III-2-2 Les personnages
secondaires des contes Egyptiens
Conte n° 1 : Le personnage secondaire de ce
récit c'est Anoup l'aîné de Bata, c'est un homme
marié que Bata considère comme un père. Il vivra en paix,
en amour et en harmonie avec son cadet jusqu'au jour où sa femme
discréditera son petit en tenant des déclarations
mensongères dans lesquelles elle affirmera que ce dernier lui fait des
avances en insistant sur le fait que c'est lui qui méritait d'être
son époux. Face à ces propos diaboliques, Anoup ne chercha pas
à vérifier l'information, mais ;
"Se montra comme un guépard du midi, il affila son
couteau et prit bien en main. Il se tint derrière la porte de
son étable pour tuer son frère cadet, lorsque celui-ci ferait
rentrer ses bêtes dans l'étable. "
La vérité finissant toujours par triompher, il
finira par écouter la version originale des faits relatée par son
petit frère, il sera très troublé et décidera de
laver l'affront en tuant celle qui avait détruit l'amour fraternel qui
existait entre lui et son frère cadet :
"Ainsi tandis qu'on m'accusait d'avoir dit une mauvaise
parole, tu n'as pensé à aucune des choses que j'ai
faites pour toi ! Ah ! Dire que tu es capable de te cacher, ton
poignard à la main, pour me tuer en traître. Quelle
trahison ! Quelle infamie (...) va t'en à la maison, la
main sur la tête, le front souillé de deuil. Arrivé
à la maison, il tua sa femme, la jeta aux chiens et demeura en
deuil de son frère cadet"
Quelques années plus tard Anoup respectera les
consignes que lui avait prescrit Bata avant sa mort, Bata ressuscitera et
l'amour et l'harmonie qui existait entre les deux frères
renaîtra : Bata deviendra roi et à sa mort Anoup lui
succedera :
"Anoup saisit la tasse d'eau fraîche où
était le coeur de son frère cadet ; celui-ci but ; et
son coeur fut remis en place te Bata redevint comme autrefois. Chacun d'eux
embrassa l'autre et ils parlèrent ensemble comme deux
compagnons, (...). Bata fut vingt ans roi d'Egypte, puis il quitta la vie et
son grand frère occupa sa place. "
Conte n° 2 : Dans ce récit, le personnage
secondaire est un roi nommé Rhampsinite. Au début du conte il est
pour le héros un véritable obstacle dans la mesure où il
l'empêchera de voler le trésor en toute quiétude en
plaçant un piège dans le caveau à trésor, le
héros détestera d'avantage le roi lorsque le piège
attrapera son frère et comme si cela ne suffisait pas, le roi mettra
tous les moyens en jeu afin que le héros soit arrêté. Mais
la hardiesse du héros amènera le roi à de meilleurs
sentiments et ce dernier finira par lui donner sa fille en mariage.
"Quand la chose fut rapportée au roi, il
s'étonna, émerveillé de l'astuce et de la hardiesse de cet
homme (...). Il le jugea un oiseau rare, et lui donna sa fille en mariage.
"
Conte n° 3 : Le personnage secondaire de ce conte
c'est incontestablement le fils de Vérité. Il est à ce
titre un adjuvant pour son père et un opposant pour Mensonge. En effet,
lorsque le fils de Vérité apprend que c'est Mensonge qui a rendu
son père aveugle, il décide de le venger. Pour ce faire, il va
confier son taureau au berger de Mensonge, Mensonge mangera ce taureau et le
fils de Vérité lui portera plainte à l'Ennéade
divine et exigera que les yeux de Mensonge soient crevés :
"Je suis le fils de Vérité et je suis venu
afin de le venger (...). Le jeune homme à son tour fit un serment pour
le roi disant : « Aussi vrai que dure Amon, aussi vrai que dure
le royal régent, puisse-t-on retrouver vérité en
vie... ! On frappera Mensonge de cent coups, et cinq blessures
lui seront infligées ; ses deux yeux seront crevés et il
sera placé en qualité de portier dans la maison de
Vérité. "
Conte n°5. La femme d'Oubaoner est le personnage
secondaire de ce conte. Elle est visiblement une femme aux cuisses très
légères qui n'hésitera pas à faire subir a son mari
un préjudice moral énorme en se laissant séduire par un
homme qu'elle connaissait à peine. Et c'est ainsi qu'elle va chaque fois
que l'occasion se présentera demander à l'intendant du jardin de
préparer le pavillon de plaisance où elle va à plusieurs
reprises tromper son mari avec son séducteur :
"La femme d'Oubaoner dit à l'intendant
chargé de l'entretien du jardin : « fais préparer
le pavillon de plaisance qui est près de l'étang, car je vais
venir m'y reposer ». Le pavillon fut alors pourvu de toutes belles
et bonnes choses. Ils s'y rendirent et y passèrent un jour
heureux. Ceci en compagnie de l'homme Vil. "
Malheureusement pour cette femme adultère, l'intendant
trouvera cela très déshonorant et insultant pour son mari. C'est
pourquoi il informera son maître de ces événements.
Oubaoner fera part de cette histoire au roi ; ce dernier fera
arrêter la femme d'Oubaoner afin qu'elle soit brûlée.
"Le roi fit saisir l'épouse d'Oubaoner (...) il la
fit brûler et ses cendres furent jetées dans le fleuve. "
Conte n° 6. Les personnages secondaires de ce
récit ce sont les rameuses. Elles peuvent être
considérées à juste titre comme des adjuvants au roi
Snefrou dans la mesure où ce sont elles qui parviennent à rendre
le roi heureux alors que ce dernier était très malheureux parce
qu'il ne parvenait pas à trouver une distraction capable de
l'égarer, mais dès que les rameuses entamèrent leur partie
de bateau, le roi retrouvera son sourire :
"Les voilà donc qui se mettent à ramer de
ci, de là, et le coeur de sa majesté était heureux de les
voir ainsi. "
Conte n° 7. Le pharaon Sésostris est le personnage
secondaire de ce conte. Il se montre très aimable à l'endroit du
paysan Khounaré, cet amour est palpable lorsqu'il libère le
paysan de prison alors qu'il avait été injustement
condamné par son intendant le méchant Marouitensi. Le pharaon ne
s'arrêtera pas à cette libération, il va proposer au paysan
de venir vivre au palais afin d'être le tisserand du palais :
"Pharaon lui rend justice, puis lui demande de
quitter son figuier et ses clients paysans pour consacrer son art
au tissage des parures royales"
Conte n° 8. Dans ce récit c'est la femme du jeune
prince qui est le personnage secondaire. Elle est pour lui un adjuvant
très indispensable qui sera prête à se faire hara kiri pour
le sauver, nous pouvons dans cette logique relever trois cas. Le premier cas
c'est lorsqu'elle décide de se suicider si son père n'accepte pas
qu'elle soit l'épouse du jeune prince alors que ce dernier est le
vainqueur de l'épreuve que son père avait proposé aux
prétendants :
"Elle jura par Dieu disant : par la vie de Phrâ
Harmakhis ! Si on me l'arrache, je ne mangerai plus, je ne boirai
plus, je mourrai sur l'heure. "
Le second cas c'est lorsqu'elle réussit à tuer
deux des destins auxquels le prince est soumis :
"Quand un serpent sortit de son trou pour mordre le
prince, (...) La femme le mit en pièces avec des coups de sa hache.
"
Le dernier cas que nous pouvons relever c'est quand elle
parvient avec l'aide du géant à tuer le crocodile qui
représentait le deuxième destin auquel était
destiné le prince.
"Elle sortit des roseaux, et, voici, comme le crocodile
ouvrait la gueule, elle le frappa de sa hache. "
Au terme de cette étude sur les personnages des contes
négro-africains et Egyptiens anciens nous pouvons faire deux
remarques.
La première remarque est que presque tous les
règnes sont représentés. Il s'agit notamment : du
règne humain plus nombreux qui comprend tous les hommes, les femmes et
les enfants. Le règne animal tout aussi abondant qui rassemble entre
autres le lièvre, la tortue, le lion, l'hyène, etc.
L'univers des idées, moins nombreuse, mais aucunement
négligeable, qui comprend les deux ennemis de toujours que sont
Vérité et Mensonge.
Outre ces êtres terrestres nous avons une
quatrième famille qui regroupe les êtres surnaturels. Elle est
représentée par les génies, le ciel et les dieux.
La deuxième remarque est que le portrait physique est
le plus souvent l'objet d'une brève esquisse, tandis que le portrait
moral est développé avec force détails. Un tel constat
nous pousse à penser que c'est le portrait moral qui est d'une grande
importance dans les contes dans la mesure où il est un tremplin facile
qui permet de nous faire comprendre que les contes sont à travers les
thèmes qu'ils développent des oeuvres pleines de significations.
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