1-Discussion sur le choix de l'instrument de
mesure de la convergence des économies
L'analyse des hypothèses fondant l'optimalité
d'une zone monétaire selon Mundell paraît incompatible avec ceux
des nouvelles théories de croissance en qui se mire le test statistique
de la -convergence et le modèle de la âconvergence.
En effet, l'approche mundellienne d'une zone monétaire
optimale repose sur la mobilité des facteurs de production, notamment,
la main d'oeuvre et une flexibilité des salaires.
Par contre, selon la vulgate de Solow, le
progrès technique est fixe et exogène dans la formation du PIB au
sein d'une économie. A la lumière de l'expérience de l'UE,
ce modèle a été remis en cause du fait de son
caractère statique et de l'exogénéité du
progrès technique. La relecture des sources de croissance a
révélé une endogénéité du
progrès technique4. Cette critique portée à ce
paradigme a donné naissance à la nouvelle théorie de
croissance. De celleci, s'inspire le test de la ó-convergence et le
modèle de la â-convergence. S'il est vrai qu'il existe une
controverse dans la portée du test de la ó-convergence et le
modèle de â-convergence afin de juger de la convergence ou non des
économies du fait des conditions préalables d'une convergence
réussie (caractéristiques structurelles identiques quoi que,
évidemment, est quasi impossible), on note en
4 La nouvelle théorie de croissance
d'inspiration néoclassique
eux un effort de formulation du concept de convergence via
les outils économétriques. Toutefois, reconnaissant que cette
formulation du test de la óconvergence et le modèle de la
â-convergence constitue une théorie parcellaire, elle pourrait,
néanmoins, permettre d'appréhender l'état de convergence
des économies. Ainsi donc, au lieu de considérer ces deux
approches comme étant deux théories incompatibles de par les
hypothèses qui les y régissent, l'on pourrait valablement les
appréhender en termes de complémentarité dans une
dynamique d'explication des nouveaux faits économiques contemporains,
qui est la problématique de l'optimalité des espaces
économiques et monétaires.
Ceci étant, pour atteindre le dernier objectif de
cette recherche, l'approche de la convergence des économies
recommandée par Barro et al (1990)
serait utilisée à cette fin ; il s'agit de :
· la ó-convergence ;
· la â-convergence.
2-La ó-convergence
Ce concept permet de mesurer le degré de
rapprochement, dans le temps, entre plusieurs économies au regard d'un
ou plusieurs indicateurs (critères de convergence ou le revenu
réel par tête). Son analyse repose sur l'étude de
l'évolution de la dispersion des séries
considérées. Il y aura présomption de la présence
d'un mécanisme de convergence dès lors qu'on observe une tendance
à la diminution de la dispersion des valeurs prises par les variables au
sein d'un groupe de pays sur la période considérée.
L'indicateur de dispersion peut être la variance ou l'écart type
des séries.
Soit Xit la valeur de la variable X pour le pays i
à la date t ; (avec
i= 1.........n et t= 1........p) ici X représente les
critères de convergence
(R1 R9) Var Xit= ?
?
- ~ avec u= et ó=
)
L'analyse graphique (écart type) sur la
période, permet d'apprécier le processus de convergence de
l'économie par rapport à la variable X. Une tendance à la
diminution de l'indicateur de l'écart type indiquerait la
présence d'un «bon» processus de convergence. Dans le cas
contraire, les indicateurs divergent.
3-La â-convergence
L'idée sous-jacente de ce concept s'inspire de la
vulgate des théories de la croissance néoclassique selon laquelle
les pays pauvres rattraperont les nations opulentes s'ils réalisent un
taux de croissance supérieur. En d'autres termes, dans ce modèle,
le processus de convergence est enclenché lorsqu'un pays pauvres croit
plus vite qu'un pays riche et tend à rejoindre, à long terme, le
niveau de revenu par tête du pays riche (effet rattrapage).
En effet, on fait la régression du taux de croissance
annuel du PIB par tête du pays i (TCit) sur le niveau initial de ce PIB
en valeur (Y0i) tout en contrôlant les différences en
termes d'état stationnaire, c'est-à-dire, les différences
dans les technologies, les taux d'épargne, les taux de croissance de la
population, les dépenses publiques sur le PIB, la coordination des
politiques économiques à l'échelle régionale.
Toutes ces variables structurelles explicatives sont contenues dans le vecteur
Zit. En d'autres termes, zit est un vecteur de variables
explicatives de nature économique ou non permettant de contrôler
les états permanents des économies. Compte tenu de la
difficulté de quantifier les variables structurelles, le taux
d'épargne serait la seule variable explicative prise par Zit.
L'équation ci-après peut-être estimée
en utilisant les données de panel (pour les pays de la ZMAO de 2000
à 2009).
TCit= a-â log(Yit) +
yZit + Eit (1)
Après l'estimation de l'équation (1), il est
possible de calculer la vitesse de convergence conformément au
modèle de convergence néoclassique.
Le coefficient â s'écrit : â= -[1-
expo (-ë n)]/ n (2)
â mesure le degré de convergence, de divergence
ou de permanence des écarts des économies par rapport à
leur état stationnaire ; avec ë = vitesse de convergence vers
l'état d'équilibre ou taux de convergence. La transformation de
(2) donne : ë= -[ log(1 + fin) ]/n ;
avec n = période séparant l'année initiale (t--n) de
l'année finale t. De même, ce coefficient â permet de
mesurer la durée (d) nécessaire pour que l'économie comble
la moitié de cet écart (sa demi-vie).
d= ( log 2)/ë
L'équation (1) conduira à une
â-convergence si le coefficient â est négatif et est
statistiquement différent de zéro. Cette â-convergence est
dite conditionnelle si le paramètre y est
différent de zéro (c'est-à-dire, les zit sont
différentes d'un pays à un autre). Il y a convergence
conditionnelle lorsque le revenu par tête des pays dont les
caractéristiques structurelles sont identiques, converge vers un niveau
identique à long terme (état stationnaire) indépendamment
de leur niveau initial. Par contre, la â-convergence est dite absolue
lorsque y=0 (les zit sont identiques). On parle de la convergence absolue
lorsque le revenu réel par tête converge vers un niveau identique
à long terme quelles que soient les conditions initiales.
Les études empiriques ont montré que les
disparités dans les structures économiques sont très
déterminantes dans l'évolution des économies et du
processus de convergence à long terme. De même, l'équilibre
économique de long terme est fonction des caractéristiques
structurelles des pays (niveau de technologie, croissance
démographique...). La convergence absolue requiert, au préalable,
la convergence des caractéristiques structurelles. A la lumière
de ces facteurs, la convergence conditionnelle est acceptée pour la ZMAO
et résiste au test de régression économétrique par
rapport à la convergence absolue.
Les logiciels d'économétrie Stata et Eviews 5.0
sont utilisés pour l'obtention de l'estimation de ce modèle. Ces
deux outils de la mesure de la convergence des économies (ó et
â convergence) permettront de vérifier la dernière
hypothèse. En effet, l'hypothèse 3 est validée si
l'ensemble des indicateurs macroéconomiques ne converge pas (pour le cas
de la ó-convergence) et lorsque l'estimation économétrique
révèlera la faiblesse du taux de convergence des économies
de la ZMAO via un coefficient â négatif.
En somme, ce chapitre a retracé le cadre
théorique et méthodologique suivant lequel, le travail d'analyse
sera effectué. Il est nécessaire d'apprécier
l'optimalité de la zone à travers les échanges intra
ZMAO.