L'intégration des valeurs traditionnelles congolaises dans l'amélioration du système éducatif moderne en RDC. Cas de l'initiation traditionnelle Lega de 1905 à 2008( Télécharger le fichier original )par Spartacus KABALA MUNYEMO Université pédagogique nationale - Diplôme d'études approfondies 2012 |
PROBLEMATIQUELa colonisation ayant eu pour mission officielle « la civilisation » du Congolais, l'école et l'église étaient des voies royales du colonisateur pour atteindre ce but. A l'école, l'éducation et l'instruction étaient assurées par les Belges (ou leurs assimilés) qui se contentaient de voir les Congolais raisonner, s'habiller, manger, prier, rire...comme eux. Toute attitude contraire à cette « philosophie » était sévèrement punie. A l'église, où l'on rencontrait les missionnaires qui étaient également au service de la colonisation, la prédication insistait sur l'abandon des valeurs culturelles congolaises qualifiées de « sataniques ». Ainsi, le système éducatif congolais connut une forte influence européenne qui donna beaucoup d'importance à la connaissance de la langue française au détriment des langues nationales ; de l'histoire et de la géographie européenne en défaveur de celles du Congo ; de la sociologie occidentale au détriment des valeurs culturelles congolaises, etc. Pour confirmer davantage nos allégations, voici ce que le roi Léopold II recommandait aux prêtres et pasteurs Belges à leur arrivée au Congo : « Prêtres et pasteurs, vous venez certes pour évangéliser mais cette évangélisation s'inspire de notre grand principe, avant tout, les intérêts de la métropole. Le but de notre mission n'est point d'apprendre aux Noirs à connaître Dieu, ils le connaissent déjà depuis leurs ancêtres. Ils parlent et se soumettent à Nzambi, à Mpungu, à Mvidi, à Mukulu, à Mungu et que sais-je encore. Ils savent que tuer, voler, coucher la femme d'autrui, calomnier, insulter sont de mauvais actes... votre rôle est l'enseignement de faciliter les tâches aux administratifs et industriels. C'est donc dire que vous interprétez l'évangile de la façon qui sert mieux nos intérêts dans cette partie du monde. Pour ce faire, veuillez désintéresser nos sauvages noirs des richesses dont regorge sol et sous-sol pour éviter qu'ils s'y intéressent...Votre connaissance d'évangile vous permettra de trouver des textes recommandant et font aimer la pauvreté, tels que, heureux les pauvres en esprit car le royaume des pauvre est à eux ; il est difficile à riche d'entrer au ciel qu'à un chameau d'entrer dans le trou d'une aiguille...Vous les détacherez et les découragerez de ce qui pourrait leur donner le courage de nous affronter. Je songe spécialement à leur nombreux fétiches de guerre qu'ils prétendre n'est point abandonner. Votre action doit essentiellement porter sur les jeunes afin qu'ils n'héritent point les idées de leurs parents...13(*) ».
Il est établi que le métissage culturel contribue à l'enrichissement mutuel des cultures en rencontre. Ce qui n'a pas été le cas entre la culture du colonisateur et celle du colonisé. La culture du colonisé a été sensiblement affaiblie. « Là où il fallait la compénétration, il n'y a eu que la superposition. »14(*) Ainsi constatons-nous des réformes des programmes conçus au modèle occidental qui suppriment l'enseignement des leçons telles que : langue et tradition africaine ; contes et maximes ... Presque dans toutes les écoles dites sérieuses, l'on punit sévèrement les élèves qui s'expriment en langues nationales. Un élève connaît par coeur les capitales des pays européens et ignore les chefs-lieux des provinces de son pays ; un étudiant maîtrise le conflit ayant été à la base de la guerre mondiale tandis qu'il connaît à peu près la problématique des conflits interethniques de son pays... Eu égard à toutes ces considérations, le problème majeur qui se pose est l'inadéquation entre les théories apprises par ces programmes et la vie active. Les aspects sociologiques n'y sont souvent pas pris en compte. En outre, on dirait que la conception des programmes d'enseignement procède par ce que nous qualifions de « raisonnement par procuration ». Plusieurs observateurs attentifs sont unanimes que « l'école n'assume plus sa fonction. Elle n'est plus le lieu de formation et d'éducation. L'université en souffre et s'y résigne. Le pays en pâtit et court un danger 15(*)».
L'intérêt de cette étude est double : scientifique et social. Sur le plan scientifique, le lecteur de cette investigation découvrira de nouvelles démarches intellectuelles à entreprendre pour concevoir et appliquer un programme d'étude proprement congolais. Quant au niveau social, nous apportons une solution à la problématique de la recrudescence des valeurs culturelles congolaises dans le système d'enseignement. En outre, ceux qui appliqueront nos suggestions rendront les élèves et étudiants capables de promouvoir leurs valeurs culturelles. Le gouffre dans lequel se trouve la RDC depuis plusieurs décennies impose un système d'enseignement permettant aux apprenants, de résoudre les problèmes réels de leur vie. Il sied donc de s'interroger : Quels sont les éléments fondamentaux qui concourent à la perte du système éducatif qui prend en compte les réalités sociologiques congolaises ? Quels sont les mécanismes à monter pour restaurer un système éducatif qui donne de l'importance aux problèmes sociaux et qui envisage des solutions réels pour la République Démocratique du Congo ? Quelles valeurs traditionnelles peut-on intégrer dans l'amélioration du système éducatif moderne ? Quel système éducatif proposer pour le prochain cinquantenaire et l'avenir ? * 13 Extrait du discours du roi Léopold II à l'arrivée des premiers missionnaires au Congo * 14 Léon de SAINT MOULIN, OEuvres complètes du cardinal Malula, textes concernant l'inculturation et les Abbés, Facultés catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1997, p. 27
* 15 EKWA bis ISAL MARTIN, l'école trahie, éd. Cadirec, Kinshasa, RDC, 2004 , p.11 |
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