CHAPITRE I : INTRODUCTION
1.1 Généralités
Le milieu rural en Afrique subsaharienne a toujours servi
comme lieu de production (ravitaillement), de refuge, de
récréation et de loisirs aux villes riveraines. L'essentiel de la
production agricole et animale provient directement de cette zone où se
trouve l'important des ressources naturelles (eau, végétation et
terre). Ces dernières, avec la forte variabilité annuelle et
spatiale de la pluviométrie et la croissance démographique
actuelle, estimée à 3,5 % en zone sahélienne (Bode, 2004),
subissent des exploitations intenses qui conduisent à des
déséquilibres écologiques (disparition de la faune,
réduction du pâturage et de la végétation,
épuisement du sol) souvent irréversibles. Ces différents
déséquilibres rendent vains les efforts des populations,
affaiblissent leurs relations et contribuent à la dégradation de
la situation alimentaire et économique dans ces milieux.
Au Nord Cameroun, selon Barbier et al., (2002), les
diagnostics sur l'agriculture dressent généralement un tableau
relativement pessimiste des évolutions en cours : Sous la pression
croissante des populations (entre 2 et 3 % par an dans les zones rurales), les
écosystèmes sont en voie de dégradation rapide. Les
producteurs, en général peu réceptifs aux thèmes
techniques, pratiqueraient une agriculture minière, dégraderaient
les sols et épuiseraient les ressources en bois, eau et pâturages
(Barbier et al, 2002). Ces comportements, pour Djoumessi et al.,
(2007), sont à l'origine des tensions et de concurrence sur
l'espace dans le terroir de Laïndé Karéwa.
Pour favoriser la gestion concertée des ressources
naturelles dans certains terroirs d'Afrique centrale, le projet d'Appui
à la Recherche et au Développement des Savanes d'Afrique Centrale
(ARDESAC) a initié la mise en place des plates formes de concertation.
Elles sont considérées par Bechir et Baoutou (2007), comme des
situations dans lesquelles plusieurs acteurs sociaux négocient,
définissent et garantissent entre eux un partage équitable des
fonctions, droits et responsabilité de gestion d'un territoire, d'une
zone ou d'un ensemble donné des ressources naturelles. Ce sont des
approches participatives de gestion faisant appel à plusieurs
partenaires à rôles variés et qui tendent
généralement vers les objectifs de protection de l'environnement.
Ces approches selon la FAO (1995), favorisent la prise en charge effective par
la population, des
opérations de restauration et de développement
du terroir. Cependant, parmi les multiples actions entreprises dans ce cadre
par le projet (ARDESAC), peu d'entre elles se sont intéressées
à des questions relatives à l'organisation de l'espace pour
comprendre certaines logiques paysannes et leurs influences dans le processus
de concertation.
Dans ce sens, Véron et Roque (1997), soulignent que :
« Depuis quelques années, les coopérations
pluridisciplinaires se sont beaucoup imposées dans des travaux qui
abordent les questions relatives à l'eau, à l'air, aux
déchets, aux transports, voire à la biodiversité ou au
paysage. Très peu s'intéressent à l'espace en tant que tel
alors que, dans le même temps, l'expression "gestion de l'espace",
entendue avec une multitude d'acceptations implicites, rencontre un grand
succès ». Objet de tension entre les communautés d'usagers,
la source précise que l'espace est en train de devenir une ressource
limitée pour laquelle se posent des questions de répartition et
de renouvellement (Véron et Roque, 1997).
C'est dans cet esprit que la présente étude
cherche à comprendre certains modes paysans d'occupation de l'espace et
leur influence sur la Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN) et
d'aménagement agropastoral. Pour cela, elle analysera les deux logiques
d'interventions des exploitants dans le terroir de Laïndé
Karéwa : celles de l'espace exondé et celles du bas fond.
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