2.2.Revue empirique sur la croissance économique
et le transfert de technologie
Il existe, en ce jour une littérature assez riche qui
explique les relations entre la croissance, le commerce international, les IDE
et le transfert de technologie. En particulier, il existe une
littérature assez riche américaine qui se base sur les
externalités en R&D pour expliquer les effets du transfert de
technologies sur la croissance économique.
i. Commerce international et transfert de
technologie
Le commerce aboutit à la diffusion internationale de
technologie parce qu'il permet de disposer de biens intermédiaires de
hautes technicité pour la production ; de produits finis pour en
étudier la spécification technique ; et favorise la communication
de personnes à personnes. Cette forme de transfert de technologie est
particulièrement captée sous forme d'externalité de
l'évolution technologique en provenance des partenaires commerciaux du
pays bénéficiaire.
En effet, l'importation représente un canal important
de transfert de technologie à travers l'emploi de biens
intermédiaires. Il est naturel de penser que non seulement les
transferts de technologies s'arrêteraient si les importations
s'arrêtaient, mais encore une augmentation des importations du type de
produits appropriés devrait entrainer une augmentation des transferts de
technologie et une amélioration de la productivité du pays si la
technologie importée est utilisée rationnellement. Il existerait
par là une corrélation positive entre les flux commerciaux de
biens intermédiaires et le niveau de productivité des facteurs
dudit pays. Les travaux de Coe et Helpman (1995) constituent une
référence pour les travaux sur le transfert de technologie
à travers le canal du commerce international.
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Les résultats de leur étude montrent que les
retombés technologiques sont plus importants lorsque la part des
importations provenant des pays à niveau de connaissances
élevées est plus grande que celle des autres importations. Ils
concluent donc que pour un volume donné des importations, plus leurs
volumes globaux croient, plus augmente le transfert de technologie en
provenance de l'étranger. Leurs travaux seront confirmés par
Keller (1998).
Blyde (2001) de sa part a constaté que les
retombés technologiques des importations en provenance des pays de
l'OCDE sont plus forts en Amérique latine que celles des importations
provenant de la région en raison de la technicité plus
élevé de ces dernières.
L'importance de la composition sectorielle des importations
pour les transferts de technologies est attestée notamment par Helpman
(1997). Il a étudié la diffusion de technologie en provenance de
pays industrialisés dans 77 PED. Il obtient une corrélation
positive et significative de la PGF dans les pays en développement avec
la recherche et développement des pays industrialisés qui sont
leurs partenaires commerciaux. Il trouve la même relation positive entre
la productivité totale des facteurs de ces mêmes pays avec leurs
importations de machines et de matériels provenant des mêmes pays
industrialisés.
Rezgui (2004) ; dans ses recherches sur la « Localisation
géographique, commerce international et diffusion des connaissances
technologiques », utilise un modèle simplifié de
diffusion de connaissance de type Grossman et Helpman (1991) où
l'accroissement de la production d'un pays dépend de
l'amélioration de la qualité des inputs ; l'amélioration
étant capté par un indice technologique agrégé qui
représente la PGF du pays. Ces résultats lui
conduisent à conclure que primo : la proximité
géographique peut jouer un rôle dans la diffusion des
connaissances, bien que les NTIC constituent eux mêmes des
mécanismes complémentaires pour le transfert des connaissances
des pays développés vers les pays en développement.
Secundo, la distance physique et à un degré moindre les
importations, expliquent les écarts technologiques ; et qu'une diffusion
des connaissances restait tributaire des écarts de productivités
entre le pays récepteur et le pays émetteur ainsi que de la
qualité des compétences humaines disponibles dans les pays en
développement. En prenant en compte les
«importations de proximité»,
il trouve que la diffusion de la technologie engendrée n'est pas
intense. Il explique cela par le fait que la mesure des importations
utilisée est agrégée. Dans sa conclusion il précise
en ses terme que : « au-delà
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de cette limite nous constatons toujours que le contenu en
connaissances technologiques d'une unité monétaire d'importation
demeure faible, même s'il peut s'agir d'importations de biens
d'équipement. Ceci est valable en particulier pour les pays en
développement ».
Si le doute est levé sur le rôle important
joué par le commerce international sur la diffusion international de
technologie, un autre canal important demeure les IDE.
ii. IDE et transfert de technologie
La littérature sur les IDE montre que leurs effets sur
l'économie des pays sont divers. Dans une importante revue de la
littérature dans le domaine, De Mello (1997) ressort deux voies
principales par lesquelles les IDE encouragent la croissance :
la diffusion du progrès technique par des effets
d'entraînement ;
le transfert des connaissances, notamment par l'acquisition de
nouvelles techniques managerielles et organisationnelles.
De Mello (1997) va plus loin en démontrant que, selon
les cas, l'entrée des flux d'investissements directs étrangers
n'est pas nécessairement bénéfique à l'égard
du pays d'accueil. Pour ce faire, il divise son échantillon de pays en
deux parties, le groupe des pays « leaders » qui
initient les innovations technologiques (pays développés) et le
groupe des pays suiveurs (pays en développement) qui importent les
technologies depuis les pays développés. Il obtient des effets
positifs sur la production globale dans les deux groupes de pays ; tandis qu'il
obtient des effets positifs sur la productivité totale des facteurs des
pays développés mais en revanche négatifs sur la
productivité des pays en développement. Ce résultat est
expliqué par le fait que les pays suiveurs ne font qu'utiliser la
nouvelle technologie sans une absorption réelle. Les pays
développés connaissent en revanche un effet de substitution et de
diffusion des nouvelles technologies par rapport à celles existantes, ce
qui occasionne une production plus efficace.
Ces résultats obtenus par De Mello (1997) peuvent
être interprétés autrement. Le transfert technologique
accompagné des flux entrants d'investissements directs étrangers
ne sera bénéfique au pays d'accueil que si celui-ci dispose
déjà d'un niveau d'appropriation assez avancé de la
technologie ou si ce dernier a un niveau important de croissance
économique. Dans le même sens, Karim (2008) précise que,
les IDE permettent d'introduire dans les pays d'accueil un savoir technologique
et des compétences
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managériales à condition que la population
d'accueil soit en grande partie alphabétisée et que
l'environnement économique soit favorable au développement.
Van Pottelsberghe et Litchtenberg (2000), se sont basés
sur la méthodologie de Coe et Helpman (1995) améliorée
pour tester l'importance des flux d'IDE dans la diffusion internationale de la
technologie dans treize pays industrialisés. Leur résultats
confirme que les sorties d'IDE et les importations sont des canaux de
transmission de technologie qui permettent aux autre pays industrialisés
de bénéficier de la technologie nouvelle. Il trouve en outre que
l'effet sur la productivité du pays ôte est plus importante pour
les pays vastes.
Xu et Wang (2000), ont fait des études similaires
à ceux de Van Pottelsberghe et Litchtenberg (2000).Ils trouvent que le
commerce international des biens d'équipements constitue un canal
important de transfert de technologie et que les multinationaux transmettent la
technologie dans les pays d'accueils. En outre, il trouve également que
les IDE ne constituent pas un canal significatif de diffusion de technologie
entre les pays industrialisés et que les pays qui sont plus
éloignés du niveau technologique mondiale
bénéficient plus des transferts de technologies obtenus à
partir des IDE. Ces résultats quelque peu concordent avec ceux de Van
Pottelsberghe et Litchtenberg (2000), qui ont trouvé que le sens de
diffusion de la technologie est dans un sens unique : seuls les pays
industrialisés qui ont investi dans les R&D dans le pays d'origine
en bénéficient.
Ils existent d'autres canaux de transmission de transfert de
technologie qui permettent aux pays d'acquérir la technologie
intérieur.
iii. Autres canaux de transmission de la technologie
internationale
Il s'agit principalement de la coentreprise, le franchisage et
les licences et brevets. Ces filières constituent des substitues
à l'IDE car elles permettent de réduire le risque politique et
économique lié à l'IDE et parce qu'elles sont plus
compatibles avec les préoccupations liées à la
souveraineté du pays d'accueil. Mais ce canal étant direct, ce
qui nous intéresse dans cette sous section, c'est le rôle des
autres éléments comme la coopération, l'intégration
dans la transmission de la technologie.
Tarek et Naceur (2007), ont examiner le lien entre la
coopération en R&D et la croissance sur un échantillon de 23
pays au cours de la période 1992-2004 en utilisant la méthode des
GMM d'Arellano et Bond (1992), les tests de causalité et de racine
unitaires
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appliqués aux données de panel. Leurs
résultats obtenus montrent que l'impact coopération en R&D
sur la croissance varie selon l'indicateur de dépenses internes de
recherche et développement de chaque pays pris dans
l'échantillon.
iv. Transfert de technologie et croissance
économique.
La technologie ou le progrès technique constitue un
élément déterminant dans l'appareil productif d'un pays.
Comme l'ont démontré les théories de la croissance, cette
technologie provient aussi bien des efforts en R&D locaux que des efforts
en R&D étrangers par le biais des externalités.
Coe et Helpmann (1995), dans leurs travaux intitulés
<<International R&D spillovers>>, sur 22 pays de l'OCDE et
l'Israël, ont estimé l'effet des dépenses en R&D
domestiques et celle des pays partenaires commerciaux sur la PGF des pays de
l'échantillon. Ils trouvent un résultat positif pour les deux
facteurs. De plus, leurs résultats montrent que l'effet des
dépenses en R&D étrangers sur les petites économies
est plus importante : le quart de la circulation mondiale qui
bénéficie des investissements en R&D des pays du G7 sont
affectés à leurs partenaires commerciaux ; et enfin, plus un pays
est ouvert, plus il bénéficie des effets positifs des
dépenses en R&D de ses pays partenaires.
Plusieurs critiques ont été portés
à leurs travaux. Ces critiques concernent pour la plus part leur
méthodologie. A ce propos, Edmon (2001) a soulevé deux
problèmes liés aux données en panel utilisées par
Coe et Helpman (1995) : l'application d'un test de stationnarité brut
pour tirer les résidus et l'utilisation de mauvaises techniques
d'estimations. En effet, le test de LLC utilisé par Coe helpman (1995)
ne permet pas de saisir l'effet individuel des individus du panel et
l'équation qu'il a utilisée ne permet pas d'analyser le
rôle de l'intensité des importations. Il a remédié
à ces problèmes en faisant le test de IPS sur les mêmes
variables utilisées par les auteurs et en introduisant une seconde
variable la part des importations dans le PIB.
Lichtenberg et Van P. Potterie (2001) confirment l'existence
d'une relation de cointégration entre les stocks de capital en R&D
domestique et étrangère et la PGF. Leurs estimations toutefois,
fondées sur l'estimateur MCO, sont sujettes à un possible
biais.
Musolesi (2006), dans une étude sur un
échantillon de 16 pays de l'OCDE, à déterminer l'ampleur
véritable du lien entre les différents stocks de connaissances,
notamment «celles étrangères» véhiculées
entre pays grâce aux flux commerciaux, et la productivité totale
des facteurs. Il utilise deux modèles, dans les quels il introduit deux
nouveaux éléments : la recherche publique et la recherche
universitaire. L'estimation de son premier modèle lui permet de conclure
que la recherche universitaire et la recherche étrangère sont les
véritables contributeurs à la productivité tandis que la
seconde, confirme les résultats de Coe et Helpman (1995) selon lesquels
la recherche domestique aurait un impacte plus élevé dans les
grands pays appartenant au G7 que dans les autres.
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