INTRODUCTION GENERALE
Le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole avec un
climat tropical de type soudanosahélien. Ce climat se traduit par la
faible fertilité des sols et des fluctuations pluviométriques. Le
secteur agricole occupe plus de 86% de la population active et contribue
à la formation du PIB à hauteur de près de 40% et
génère 50% des recettes d'exportations (Ouédraogo, 2008).
La production agricole est à dominance céréalière
avec une moyenne de production annuelle de 2,6 millions de tonnes (CAPES,
2007). Quant aux principales cultures de rentes (coton, sésame,
arachide), elles occupent 12% des superficies cultivées annuellement
(MAHRH, 2007). Le coton demeure la première culture de rente du pays car
il participe fortement à sa croissance économique en favorisant
une importante entrée de devises. En 2004, la filière coton a
généré une recette de plus de 160 milliards de FCFA (INSD,
2006). Sa culture est pratiquée sur plus de 250 000 exploitations
agricoles regroupant plus de 350 000 producteurs (MAHRH, 2007) sur plus de 400
000 hectares. Le coton fait vivre directement près de 3 millions de
personnes et s'est révélé dans le temps comme un
véritable outil de lutte contre la pauvreté et
d'amélioration des conditions d'existence des populations en milieu
rural.
Cependant, la filière cotonnière connait
actuellement de nombreuses difficultés induites par l'instabilité
des cours mondiaux du coton couplée d'une volatilité remarquable.
De plus ces dernières années dans les pays
développés, des subventions sont accordées aux
cotonculteurs en plus des avantages (semences performantes, équipements
techniques modernes, etc.) dont ceux-ci bénéficient du fait du
niveau de développement technologique desdits pays. Ce qui a
contribué à créer une situation de dumping à
l'exportation. Cette situation se traduit par une offre excédentaire sur
le marché mondial, amplifiant ainsi la chute des cours internationaux. A
cela, il faudrait ajouter les fluctuations du taux de change en dollars et
l'euro. Or depuis 2002, il y a une dépréciation du dollar par
rapport à l'euro, ce qui pénalise le prix payé pour la
fibre de coton exportée depuis la zone CFA en raison de la parité
fixe entre l'euro et le FCFA. Quant au prix des intrants, ils connaissent
également une hausse continue ces dernières années en
raison d'une offre incapable de satisfaire une forte demande mondiale. Sur le
plan national, la filière cotonnière est aussi confrontée
à de nombreuses difficultés à savoir : la
dégradation des sols et de l'environnement ; la pression et
l'insécurité foncière ; le coût élevé
des intrants et des facteurs de production; une forte pression parasitaire ;
les impayés sur crédit intrants. Ces difficultés ont
accentué la paupérisation des producteurs qui se sont fortement
endettés. Face à cette situation, on assiste à
l'avènement du coton Bt à partir de 2008. Le coton Bt a
permis de résoudre en partie le problème du
coton au Burkina Faso notamment les problèmes parasitaires. Cependant
les autres aspects sont restés en l'état.
Ainsi, un projet d'étude sur la diversification
agricole en zone cotonnière a été mis en place par la
SOFITEX. Selon la SOFITEX, diversifier la production agricole apportera
indéniablement un surplus de revenus aux acteurs de la filière
mais également permettra de soulager toute la filière coton.
C'est ainsi que la société cotonnière, a envisagé
en plus du coton, d'intégrer le tournesol dans son système
d'exploitation.
Communément appelé grand-soleil, le tournesol
est très cultivé pour ses graines riches en huile (environ 40% de
leur composition) alimentaire de bonne qualité. Il est l'une des trois
sources principales d'huile alimentaire en Europe avec le colza, et l'olivier.
Sur le plan de la production, la Russie, l'Ukraine et l'Argentine sont les plus
grands producteurs mondiaux de graine de tournesol et représentent
près de 48% de la production mondiale en 2003/2004 (FAO Stat,
2003/2004).
Au regard de toutes ces performances, nous pouvons nous poser
la question centrale suivante : la diversification vers le tournesol est-elle
envisageable dans la zone cotonnière de la SOFITEX? Cette question
centrale de notre étude est sous-tendue par deux interrogations
fondamentales à savoir : le tournesol est-il plus rentable que le coton
? Quel est l'avis des producteurs sur cette diversification agricole vers le
tournesol?
L'étude vise à cerner la faisabilité de
cette culture dans la zone cotonnière de la SOFITEX, mais aussi à
découvrir ses avantages. Pour mener à bien la présente
étude et répondre aux diverses questions posées ci-dessus,
nous nous sommes fixés quelques objectifs. Ainsi, l'objectif principal
de notre étude est de contribuer à l'analyse d'une
possibilité de diversification vers le tournesol. Quant aux objectifs
secondaires, ils peuvent se résumer comme suit:
Ø estimer la rentabilité financière du
tournesol par rapport au coton à travers le compte d'exploitation ;
Ø faire ressortir l'avis de producteurs sur la
diversification agricole en générale et le tournesol en
particulier.
De ce qui précède, il se dégage les
hypothèses suivantes :
Ø H1 : le tournesol est financièrement plus
rentable que le coton ;
Ø H2 : l'avis des producteurs est favorable à la
diversification vers le tournesol.
Ce rapport se veut une synthèse des résultats de
l'étude. Il s'articule autour de trois grands chapitres. Le premier
chapitre présente l'approche théorique et le diagnostic de la
situation du coton au Burkina (Chapitre I). Le deuxième chapitre
s'intéresse au cadre méthodologique et institutionnel (Chapitre
II) et le dernier chapitre porte sur l'analyse de la diversification agricole
vers le tournesol, cas de la SOFITEX (Chapitre III).
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