Chapitre II. Des forces et faiblesses de la RDC en
Relations Internationales Africaines.
Après avoir présenté les
différents facteurs influençant la puissance des États sur
la scène internationale dans le premier chapitre, il convient maintenant
de relever, dans ce second chapitre, les pôles d'influence ainsi que ceux
d'insuffisance de la RDC sur la scène internationale africaine. C'est
pourquoi un accent sera mis sur les facteurs de puissance dont dispose la RDC
avant d'évoquer la matérialisation de sa puissance et enfin,
envisager quelques pistes de solution pour son passage de la puissance
potentielle à la puissance réelle.
II. 1. Les facteurs de puissance de la RDC
Stratégique de par sa position
géographique, la RDC l'est aussi par l'abondance et la
variété de ses ressources naturelles. Au cours de la
conquête, les belges avaient qualifié, à juste titre, la
RDC de « scandale géologique ». D'autres continuent à
lui donner des qualificatifs de scandale sur plusieurs plans. C'est ainsi qu'on
parle de scandale géologique en premier lieu, le deuxième
scandale étant celui énergétique et le troisième
est lié à l'agriculture et à sa
biodiversité37. C'est pourquoi, pour relever ses forces ainsi
que ses faiblesses, nous allons chaque fois nous référer aux
facteurs de puissance évoqués dans le premier chapitre et cela
sur chaque plan traité.
II.1.1. Sur le plan géostratégique
La position de la RDC au centre de l'Afrique est une
donnée permanente dont tout pouvoir politique doit tenir compte. Non
sans raison, l'écrivain Frantz FANON avait présenté ce
pays comme la « gâchette » du
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continent38. Cette position fait qu'elle
soit traversée par l'équateur qui lui fait
bénéficier d'un climat variable au nord et au sud de cette ligne,
surtout par rapport aux saisons de pluie. Elle recèle non seulement la
moitié des réserves mondiales de cobalt, métal hautement
prisé dans l'aéronautique, mais aussi s'impose comme l'un des
quatre principaux producteurs de diamant brut avec le Botswana, l'Australie et
la Russie. A ces atouts s'ajoutent la fertilité de ses sols abondamment
arrosés et la détention du pactole de l'eau de ses fleuves (Congo
et shiloango), convoitée du nord au sud du continent avec, comme
corollaire, la possession d'un potentiel hydroélectrique
considérable. Le fleuve Congo est le deuxième au monde par son
débit (40 000 m3/s), après l'Amazone (200 000
m3/s) et avec ses affluents, ils constituent le second bassin le
plus étendu au monde (3,8 millions de Km2) après celui
du grand fleuve sud-américain, l'Amazone (6,95 millions de
Km2).
Par lui, le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest du
continent peuvent être reliés de part en part. Une route, une voie
ferrée partant de la pointe la plus septentrionale de l'Afrique ne peut
joindre le cap de bonne espérance qu'en la traversant. La RDC aurait pu
être le carrefour des voies de communication dans le sens Nord-sud et
Est-ouest au centre du continent. D'autant qu'elle est entourée de neuf
pays auxquels elle doit avoir accès par des voies de communication
fiables d'une part, et est délimitée, sur une trentaine de
kilomètres, par l'océan atlantique d'autre part, elle est le seul
pays à avoir autant des voisins39.
Les ressources en eau et le potentiel de l'huile
blanche que recèle le Congo représentent également un
enjeu majeur. Le Congo fait, en outre, partie de l'espace géographique
sous-régional, constitué des grands lacs africains qui baignent,
en plus de lui-même, le Malawi, le Mozambique, la Zambie, la Tanzanie, le
Burundi, le Rwanda, le Kenya et l'Ouganda. De ces pays, seule la RDC partage
cinq frontières lacustres40. Ces caractéristiques
confèrent
38 M. #177;F. CROS et F. MISSER, Op. Cit., P.26.
39 V. de Paul LUNDA BULULU, Conduire la
première transition au Congo-Zaïre, Paris, Editions
L'Harmattan, 2003, Pp. 243-245.
40 Ibidem, Pp. 243-245.
au pays, vu sa taille et l'importance de son couvert
forestier, garantie de fertilité, un potentiel agricole
considérable et d'une exceptionnelle biodiversité que les
colonisateurs belges avaient beaucoup développés.
La taille du pays et sa localisation
géostratégique au coeur de l'Afrique expliquent également
pourquoi la République Démocratique du Congo est un acteur
clé de l'intégration politique et économique africaine
(sur le plan économique), même s'il est encore loin d'être
en mesure de jouer pleinement son rôle. En raison de ses ressources en
eau et en électricité, la RDC est un important partenaire de la
stratégie des organisations sectorielles créées par la
SADC tels le SAPP ou le SATCC.
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