Conclusion partielle
On retient qu'à Williamsville, 77 ,07% des
ménages versent leurs eaux de lessive et de vaisselle à la rue.
Quant aux eaux de douche, les ménages dont ces eaux sont
évacuées dans les puits perdus et dans les caniveaux ouverts sont
respectivement de 45,86% et de 20,38%. Cependant, dans certains habitats, les
puits perdus sont endommagés ce qui entraîne l'écoulement
de l'eau de douche a la rue, suivi de la stagnation par endroit. Il faut dire
qu'à Williamsville, 54,46% des ménages ont raccordé leurs
latrines et WC aux caniveaux ouverts où dans les ravins. Les eaux de
teinture et autres activités informelles sont jetées
immédiatement dans la rue. Au niveau des maquis, restaurants et bars, la
gestion des eaux usées n'est pas assurée.
Concernant la gestion des eaux pluviales, les ménages
et les agents économiques essaient de s'en débarrasser selon les
dispositifs qu'ils ont mis en place. Au niveau du cadre public, les
canalisations qui sont réalisées sont insuffisantes et non
fonctionnelles par endroit.
A Williamsville, la défaillance du système
d'assainissement individuel et des infrastructures de drainage fait que les
pratiques environnementales liées à l'assainissement des
ménages ont des répercussions non seulement sur le milieu de vie
mais également sur la santé de la population. Alors quels sont
les problèmes environnementaux liés a l'assainissement qui
découlent des pratiques et quelles sont les stratégies de lutte
?
LES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX LIES A
L'ASSAINISSEMENT ET ESQUISSES DE
SOLUTIONS
TROISIEME PARTIE :
La gestion de l'environnement en matière
d'assainissement a Williamsville n'est pas satisfaisante. Les eaux usées
ne sont pas gérées convenablement, de même la gestion des
eaux pluviales n'est pas assurée. En effet, le mode de gestion
traditionnel des eaux usées et des eaux pluviales est à l'origine
de nombreux problèmes environnementaux. Face à ses
problèmes, quelles sont les réactions des différents
partenaires de la gestion environnementale à Williamsville ? Dans cette
dernière partie de notre travail, il s'agira de mettre en
évidence les problèmes environnementaux liés à
l'assainissement mais aussi, d'évoquer les stratégies de lutte
contre ces problèmes à travers les réactions de la
population, des agents économiques et des pouvoirs publics sans omettre
nos suggestions pour l'amélioration du cadre de vie.
CHAPITRE 5 : LES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX LIES A
L'ASSAINISSEMENT
La croissance rapide de la population, la diversité des
activités économiques et la défaillance des
infrastructures de gestion des eaux usées et des eaux pluviales à
Williamsville sont a l'origine de plusieurs problèmes environnementaux.
Quels sont ces problèmes ? D'oü proviennent-ils ? Quelles
conséquences peuvent-ils avoir sur le milieu de vie et la santé
de la population ?
5-1 Les problèmes environnementaux
Il s'agit ici, des problèmes environnementaux liés
aux eaux usées et aux eaux pluviales.
5-1-1 Les problèmes liés aux eaux
usées domestiques
Les problèmes que nous avons rencontrés à
Williamsville sont l'insalubrité du cadre de vie et les nuisances.
5-1-1-1 L'insalubrité du cadre de vie
L'insuffisance des infrastructures de gestion des eaux
usées et le manque d'entretien de celles qui existent posent un
problème d'insalubrité du cadre de vie. En effet, les eaux de
vaisselles, de lessives et de douches sont évacuées à la
rue et dans les caniveaux ouverts. Ces eaux stagnent dans la rue devant les
habitations (photo 13), les activités économiques (boutiques,
restaurants, maquis, magasins ...) et dans les caniveaux ouverts qui sont
bouchés par les déchets solides.
Photo 13 : La présence d'eaux usées devant une cour
a Williamsville III. Cette photo
montre les eaux usées devant l'habitation. (Source :
Cliché TUO Pega, 2008)
Cette insalubrité s'aggrave avec le fait que la
population jette les déchets solides dans les caniveaux ouverts (photo
11) et le dysfonctionnement du réseau d'égout par endroit.
5-1-1-2 Les nuisances
En ce qui concerne les nuisances à Williamsville, ce
sont des odeurs nauséabondes émanant des eaux usées qui
coulent ou stagnent dans les caniveaux, les rues et les dépôts
d'ordures que l'on met de plus en plus de temps à enlever. Ce sont
également les incommodités liées aux latrines (mauvaises
odeurs, prolifération des mouches, des moustiques et des cafards).
5-1-2 Les problèmes liés aux eaux pluviales
5-1-2-1 Les risques naturels
Les risques naturels qu'on rencontre à Williamsville sont
l'érosion, l'inondation et les éboulements de terrain (figure
7).
L'érosion a Williamsville est liée a l'absence
de canalisations des eaux pluviales. Elle constitue la menace la plus
répandue sur les versants du site. L'observation du site nous a permis
d'identifier deux types d'érosion. En effet, a la suite des pluies,
l'eau coule de manière diffuse et conduit a l'enlèvement des
plaques de sol plus ou moins importantes. Elle affecte directement les
soubassements des maisons jusqu'à mettre a nu les fondations sur les
versants du site. Nous constatons par ailleurs, que l'érosion est plus
intense en amont qu'en aval. Ce type d'érosion est renforcé par
la pente et se rencontre a l'intérieur des cours non
cimentées.
A côté de cela, l'érosion se manifeste
aussi par la création d'un réseau de rigoles parallèles
orientées dans le sens de l'inclinaison. Il est du a un ruissellement
concentré des eaux pluviales. Ainsi, ces rigoles ouvertes drainent les
eaux de pluies et les eaux usées qui sont déversées par
certains ménages. Au fur et à mesure qu'il pleut, ces rigoles se
dégradent, s'agrandissent et laissent apparaître un paysage
alarmant qui rend difficile les activités humaines.
L'inondation touche les zones basses c'est-à-dire les
fonds de vallées de Williamsville. Pendant les saisons de pluies, les
eaux de ruissellement inondent, les habitations qui sont construites au bord
des caniveaux ouverts et dans les talwegs. Le risque dans son ensemble du point
de vue de l'aléa et de la vulnérabilité est beaucoup
présent dans les quartiers précaires : la Paix, Dialogue,
Cimetière et Sonitra. Aussi, il y a inondation des maisons qui sont
construites en aval dans les cours qui sont sur les versants.
Les éboulements de terrains se produisent à
Williamsville là où l'habitat s'est développé sur
les versants instables ou en forme d'escarpement. Ces risques sont
présents dans les quartiers précaires (la Paix, Cimetière
et Sonitra) qui sont logés dans le ravin principal qui abrite le
quartier précaire Cimetière de Williamsville I (photo 14).
Photo 14 : Eboulement de terrain sur le versant du ravin
principal à Williamsville I (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire
que la manifestation de ces risques naturels ne va pas sans avoir des
répercussions sur l'homme, les activités socioéconomiques
et sur le cadre de vie.
5-1-2-2 La dégradation des infrastructures
routières
A Williamsville, les voies a l'intérieur des quartiers
sont dans un état de dégradation avancée. Dans certains
cas, c'est le revêtement qui disparaît en raison du manque
d'entretien ou tout simplement du vieillissement (photo 15). On relève
également l'ensablement des voies bitumées. L'érosion a
complètement érodé les rues surtout celles
des secteurs de Croix-bleue, Hôtel Clément et le groupe scolaire
Jean Porquet à Williamsville I.
Photo 15 : La dégradation avancée d'une voie par
l'eau de ruissellement. Cette photo montre l'enlèvement du
revêtement (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
5-2 Les causes des problèmes environnementaux
5-2-1 Les conditions naturelles difficiles
Du point de vue géomorphologique, le continental
terminal constitue au Nord des lagunes d'Abidjan, de hauts plateaux dont
l'altitude varie de 40 a 100 mètres (TASTET, 1971). Le plateau sur
lequel est installée la zone de Williamsville est entaillé par
des vallées au profil en auge. Au niveau du sol, nous distinguons un
niveau inférieur à texture sableuse et un niveau supérieur
à consistance argileuse correspondant au concept de sol. Ce sol argileux
rouge possède un taux de saturation en base faible (de l'ordre de 10 a
20%), une capacité d'échange cationique très faible (de
l'ordre de 10 a 15 mé /100g de terre) et une quantité de bases
échangeables faible de l'ordre de quelques mé/100g (MICHEL,
1990). Le ruissellement sur les pentes (versants) du plateau, provoque la
formation de rigoles dont certaines l'emportent rapidement sur d'autres et
constituent bientôt des torrents ; ceux-ci sont de puissants agents
d'érosion car ils concentrent les
eaux de ruissellement et entraînent aisément les
débits provenant de l'usure ou de la décomposition des roches
(FOURMARIER, 1950). Pendant les saisons pluvieuses a Williamsville, l'eau en
excès s'écoule sous forme de films ou de ruisselets
anastomosés : c'est l' « écoulement diffus ».
Plus en aval des versants, le phénomène de
concentration de l'érosion se traduit par la création de chenaux
temporaires qui évolueront en ravineaux. Ainsi, ils peuvent prendre la
taille de véritables ravins à un certain stade du
développement (MICHEL, 1990).
Il faut noter que l'érosion spectaculaire
observée a Williamsville constitue une menace sur les versants du site.
En effet, pendant les saisons pluvieuses, les actions de l'érosion
pluviale se font pratiquement sentir au niveau du cadre de vie.
5-2-2 Le rôle des précipitations
Le District d'Abidjan est sous l'influence d'un climat
subéquatorial humide a quatre saisons alternées. En effet, la
ville d'Abidjan se situe en basse latitude précisément à
5°20 de latitude Nord et à 4° de latitude Ouest sur la
façade Occidentale de l'Afrique, ce qui l'expose aux masses d'air
chargées en humidité (FRANCOIS, 2002).
La pluviométrie abondante de la ville d'Abidjan (1766
mm d'eau de pluie en moyenne) est donc favorable à la dégradation
du cadre de vie du fait de l'insuffisance des infrastructures de drainage.
5-2-3 Insuffisance des infrastructures de gestion des
eaux pluviales
Au cours de notre étude a Williamsville, nous avons
constaté qu'en dehors des caniveaux ouverts qui longent les autoroutes
(autoroute du Nord au Sud, l'autoroute d'Abobo a l'Ouest) et la route du
Zoo-Abobo a l'Est, ce sont de petits caniveaux a ciel ouvert qui sont
réalisés a l'intérieur des quartiers. Au quartier
Williamsville I, les petits caniveaux que nous avons observés sont
bouchés par les déchets solides et sont souvent sans suite. Les
grandes canalisations qui sont construites pour l'écoulement des eaux
pluviales au bord des autoroutes sont obstruées par endroit par les
déchets solides (anciennes pièces et vieilles carapaces de
véhicules, appareils ménagers et ordures
ménagères...) (photo 16).
Photo 16 : Caniveau a eau pluviale qui longe l'autoroute
d'Abobo bouché par les déchets Solides. Cette photo montre la
stagnation des eaux dans le caniveau bouché. (Source : Cliché TUO
Pega, 2008)
Au quartier Williamsville III, hormis les petits caniveaux
à ciel ouvert qui sont réalisés devant les
sociétés SISAG et MACACI, le garage de la police Nationale et
celui sans suite devant le Lycée Municipal qui accueil les
déchets solides, il n'existe pas d'autres canalisations ailleurs.
Les quelques petits caniveaux qui existent a
l'intérieur des quartiers de Williamsville sont non
opérationnels. En effet, ces caniveaux sont bouchés par les
déchets solides et sont souvent sans suite. Il faut aussi noter que,
certains caniveaux sont sans inclinaison (pente). Ils sont plats, ce qui
favorise l'accumulation du sable et des déchets solides d'oü un
écoulement difficile de l'eau de pluie (photo 12).
5-2-4 L'absence de culture environnementale
La population de Williamsville qui est en majorité
analphabète, n'a aucune considération pour l'environnement de
leur cadre de vie. Elle néglige le bien fondé d'un environnement
sain. Sa négligence fait qu'elle se sent a l'aise dans ses pratiques
c'est-à-dire déverser les eaux usées à la rue,
jeter les déchets solides dans la rue et dans les caniveaux ouverts
parce qu'elle n'a pas conscience des interactions entre l'homme et son
environnement. Il faut aussi ajouter, qu'il y a une absence de sensibilisation
de la part non seulement des autorités mais également des
intellectuels qui y résident en vers le reste de la population.
Jusqu'à présent de nombreux ménages ne savent pas que la
gestion des eaux usées et le fait de disposer d'une poubelle, font
partir de l'équipement d'un foyer comme une cuisinière à
gaz et un réfrigérateur (KILI, 1991).
En l'absence de réseau d'assainissement des eaux
usées domestiques, celles-ci accompagnées de déchets
solides, sont déversées dans la rue, dans les ravins et dans les
caniveaux ouverts. La population ne fait pas une nette distinction entre un
réseau d'évacuation des eaux usées domestiques et celui
qui est destiné au drainage des eaux pluviales (photo 4).
5-2-5 La pauvreté
Les chefs de ménages de Williamsville ont dans leur
majorité un revenu faible. Donc de nombreux ménages ne peuvent
pas doter leurs habitats de qualité avec les commodités d'aisance
adéquates qui permettent une vie décente. Face a cette
difficulté, les ménages cohabitent avec les eaux usées
domestiques, les eaux vannes qui stagnent derrière les habitations,
parce que rien n'est fait pour recevoir ces eaux ou parce que les puits perdus
sont endommagés. Il n'est pas rare de voir la prolifération de
l'habitat précaire dans les zones constructibles entre l'habitat
résidentiel (villa moderne) et l'habitat évolutif (concessions,
immeubles, maisons simples).
5-2-6 L'occupation des zones non
constructibles
Dans la commune d'Adjamé, l'attribution du lot et
l'autorisation de construire sont gérées par :
-Les propriétaires terriens (les Ebriés). Ils font
un lotissement villageois de l'espace avant de le transmettre aux
autorités administratives.
-La Mairie : Elle se charge de corriger le plan de lotissement
avec l'accord des Ebrié avant de le transmettre au Ministère de
tutelle.
- Le Ministère de la construction et de l'urbanisme qui
est saisi pour approbation. C'est après la signature et la publication
de l'arrêté Ministériel que les lots sont mis en vente.
Malgré ce beau parcours administratif, l'on assiste a
l'occupation des zones non constructibles à Williamsville. Les versants
du site et les fonds des vallées des ravins ne sont pas
appropriés a l'urbanisation car ces différentes zones ne sont pas
du tout aisé à tout plan de lotissement. Cependant, on note une
prolifération des constructions anarchiques sur les terrains non
constructibles. En effet, le ravin
principal qui abrite le quartier précaire Cimetière
de Williamsville I est densément habité au mépris des
risques naturels que présente le site.
Ces zones non constructibles sont occupées chaque jour
d'habitats précaires (logements en baraques, en banco etc.) sans aucune
viabilisation de l'espace. Au niveau de ces habitats, aucun système
d'assainissement n'est prévu. Ces constructions sont
réalisées aux quartiers Williamsville I (Cimetière, la
Paix, CroixBleue), à Williamsville II (Kennedy, Dialogue, Haoussabougou)
et à Williamsville III (sonitra, Vietnam) sans aucune réaction de
la part des autorités.
Quant au Service Voirie Réseau Divers (VRD), il est
très limité dans ses actions. Ces actions sont moins visibles sur
le terrain. La population de Williamsville continue d'évacuer les eaux
de lessives, de vaisselles, de douches et les eaux vannes dans la rue, de
construire dans les ravins sans aucune réaction des agents de la
Mairie.
5-3 Les conséquences
Un environnement mal assaini ne va pas sans causer des
conséquences au niveau du milieu de vie et sur la santé de la
population.
5-3-1 Sur le milieu de vie
Les eaux usées de vaisselle et de lessive
versées dans la rue sont une source de pollution de l'air par
émission d'odeurs. Aussi, la présence des eaux vannes contribue a
la pollution de l'air. Le déversement en désordre des
déchets ménagers et la confusion de réseaux
d'évacuation des eaux usées domestiques et de drainage des eaux
pluviales entraînent des nuisances. Les eaux usées qui
stagnent dans les rues favorisent donc le développement
des agents pathogènes (photo 17).
Photo 17 : La présence d'eaux usées dans la rue qui
entraîne la prolifération des moustiques et donne une image
malsaine du milieu de vie (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
5-3-2 Sur la santé de la population
On observe depuis quelques années une
prolifération inquiétante des maladies environnementales dans les
centres urbains (REPCI ,2006). En effet, à Williamsville la
dégradation de l'environnement et l'insalubrité grandissante qui
l'accompagne favorisent la prolifération des agents pathogènes et
exposent de plus en plus les populations aux maladies. Les maladies
liées à un mauvais assainissement selon le rapport triennal de
2005 à 2007 du centre de santé à base communautaire
d'Adjamé-Williamsville sont présentées dans le tableau
cidessous (tableau 20).
Tableau 20 : Répartition des maladies liées
à un mauvais assainissement à Williamsville
Années
Maladies
|
2005
|
2006
|
2007
|
Chiffre de réalisation
|
Pourcentage (%)
|
Paludisme
|
6337
|
4930
|
6603
|
17870
|
57 ,80
|
Maladie diarrhéique
|
645
|
776
|
769
|
2190
|
07,80
|
Rougeole
|
27
|
00
|
03
|
30
|
00 ,10
|
Conjonctivite
|
74
|
104
|
124
|
302
|
00,98
|
Fièvre typhoïde
|
398
|
489
|
571
|
1458
|
04,72
|
Tuberculose
|
37
|
63
|
111
|
211
|
00,68
|
Autres maladies infectieuses
|
241
|
429
|
59
|
729
|
02,36
|
IRA : Infection Respiratoire Aigue
(haute et basse)
|
1979
|
2651
|
3367
|
7997
|
25,87
|
Malnutrition
|
20
|
48
|
60
|
128
|
00,41
|
Total
|
9758
|
9490
|
11667
|
30915
|
100
|
Source : Centre de Santé à Base Communautaire
d'Adjamé-Williamsville de 2005 à 2007
La présence des eaux usées dans les rues, dans
les caniveaux ouverts, des dépôts d'ordures anarchiques ou
sauvages partout et les incommodités liées aux latrines, favorise
le développement des vecteurs de maladies (les mouches et les
moustiques). Les moustiques sont responsables de la maladie du paludisme qui
représente 57,80% des cas de maladies liées au mauvais
assainissement de 2005 à 2007. Cette pathologie qui est en
première position à Williamsville, a connu une
évolution importante en passant de 6337 cas en 2005
à 4930 cas en 2006 puis à 6603 cas en 2007.
En deuxième position, on note les IRA (haute et basse)
qui représentent 7997 des cas, soit 25,87% de 2005 à 2007. Ces
Infections Respiratoires Aigues (IRA) sont dues à la pollution de l'air
par les hydrocarbures (essence, gasoil et huiles) qui coulent à terre
dans les garages automobiles, les gaz d'échappement des véhicules
sur les routes et les fumées de diverses origines. En effet,
l'exposition aux gaz et fumées favorise l'irritation des voies
respiratoires, les maladies pneumonaires (bronchites chroniques, l'asthme) et
le cancer des voies respiratoires.
Les maladies liées à un défaut d'ablution
(les maladies diarrhéiques et conjonctivite) sont en troisième
position. Elles représentent 08,06%, (2492 cas) et sont la
conséquence des faibles quantités d'eau dont les ménages
se servent pour la toilette et l'hygiène individuelle.
Classées en quatrième position, les maladies
comme la fièvre typhoïde et autres maladies infectieuses, qui
résultent de la contamination de l'eau par les excréta ou l'urine
d'origine animale ou humaine, représentent 07,08%, soit 2187 cas de 2005
à 2007. Elles proviennent des mauvaises conditions hygiéniques du
fait de la contamination des aliments, de l'eau ou des doigts par des
matières fécales contenant des micro-organismes pathogènes
et l'ingestion ultérieure de ces micro-organismes par des sujets
sensibles ( graphique 6 et photo18).
On constate qu'il y a une augmentation des cas de
fièvre typhoïde au cours de ces trois années d'exercice. Le
nombre de cas de fièvre typhoïde est passé de 398 en 2005
à 489 en 2006 puis à 571 cas en 2007.
Graphique 6 : Voies de transmission des
agents pathogènes présents dans les excréta à
Williamsville.
Réserve d'eau de consommation
Caniveaux (lieux de loisir des enfants)
Aliments
Transmission a l'homme
Agents pathogènes présents dans les
excréta
Mouches
Eaux usées (eaux vannes)
Déchets
solides décharge incontrôlée
Mains
Sol
Source : Notre enquête, 2008
Photo 18 : Des enfants du quartier Cimetière-Williamsville
I a la recherche d'objets précieux dans les eaux usées. Cette
photo montre les mains des enfants
dans les eaux usées a la recherche du métal et de
l'aluminium. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Ces deux illustrations (graphique 6 et photo 18) montrent que
l'homme est luimême le principal réservoir de la plupart des
maladies qui l'affecte. La transmission des maladies véhiculées
par les excréta d'une hôte a une autre (ou a l'hôte
lui-même), s'effectue normalement selon l'une des voies indiquées
sur le graphique 6.
Enfin, les maladies comme la rougeole, la malnutrition et la
tuberculose occupent respectivement 0,10% ; 0,41% et 0,68% du chiffre de
réalisation triennal 2005- 2007. Cependant, il faut noter le nombre
croissant des tuberculeux. Ce nombre est passé de 37 personnes en 2005
à 63 en 2006 pour atteindre 111 personnes en 2007. Le docteur ZOHI
Florence, responsable des soins de santé au Centre de Santé a
base Communautaire d'Adjamé-Williamsville affirme que le Centre ne
dispose pas de statistiques sur les différentes tranches d'âges et
aussi les différents sexes.
L'analyse du rapport triennal 2005- 2007 du Centre de
Santé à Base Communautaire d'Adjamé- Williamsville nous
montre que, le paludisme reste la pathologie la plus couramment
rencontrée. Aussi, les maladies comme les IRA, la fièvre
typhoïde, la tuberculose et les conjonctivites apparaissent en nombre
croissant.
5-3-3 L'impact des risques naturels
La population de Williamsville vit dans un état
vulnérable, craignant plus les pluies diluviennes nocturnes. La
période de la grande saison des pluies (Mai à Juillet) est
vécue difficilement par la population lorsqu'elle approche. C'est une
inquiétude générale qui s'installe pour bon nombre de
ménages qui craignent plus les dommages que ce soit matériel ou
humain.
Les pluies causent de nombreux désagrément
à la circulation routière. En effet, l'érosion affecte les
routes par la création de rigoles, de fossés rendant ainsi
difficile l'accès a l'intérieur des quartiers (photo 19). Les
populations de Williamsville I du côté de la station Texaco, se
plaignent de l'état des routes qui ne facilite pas leur
déplacement pour les accouchements à la maternité et
autres activités économiques.
Photo 19 : Une voie complètement érodée par
les eaux de ruissellement. Cette photo montre la dégradation de la
voirie. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
La dégradation du cadre de vie est le résultat
de la manifestation des risques naturels a Williamsville. Pendant les saisons
pluvieuses, l'érosion constitue la menace la plus grave car, elle creuse
des rigoles, met à nu les infrastructures de distribution d'eau potable
ou d'assainissement et dégrade les rues (figure 7). Elle est plus
dangereuse aux pieds des maisons qui sont construites sur les versants du site
dont elle sape la fondation et provoque la chute. En effet, l'habitat est
marqué par un décapage progressif de 0,15 à 1,25
mètre au niveau de sa fondation (photo 20).
Photo 20 : Le décapage au niveau de la fondation d'un
habitat au quartier Cimetière-Williamsville I (Source : Cliché
TUO Pega, 2008)
L'habitat est donc exposé a l'érosion et
nécessite plus d'attention. Ainsi, nous assistons à un abandon,
à une modification, à un vieillissement et à un
délabrement de celui-ci. Cela entraîne sa destruction partielle ou
totale et oblige certaines personnes à déménager vers
d'autres sites qui sont jugés appropriés.
Face aux différentes menaces des problèmes
environnementaux liés à l'assainissement, quelles sont les
actions menées par la population, les agents économiques et les
autorités publiques ?
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