L'étude du caractère d'Etat de droit de la RDC: coquille vide ou réalité?( Télécharger le fichier original )par Jean Pierre MPUTU Université de Kinshasa - Licence 2011 |
§3. La décroissance économiqueLa décroissance économique dans la plupart des pays africains est un autre danger qu'a connu le processus de démocratisation entre 1957 et 1990. D'une part le mouvement pour la démocratie est entré dans la dense au moment où l'Afrique est en voie de se sous développer, et d'autre part, la classe ouvrière est entrain de disparaître parce qu'elle perd son pouvoir d'achat. Alors que la démocratie est essentiellement associée aux valeurs et intérêts de la classe moyenne qui renforce la société civile en organisant des associations, des partis politiques, des syndicats et différents groupes de pression pour limiter et contrôler le pouvoir de l'Etat et pour exiger un gouvernement responsable et compétent. (100(*)) Les frontières de la démocratie coïncident à peu près avec celles du développement économique. Tout n'est pas parfait dans les régimes démocratiques eux-mêmes : le peuple s'y gouverne moins lui-même, qu'il n'est gouverné par une étroite minorité. (101(*)) Dans ces conditions, le sous-développement ou l'extrême pauvreté de la plupart des pays africains devient également une entrave majeure à la démocratisation et à l'organisation des élections démocratiques, libres, transparentes et régulières. Comparée à l'autoritarisme triomphant des trente premières années des indépendances, la démocratie en Afrique relève sans aucun doute de la vertu. Or, comme le faisait remarquer Saint Augustin, ce «père de l'Eglise (catholique)» aux origines africaines, «la vertu exige un minimum d'aisance» qui, malheureusement, fait encore largement défaut au Congo. A quoi l'indépendance a-t-elle servi, se demandent ceux ou celles qui ont connu l'époque de la colonisation. De quel genre d'élites pires que les colonialistes, avons-nous hérité, car le maitre d'esclaves lui-même sait qu'il cesse d'être maitre si ses esclaves ne mangent pas ! Les mobutistes défaits ont fait l'expérience que nulle part ils ne pourront vivre mieux qu'au Congo, pays qu'ils ont consciencieusement détruit. A qui toutes ces violences imposées au peuple congolais ont-elles donc profité ? A qui ont-elles servi ? Aux occidentaux ? Au peuple congolais ? Aux mobutistes ? (102(*)) Le contexte socio-économique actuel est favorable à toutes sortes de catastrophes, dans toutes les régions du Congo. Comme lors de la crise économique des années 1920, l'ampleur de la misère installée dans la durée est elle qu'en désespoir de cause, la grande majorité des congolais cherche un réconfort dans le messianisme ou les faux prophètes. (103(*)) Sans l'indépendance économique, l'indépendance politique n'est qu'un vain mot. Et à cela, la stabilité politique a pour principale ennemi la famine et la misère du peuple. * (100) KIMPIANGA MAHAHIAH, op.cit, pp 71-72 * (101) Ardant Ph, op .cit, pp 147-148 * (102) MWAMBA BAPUWA ; Le défi d'un Congo démocratique, uni, libre, prospère : hommage au journaliste patriote, Paris, Harmattan, 2007, p 376 * (103) Idem, p 379 |
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