Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009 |
B. La grande opportunitéLa primauté de l'écologie sur l'économie est une opportunité. Il n'est pas exagéré de dire que le monde est à la croisée des chemins en ce début de vingt-et-unième siècle. Quel bilan peut-être fait ? Le système politique mondial, fondé sur l'économie et la technologie a considérablement révolutionné la vie humaine. Il est clair qu'il a eu et a ses avantages. Mais aussi ses inconvénients. Comme toute oeuvre humaine, dira-t-on. Mais pourquoi alors insister sur les inconvénients ? Parce que l'état délicat, très délicat de la situation l'exige. A titre d'exemple, il a été précédemment question du rapport Planète vivante 2008 du WWF. Cette organisation estime qu'au rythme de sa consommation actuelle, l'humanité aura besoin de deux planètes au début de la décennie 2030 pour répondre à ses besoins. Le PNUE de son côté notait, entre autres dégradations, une acidification des capitaux écosystèmes marins dans son dernier rapport. Et l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, basé à Washington, de prévenir, à l'endroit du continent noir : « La diminution des éléments nutritifs du sol entraîne une stagnation ou un déclin de la production agricole de plusieurs pays africains. A moins que les gouvernements africains, avec le soutien de la communauté internationale, n'entreprennent de trouver des solutions au problème de l'épuisement des sols, la diminution de la productivité agricole mettra sérieusement en péril les bases d'une croissance économique durable en Afrique41(*). » Cela suffit pour conclure que l'orientation d'ensemble et le fonctionnement du système politique global montrent des limites insoutenables et qu'ils sont à réformer. Car les bases environnementales du nouvel ordre international né en 1945 et incarné par la Charte des Nations unies n'y ont guère été affirmées. On a basé la vie sur l'économie au lieu du contraire. Il faut donc un retournement de situation. Aussi est-il encourageant de constater une redéfinition des politiques économiques dans une perspective écologique chez certains Etats, pour la plupart industrialisés. Si le paradigme éco-économique est - et doit être - sérieusement pris en compte par les Etats et les grands groupes financiers, il s'en suivra une gigantesque restructuration de l'économie puisque tous les aspects de notre vie seront repensés en tenant compte de notre relation écologique avec la nature. Par conséquent, et comme il est déjà donné de le constater, de nouveaux modes de production de richesses verront le jour avec leurs industries, leurs emplois, leurs travailleurs. L'économie basée sur l'écologie, génératrice d'emplois nouveaux et en expansion, éducatrice des modes de vie humains, sera alors facteur d'une amélioration par trop significative de la qualité de la vie et une voie royale vers la justice sociale. C'est ainsi une grande opportunité pour les Etats du monde en quête de repères, en particulier les plus pauvres, que de réfléchir sérieusement à leur intégration dans un monde où l'écologie reprendra enfin ses droits. Où il faudra réapprendre à imiter le cycle de la Nature. * 41 Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, Nutrient Depletion in the Agricultural Soils of Africa, 1999. Cité par John MADELEY, in Le commerce de la faim, collection Enjeux Planète, éd. Alliance des éditeurs indépendants pour une autre mondialisation, 2002 (version anglaise 2000), p. 54. |
|