INTRODUCTION
1) OBJECTIF
L'objectif poursuivi dans le cadre du présent
travail est d'apporter une contribution à la réflexion sur la
question relative à la libération de l'entrepreneuriat
privé en République Démocratique du Congo, en nous basant
sur l'esprit d'entreprise manifeste dans les initiatives des
micro-entrepreneurs du secteur informel.
Puisqu'il existe un lien entre pauvreté et
secteur informel, étant donné que les activités
informelles sont menées dans la lutte pour la survie, pour faire face
à la situation de pauvreté, il s'agit plus spécifiquement
de valoriser ces activités grâce à une attention soutenue
dans le cadre des structures d'encadrement et de promotion de
l'entrepreneuriat.
L'analyse de la situation des récipiendaires
de la session de formation en »Boulangerie et Pâtisserie»
organisée en 2006 à la paroisse cathédrale Notre-Dame du
Congo doit nous permettre d'identifier leurs besoins et problèmes
spécifiques et de proposer une solution appropriée.
2) PROBLEMATIQUE
Notre étude porte sur « l'incidence de
l'entrepreneuriat sur la réduction de la pauvreté
».
La pauvreté est un phénomène
ancien, un phénomène aussi vieux que l'humanité. Elle pose
et a toujours posé problème. La Bible, dans plusieurs de ses
passages, parle de la pauvreté et des pauvres....et de la faim. A titre
exemplatif, nous citons : « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de
Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim, car vous serez
rassasiés. » (Lc. 6, 20 - 21). Ou encore : « Vendez vos biens,
et donnez-les en aumône. Faites vous des bourses qui ne s'usent pas, un
trésor inépuisable dans les cieux, où ni voleur n'approche
ni mite ne détruit. Car où est votre trésor, là
sera votre coeur. » (Lc 12, 33) ; « Main nonchalante appauvrit, la
main des diligents enrichit. » (Pr 10, 4) ; « Malheur à ceux
qui décrètent des décrets d'iniquité, qui
écrivent des rescrits d'oppression pour priver les faibles de justice et
frustrer de leur droit les humbles de mon peuple, pour faire des veuves leur
butin et dépouiller les orphelins. » (Is.10, 1 - 2).1
etc....
La bible est un livre écrite sur une longue
période de plus de mille ans allant de l'an 1000 avant
Jésus-Christ jusqu'en 125 après Jésus-Christ, et les
quelques versets cités ci-haut montrent qu'à cette
époque là déjà, la pauvreté et la faim
étaient des
1 Tous ces versets sont tirés de La Bible de
Jérusalem, Edition du Cerf/verbum bible, 2002
réalités sociales et constituaient des
problèmes auxquels il fallait apporter des solutions. Autant l'Ancien
Testament que le Nouveau Testament en fait échos.
Dès le début de son discours sur les
béatitudes, Jésus -Christ rend compte de l'existence des pauvres
et de la faim : »Heureux, vous les pauvres...» ; »Heureux, vous
qui avez faim...». Dans un autre contexte, il en appelle à la
solidarité en demandant aux nantis de vendre leurs biens pour en
partager le fruit avec les pauvres. Si la littérature de sagesse
considère parfois la pauvreté comme conséquence de la
paresse, les prophètes, quant à eux, savent que les pauvres sont
avant tout les opprimés et ils réclament justice pour les
faibles, les petits et les indigènes.
Et l'Eglise a fait de l'amour pour les pauvres une
tradition constante. A ce sujet, les articles 2443 et 2444 du Catéchisme
de l'Eglise catholique indiquent ce qui suit2 :
· Dieu bénit ceux qui viennent en aide
aux pauvres et réprouvent ceux qui s'en détournent : »A qui
te demande, donne ; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos»
(Mt 5, 42). »Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement»
(Mt10, 8). C'est à ce qu'ils auront fait pour les pauvres que
Jésus-Christ reconnaîtra ses élus. Lorsque »la bonne
nouvelle est annoncée aux pauvres» (Mt 11, 5), c'est le signe de la
présence du Christ ;
· « L'amour de l'Eglise pour les pauvres
(...) fait partie de sa tradition constante.» Il s'inspire de
l'évangile des béatitudes, de la pauvreté de Jésus
et de son attention aux pauvres. L'amour des pauvres est même un des
motifs du devoir de travailler, afin de « pouvoir faire le bien en
secourant les nécessiteux » (Ep 4, 28). Il ne s'étend pas
seulement à la pauvreté matérielle, mais aussi aux
nombreuses formes de pauvreté culturelle et religieuse.
A la suite de l'Eglise, la Communauté
internationale a fait de la pauvreté une préoccupation et s'est
engagée à la combattre au point de rechercher son
éradication.
Le PNUD indique alors qu' « en septembre 2000,
les dirigeants du monde réunis sous l'égide des Nations Unies,
ont adopté la Déclaration du Millénaire, engageant ainsi
leurs pays à consentir des efforts plus importants au plan international
en vue de réduire la pauvreté, d'améliorer la santé
et de promouvoir la paix, les droits de l'homme et un environnement durable.
Les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD), qui sont
les fruits de cette déclaration, sont spécifiques et mesurables.
L'un d'entre eux vise à réduire, entre 1990 et 2015,
l'extrême pauvreté qui accable toujours plus d'un milliard de
personnes de par le monde. Ces objectifs, et l'engagement pris par les pays
riches et pauvres de les atteindre, ont été
énoncés
2 Catéchisme de l'Eglise Catholique,
Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/Librairie Editrice Vaticane, Paris, 1998
dans le Consensus de Monterrey3 qui s'est
dégagé à l'issue de la Conférence des Nations-Unies
sur le financement du développement, en mars 2002, et
réaffirmés lors du Sommet mondial sur le développement
durable et du lancement du cycle de Doha4 sur le commerce
international. »5.
Aux termes de la déclaration du
millénaire de l'ONU, les 189 pays qui l'ont adoptée se sont donc
engagés « à faire du droit au développement une
réalité pour tous et à mettre l'humanité à
l'abri du besoin6 ». A cet engagement correspond un ensemble de
huit objectifs qu'elle fixe. L'objectif 1, qui cadre avec notre travail, est de
»Réduire l'extrême pauvreté et la
faim».
Pour établir une définition plus
approfondie de ces objectifs, un groupe d'experts a mis au point un ensemble
exhaustif de cibles et d'indicateurs pour chacun des OMD. Ainsi pour l'objectif
1, deux cibles ont été définies : »réduire de
moitié, de 1990 à 2015, la proportion de la population dont le
revenu est inférieur à 1 dollar par jour» (cible 1), et
`'réduire de moitié, de 1990 à 2015, la proportion de la
population qui souffre de faim» (cible 2).
Cet état des choses amène des
gouvernements de pays sous-développés à déployer
des efforts pour mettre en place des politiques et des programmes
macroéconomiques, structurels et sociaux visant à encourager la
croissance et à réduire la pauvreté. Ces politiques et
programmes sont consignés dans des Documents de Stratégie de
Croissance et de Réduction de la Pauvreté
(DSCRP)7.
L'on a toujours dit et on dit de la République
Démocratique du Congo qu'elle est un scandale géologique au
regard d'un coté de la richesse des potentialités minières
dont regorge son sous-sol et de l'autre de la criante pauvreté qui
caractérise la grande partie de la population vivant sur son sol. Il y a
certainement une part de vérité dans une telle façon de
présenter les choses, et nos propos trouvent un soutien aussi bien chez
KODILA que chez IYENDA.
3 Le Consensus de Monterrey est un document issu de la
Conférence internationale sur le financement du développement,
qui s'est tenue à Monterrey au Mexique en mars 2002. Lors de cette
conférence, une soixantaine de chefs d'Etat et de Gouvernement
étaient réunis, représentant aussi bien les pays du Nord
que du Sud ainsi que les responsables des institutions
spécialisées des Nations Unies. Le document, fruit de leurs
délibérations, comporte un ensemble de mesures à adopter
aux plans national et international afin d'offrir des conditions de vie plus
humaines et plus acceptables aux populations des pays pauvres.
4 Le cycle de Doha est une ronde de négociations, d'une
durée de trois ans, effectuée sous l'égide de l'OMC
(Organisation mondiale du commerce). Elles portent surtout sur la «
libéralisation du commerce international », et avaient comme
objectif explicite le « développement » de ce qu'on appelait
naguère le « Tiers-Monde ». La conférence
interministérielle de Doha (Qatar) a eu lieu du 9 au 13 novembre 2001,
tandis que la quatrième conférence ministérielle de l'OMC
lançait un nouveau cycle de négociations multilatérales
(commencées au sein du GATT, le prédécesseur de l'OMC),
baptisé « cycle du développement ».
5 PNUD, Rapport Mondial sur le Développement humain 2003,
Economica, p.15
6 Assemblée Générale des Nations unies,
Déclaration du millénaire des Nations unies, section III,
paragraphe II, 18 septembre 2000. Cité par Dwight H. Perkins et alii,
Economie du développement, De Boeck, 2008, p.72
7 ONUDI, Une voie pour sortir de la pauvreté :
développer l'entrepreneuriat rural et féminin, Vienne, 2003,
p.7
Le premier8 écrit : «
Malgré ses immenses ressources naturelles, la RDC est l'un des pays les
plus pauvres du monde, où les années de guerre ont
égorgé le pays en détruisant les quelques infrastructures
et activités productives qui y étaient. Les populations vivent
dans des conditions économiques et sanitaires déplorables,
notamment dans les régions de l'est où les bandes armées
sévissent encore. Les indicateurs sociaux affichent des niveaux
tellement bas qu'il s'avère pratiquement impossible pour le pays
d'atteindre un seul des OMD (Objectifs du Millénaire pour le
Développement). (...) ».
La situation prévalant en République
Démocratique du Congo semble ainsi trouver une explication dans le fait
de la guerre. Mais même quelques années au par avant, (un peu
moins de 10 ans) avant que la guerre n'intervienne, le second9
écrivait : « Famine, maladie, sous-emploi, sans emploi, impayement,
paupérisation, exclusion sociale ... telles sont les
caractéristiques de la vie de la majeure partie de la population kinoise
(de Kinshasa) en ces jours. En effet, tout le monde est d'avis que la
misère qui frappe la population kinoise dépasse les limites du
tolérable. En dépit du fait qu'il soit parmi les pays les plus
riches d'Afrique quant aux richesses du sol, du sous-sol et humaines, le Congo
occupe actuellement l'une des dernières places au monde quant à
son P.N.B. et son niveau de vie réel. »
Cependant, en observant le vécu du (de la)
Congolais(e) au quotidien, on peut se rendre compte que le Congo
présente un scandale dans plusieurs secteurs. A titre exemplatif, nous
pouvons citer l'agriculture, singulièrement les cultures
fruitières menées à travers tout le pays sans pouvoir
être acheminées dans de bonnes conditions et à temps vers
le consommateur. Malgré la diversité des cultures
fruitières que l'on retrouve ici et là dans le pays, la
consommation des fruits ne semble pas faire partie des habitudes alimentaires.
Ce qui explique que sur les marchés comme sur les routes, les fruits
pourrissent. Pourtant ces diverses cultures fruitières devraient offrir
une opportunité pour l'essor d'une industrie de transformation des
fruits en confitures ou en jus. Il n'en est rien.
Il est encore un scandale, lorsqu'on regarde le
dynamisme dont fait preuve le (la) Congolais (e) dans sa lutte aux multiples
acrobaties pour la survie. Dans sa lutte pour la survie, en effet, il (elle)
exerce telle ou telle autre activité aussi bien dans le domaine de la
transformation, du commerce que celui des services juste pour être
à même de faire face aux problèmes qui se posent
quotidiennement sans aucune vision de long terme. Non seulement
l'amélioration ou la modernisation de son outil de travail n'est pas son
affaire, mais encore il opère dans l'informel depuis 10, 20, 30 ans ou
toute sa vie.
8 Oasis KODILA Tedika, « Pauvreté en
République Démocratique du Congo : Un rapide état des
lieux », in Revue congolaise d'économie, Document de travail
WP01/10, Mai 2010
9 Guillaume IYENDA, « Pauvreté urbaine et secteur
informel à Kinshasa », in D+C Développement et
Coopération, N° 5, Septembre/Octobre 2002, pp.18 - 21
Nous pensons ici à toutes ces personnes dont
les activités arrivent à nourrir leurs familles, à
scolariser les enfants, à faire face aux soins de santé, à
payer le loyer,... Ces hommes qui grimpent le palmier pour cueillir du vin de
palme ; ces hommes et ces femmes qui sillonnent les rues pour proposer de la
glace ou simplement de l'eau fraîche « eau pure » (eau pire,
selon eux-mêmes). Ces femmes qui produisent des beignets, gaufres et
galettes chaque jour ; ou encore celles qui fabriquent l'alcool traditionnel
appelé « lotoko » ou celles initiées à la
pratique des technologies appropriées en général
(fabrication du savon, de la confiture, des jus de fruits, de l'alcool, du
parfum, du vernis, des désinfectants, du cirage, du lait de
beauté, de la pommade à cheveux pour femmes, du pain, des
beignets, des cakes, des gâteaux, de la margarine, du miel, des craies,
la salaison des poissons, la production du lait de soja, etc.).
Il y a lieu de souligner dans ce contexte le
rôle joué par la femme congolaise comme celle d'ailleurs dans
l'économie informelle urbaine. S'occupant des ménages, la femme
urbaine est devenue très active dans l'exercice du petit commerce et la
pratique des technologies appropriées depuis le début des
années 1990. En République Démocratique du Congo, c'est
pendant cette période que beaucoup d'entreprises ont fermé,
réduisant ainsi la plupart d'employés au chômage et au
sous-emploi. Cette fermeture était déjà due à la
crise économique que connaît le pays, crise aggravée par
les pillages de 1991 et 1993 et tout récemment par la guerre dite de
libération de 1997 et »la guerre d'agression» de 1998 à
200310.
Le tableau ainsi peint est celui des activités
informelles ou activités du secteur informel, ou mieux
»micro-entreprises du secteur informel» qui, selon R. MBAYA
M11, sont caractérisées par une dynamique à
deux composantes : une composante qualitative et évolutive, qui fait que
les micro-entreprises procèdent du souci de la rentabilité en
même temps qu'elles répondent à une demande sociale pour
conduire à l'expansion des unités économiques de
production de biens et services mieux organisées et, partant,
performantes ou prospères ; et une autre quantitative et involutive, la
plus en vogue dans nos milieux, fait que l'émergence des
microentreprises relève du simple souci d'assurer la survie et la
subsistance du micro-entrepreneur et de son ménage en
générant des unités économiques de production des
biens et services de moindre importance et sans
prospérité.
L'entrepreneuriat dont il sera question dans cette
étude centrée sur l'incidence de l'entrepreneuriat privé
dans la réduction de la pauvreté concerne les
micro-entrepreneurs, les petits entrepreneurs du tableau peint ci-haut : le
microentrepreneuriat. Les micro-entrepreneurs qui font preuve d'esprit
d'entreprise
10 Willy MUSITU Lufungula, « La femme congolaise : pilier de
l'économie informelle en milieu urbain »
11 R. MBAYA Mudimba, « Aspects sociologiques de la
pauvreté dans les micro-entreprises du secteur informel au
Congo-Kinshasa », cité par Willy MUSITU, op.cit
manifeste dans les initiatives de toutes sortes,
essentiellement, en vue de subvenir à leurs besoins.
Pour mener à bon port cette étude, qui
revêt un caractère évaluatif et se veut une contribution
à la libération de l'entrepreneuriat12, nous avons
pensé qu'il était indiqué d'identifier ou de cibler un
corps de métier, un groupe initié à la pratique des
technologies appropriées. C'est ainsi que nous nous sommes
proposés de nous intéresser à un groupe des paroissiens
(une cinquantaine) de la Cathédrale Notre-Dame du Congo (CNDC) qui ont
suivi, au cours de l'année 2006, une formation en
»Boulangerie-Pâtisserie» et ce, dans le cadre des
activités de la Commission Paroissiale de Développement (CPD). La
fin de cette formation devait, en principe, donner lieu à la
création des »Activités Génératrices des
Revenus» (AGR) et réduire ainsi la pauvreté des
récipiendaires.
Par ailleurs, le BDCD, par le biais du projet
»Genre et Micro Crédits», a formé 50 femmes de
différentes paroisses de l'Archidiocèse, gestionnaires des
microentreprises et des AGR, et les a appuyées en micro crédits
pour renforcer leurs activités d'auto prise en charge.
Partant de tout ce qui précède, la
question fondamentale à laquelle notre étude voudrait
répondre peut être formulée comme suit : L'accompagnement
assuré aux populations par le BDCD et les différentes CPD au
moyen des formations dispensées et autres appuis à travers les
différentes paroisses débouche-t- il sur la création des
unités économiques de production des biens et services rentables,
performantes, prospères et susceptibles de procurer de l'emploi à
des dizaines de personnes de manière à contribuer à la
réduction de la pauvreté ?
De cette question fondamentale peuvent découler
d'autres questions subsidiaires :
4Quels sont les atouts et opportunités
exploités par les récipiendaires qui ont réussi à
créer des AGR à l'issue de la formation donnée à la
paroisse Cathédrale Notre-Dame du Congo en 2006 ?
4Quels sont les faiblesses et menaces qui n'ont pas
facilité la création des AGR ? 4Quelles actions
envisager au regard des problèmes et résultats observés
?
12 Suivant le titre du rapport présenté au
Secrétaire Général des Nations Unies, par la Commission du
secteur privé et du développement.
3) HYPOTHESES DU TRAVAIL
Ici, nous voulons apporter des réponses tout
à la fois anticipatives et provisoires aux différentes questions
posées ci-haut.
En considérant les multiples formations
dispensées dans différentes paroisses à travers la ville
de Kinshasa, nous pouvions observer une prolifération des AGR. Nous
avons l'impression que les bénéficiaires de ces formations sont
motivés par le seul souci d'assurer leur propre survie et de leurs
ménages respectifs, puisque les unités qu'ils mettent sur pieds
sont de moindre importance et sans prospérité, donc ne sont ni
rentables, ni performantes encore moins capables de créer des emplois
significatifs.
Nous pensons que les micro-entrepreneurs une fois
dotés d'une organisation et s'assignent des objectifs et manifestent une
volonté d'aller de l'avant, leurs AGR peuvent bien évoluer pour
atteindre la pérennité.
Cependant, l'environnement économico-social
n'est pas favorable au développement de l'entrepreneuriat, puisque
défini par l'instabilité et l'hostilité
caractérisées ainsi que par une certaine
complexité.
Au regard non seulement des objectifs et de la
mission du BDCD, mais encore de son déploiement à la base, par
les Commissions Paroissiales de Développement, nous ne pouvons pas
douter que les actions de cette structure débouchent sur une
prolifération des Activités Génératrices des
Revenus (AGR) à travers la ville de Kinshasa et donc, qu'elle peut avoir
une influence certaine sur la réduction de la
pauvreté.
4) INTERET ET CHOIX DU SUJET
Le choix porté sur ce sujet ne relève
pas du hasard. En tant que membre du Conseil Paroissial, il est tout à
fait normal et naturel que nous puissions nous interroger sur le bien
fondé des actions menées par les différentes commissions
paroissiales en général, et dans le cas d'espèce, nous
avons voulu appréhender l'impact que la session de formation en
»Boulangerie - Pâtisserie» a eu sur les
bénéficiaires. Le choix de notre sujet dénote aussi de
notre attachement à la problématique même de
l'entrepreneuriat. Nous croyons et nous sommes foncièrement convaincus
qu'une bonne lutte pour la réduction de la pauvreté en
République Démocratique du Congo passera par le
développement de l'entrepreneuriat privé et que le
microentrepreneuriat ou le secteur informel doit être
considéré comme un bouillon des cultures pour le
développement des Petites et Moyennes Entreprises.
Et l'l'intérêt de ce travail se situe
à deux niveaux : pratique et scientifique.
~ Sur le plan pratique, il nous donne d'examiner le
rôle du BDCD et l'impact de ses actions dans la lutte pour la
réduction de la pauvreté à travers la ville de Kinshasa,
et surtout dans la commune de Lingwala.
~ Sur le plan scientifique, notre étude nous
donne l'opportunité d'élargir nos connaissances aussi bien dans
le domaine de l'entrepreneuriat que dans celui de la lutte contre la
pauvreté. En plus, par les réponses spécifiques qu'elle
apporte aux questions soulevées, elle se veut une contribution dans la
réflexion sur la libération de l'entrepreneuriat.
5) METHODOLOGIE ET TECHNIQUES D'APPROCHE
La méthodologie peut, selon Omar
AKTOUF13, se définir comme étant l'étude du bon
usage des méthodes et techniques. Il ne suffit pas de les
connaître, encore faut-il savoir les utiliser comme il se doit,
c'est-à-dire savoir comment les adapter, le plus rigoureusement
possible, d'une part à l'objet précis de la recherche ou de
l'étude envisagée, et d'autre part aux objectifs
poursuivis.
La méthode renvoie aux façons de
procéder, aux modes opératoires directs mis en jeu dans un
travail de recherche. Elle est plus de l'ordre de la conception globale
coordonnant plusieurs techniques. Six grands types de méthodes peuvent
être retenus : la méthode inductive ; la déductive ;
l'analytique ; la clinique ; l'expérimentale et la
statistique.
Quant à la technique, elle est un moyen
précis pour atteindre un résultat partiel, à un niveau et
à un moment précis de la recherche. Cette atteinte de
résultat est directe et relève du concret, du fait
observé, de l'étape pratique et limitée. Les techniques
sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir des étapes
d'opérations limitées. Ce sont des outils momentanés,
conjoncturels et limités dans le processus de recherche : sondage,
interview, sociogramme, jeu de rôle, tests...
La méthode inductive est celle retenue dans le
cadre de notre étude. Elle consiste à tenter des
généralisations à partir de cas particuliers. On observe
des caractéristiques précises sur un ou plusieurs individus
(objets) d'une classe et on essaie de démontrer la possibilité de
généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la
classe considérée. C'est la succession observation -- analyse --
interprétation -- généralisation. Le sondage d'opinion,
l'étude de marché... relèvent de cette
méthode.
Pour nous permettre de vérifier les
hypothèses formulées plus haut, nous avons eu recours aussi
bien à des informations secondaires qu'à des informations
primaires.
Dans les cas plus simples, indiquent KÖTLER et
DUBOIS14, tout ou partie des informations que l'on recherche existe
déjà, et il suffit de savoir où elles se trouvent. Il
s'agit alors d'informations secondaires, ainsi appelées parce qu'elles
ont déjà été recueillies une première fois.
Les informations primaires sont celles collectées par nous-mêmes
sur terrain, en vue de combler le vide occasionné par les questions
secondaires.
La collecte d'informations a été
possible essentiellement grâce à deux techniques ou approches que
sont : l'interview et l'enquête, sans oublier l'apport de nombreuses
sources bibliographiques.
Nous avons utilisé la technique d'enquête
pour collecter des informations auprès des récipiendaires qui ont
pris part à la session de formation en
»BoulangeriePâtisserie» à la Cathédrale
Notre-Dame du Congo. La technique d'interview a servi pour la collecte
d'informations auprès de la Commission Paroissiale de
Développement (CPD) de la Cathédrale Notre-Dame du Congo. La
Commission Paroissiale étant un relais local, une représentation
du »Bureau Diocésain Caritas - Développement» (BDCD),
il nous a semblé utile de prendre contact avec ce dernier pour avoir
accès aux informations relatives à son historique, sa mission,
son fonctionnement, ses activités, ...
Nous espérions aussi y retrouver les traces de
cette formation en »BoulangeriePâtisserie» dispensée
à la Cathédrale Notre-Dame du Congo. C'est ainsi que nous avons
parcouru différents rapports annuels et le rapport 2006
révèle que pour cette année, l'un des objectifs
spécifiques que le BDCD s'était fixés consistait à
« renforcer les capacités de communautés de base dans le
lancement, la gestion et la rentabilisation des activités
génératrices de revenus »15.
L'enquête se sert du questionnaire comme
instrument de recherche, alors que l'interview est »un questionnement oral
ou discussion avec un individu et qui porte sur un sujet
prédéterminé dont on veut approfondir certains aspects
à travers les réponses de la personne
interviewée»16.
6) DELIMITATION DU SUJET
Notre travail est limité dans le temps et dans
l'espace. Pour ce qui est de la délimitation temporelle nous
avons retenu la période allant de 2006 à 2011. Notre
évaluation portera en fait sur des activités ponctuelles
organisées de 2006 à 2011. Nous allons nous intéresser
à l'évolution non seulement des micro-entreprises et AGR
soutenues par le BDCD, mais encore des boulangers-pâtissiers
formés à la cathédrale
14 Philippe KÖTLER et Bernard DUBOIS,
Marketing Management, Pearson Education France, Paris, 2004, p.147.
15Rapport d'activités du Bureau Diocésain Caritas
Développement de l'Archidiocèse de Kinshasa-Exercice 2006,
Juillet 2007, p.15
16 Omar AKTOUF, Op.cit., p.82
Notre-Dame du Congo. Quant à la
délimitation spatiale, il y a deux niveaux : la commune de Lingwala pour
les boulangers-pâtissiers d'une part, les AGR bénéficiaires
du soutien du BDCD d'autre part à travers les autres communes de la
ville de Kinshasa.
7) SUBDIVISION DU TRAVAIL
Outre l'introduction et la conclusion, le présent
travail s'articule autour de quatre chapitres, à savoir :
- Le chapitre premier porte sur l'approche
conceptuelle : nous y apportons la définition des concepts
d'entrepreneuriat, de réduction de la pauvreté et l'incidence ; -
Le chapitre deux porte sur la présentation du cadre d'étude :
nous présentons le BDCD, la (les) Commission(s) Paroissiale(s) de
Développement et la Commune de Lingwala ;
- Le chapitre trois porte sur l'analyse et
l'interprétation des résultats de notre enquête, c'est ici
que siège l'originalité de notre travail ;
- Le quatrième chapitre présente notre
« Dossier Projet », la réponse aux problèmes qui se
posent aux micro-entrepreneurs que nous avons suivis.
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