Première partie:
La politique, les acteurs et les
stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile dans
l'espace urbain de Bamako
Introduction
L'objectif de cette partie est d'analyser la politique de la
télécommunication au Mali, les acteurs et les stratégies
dans le domaine de la téléphonie mobile. Le secteur de la
télécommunication mobile a subit une évolution
effrénée depuis plus d'une décennie dans les villes
maliennes suite à la reforme politique du secteur des
télécommunications. Le téléphone mobile est devenu
un outil incontournable en matière de relation interpersonnelle.
Les stratégies des opérateurs doivent être
en corrélation avec la politique gouvernementale, car les
opérateurs héritent d'un cahier des charges qui impose souvent la
technologie à utiliser. C'est le cas des réseaux mobiles
global system for mobile Communication (GSM) où la technologie
est indiquée.
Cette volonté politique a favorisé le
développement de la téléphonie mobile. Ainsi, se
développent des dynamiques et des stratégies des acteurs
(État, opérateur, usagers, etc.) dans l'espace urbain.
Le téléphone mobile réservé pour
ceux qui avaient le moyen, il y a quelques années, est devenu un outil
populaire grâce à la reforme politique du gouvernement.
Nous examinons ici, les comportements spatiaux des acteurs
qui sont souvent conçus pour expliquer et prévoir la localisation
des opérateurs.
Chapitre 4: La politique
de la télécommunication au Mali
Face à l'Union International des
télécommunications (UIT), le poids de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) s'est imposé depuis 1994 dans le secteur des
télécommunications. L'Accord Général sur le
Commerce des services (AGCS) relatif aux télécommunications
traite des mesures qui affectent l'accès au service public et l'usage
des réseaux de transport. A la demande du gouvernement malien, une
équipe d'experts de l'UIT a réalisé en mai - Juin 1995 une
mission de conseil dans le but de reformer le secteur. La mutation des
opérateurs de télécommunications résulte du
processus de la mondialisation de l'économie, des avancées
technologiques permettant l'émergence de nouveaux services et
l'entrée de nouveaux exploitants, de la croissance de la part des
services dans le commerce mondial et du mouvement des capitaux. Tout ceci
oblige les opérateurs à affronter une plus grande concurrence de
fait.
L'entrée en vigueur de l'AGCS en 2005 n'a pas
apporté beaucoup de changements dans le secteur, au moins en ce qui
concerne les services de base. Le secteur de la
télécommunication considéré comme très
rentable avec des retours sur investissement plus rapides, est l'un des
premiers à être visé par les Institutions
Financières Internationales (IFI) (Banque Mondiale et Fonds
Monétaires Internationales). Elles interviennent dans le cadre des
programmes d'ajustement structurels ou autres cadres stratégiques de
lutte contre la pauvreté. Leur approche libérale a pour but
d'assainir les indicateurs macroéconomiques des pays qui demandent de
prêts, toujours avec la même recette : augmenter les
impôts, couper les dépenses, vendre ce qui est rentable. De ce
point de vue, la Banque Mondiale a financé dès le début du
programme de la reforme du secteur des télécommunications. Le
Mali étant un pays sous programmes d'ajustement structurels, tout
prêt à long terme à une entreprise publique, y compris pour
financer des investissements visant à en améliorer les
équipements et les performances, est normalement interdit par la
Banque : cela augmente la dette de l'État et contredit la directive
de désengagement à laquelle est subordonnée son aide.
Même si dans certains cas ; la Banque mondiale est obligée de
céder du fait des particularités de la situation
économique et sociale du pays (MELE et SANGARE, 2005).
Cette démarche a longtemps rencontré des
obstacles politiques, les gouvernements ne voyant aucune urgence à
transformer l'environnement économique et institutionnel de ce secteur
généralement rentable.
Partant de là, le gouvernement du Mali a adopté
une déclaration de politique sectorielle des
télécommunications en 2000 qui définit les orientations,
les enjeux et les bénéfices attendus de la réforme du
secteur. L'Ordonnance N° 99-043/P-RM du 30 septembre 1999, ses
décrets et arrêtés d'application régissent les
télécommunications en République du Mali. Avec ces textes
réglementaires, le gouvernement est déterminé à
établir la transparence et une concurrence loyale dans le secteur des
télécommunications et à reprendre le processus d'ouverture
par un appel d'offre international pour l'octroi, avant la fin de
l'année 2000, d'une licence à un opérateur privé.
Ce dernier deviendra le concurrent de l'opérateur historique dans tous
les services de télécommunications y compris les services mobiles
et internationaux.
Ces textes créent un environnement favorable au
développement des télécommunications et en particulier la
téléphonie mobile.
Cette réforme a produit des progrès notables
notamment en matière de télé-densité, même si
celle-ci reste encore faible, soit 3,94 lignes pour 100 habitants en zones
urbaines et 0,07 lignes pour 100 habitants en zones rurales au moment de
l'introduction du second opérateur (Orange Mali). Le taux d'accès
aux services de télécommunications a été ainsi
amélioré. Ce qui a permis au Mali de se placer à la
8ème place au sein de la Communauté Économique
des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) abandonnant ainsi son rang de
12ème sur 15 précédemment et de passer de la
41ème place à la 28ème au sein de
l'Afrique Subsaharienne.
Quant à la reforme, elle a été faite en
deux étapes :
· la séparation de la poste des
télécommunications et la création d'une
société d'État des télécommunications,
(SOTELMA) en 1989 ;
· la libéralisation du secteur des
télécommunications qui sera couronnée par la privatisation
de l'opérateur historique, la SOTELMA.
La stratégie de privatisation de la SOTELMA retenue a
consisté à céder 51% du capital au partenaire
stratégique, tandis que 19% du capital ont été
cédés au grand public et 10% réservés aux
salariés de la société, par la signature du contrat de
cession le 6 juillet 2009. La privatisation de la SOTELMA génère
une nouvelle ère dans la régulation des
télécommunications au Mali avec le changement de statut de la
SOTELMA, de société d'Etat à 100% à celle à
capital majoritaire privé.
Cependant, la libéralisation de ce secteur consiste
à rendre libre l'accès à une activité
économique pour différents agents économiques. Elle
signifie la fin du monopole de l'opérateur historique dans le secteur de
la télécommunication définie par l'autorité
publique.
La possibilité offerte à d'autres
opérateurs d'intervenir dans le même secteur est un moyen de
stimuler la concurrence, qui a pour but d'encourager l'innovation, la
qualité de service et la baisse des prix pour les usagers.
Dans une large mesure, la privatisation ne se réduit
pas à un non-engagement de l'État par la vente d'actifs publics.
Elle consiste à développer la place dévolue au secteur
privé. L'octroi d'une licence d'exploitation à Ikatel devenu
Orange Mali, opérateur privé, participe de la privatisation.
Dans le cadre de l'extension du nombre des abonnés,
chose souhaitée par la politique du gouvernement, le Mali dispose depuis
le 1er novembre 2008 d'un nouveau plan de numérotation
téléphonique à 8 chiffres. Avec ce nouveau plan, de
nouvelles perspectives s'ouvrent au développement du secteur de la
téléphonie mobile. En effet, le nouveau plan de
numérotation à 8 chiffres offre un potentiel de 100 millions de
numéros (cf. annexe IV). Il a l'avantage de permettre aux
opérateurs d'étendre leurs réseaux et de donner à
l'État malien la possibilité d'introduire sur le marché de
nouveaux opérateurs.
En plus de tout cela, la libéralisation et la
privatisation du secteur ont contribué à la dynamique de
développement (l'augmentation de l'accès à l'information,
le partage rapide des connaissances entre les personnes et la contribution
à la construction du social). Cependant, cette dynamique est en grande
partie concentrée dans les espaces urbaines et particulièrement
à Bamako. Le téléphone mobile est devenu une alternative
pour ceux qui n'avaient pas le moyen de se procurer un téléphone
fixe parce que l'accès à une ligne fixe demandait plus
d'investissement au gouvernement.
L'accès au service de la téléphonie
mobile est un enjeu essentiel pour la majorité de la population.
Aujourd'hui, il permet à beaucoup de secteurs et de citoyens
d'accéder à moindre coût à l'information. Il a
facilement intégré le quotidien des usagers dans la ville de
Bamako. Pour un accomplissement parfait de la politique gouvernementale, il
faut des acteurs pour servir les consommateurs que sont les opérateurs.
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