4.3 PROPOSITIONS D'AMELIORATION DE L'ORGANISATION DE
L'ESPACE ET SCENARIOS D'EVOLUTION
4.3.1 Propositions d'amélioration du mode
d'organisation actuel de l'espace
Les propositions sont relatives aux différentes remarques
faites tout au long de cette étude. Nous insistons sur le fait qu'il
s'agit des éléments d'amélioration ou de
changement d'une situation donnée pouvant contribuer
à l'essor des activités et à l'épanouissement de
leurs acteurs. Partant de l'organisation spatiale du village et des
comportements des exploitants, les propositions d'amélioration de
l'organisation de l'espace exondé portent sur les points suivants :
> La mise en place d'un système de
sécurisation foncière qui doit amener les exploitants à
reconnaître le domaine foncier de chaque activité. Ceci se fera de
manière progressive et avec l'implication des autorités locales
et administratives.
> Une fois les espaces clarifiées, mettre en place,
suivant le processus ci haut présenté, un programme de
réhabilitation de toutes les pistes à bétails et
hurum en les clôturant biologiquement par des espèces
épineuses ou agroforestières. Les exploitants (agriculteurs et
éleveurs) seront chargés de la réalisation de ces
travaux.
> Renforcer les actions de lutte anti-érosive en
insistant sur les techniques simples et faisables. Les cultures sous couverture
végétale (CSCV) seront les bienvenus à côté
des bandes enherbées déjà connues par les exploitants. En
effet, on cherche par là à récupérer plus des
terres possibles et à améliorer les rendements des producteurs
par les effets induits de ces techniques. La meilleure approche dans ce
contexte est d'utiliser la terre en fonction de sa vocation. On ira donc
déterminer les terres marginales (rembourse l'investissement), les
terres aptes (moins de 25 %) et celles très aptes (plus de 25 %
d'investissement). L'individualisme agraire constitue une barrière
à cette mesure, toutefois une étude devra être menée
dans ce cadre.
> Clarifier les pistes d'exploitation en les officialisant
pour permettre de distinguer
les différentes zones et d'avoir une répartition
assez ordonnée de l'espace. L'application de ces propositions arrivera
à créer un nouveau paysage où l'approche participative
aura un poids considérable dans l'organisation du terroir et dans le
processus de développement.
Par analogie à l'utilisation du sol en fonction de sa
vocation, on pense que le bas fond doit être organisé de
manière à supporter les insuffisances de la partie
exondée. De ce point de vue, les aménagements hydro agricole
doivent être prioritaires afin de favoriser l'installation d'un climat de
sécurité alimentaire et de génération de revenu
supplémentaire. Compte tenu de ses potentialités physiques
(forme, superficie, pédologie, hydrologie, topographie), nous proposons
:
i)- La réalisation en amont du bas fond, d'un ouvrage
hydraulique capable de stocker les eaux de ruissellement en temps pluvieux et
de favoriser leur épandage dans les versants. Ce qui aura l'avantage,
parmi tant d'autres, de réduire la vitesse d'écoulement des eaux,
d'assurer la recharge des nappes phréatiques, et de mieux
contrôler le problème de drainage qui s'y pose. Au même
moment, certains espaces deviendront aptes à produire en contre saison
à cause de la proximité de la nappe. L'irrigation de surface
à petite échelle (arrosoir, sillons ou en planche) dans les
versant s'installera à cet effet pour la culture
maraîchère. Pour répondre aux objectifs
d'aménagement sollicité, trois types d'ouvrages peuvent
être envisagés. Ils concernent :
> Le barrage équipé d'un déversoir et
d'une écluse (vanne) comme proposé par Euroconsult, (1987) dans
les bas fonds de Bounga et de Djaloumi au Nord Est Bénoué. Pour
ce faire, la nature et la pente du sol, le type de culture (besoin en eau), le
stock annuel (débit minimal nécessaire) sont les
paramètres clés de la conception de l'ouvrage. Son fonctionnement
global impose un contrôle permanent de l'écluse pour la mise ou
non sous eau du bas fond. Ce qui nécessite la formation technique des
producteurs et une réglementation dans la gestion afin d'éviter
des conflits sociaux.
> Les digues filtrantes, qui en plus des effets sur le
flux hydrique permettent de résoudre certains problèmes
d'érosion. Ce sont des ouvrages parcellaires construits
perpendiculairement à l'axe du bas fond ou en courbes de niveau, pour
ralentir et étaler les flux de ruissellement. Leur inconvénient
résidera au niveau de la réorganisation des parcelles et
l'exigence en main d'oeuvre.
> Les biefs, tant sollicités par les producteurs,
ont l'avantage d'être construits sur le lit du cours d'eau. Leur
conception est complexe, mais l'effet sur le contrôle de
l'écoulement est satisfaisant. Le problème d'érosion avec
ces ouvrages persiste dans la plupart des cas.
En somme, il serait très indispensable d'engager une
étude spécifique sur le type d'aménagement à mettre
en oeuvre. Celle-ci mettra plus d'accent sur les faisabilités
techniques, c'est-à-dire le dimensionnement en fonction du site choisis
et des objectifs énumérés plus haut.
ii)- la réhabilitation des points d'abreuvement des
animaux
Ces points d'eau sont en général taxés de
source de maladie en saison sèche profonde à cause du niveau
très bas de l'eau. A cause de la concentration des animaux au tour
de ces eaux, les conflits agropastoraux deviennent plus fréquents. Il
importe donc
d'aménager les berges du lit mineur et d'approfondir
ces zones de concentration d'eau pour augmenter le volume disponible. Les
effets induits de l'ouvrage hydro agricole proposé plus haut seront
importants pour accroître cette disponibilité. En
réhabilitant les pistes à bétail, ces points d'abreuvement
seront sécurisés, une gestion plus responsable de cette ressource
se déroulera.
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