9. L'Addendum à la réforme de
1948 :
La réforme de 1948 a été la plus
importante et la plus déterminante que l'enseignement colonial ait
connue. Elle cherchait à perfectionner au mieux le principe de
l'adaptation de l'enseignement colonial et en privilégiant le
caractère utilitaire de celui-ci. Elle était également
dans l'obligation de tenir compte des facteurs nouveaux : d'une part, les
revendications des « évolués » et d'autre, le
courant international en faveur de l'émancipation culturelle et
politique des peuples opprimés. A ces facteurs s'ajoutent les
nécessités propres de la colonisation belge et, les besoins
créés par le plan Décennal élaboré à
la même époque.
Ces facteurs ont amené les responsables coloniaux
à dispenser une formation générale de plus en plus
étendue et à envisager un système d'enseignement qui
serait couronné dans un avenir proche par un niveau universitaire qui
était inconcevable quelques années auparavant.
La sélection des élèves est
réorganisée dès 1952 et accorde plus de souplesse dans le
passage du degré ordinaire au degré sélectionné.
L'enseignement dit de la masse sera de plus en plus
abandonné au profit de l'enseignement dit de l'élite. Celui-ci se
rapproche toujours davantage du système belge. C'est donc la tendance de
la généralisation de l'enseignement métropolitain.
10. Création des groupes scolaires laïcs
en 1954 :
En avril 1954, une coalition des libéraux et
socialistes forme un gouvernement à Bruxelles sous la présidence
de M. Achille VAN ACKER. Le libéral Auguste BUISSERET nommé
Ministre des colonies, remplit son cabinet d'éléments
anticléricaux. L'action Auguste BUISSERET portera essentiellement sur
l'enseignement. Aussitôt installé au Ministère des
Colonies, A. BUISSERET dépêche au Congo une « Mission
Pédagogique » de trois membres (Coulon, Deheyn et Renson)
chargés d'enquêter sur la situation scolaire de la colonie. Le
but de cette mission est de jeter les bases de la réforme qui devraient
mettre fin au monopole missionnaire en matière d'enseignement, en
accélérant le développement de l'enseignement officiel
laïque au Congo.
La mission Pédagogique a formulé maintes
critiques notamment sur les programmes et les structures de l'enseignement, la
formation des enseignants, la qualité du matériel et de manuels
utilisés, les conditions de travail des élèves, la
répartition géographique des écoles, la non qualification
des missionnaires pour les fonctions d'enseignants qu'ils occupent, etc.
La mission présente le Congo Belge comme le dernier
« Etat Théocratique » tant le monde missionnaire y
détient une domination à la fois spirituelle et politique que
jamais connue depuis le Moyen âge.
C'est sur base de ce rapport que le Ministre des Colonies
mène son action scolaire au Congo.
Ainsi, dès 1954, le Ministre BUISSERET crée des
« groupes scolaires laïcs » pour Noirs dans les quatre
grandes villes du pays : Léopoldville, Luluabourg, Stanleyville et
Elisabethville. En 1955, d'autres groupes scolaires sont créés
à Lodja, Bukavu, Coquilhatville et Jadoville.
Par « école officielle
congréganiste », il faut entendre toute école
subventionnée par l'Etat et gérée par une
congrégation des missionnaires. Ceci montre qu'une parfaite
collaboration a été réalisée entre l'Etat et
l'Eglise dans le domaine scolaire pendant la colonisation. Cependant, une
école « officielle laïque » est celle où
aucune moindre considération confessionnelle et religieuse n'intervient.
Les Congolais eux-mêmes ont encouragé les
écoles officielles laïques. Celles-ci connaissent, en effet, un
succès retentissant auprès des Noirs malgré les menaces
dont ils sont objet. Ce qui motive les Noirs, c'est la joie d'avoir de
nouvelles possibilités d'étudier ; il faut ajouter aussi
l'attrait du nouveau, le prestige de l'Etat, la présence d'instituteurs
laïques blancs, les frustrations et les déceptions causées
par des pratiques courantes dans l'enseignement missionnaire, et surtout la
généralisation de l'enseignement en français.
Disons en passant qu'en 1962, l'on ajouta la septième
année primaire. Cette année supplémentaire fut
supprimée en 1963.
Après ce tour d'horizon où nous venons de
présenter dix réformes de l'enseignement pendant la colonisation,
il sied de conclure que, le développement de l'enseignement au Congo
était l'une de grandes préoccupations de l'autorité
coloniale.
Toute modification de programme d'enseignement était
surtout fonction de l'évolution des réalités
socio-économiques de la colonie.
En effet, voyons comment l'organisation de l'enseignement a
évolué après la colonisation avant de procéder
à l'analyse critique de différentes réformes.
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