2.4.3 Types d'aménagements du bas fond en zone
sahélienne
Le choix du type d'ouvrage ne se fait pas seulement en
fonction des caractéristiques naturelles du site. Il est d'abord
fonction du problème à résoudre et la finalité que
lui donnent les paysans. Les contextes agro-climatiques et
morphopédologiques du milieu doivent être pris en compte. Par un
aménagement, on peut intervenir
- sur la forme des crues : épandage par
submersion d'un seuil ou à travers des digues filtrantes, vidange
accélérée, etc;
- sur le stockage en surface : en amont d'un ouvrage
ou à la parcelle grâce au casiérage; - sur la dynamique
de la nappe : accroître l'infiltration, réduire sa descente
en fin de saison des pluies par des barrages souterrains ou en bloquant le lit
mineur ; drainer pour rabattre la nappe.
2.4.3.1 Surcreusements des mares ou mares
artificielles
La création de points d'eau permanents pour le
bétail dans le bas fond est importante. Mais, vu l'ETP annuelle en zone
sahélienne, le stockage d'eaux de surface implique des pertes
énormes. Aménager une mare existante revient à faciliter
son alimentation ou à accroître sa capacité de stockage.
Pour les mares qui se sont envasées, un curage manuel ou au bulldozer
permet d'accroître la profondeur et éventuellement la surface. Une
protection amont, par digues filtrantes par exemple, est souvent
nécessaire. La capacité de stockage peut être accrue par
une digue aval, qui permet aussi de stocker les déblais sortis de la
mare. Mais la mare ne sera permanente que si l'on atteint la nappe (ce qui
n'est pas toujours possible), ou si la hauteur d'eau stockée
dépasse les pertes. Les mares artificielles (ou boulis) sont des
dépressions surcreusées. Elles sont alimentées en
hivernage par dérivation des crues du lit majeur. Leur profil est
beaucoup plus encaissé que les mares naturelles. Il faut atteindre une
profondeur supérieure à la hauteur de l'évaporation, qui
peut être freinée en limitant la surface à l'air libre et
en végétalisant la digue (CIRAD et GRET, 2002 ; Lavigne et
Camphius, 1997).
2.4.3.2 Les petits barrages
Les petits barrages sont des retenues de 3 à 4 m de
hauteur, visant à constituer un stockage d'eau en surface et non plus en
profondeur. Ils peuvent être en béton, en terre compactée,
en gabion, ou mixtes. Un ouvrage en terre implique un déversoir partiel
bétonné ou en gabions, capable d'évacuer la
totalité de la crue. Les petits barrages
nécessitent des calculs hydrauliques complexes. Ils
sont destinés à créer un point d'eau permanent, la hauteur
stockée dépassant les pertes par évaporation. Dans la
réalité, c'est rarement le cas. Les intervenants de
développement sont aujourd'hui souvent réticents face à
cette technique, coûteuse et à l'impact productif incertain. En
sols peu filtrants, il ne faut cependant pas négliger l'impact sur la
recharge des nappes d'un stockage d'eau de surface, même temporaire. Les
petits barrages sont une option technique à réserver à des
cas spécifiques : site favorable, enjeu de recharge de nappe,
possibilité de valorisation agricole du fait de l'existence de
dynamiques maraîchères ou de proximité urbaine, etc. (CIRAD
et GRET, 2002 ; Lavigne et Camphius, 1997).
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