la période
de temps retenue) et d'un critère d'ordre matériel (les
problèmes constitutifs de l'étude) doit permettre de
définir ce que nous entendons par RIA.
Le qualificatif << africaine » indique
clairement que, d'un point de vue géographique, les relations
étudiées ne concernent qu'une fraction de la planète, la
région << Afrique ».
Cependant, l'idée qu'il puisse exister une
telle région est parfois contestée par les internationalistes.
REUTER et COMBACAU affirment : << l'Afrique n'existe guère comme
être autonome et comporte au moins deux mondes, l'Afrique noire et
l'Afrique arabe9 ». Une telle opinion, même si elle est
assez répandue, ne saurait être acceptée. Plusieurs
arguments militent en faveur de la reconnaissance d'une région
africaine.
D'un point de vue strictement géographique, on
peut invoquer la proximité, le voisinage qui fait de l'Afrique un
continent. Mais comme le souligne avec pertinence BIPOUN WOUM : << si le
voisinage géographique
8 Anonyme, Divers, l'idée de nation,
cité par P.- F. GONIDEC, Relations Internationales
Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.1.
9 REUTER et COMBACAU, cités par P.-F. GONIDEC
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.2.
12
est un élément nécessaire de la
région, il n'est guère suffisant, même pour
délimiter la région dans l'espace international
».
Le facteur historique peut également être
pris en considération. A juste titre, M. M'BOW10, ancien
directeur général de l'UNESCO, observe que pendant longtemps,
« le continent africain n'était presque jamais
considéré comme une entité historique ». L'accent
était mis sur la division de l'Afrique en Afrique noire et Afrique
blanche. Un des objectifs de l'histoire générale de l'Afrique,
publiée sous les auspices de l'UNESCO, est précisément de
mettre en lumière « l'unité historique de l'Afrique et les
relations de celle-ci avec les autres continents11 ». Selon
l'historien Burkinabé Joseph KI-ZERBO, « cette histoire ne saurait
être autre que l'histoire des peuples africains dans son ensemble,
envisagée comme une totalité englobant la masse continentale
proprement dite et les îles voisines, comme Madagascar, selon la charte
de l'OUA ».
Aux arguments d'ordre géographique et
historique, on peut ajouter un argument d'ordre culturel. Aussi bien L.S.
SENGHOR que KWAME NKRUMAH ont souligné qu'il existe un ensemble de
valeurs de civilisations communes à tous les africains. L'un parle
d'africanité et l'autre de personnalité africaine.
Enfin, un dernier facteur peut être
invoqué, qui est d'ordre juridique. Sur un plan général,
BIPOUN- WOUM a pu consacrer un ouvrage au droit international africain dont
l'existence avait été affirmée par Alvarez dès
1959. Sur le plan institutionnel, ceci s'est traduit notamment par la
création d'une organisation internationale régionale (OUA,
aujourd'hui UA) et par la mise en place d'antennes régionales (ou
sousrégionales) des organisations internationales à vocation
universelle. Ajoutons que la volonté des africains de se
considérer comme faisant
10 M. M'BOW, Préface à l'histoire
générale de l'Afrique, Paris, UNESCO, Vol. I, 1980, P.13.
11 Ibidem.
partie d'un ensemble régional est
attestée par l'existence à l'ONU d'un groupe
africain.
Ainsi alors, la prise en considération d'un
critère géographique permet de considérer la région
« Afrique » comme le lieu des relations internationales ayant ses
caractéristiques propres, une certaine spécificité. Cela
dit, l'expression RIA renvoie à 3 réalités12
:
1. Les relations qui existent à
l'intérieur de la région entre ses éléments
composants ;
2. Les relations entre l'Afrique et le reste du monde
ou certaines de ses parties (l'Europe par exemple ou bien tel ou tel
État ou groupe d'États non africains) ;
3. Ces deux sortes de relations à la
fois.
Pour cette étude, les RIA sont prises au sens
de la troisième réalité quand nous nous
référons à Pierre François GONIDEC.
Nous ne pouvons ignorer le fait que l'Afrique est
partie intégrante de la société internationale, ce qui se
manifeste juridiquement par sa présence dans les organisations
internationales universelles, politiquement, par sa volonté
affirmée de participer au règlement des affaires internationales
et les relations qu'elle entretient avec les autres États et les
organisations régionales (l'union européenne ou la ligue arabe
par exemple). Nous ne pouvons pas non plus négliger le fait que les RIA
telles que nous les envisageons, sont plus ou moins influencées par les
facteurs extérieurs à l'Afrique, ce qui soulève le
problème de savoir dans quelle mesure le sous-système africain
est autonome, sinon indépendant. Pour sa part, ZARTMANN13
affirme prudemment : « un système africain subordonné
autonome possédant certaines caractéristiques
identifiables
12 P.-F. GONIDEC, Op Cit., P.10.
13 N.I. ZARTMANN, Africa as subordinate state
system in International Relations, international organisation, sl, 1967,
Pp.545-564.
14
semble exister et être capable d'exécuter
certaines fonctions limitées dans certaines conditions
».
L'existence d'une région « Afrique »
justiciable d'une étude du point de vue des relations internationales
étant admise, il se pose un second problème qui est d'ordre
structurel. Pour reprendre les termes utilisés par Braillard, quels sont
les éléments composants du soussystème africain
?
La réponse à cette question
dépend de la conception que le chercheur se fait des R.I. en tant que
discipline particulière14.
Selon une conception étroite,
prônée par certains historiens (DUROSELLE par exemple),
sociologues (R. Aron) ou juristes (COLLIARD, S. DREYFUS), l'analyse devrait
être centrée sur les États en tant
qu'éléments composants les plus importants de la
société internationale globale ou restreinte. Par la suite, dans
cette conception, les autres éléments ne sont sans doute pas
complètement négligés mais ils ne seraient pas dignes de
la même attention. Il en résulte que les R.I. sont essentiellement
les relations entre les États, les relations
intergouvernementales.
Pour ce qui concerne l'Afrique, il faut
reconnaître que les États occupent une position centrale sur la
scène internationale même si certains observateurs les
considèrent parfois comme des États fictifs. Ils doivent cette
considération au fait que pendant des décennies, voire des
siècles, les pays africains ont été l'objet de domination,
de droit et/ou de fait, exercée par des États non africains
(européens). Par suite, pendant une période plus ou moins longue,
ils ont été mis dans l'incapacité d'influer sur le cours
des Relations Internationales. A partir du moment où des États
naissent (ou renaissent) comme conséquence de l'action menée par
les mouvements de libération, soutenus par certains États et par
différentes
14 Cf. P. M. MORGAN, cite par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P. 4.
organisations, y compris les organisations
internationales (SDN et ONU notamment)15, il est nécessaire
qu'ils s'efforcent d'affirmer avec vigueur leur souveraineté, qui leur
confère un droit à participer à la vie internationale. Au
moment où une partie de la doctrine part en guerre contre l'idée
de souveraineté, les États africains affirment au contraire avec
force la souveraineté conquise ou reconquise et prennent des distances
par rapport à l'idée d'une prétendue communauté
internationale, qui impliquerait que l'État devrait être
ravalé au rang d'élément secondaire de la
société internationale.
A l'époque actuelle, l'existence des
États africains jaloux de leur souveraineté, une
souveraineté de conquête (conquise ou reconquise) est un fait
qu'on ne peut ignorer. Cela dit, on peut discuter à l'infini sur
l'État africain, non pas en tant que concept, mais en tant que
réalité sociologique. Le fait, incontournable, est que les
États africains, faibles ou puissants, grands ou petits, riches ou
pauvres, pacifiques ou belliqueux, démocratiques ou non, existent et
doivent être reconnus, au même titre que les autres États,
comme « la structure élémentaire et immédiate
à partir de laquelle se construisent les rapports
internationaux16 ».
En dehors du facteur spatial et du facteur structurel,
un troisième facteur, d'ordre temporel, doit être
précisé pour délimiter le champ d'étude des
Relations Internationales Africaines. Celles-ci pourraient être
abordées dans une perspective diachronique. Certains auteurs ont
d'ailleurs parfois déploré qu'une plus grande attention ne soit
pas accordée à l'aspect historique des
problèmes17.
L'accession à l'indépendance marque, en
effet, non pas exactement une rupture avec la période antérieure,
mais le point de départ
15 Sur les mouvements de libération, voir le
« Que sais-je ? » de GANDOLFI et surtout la thèse de HASBI
(Reins). Consulter l'Annuaire du Tiers-monde (ATM), notamment l'année
1974-1975. Voir G. CHALIAND, Lutte armée en Afrique, cités par
P.-F. GONIDEC, Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA,
1996, P. 4.
16 M. MERLE, cité par P.-F GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.12.
17 T. M. SHAW et B. BARRY; cités par P.-F.
GONIDEC, Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996,
P.5.
16
d'une nouvelle période. D'une part,
l'État africain, né de la colonisation, sans être toujours
la reproduction pure et simple de l'État colonial, a été
façonné par ce dernier et conserve son empreinte. En ce sens, on
peut parler d'État nouveau par rapport à l'État
précolonial. D'autre part, à partir du moment où leur
souveraineté est reconnue, les États africains sont en mesure, si
les gouvernants en ont la volonté et la capacité, d'être
des parties prenantes et non plus des parties prises dans la vie
internationale18. Cette situation n'est d'ailleurs pas exempte des
contradictions.
D'une part, les africains manifestent, au plan du
discours, la volonté de régler eux-mêmes leurs propres
affaires et différends. D'où l'idée de «
self-reliance » utilisée aussi bien au plan national qu'au
plan régional. Mais d'un autre côté, l'insuffisance des
ressources disponibles, dont dépend la capacité d'action, les
conduit à solliciter plus ou moins l'aide internationale et à
s'ouvrir sur le monde extérieur, ce qui risque de limiter leur
liberté de manoeuvre en créant de situation de
dépendance19.
S'agissant des RIA, sont internationaux tous les
phénomènes sociaux qui ont un rapport avec la région
considérée soit parce qu'ils concernent les relations entre ses
éléments composants, soit parce qu'ils influent sur ces
relations.
La compréhension de ce que sont les relations
internationales africaines ayant été faite dans cette
première section, notre démarche consiste maintenant en l'analyse
des facteurs de la puissance des États sur la scène
internationale ou en relations internationales dans une seconde
section.
18 Expression utilisée par Moh. BEDJAOUI, pour
un nouvel ordre économique international, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.6.
19 Cf. J. KI-ZERBO, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.6.
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