UNIVERSITE DE BANGUI REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE
1
INSTITUT UNIVERSITAIRE DE Unité - Dignité -
Travail
GESTION DES ENTREPRISES
(I.U.G.E)
Tel : 21 61 57 67
BP : 1067 Bangui
L'INCIDENCE DE LA FRAUDE
FISCALE SUR L'ECONOMIE
CENTRAFRICAINE.
Présenté et Soutenu par :
Sous la Direction Scientifique de :
M. Odilon WAKANGA M. Florent OUANDJI
Etudiant en Année de Licence. Assistant à
l'Université de BanguiChef de Département du
Second
Cycle à l'I.U.G.E.
30ème Promotion
Année Académique 2010 - 2011
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
Introduction générale 1
Chapitre 1 : Les causes et manifestations de la fraude
fiscale.........6
Section 1 : Les causes de la fraude fiscale
.6
Section 2 : Les manifestations de la fraude fiscale
14
Chapitre 2 : Les conséquences de la fraude fiscale
sur les finances
Publiques............................................................23
Section1 : La baisse des recettes fiscales 23
Section2 : l'incapacité de l'Etat de finaliser ses
objectifs ..27
Chapitre 1 : Les effets de la fraude
fiscale.................................
|
33
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Section 1 : Sur le plan social
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.33
|
Section 2 : Sur le plan économique
|
.35
|
Chapitre 2 : Les mesures de lutte contre la
fraude......................
|
37
|
Section 1 : les mesures administratives et technique
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37
|
Section 2 : les mesures socio -politiques
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48
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Conclusion générale
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.51
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A notre père feu Michel WAKANGA et notre
Oncle Michel KINGUl qui n'ont pas eu la chance de voir le fruit de leurs
efforts. Paix à leurs âmes et que là où ils sont,
qu'ils puissent bénir ce travail.
A ma famille qui m'a toujours témoigné
son affection et apporté réconfort et soutien dans les moments
les plus difficiles de ma vie.
3
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
QUI PAIE SES IMPÔTS BÂTIT SON PAYS
5
Nous tenons à exprimer notre profonde
gratitude au Seigneur Dieu pour la vie, la santé, et toutes les
grâces reçues tout au long de cette année
académique.
Notre gratitude va également à
l'endroit de celles et ceux dont l'apport considérable a rendu possible
notre recherche.
Puissent-ils se reconnaître à travers
:
- Monsieur Florent OUANDJI, chef de
Département du Second Cycle à l'IUGE qui a bien voulu diriger
scientifiquement ce travail ;
- Monsieur Alphonse SELEKO, notre directeur technique
pour sa volonté et sa détermination à la
réalisation de ce travail ;
- Monsieur Christophe OUAPOU, Directeur de
l'I.U.G.E ; - Monsieur Georges DEMBA Evans, Directeur des études
;
- Tout le corps professoral de l'institut
universitaire de gestion des entreprises pour leur encadrement
;
- Nos parents :
L'abbé Maxime WAKANGA, Freddy, Régis,
Augina, Sophie et Marie INGAO lesquels m'ont conduit sur le chemin de la
réussite ;
- La famille BONGO, WAPOUNAMBA, MADENGA,
NDEMAGOUDA
POLOMAYO et la famille VOYEMAWA, pour leur soutien
tant matériel, que spirituel pour la réussite de ce travail
;
- Nos amis et connaissances qui nous ont
été d'un soutien moral tout au long de notre
formation;
- Aussi, nous remercions tous nos collègues
de la 30ème promotion, qui ont été
nos compagnons de travail durant l'année, particulièrement ceux
avec qui nous avons traversé des étapes que nous croyions au
départ insurmontables ;
Que ceux qui nous ont aidés de près ou
de loin, trouvent ici l'expression de notre gratitude.
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
Arr. : Arrêté
|
Art : Article
|
BM : Banque Mondiale.
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CA : Chiffre d'Affaires.
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CDS : Contribution de Développement
Sociale.
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CEMAC : Communauté Economique Monétaire
en Afrique Central.
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CGI: Code Général des
Impôts.
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CGIF : Code Général des Impôts
Français.
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CPC : Code Pénal
Centrafricain.
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DA : Droit d'Assisse.
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DE : Droit d'Enregistrement.
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DF : Droit Fixe.
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DGID : Direction Générale des
Impôts et des Domaines.
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DSF : Déclaration Statistique et
Fiscale.
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FMI : Fonds Monétaire
International.
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IFPP : Impôt Forfaitaire sur les Revenus des
Personnes Physiques.
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IL : Impôt Libératoire.
|
IMF : Impôt Minimum
Forfaitaire.
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IRPP : Impôt sur les Revenus des Personnes
Physiques.
|
IS : Impôt sur les
Sociétés.
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IUG : Impôt Unique Global.
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IUGE : Institut Universitaire de Gestion des
Entreprises.
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MF : Minimum Fiscal.
|
NIF : Numéro d'Identification
Fiscale.
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RCA : République
Centrafricaine.
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TTC : Toutes Taxes Comprises.
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TVA : Taxe sur la Valeur
Ajoutée.
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ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
La survie de l'Etat exige la participation
financière de sa population, à travers l'impôt pour
pourvoir aux besoins publics dont il est responsable.
L'apparition de la fraude fiscale remonte à la
création de l'impôt ; et depuis lors, fraude et impôt, ne
sont plus séparés. La fraude constitue une réaction
pacifique à l'impôt. Celle-ci a toujours suscité des
réactions souvent très violentes.
L'impôt est considéré comme «
un prélèvement obligatoire opéré par la puissance
publique et ayant pour objectif essentiel la couverture des dépenses
publiques, à repartir entre les contribuables, en fonctions de leurs
facultés contributives1 », et souffre toujours de
fraude.
Il importe de faire la différence entre la fraude
fiscale, l'évasion fiscale et la contrebande.
~ La fraude fiscale est un acte par lequel un
contribuable tente d'échapper à ses obligations légales et
cela de manière intentionnelle. Elle peut être
considérée dans une action ou dans une simple
omission.
~ L'évasion fiscale2 est le fait qu'un
contribuable exploite les failles du système fiscal afin de
réduire le montant de l'imposition. Le contribuable parvient à
échapper à l'impôt, c'est-à-dire qu'il minore
volontairement la base imposable (soit en augmentant les dépenses, soit
en diminuant les recettes) sans pour autant violer la loi fiscale.
~ Il faut également distinguer la fraude fiscale
de la contrebande. La contrebande est définie par l'article 405 du code
de douanes et porte essentiellement sur les marchandises. Il s'agit des actes
qui ont pour objectif d'éluder matériellement à
l'obligation de la conduite en douane
1 ARDANT(G), Histoire de l'impôt,
2eme volume, édition 1971 - 1972.
2 La politique fiscale et fiscalité,
édition 27 Aout 2008.
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des marchandises. Autrement dit, la contrebande s'entend
des actes d'importations et d'exportations en dehors des bureaux de
douane.
La fraude fiscale est une réalité en
Centrafrique comme dans les autres pays. Elle menace les entrées
budgétaires de l'Etat, mais aussi, elle met en cause l'application
correcte et efficace de la loi fiscale qui assure au moins en théorie
une certaine justice fiscale et les conditions de libre
concurrence.
La fraude peut être nationale ou internationale.
Elle est nationale lorsqu'elle est opérée dans les limites de la
souveraineté d'un Etat. Elle met le contribuable face à
l'administration fiscale de son pays.
Cependant, la fraude est dite internationale, lorsque
le contribuable met en oeuvre des moyens lui permettant de contourner les lois
fiscales de plusieurs pays. Elle est souvent l'oeuvre des grandes
firmes.
Si la fraude consiste à minorer le
bénéfice fiscal ou la matière imposable, les moyens
utilisés par les fraudeurs sont extrêmement nombreux de telle
sorte qu'il est difficile de mesurer l'ampleur de la fraude. Ainsi, il ne peut
pas par hypothèse, exister de statistique en matière de la fraude
fiscale car les fraudeurs ne cherchent de plus en plus qu'à renforcer
les techniques de fraude. Or une évaluation de la fraude doit se faire
à partir des fraudes déjà découvertes et une
évaluation de recouvrement de l'impôt.
Cependant, l'administration fiscale devra chercher les
raisons pour lesquelles les contribuables se dérogent de leurs
obligations fiscales.
Les raisons de cette fuite devant l'impôt se
trouvent dans la recherche des causes de la fraude qui constituent un
phénomène pour l'ensemble du droit fiscal.
Toutefois, il faut dire que la fraude fiscale n'est
pas seulement l'expression des petits contribuables en difficultés
(communément
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
appelés Boubanguérés), mais elle
est surtout l'oeuvre des grandes entreprises. L'objectif du contribuable est de
payer moins d'impôt car la fraude lui est profitable.
Les pertes probables qu'elle fait enregistrer à
l'Etat amènent ce dernier à la combattre à travers les
reformes fiscales.
L'étude du problème de la fraude fiscale
s'avère très importante parce qu'elle affecte lourdement
l'équilibre économique et budgétaire d'un Etat, surtout un
pays en voie de développement comme la République Centrafricaine
dont le budget repose essentiellement sur les recettes fiscales.
Les difficultés économiques et
financières de la RCA nous amènent à
réfléchir sur : « l'incidence de la fraude fiscale sur
l'économie centrafricaine ».
Pour cela, on se pose la question de savoir qu'est ce
que la fraude fiscale? Quelle sera la réaction de l'Etat et en
particulier de l'administration fiscale face au problème de la fraude
dont l'influence a un coût sur l'économie centrafricaine ? Quels
sont les moyens de lutte contre la fraude fiscale ?
En RCA, c'est le code général des
impôts crée par l'ordonnance
N° 58/9 du 30 décembre 1958
complété et modifié plusieurs fois par les lois de
finances qui prévoit la répression de la fraude. A cela s'ajoute
le code des douanes de la CEMAC (Communauté Economique Monétaire
en Afrique Central) ainsi que le Code Pénal Centrafricain.
Le problème de la fraude fiscale demeure
toujours capital entre autres ses conséquences pèsent lourdement
sur l'économie, ce qui est caractérisé par une
économie faible ; une insuffisance des recettes fiscales à
couvrir les charges publiques.
11
Face à ces différentes causes, il est
nécessaire de lutter efficacement contre la fraude afin
d'améliorer les recettes fiscales de l'Etat.
La non couverture des dépenses publiques oblige
le gouvernement à entreprendre des reformes au sein de l'administration
fiscale. Ces reformes se sont manifestées d'abord par la dissolution de
l'administration douanière par décret présidentiel du 02
Septembre 2006. Cette première reforme permet d'améliorer les
recettes fiscales. Ensuite vient la bancarisation des recettes fiscales
initiée par le gouvernement à la date du 26 janvier 2010. Cette
deuxième reforme permet de sécuriser les recettes afin de
promouvoir une gestion saine obéissant au principe de la bonne
gouvernance.
Notre travail est divisé en deux grandes
parties équitables : la première partie sera consacrée aux
généralités de la fraude fiscale. Ici il sera question de
donner d'abord les causes et les manifestations de la fraude fiscale, ensuite
de présenter les conséquences de la fraude fiscale sur les
finances publiques. La seconde partie sera basée sur les effets
socio-économiques et l'analyse critique des moyens de lutte contre la
fraude fiscale.
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
Le phénomène de la fraude fiscale est
complexe d'où la nécessité de
présenter les causes et les manifestations (chapitre 1), afin
d'analyser les conséquences sur les finances publiques
(chapitre 2).
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La fraude fiscale est un délit qui peut avoir
pour auteur une personne physique ou morale. Face à l'ampleur du
phénomène, il convient d'en rechercher les causes (section 1),
d'en présenter les différentes manifestations de la fraude
(section 2).
Section 1 : Causes de la fraude fiscale
Beaucoup de raisons expliquent le comportement
incivique des contribuables devant les charges publiques. L'administration
fiscale, face à l'ampleur du phénomène a
décidé d'en chercher les causes à partir de quelques
éléments générateurs.
Paragraphe1 : définition de la fraude fiscale
. La fraude fiscale est la violation directe et
volontaire de la loi
fiscale, le législateur centrafricain n'a pas
défini expressément la notion de la fraude fiscale. Le
délit de la fraude fiscale tel qu'il découle de l'article 1741 du
Code Général des Impôts Français dispose : «
quiconque s'est frauduleusement soustrait ou tenté de se soustraire
frauduleusement à l'établissement ou au paiement total ou partiel
de l'impôt ; soit qu'il ait volontairement omis de faire sa
déclaration dans les délais prescrits ; soit qu'il ait
organisé son insolvabilité ou mis
ODILON WAKANGA étudiant Centrafricain en Année de
Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
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obstacle par d'autres manoeuvres au recouvrement de
l'impôt ; soit en agissant de toute autre manoeuvre
frauduleuse...»3.
Pour Marc DASSESSE et Pascal MINNE, la fraude fiscale
implique nécessairement une violation de la loi fiscale en vue
d'échapper totalement ou partiellement à
l'impôt4.
Le délit de la fraude fiscale est établi
par la réunion des éléments suivants :
1°) l'élément légal : en
RCA, nous pouvons dire que l'élément légal est l'article
1741 du Code Général des Impôts Français qui
définie la fraude fiscale.
2°) l'élément matériel : il
ne peut y avoir fraude sans qu'aucune preuve ne soit établie. Elle se
caractérise le plus souvent par la minoration de la base d'imposition
(par exemple en augmentant fictivement les frais et charges) ou bien encore par
la déclaration partielle des recettes. Il peut prendre les formes
suivantes selon l'article 1741 du C.G.I.F précité :
* soit de l'omission volontaire de déclaration
dans les délais prescrits ;
* soit de la dissimulation volontaire des sommes sujettes
à l'impôt ;
* soit de la passation délibérée des
écritures fictives dans les livres comptables ;
* soit de l'émission de fausses
factures.
3 JACQUES (J.B.) et LAMBERT(T.), Droit Fiscal,
éd. PUF, Paris 2003, p. 212
4 DASSESSSE (M ;) et MININE (P.), Droit Fiscal,
principe généraux et impôts sur les revenus, 4è
éd., Bruxelles, Bruyant, 1996, p.69
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Licence à I.U.G.E. 2010-2011.
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3°) l'élément moral ou intentionnel
: c'est l'élément le plus important car, le plus difficile
à prouver. La fraude est un acte prémédité qui
demande une représentation psychologique de l'acte
délictueux.
Le contribuable qui se prépare à se
soustraire à ses obligations civiques connaît d'avance le fruit
dont il peut en tirer. C'est dans ce sens qu'il cherche à mettre en
place, tous les moyens qui lui permettront de réaliser ses
désirs. De ce fait, on peut parler de la fuite devant l'impôt sans
une intention frauduleuse de la part du contribuable. L'infraction est
constituée lorsque le contribuable à qui l'on reproche la fraude
l'a fait de manière intentionnelle. Pour être punissable la fraude
fiscale doit ainsi être commise avec conscience et volonté et dans
le but de tromper l'administration fiscale.
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