2.1.2.2 Gestion de l'espace et des ressources
naturelles
Définie comme un ensemble d'outils et de savoirs
techniques mis en oeuvre par un individu ou un groupe ayant une capacité
de décision (Teyssier, 2002), la gestion permet de rendre
cohérent le fonctionnement d'un système donné. Suivant
l'idée de Pinchemel et Pinchemel (1988) qui supposent que : « C'est
en créant l'espace que les hommes s'introduisent dans les milieux
naturels. Il importe donc d'analyser d'abord les composantes de cet espace
humain », l'analyse du processus de gestion de l'espace peut permettre de
comprendre son organisation et sa dynamique au sein d'un territoire.
Véron et Roque (1997), définissent la gestion de
l'espace comme une construction sociale destinée à assurer la
permanence et le renouvellement des propriétés fonctionnelles
(biologiques et/ou sociales) dont l'espace est porteur et dont la rareté
lui confère une valeur.
> Evolution du processus de gestion de l'espace
Dans leur article, Véron et Roque (1997), recensent
quatre figures ayant marqué les interventions institutionnelles en
matière de gestion de l'espace. La première figure, celle de la
protection avait pour principe d'isoler un espace et lui appliquer un
régime spécifique de limitation d'usage afin de le soustraire aux
acteurs économiques (restauration des terres en montagne, réserve
naturelle et parcs nationaux). La deuxième, celle de
l'aménagement, comme la protection, vise directement l'espace mais,
cette foisci, comme moyen destiné à intervenir sur les acteurs
économiques avec une perspective d'organisation, afin de faciliter
l'exercice des activités ou leur répartition sur le territoire.
Elle a donc peu à voir avec la gestion de l'environnement. La
troisième figure,
celle du développement ne touche que de loin l'espace
et ses propriétés environnementales ou sociales. Il est
indirectement concerné par les retombées des interventions,
notamment par les zonages réalisés pour la localisation de ces
droits comme dans le cas des indemnités compensatoires de handicaps
naturels. Si elles ne font pas totalement abstraction de l'espace, ces
politiques ne le prennent en considération que dans son rôle de
réceptacle des activités. La dernière figure, celle de la
gestion, a connu un essor récent. Prolongeant la figure du
développement, elle consiste à intervenir volontairement sur
l'espace, dans une perspective de valorisation de ses propriétés,
en passant délibérément par les acteurs économiques
afin de connecter le développement des activités avec une mise en
valeur durable. Selon l'auteur, avec la promotion des normes et des labels
négociés et surtout avec la multiplication des conventions de
gestion à la fin des années 80 dont les contrats
agri-environnementaux sont l'exemple le plus répandu, la figure de la
gestion permet de retisser les liens entre les acteurs du développement
et leur espace d'implantation (Veron et Roque, 1997). Le concept de gestion de
terroir est né sans doute de cette perspective.
> Gestion des terroirs
Le concept est défini par certains auteurs comme la
prise de décisions sur les activités relatives à
l'exploitation, à l'aménagement des ressources naturelles et
humaines et à l'exécution de ces décisions par les
populations dans un espace géographique donné (PPA, 2000). Selon
Teyssier (2002), aucune « méthode-type >> n'aurait la
prétention de donner une définition universelle du concept.
Néanmoins, cette démarche obéit aux principes communs
suivants :
- la gestion du terroir est une stratégie de
développement sur un espace limité, - la gestion du terroir fait
référence à une intervention locale,
- les usagers du terroir sont considérés comme les
maîtres d'oeuvre des interventions immédiatement ou à
terme.
Le schéma d'une approche de « gestion de terroir
>> selon les mêmes auteurs, peut se présenter en quatre
phases que sont :
i. la phase de connaissance de l'espace et de la
société
Pendant cette phase, en dehors du zonage, les photographies
aériennes et les images satellites interprétées à
l'aide de système d'information géographique (SIG) comptent parmi
les outils nécessaires à ce travail de cartographie de
synthèse.
ii. La phase de programmation
Elle doit aboutir à la réalisation d'un plan de
développement qui hiérarchise les priorités
d'interventions et les besoins en financement, c'est-à-dire un
schéma d'aménagement.
iii. La phase de réalisation
En respectant le schéma d'aménagement, les
opérations de gestion de terroirs seront mises en oeuvre. Les
engagements de chaque partie (projet, utilisateurs, services administratifs)
seront définis et formalisés par contrats ou convention.
iv. Phase de suivi-évaluation
Elle doit entendre les réactions des usagers du terroir
sur des actions en cours et de rapporter les impacts sociaux et
économiques.
Le terroir aide à la compréhension du
fonctionnement des sociétés rurales. Son étude et sa
représentation sur une carte mettent à la disposition de l'agent
de développement la photographie d'une situation agraire à une
période donnée.
> Gestion des Ressources Naturelles (GRN) et approche
participative
Teyssier (2002) définit la GRN comme « un
ensemble de décisions qui sont prises pour exploiter les ressources
naturelles, en réglementer l'accès, les modes de
prélèvement et de mise en valeur. Ces décisions sont
prises individuellement ou collectivement par ceux qui vivent sur cet espace,
qui y ont accès ou qui ont un droit d'usage ». La FAO (1995),
remarque que vers les années 1970, avec l'aide de la communauté
internationale, beaucoup des projets exigeants des investissements importants
ont été mis en place. Ces derniers privilégiant les
aspects techniques, étaient conçus en dehors des conditions
locales du milieu et sans prise en compte ni des besoins des populations ni des
modes traditionnels d'exploitation. Ces comportements n'ont permis ni
d'inverser ni de stopper le processus de dégradation des ressources
forestières. C'est ainsi qu'à l'heure actuelle, la plupart des
politiques environnementales ou de gestion des ressources naturelles et /ou
forestières prônent la participation des populations locales comme
principes de base. Suite à des multiples expériences dans
plusieurs pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger), ces
méthodes ont été formalisées sous forme d'une
méthodologie connue sous le nom d'approche
participative. Appliquée à la GRN, cette approche
doit être considérée comme un outil qui favorise la prise
en charge effective par l'ensemble de la population d'un village des actions de
restauration et de développement du terroir (FAO, 1995).
Ainsi, dans le contexte de la décentralisation, le
terroir constitue un niveau particulièrement pertinent pour
étudier la gestion des ressources naturelles par les
collectivités territoriales.
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