Conclusion partielle
Notre étude a porté essentiellement sur deux
points qui sont les hommes et le cadre de vie.
Le cadre de vie présente un milieu physique
caractérisé par un plateau disséqué entaillé
de ravins. La nature du sol présente une texture argilo-sableuse et est
sous un climat très humide avec des précipitations qui atteignent
en moyenne 1766 mm d'eau. Contrairement au milieu physique, le cadre humain est
caractérisé par l'existence de trois types d'habitats avec des
caractéristiques différentes selon les quartiers. Des
équipements scolaires, socioculturels, sanitaires et économiques
y sont présents. Aussi existe-t-il des services tant au plan
administratif que sécuritaire et hôtelier.
Au niveau démographique, il convient de noter que la
population de Williamsville a considérablement augmenté. De 39
364 habitants en 1975, elle est passée à 73 924 habitants en
1998. C'est une population qui a un niveau de vie
faible car 53,82% des chefs de ménages
enquêtés ont un revenu inférieur à 100 0000 francs
CFA.
A Williamsville la population est inégalement repartie
dans les trois quartiers et les adultes sont majoritaires avec 63,04% de la
population totale. Il ressort des données statistiques de l'INS que
Williamsville est habité par les Ivoiriens à 62,05% comprenant
tous les groupes ethniques de la Côte d'Ivoire dont le groupe des
Mandé (27,96%) est le plus dominant. Elle enregistre le plus de
fidèles au niveau de la religion musulmane (60,25%) et dispose d'une
forte proportion d'analphabètes (36,33%).
Williamsville dans le Nord de la commune d'Adjamé est
dominée par de nombreuses caractéristiques au niveau de l'aspect
physique et humain. A partir des données sur le cadre de vie et les
hommes, voyons comment la population gère son environnement en
matière d'assainissement ?
LA GESTION DES EAUX USEES ET DES EAUX
PLUVIALES
DEUXIEME PARTIE :
Cette partie de notre travail constitue la plus importante
dans la mesure où elle aborde la question de l'assainissement a
Williamsville. Son étude porte sur les différents types d'eaux
usées, l'identification des infrastructures de gestion et l'analyse du
mode de gestion des eaux usées et des eaux pluviales par les
ménages, les agents économiques et les pouvoirs publics.
CHAPITRE 3 : LES INFRASTRUCTURES D'ASSAINISSEMENT
A Williamsville, l'étude des infrastructures
d'assainissement nous a permis d'identifier les types d'eaux usées et
les infrastructures d'assainissement au niveau des eaux usées et des
eaux pluviales.
3-1- Les différents types d'eaux usées
3-1-1- Les eaux usées domestiques
3-1-1-1 Les eaux de lessives et de vaisselles
Nous appelons eaux usées de lessives et de vaisselles,
les eaux qui sont issues de la lessive ou de la vaisselle des ménages.
Ce sont généralement des eaux de couleur grise qui sont dues a
l'état sale des objets lavés.
Les eaux usées de lessives et de vaisselles sont le plus
souvent utilisées à nouveau pour l'entretien des douches et des
WC.
3-1-1-2- Les eaux de douches et les déjections
humaines
Les eaux de douches sont des eaux qui sont obtenues
après le bain. A côté d'elles nous pouvons identifier les
déjections humaines qui correspondent aux eaux-vannes qui sont
généralement de couleur noire. Elles sont un mélange d'eau
et de déchets organiques d'origine humaine qui doivent être
évacuées en principe par un système d'assainissement
adéquat tels que la fosse sceptique, les puits perdus et le
réseau d'égout.
3-1-2- Les eaux usées des unités
économiques
3-1-2-1-Les eaux usées
générées par le secteur informel
Lors de notre enquête, nous avons observé dans
certaines cours la teinture de vêtements (les basins, les indigos et les
pantalons jeans). Cette activité est génératrice d'eaux
usées de couleurs noires, violacées, vertes, bleues ou roses. Il
faut noter que, la couleur des eaux est fonction des couleurs utilisées
par les femmes qui sont d'ailleurs les clients fidèles des auteurs de
cette activité. Dans d'autres cours, ce sont des fumeuses de poissons
qui utilisent de l'eau propre pour nettoyer ou laver les poissons avant de les
sécher. Les eaux provenant de cette activité contiennent des
restes de nettoyage de poissons (des écailles, du sang et des
têtes) et dégagent une odeur nauséabonde qui gène la
respiration.
3-1-2-2- Les eaux usées produites par l'usine
MACACI
MACACI est une société qui est située
à Williamsville III au bord de l'autoroute d'Abobo (voie express). Elle
est spécialisée dans la fabrication de matelas en latex et en
literie. Les eaux usées sont issues du traitement du latex qui est une
sécrétion opaque blanche ou colorée et coagulable de
divers végétaux (hévéa, euphorbe, laitue). Elles
sont de couleur blanche. En plus de ces eaux usées, nous avons les eaux
de douches et les eaux-vannes.
3-1-2-3- Les eaux usées produites dans les
établissements publics
Au niveau de ces établissements, les eaux usées
sont les mélanges entre les produits et les hydrocarbures (gasoil, huile
sèche, pétrole, essence, graisse) qui proviennent de l'entretien
des moteurs des véhicules.
A Williamsville, on trouve deux sociétés a
participation financière de l'Etat (SONITRA et AGETU) et un garage de la
police nationale situé près de l'usine MACACI. Tous ces trois
établissements ont des garages d'entretien de véhicules
situés a l'intérieur. Les eaux usées sont les
résidus d'hydrocarbures (gasoil, huile sec, la graisse, essence) que les
mécaniciens utilisent pour l'entretien des moteurs
des véhicules. En plus de ces eaux, il faut ajouter les
eaux de douches et les eauxvannes.
3-1-2-4- Les eaux usées produites par les
hôtels, maquis, restaurants et bars
Au niveau des établissements hôteliers, les eaux
usées produites sont les eaux de restauration, de lessives, de
vaisselles, de douches et les eaux vannes. Les maquis, les bars et les
restaurants dont la plupart sont au bord des rues surtout l'artère
principale (avenue Jacob Williams) produisent des eaux usées de
vaisselles et de lessives. Certains maquis n'ont pas en leur sein des latrines,
ce qui amène les clients à faire les besoins dans la nature.
3-2- Les infrastructures de gestion des eaux
usées
Les infrastructures de gestion des eaux usées sont les
ouvrages qui sont réalisés pour la rétention ou
l'évacuation des eaux usées. Nous présenterons les
infrastructures de gestion des eaux usées provenant d'une part des
ménages et d'autre part des unités économiques.
3-2-1- Les infrastructures de gestion des eaux
usées domestiques
Concernant les eaux usées de lessives, de vaisselles et
de douches, les infrastructures observées à Williamsville sont
des puits perdus, des fosses septiques, des caniveaux et le réseau
d'égout. Mais dans d'autres ménages, les eaux citées
ci-dessus sont versées a la rue. Il faut signaler que l'état des
puits perdus, des fosses septiques et des caniveaux laisse apparaître des
situations affligeantes dans certains quartiers.
Pour la gestion des excréta, les commodités
existantes sont des WC avec chasse d'eau, des WC sans chasse d'eau ou latrines
simples, qu'ils soient situés à l'intérieur oü a
l'extérieur de l'habitation (dans la cour). On note aussi des WC publics
à proximité de certains domiciles. Par ailleurs, la nature
pourrait être utilisée par de nombreux habitants comme le lieu
d'aisance dans certains quartiers.
En ce qui concerne les eaux issues des unités
informelles, il n'existe aucune infrastructure de gestion.
3-2-2- Les infrastructures de gestion des eaux
usées des unités économiques 3-2-2-1- Au niveau des
industries
Les deux principales industries (MACACI et SISAG) utilisent
les fosses septiques et les caniveaux pour l'évacuation des eaux de
douches, de lessives et de vaisselles.
Les fosses septiques qui reçoivent les eaux sales et
les eaux vannes de ses deux industries sont raccordées au caniveau
à ciel ouvert qui longe la voie express d'Abobo.
Principalement à MACACI, les eaux usées qui
proviennent du traitement du latex sont évacuées a l'aide d'un
tuyau dans un caniveau a ciel ouvert qui longe la clôture du
côté de la voie express d'Abobo.
3-2-2-2- Au niveau des sociétés
d'Etat
Dans les établissements à caractère
public (SONITRA, AGETU et le garage de la police nationale), ce sont les fosses
septiques qui sont utilisées pour l'évacuation des eaux
usées des latrines et WC. Cependant, à SONITRA, les
résidus d'hydrocarbures (huiles, gasoil) qui sont issus de l'entretien
des engins sont
évacués a l'aide de caniveaux dans les ravins
qui abritent le quartier précaire Sonitra.
Au garage de la police nationale, les résidus
d'hydrocarbures (huiles, gasoil) qui proviennent de l'entretien des automobiles
sont évacuées a l'aide d'une fosse septique. Cette fosse est
raccordée au collecteur des eaux venant d'Abobo dans la vallée
qui loge les ferrailleurs de la « casse » du côté de la
cité Sodeci a l'Ouest de Williamsville.
Les commodités d'aisance que nous avons
rencontrées au niveau des industries et des sociétés
d'Etat sont les WC avec chasse d'eau. Quant aux eaux de douches et de
toilettes, elles sont raccordées aux caniveaux ouverts.
3-2-2-3- Au niveau des hôtels, maquis, restaurant
et bars
Les quatre hôtels que nous avons visités à
Williamsville, ont tous des douches, des WC avec chasse d'eau et des lavabos.
Il existe également des puits perdus et des fosses septiques.
Concernant, les maquis, les restaurants et les bars, aucune infrastructure de
gestion des eaux usées de lessives et de vaisselles n'existe.
3-3- Les infrastructures de gestion des eaux
pluviales
Les infrastructures de gestion des eaux pluviales sont
appréciées au niveau des domiciles, des unités
économiques et du cadre public.
3-3-1- Au niveau des domiciles
Les ménages des habitats résidentiels disposent
de tuyaux de raccordement au réseau d'égout qui est
installé sous les trottoirs des routes. Parfois, les
propriétaires cimentent l'intérieur de la cour avec une partie en
hauteur qui constitue la pente pour le ruissellement.
Dans les habitats évolutifs, les ménages se
limitent a l'évacuation des eaux de pluies vers les rues ou aux
caniveaux à ciel ouvert qui sont construits aux bords de certaines rues.
Pour cela, certains ont cimenté l'intérieur de la cour avec une
pente
vers la sortie pour le ruissellement.
Les ménages ne mènent absolument aucune action
concernant la gestion des eaux pluviales au niveau des habitats
précaires. Ces eaux coulent sur les soubassements des habitats et
stagnent dans les endroits en creux au niveau des cours. L'intérieur de
la cour est donc dominé par les eaux en saisons pluviales.
3-3-2- Au niveau des unités économiques
3-3-2-1- Dans les industries et sociétés
L'intérieur de la cour des industries et des
sociétés est cimenté. Les eaux pluviales sont
évacuées dans des caniveaux vers l'extérieur. A SONITRA,
tous les caniveaux d'évacuation des eaux pluviales sont orientés
du côté des ravins qui abritent le quartier précaire
Sonitra. Ces eaux coulent dans des ravins où des populations
habitent.
3-3-2-2- Dans les établissements hôteliers,
maquis, restaurants et bars
Les hôtels que nous avons visités aux quartiers
Williamsville I et III, ainsi que les quelques maquis, restaurants et bars
n'ont pas de canalisations pour l'évacuation des eaux pluviales. Il faut
noter qu'aucune infrastructure réelle de gestion des eaux pluviales
n'existe.
3-3-3- Au niveau du cadre public
Les infrastructures de gestion des eaux pluviales au niveau
collectif ou du cadre public sont pour le moment les caniveaux.
Malheureusement, Williamsville ne dispose pas de canalisations suffisantes. Les
travaux d'assainissement se sont
limités à certaines rues. Selon Mr OUATTARA
Michel, responsables du service Voirie-Réseau-Divers du Service
Technique de la Mairie d'Adjamé, « les travaux d'assainissement de
Williamsville se résument en la construction de caniveaux a ciel ouvert
pour l'évacuation des eaux usées, des eaux pluviales et
l'entretien des rues ».
Au quartier Williamsville I, nous avons :
-L'assainissement de la rue "tchapalo" à
côté de la Grande mosquée de Williamsville. Ces travaux ont
été menés en 2005 dont le coût est de 6 000 000F
CFA.
-L'assainissement de la rue "Marseille" à Williamsville I
à l'Est en 2004 a coûté 11 000 000 F CFA.
-L'assainissement de quatre rues à Williamsville I du
côté du Collège Ozanga en 1998 dont le coût est de 13
000 000 F CFA.
Au quartier Williamsville III : c'est un caniveau a ciel
ouvert sans suite en face du Lycée Municipal
d'Adjamé-Williamsville qui a été réalisé. Ce
caniveau a été construit en 1998 avec un montant de 7 500 000F
CFA.
A Williamsville II, au niveau des logements SOGEFHIA, ce sont
des caniveaux à ciel ouvert qui évacuent les eaux pluviales dans
les fosses septiques. Celles-ci sont raccordées au réseau
d'égout qui est relié au collecteur principal des eaux vers Agban
venant d'Abobo jusqu'à la lagune du côté du jardin de
l'Indénié.
Sur la route du zoo précisément au niveau du
carrefour Deux- Plateaux, le District d'Abidjan a entrepris des travaux
d'assainissement d'un coût global de 328 000 000 F CFA afin de soulager
les usagers. Selon Mr Adjidan Simon, Directeur des Infrastructures au District
d'Abidjan, il s'est agi de réaliser cinq ouvrages hydrauliques dont deux
caniveaux à ciel ouvert de 24,10 mètres de
longueur et de trois dalots afin de permettre
l'évacuation des eaux usées et des eaux pluviales.
A l'intérieur des quartiers, on y rencontre quelques
caniveaux à ciel ouvert par endroit qui sont destinés à
l'évacuation des eaux pluviales et un réseau d'égout
(figure 4). Aussi, il existe des caniveaux ouverts tout au long de l'autoroute
du Nord au Sud, de la voie express d'Abobo a l'Ouest et la route du Zoo a
l'Est.
A Williamsville, quelques infrastructures de gestion des eaux
usées et des eaux pluviales existent. Cependant, celles de gestion des
eaux usées domestiques diffèrent selon les types d'habitats.
Quant aux infrastructures de gestion des eaux pluviales, elles sont
inégalement réparties dans les quartiers.
Ces infrastructures existantes sont-elles suffisantes aux
besoins des ménages et des unités économiques ? Pour
vérifier cette interrogation, étudions les pratiques non
seulement des ménages mais aussi des agents économiques.
Figure 4 : Réseau d'assainissement
CHAPITRE 4 : LES PRATIQUES ENVIRONNEMENTALES
EN MATIERE D'ASSAINISSEMENT
Notre étude au niveau des pratiques environnementales
en matière d'assainissement va porter sur deux volets. Elle
s'intéressera aux différentes pratiques des ménages et des
agents économiques concernant l'évacuation des eaux usées
et, les modes et les stratégies d'évacuation des eaux pluviales
au niveau, des domiciles, des unités économiques et du cadre
public.
4-1- Les pratiques au niveau des eaux
usées.
Les différentes pratiques concernant les eaux usées
sont étudiées au niveau des ménages et des unités
économiques.
4-1-1- Les pratiques des ménages
Elles concernent les modes d'évacuation des eaux de
lessives et de vaisselles, de douches et des eaux-vannes puis les eaux
usées issues d'unités informelles.
4-1-1-1- Les modes d'évacuation des eaux de
lessives et de vaisselles
A Williamsville, l'évacuation des eaux de lessive et de
vaisselle se fait de quatre façons différentes. Sur les 314
ménages sur lesquels l'enquête a porté, nous avons obtenu
les résultats qui sont présentés dans le tableau 10
ci-dessous.
Tableau 10 : Mode d'évacuation des eaux de
lessives et de vaisselles.
Mode d'évacuation
|
Nombre de chefs de ménages
|
Pourcentage (%)
|
Rue
|
242
|
77,07
|
Fosse septique
|
22
|
7,00
|
Puits perdu
|
12
|
3,82
|
caniveau
|
28
|
08,91
|
TOTAL
|
314
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
Nous avons remarqué qu'à Williamsville, la
gestion des eaux usées de lessives et de vaisselles est individuelle.
Cela se passe au niveau de chaque habitation à l'intérieur et a
l'extérieur. A part les habitats résidentiels, les logements
SOGEFHIA à Williamsville II et certaines concessions, les cuisines ne
portent pas de systèmes d'évacuation tels que les lavabos. Les
eaux de vaisselles et de lessives sont rejetées dans la rue. Lorsque ces
eaux sont jetées a l'intérieur de la cour ou la parcelle, elles
sont évacuées par un tuyau, un petit canal ou un trou qui passe
sous l'entrée de la cour pour aboutir à la rue. Rare sont les cas
où les eaux sont recueillies par un dispositif adéquat comme une
fosse septique, un puits perdu ou un caniveau.
Il faut même noter que dans les habitats où il
existe tous les dispositifs adéquats d'évacuation (villas
modernes et les logements de la SOGEFIHA), les ménages
préfèrent la rue où l'intérieur de la cour dans le
sable lorsque celle-ci n'est pas cimentée.
Cette pratique est la plus répandue dans chaque
quartier et s'observe autant chez les locataires que chez les
propriétaires. Ainsi, parmi les 314 ménages
enquêtés, 252 ménages, soit 77,07% versent leurs eaux
usées de lessive et de vaisselle dans la rue. Seulement 08,91% des
ménages utilisent les caniveaux et 7% versent leurs eaux usées
dans les fosses septiques. L'évacuation des eaux usées de
vaisselle et de lessive dans les puits perdus est faite par 3,82%.
A Williamsville, verser l'eau de vaisselles et de lessives
(eau sale) dans la rue est devenu une coutume quel soit le niveau
d'instruction. Selon certains ménages " les eaux de lessive et de
vaisselle doivent être versées dans la rue ou servir à
mouiller le sable de la cour où devant celle-ci pour éviter la
poussière". Etant donné que le nombre de personnes est
très élevé dans les concessions (en moyen 25 personnes par
ménage), la quantité d'eaux usées
générées est très
importante. Certaines femmes préfèrent souvent
faire la lessive ou la vaisselle à l'extérieur des cours mais sur
des espaces non habilités pour cette pratique. Les eaux usées
sont ensuite versées sur place où plus loin dans la rue aux yeux
de tous les habitants sans aucune réaction. Nous avions demandé
aux ménagères, pourquoi elles s'adonnent a cette pratique ? Les
raisons évoquées sont : « Le manque de caniveaux pour
l'évacuation des eaux usées, les eaux s'infiltrent dans le sol et
protègent contre la poussière, le manque de moyens financiers ne
permet pas la construction de dispositifs adéquats d'évacuation
des eaux usées ».
Au niveau des lieux de cultes (les mosquées
particulièrement), des espaces sont aménagés pour
l'évacuation des eaux d'ablution. Cependant, aux heures de
prières intenses, plusieurs fidèles utilisent la rue pour la
circonstance.
Aussi, les pratiques des ménages en matière de
gestion des eaux usées de vaisselles et de lessives varient d'un
quartier a un autre. Ainsi, notre enquête a révélé
les résultats suivants par quartier (tableau 11) :
Tableau 11 : Répartition du mode
d'évacuation des eaux de lessives et de vaisselles par
quartier
Moyens d'évacuation
Quartiers
|
Rue
|
fosse septique
|
Puits perdu
|
Caniveau
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
Nombre
de chefs de ménages
|
%
|
Nombre
de chefs de ménages
|
%
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
Williamsville I
|
133
|
84,17
|
7
|
4,43
|
3
|
1,89
|
15
|
12,02
|
Williamsville II
|
31
|
71,42
|
11
|
19,64
|
1
|
1,78
|
11
|
21,42
|
Williamsville III
|
78
|
79,00
|
4
|
4,00
|
6
|
6,00
|
2
|
2,00
|
Source : Notre enquête, 2008
Dans tous les quartiers de Williamsville, l'évacuation
des eaux de lessive et de vaisselle à la rue est plus importante dans
les trois quartiers parce que le pourcentage des ménages qui utilisent
la rue est supérieur à plus de 70%.
Au quartier Williamsville I, 84,17% des chefs de
ménages versent les eaux de lessive et de vaisselles à la rue
contre 79% à Williamsville III et 71,42% à Williamsville II. En
plus de la rue certains chefs ménages utilisent les caniveaux, les puits
perdus et les fosses septiques pour l'évacuation de ces eaux
usées.
Aux quartiers Williamsville I et II après la rue, les
proportions de chefs de ménages qui évacuent les eaux
usées de lessives et de vaisselles dans les caniveaux sont
respectivement de 12,02% et 21,42% contre 2% à Williamsville III.
A part Williamsville II oü l'utilisation des fosses
septiques est de 19,64%, elle est faible dans les autres quartiers à
savoir Williamsville I (4,43%) et Williamsville III (4,00%). Concernant le
choix des puits perdus, la proportion de chefs de ménages est faible et
se repartit dans les quartiers comme suivant : 1,89% à Williamsville I,
1,78% à Williamsville II et 6% à Williamsville III. A
Williamsville III, ce sont les puits perdus qui constituent le deuxième
mode d'évacuation des eaux usées de lessives et de vaisselles
après la rue.
4-1-1-2- Les modes d'évacuation des eaux-vannes et
des eaux de douches 4-1-1-2-1- L'évacuation des eaux-vannes
-Les commodités d'aisance
L'évacuation des eaux-vannes à Williamsville se
fait à travers des caractéristiques des WC : WC avec chasse
d'eau, latrines simples (WC sans chasse eau) où dans la nature (tableau
12).
Tableau 12 : Répartition des ménages selon
les commodités d'aisance
Commodités d'aisance
|
Nombre de chefs de ménages
|
Pourcentage (%)
|
WC avec chasse eau
|
85
|
27,07
|
Latrines simples
|
186
|
59,23
|
Latrines simples + WC avec chasse eau
|
42
|
13 ,38
|
Nature
|
1
|
0,32
|
Total
|
314
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
L'enquête que nous avons menée auprès des
314 chefs de ménages de Williamsville, nous a permis de dénombrer
186 chefs de ménages qui disposent de latrines simples (WC sans chasse
eau). Ce nombre est le plus important, soit 59,23% du total des
enquêtés. Il y a 85 chefs de ménages qui ont des WC avec
chasse eau, soit un pourcentage de 27,07%. C'est la seconde commodité la
plus importante. Au niveau de certains ménages à cour commune,
nous distinguons 42 chefs de ménages, soit 13,38% qui disposent des deux
WC ci-dessus cités dont celui à chasse eau pour le ménage
propriétaire et l'autre sans chasse eau pour les ménages qui sont
en location. Nous avons rencontré un seul chef de ménage, soit
0,32% qui ne disposent d'aucune commodité d'aisance. Ce ménage
utilise la broussaille du cimetière comme le lieu d'aisance.
Malgré la présence des latrines dans les ménages, les
habitants de Williamsville préfèrent se soulager dans la nature.
C'est le cas des habitants qui habitent au bord du Cimetière Municipal.
C'est une pratique qui est faite par les jeunes, les vieillards et les enfants
de tout genre qui y trouvent une plus grande aisance. Il n'est pas non plus
rare de voir des personnes se soulager a l'air libre dans les espaces publics
comme le complexe sportif de la cité universitaire. Ces pratiques ont
cours généralement la nuit.
Dans les quartiers, l'utilisation des différents types de
commodité d'aisance par les ménages est répartie dans le
tableau 13 ci-dessous :
Tableau 13 : La répartition de chefs de
ménages selon les commodités d'aisance par quartier
Quartiers
Commodités d'aisance
|
Williamsville I
|
Williamsville II
|
Williamsville III
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
WC avec chasse eau
|
31
|
|
19,62
|
37
|
|
66,07
|
17
|
|
17,00
|
Latrines simples
|
102
|
|
64,56
|
06
|
|
10,71
|
78
|
|
78,00
|
WC avec chasse eau + latrines simples
|
24
|
|
15,19
|
13
|
|
23,22
|
5
|
|
5,00
|
Nature
|
1
|
|
0,63
|
0
|
|
0
|
0
|
|
0,00
|
Total
|
158
|
|
100
|
56
|
|
100
|
100
|
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
Il ressort de notre enquête qu'au quartier Williamsville
I, les ménages utilisent plus les latrines simples (WC sans chasse eau).
Sur les 158 chefs de ménages enquêtés, 102 ménages,
soit 64,56% utilisent les latrines simples et 31 ménages, soit 19,62%
ont des WC avec chasse eau. Ceux qui disposent de ces deux types de WC
ci-dessus mentionnés sont au nombre de 24, soit 15,19%. Seulement un
seul chef de ménage ne dispose d'aucun de ces lieux d'aisance et utilise
la nature (la broussaille du cimetière).
A Williamsville II, ce sont les WC avec chasse eau qui sont
les plus utilisés (37 chefs de ménages, soit 66,07%) contre 06
chefs de ménages, soit 10,71% pour l'utilisation des latrines simples.
Les chefs de ménages qui disposent à la fois de ces deux types de
WC ci-dessus sont au nombre de 13, soit 23,22%.
Au niveau de Williamsville III, 78 chefs de ménages,
soit 78,00% ont des latrines simples (WC sans chasse eau) et 17 chefs de
ménages, soit 17,00% disposent des WC avec chasse eau. Nous constatons
qu'il y a une forte utilisation des WC sans chasse eau par rapport à
celle des WC avec chasse eau. Les chefs de ménages qui ont ces deux
types de WC sont au nombre de 5, soit 5% de l'ensemble des ménages
enquêtés à Williamsville III (figure 5).
92
4-1-1-2-2- L'évacuation des eaux de
douches
Les différentes formes d'évacuation des eaux de
douche sont de quatre façons à williamsville. Nous avons pu
obtenir au cours de notre enquête les résultats contenus dans le
tableau 14 ci-dessous.
Tableau 14 : Mode d'évacuation des eaux de
douches
Moyens d'évacuation
|
Nombre de chefs de ménages
|
Pourcentage (%)
|
Puits perdu
|
144
|
45,86
|
Caniveau
|
64
|
20,38
|
Rue
|
55
|
17,52
|
Fosse septique
|
51
|
16,24
|
Total
|
314
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
Sur les 314 chefs de ménages enquêtés, 144
ménages, soit 45,86% utilisent les puits perdus pour l'évacuation
des eaux de douche. Ces puits perdus pour la plupart sont endommagés
à cause de la forte pression démographique dans les habitats
évolutifs et précaires (photo 3). Ainsi, les eaux de douche
coulent et stagnent dans la rue. Par ailleurs, certains ménages ont
raccordé leurs puits perdus aux ravins.
Photo 3 : Un puits perdu endommagé d'un habitat
évolutif dans le quartier
Williamsville II. Cette photo montre l'écoulement des eaux
usées a la rue (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Le nombre de chefs de ménages qui utilise les caniveaux
est de 64, soit 20,38% des chefs de ménages enquêtés. Ces
dispositifs se rencontrent au niveau des villas modernes et des habitats
évolutifs dont la majorité est des caniveaux à ciel
ouvert.
L'utilisation de fosse septique est faible. Le nombre de chefs
de ménages qui dispose d'une fosse septique est 51, soit 16,24%. Ces
ménages sont dans des villas modernes et dans certains habitats
évolutifs. Au niveau de ces habitats, l'eau de douche n'est pas visible
encore moins la fosse septique qui est enterrée dans le sol. Ce type de
commodité est le plus utilisé à Williamsville II et un peu
à Williamsville I. Il faut noter que bon nombre de ménages
évacuent directement leurs eaux de douche à la rue sans aucun
gène. En effet, 55 ménages soit 17,52% ne disposent d'aucune
infrastructure de gestion des eaux de douche. L'on trouve cette pratique
à Williamsville I, Williamsville III et dans les quartiers
précaires de Williamsville II (Kennedy, Dialogue et Haoussabougou).
Il faut souligner que, les proportions de chefs de
ménages au niveau des infrastructures qui sont utilisées pour
l'évacuation des eaux de douches diffèrent selon les quartiers.
Nous avons pu obtenir par quartier les résultats ci-dessous (tableau
15).
Tableau 15 : Mode d'évacuation des eaux de
douches par quartier
Moyens d'évacuation
Quartiers
|
Puits perdu
|
Caniveau
|
Rue
|
Fosse septique
|
Nombre de chefs de ménages
|
(%)
|
Nombre de chefs de ménages
|
(%)
|
Nombre de chefs de ménages
|
(%)
|
Nombre de chefs de ménages
|
(%)
|
Williamsville I
|
81
|
51,27
|
37
|
23,42
|
19
|
12,02
|
21
|
13,29
|
Williamsville II
|
6
|
10,71
|
18
|
32,15
|
5
|
8,93
|
27
|
48,93
|
Williamsville III
|
57
|
57
|
9
|
9
|
31
|
31
|
3
|
3
|
Source : Notre enquête, 2008
A partir de ce tableau récapitulatif de la gestion des
eaux de douches des chefs de ménages par quartier, nous pouvons retenir
qu'à Williamsville I, 81 chefs de ménages, soit 51,27% ont leurs
eaux de douches évacuées dans un puits perdu. Mais la
majorité de ces puits perdus sont endommagés. Ce qui
entraîne l'écoulement des eaux de douches à la rue qui
stagnent par endroit. Les caniveaux qui sont la plupart à ciel ouvert,
sont utilisés par 37 ménages, soit 26,42%. Par ailleurs, 21 chefs
de ménages, soit 13,29% ont recours aux fosses septiques. Les chefs de
ménages qui utilisent directement la rue pour l'évacuation des
eaux de douche sont 19, soit 12,02%.
Au quartier Williamsville II, la fosse septique est
utilisée par 27 chefs de ménages soit 48,93%. C'est le dispositif
le plus utilisé par rapport au caniveau 18 ménages, soit 32,15%,
les puits perdus (6 chefs de ménages, soit 10,71%) et la rue (5
ménages soit, 8,93%).
A Williamsville III, l'eau de douche est évacuée
dans sa grande partie dans les puits perdus (57%) endommagés qui coulent
la plupart ou directement dans la rue (31 chefs de ménages, soit 31%).
Les caniveaux et les fosses sceptiques sont moins utilisés avec
respectivement 9% (9 chefs de ménages) et 3% (3 chefs de ménages)
(figure 6)
97
-La localisation des latrines
Nous distinguons quatre types de localisation des latrines par
rapport à l'habitation : latrine interne, latrine externe, latrine
interne +latrine externe et latrine hors de la cour (tableau 16).
Tableau 16 : Répartition des ménages selon
le lieu d'aisance
Latrines
|
Nombre de chefs de ménages
|
Pourcentage (%)
|
Latrines internes
|
83
|
26 ,43
|
Latrines externes
|
189
|
60,19
|
Latrines internes + externes
|
39
|
12,42
|
Latrines hors de la cour
|
03
|
0,96
|
Total
|
314
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
Concernant la localisation des latrines à
Williamsville, la plupart des latrines sont externes. En effet, 189
ménages, soit 60,19% ont leurs latrines qui sont situées a
l'extérieur des habitations dans la cour. Ceux qui disposent de latrines
internes sont au nombre de 83 ménages, soit 26,43%. Par ailleurs,
certains chefs de ménages disposent aussi bien des latrines internes
qu'externes du fait de l'importance du nombre de personnes dans la cour. Ils
sont au nombre de 39, soit 12,42 %. Nous avons pu dénombrer 3 chefs de
ménages, soit 0,96% qui ne disposent pas de latrines. Ces ménages
utilisent les latrines publiques ou les latrines des voisins où encore
l'entre deux des habitations pour leurs besoins.
Nous avons réparti les ménages selon le lieu
d'aisance par quartier (tableau 17). Tableau 17 : Répartition
des ménages selon le lieu d'aisance par quartier
Quartiers
Latrines
|
Williamsville I
|
Williamsville II
|
Williamsville III
|
|
Nombre de chefs de ménages
|
%
|
Nombre chefs ménages
|
de de
|
%
|
Nombre chefs ménages
|
de de
|
%
|
|
Latrines internes
|
27
|
17,09
|
39
|
|
66,07
|
17
|
|
|
17,00
|
Latrines externes
|
108
|
68,35
|
10
|
|
10,71
|
78
|
|
|
78,00
|
Latrines internes +
latrines externes
|
21
|
13,29
|
7
|
|
23,22
|
5
|
|
|
5,00
|
Latrines hors de la cour
|
2
|
1,27
|
0
|
|
0
|
0
|
|
|
0,00
|
Total
|
158
|
100
|
56
|
|
100
|
100
|
|
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
A partir de ce tableau récapitulatif, nous constatons
qu'à Williamsville I, la majorité des ménages a construit
des latrines externes (108 ménages, soit 68,35%). Ces latrines sont dans
la cour mais hors des maisons. Les ménages dont les latrines sont
internes sont 27, soit 17,09% et ceux qui ont à la fois les latrines
internes et externes ne sont que 21, soit 13,29%. Deux ménages, soit
1,27% ont leurs latrines hors de la cour, soit chez les voisins, soit dans les
latrines publiques qui appartiennent à des particuliers moyennant de
l'argent.
L'ensemble des ménages de Williamsville II dispose des
latrines internes ou externes. Ils sont 39, soit 69,64%, les ménages qui
ont des latrines internes et 10, soit 17,86% ceux qui disposent des latrines
externes. Aussi, d'autres ménages, soit 12,50% (7 ménages) ont
à la fois ces deux types de latrines.
Concernant la localisation des latrines à Williamsville
III, 71 ménages, soit 71,00% ont construit des latrines externes contre
17 ménages, soit 17,00% pour les latrines internes. Dans les
ménages où il existe à la fois ses deux types de latrines
sont au nombre de 11 (soit 11,00%). Seulement un ménage, soit 1.00%
utilise des latrines hors de sa cour. Il se rend soit chez les voisins
où dans les latrines publiques.
1. Les modes de vidange des latrines et des
WC
A Williamsville, les ménages vident les latrines et les
WC soit par un camion, soit par un raccordement au réseau
d'égout, au caniveau des eaux pluviales où aux ravins. Il y a
aussi d'autres ménages qui creusent des trous pour y verser les
déchets ou les transportent dans les ravins. Cela montre que les modes
de vidange sont différents et certains chefs de ménages refusent
d'aborder ce sujet, car ils n'ont jamais fait de vidange de leurs
commodités d'aisance (tableau 18).
Tableau 18 : Répartition des chefs de
ménages selon les modes de vidanges des latrines et des WC à
Williamsville
Mode de vidange
|
Nombre de chefs de ménages
|
Pourcentage (%)
|
Raccordement au caniveau ouvert
|
171
|
54,46
|
Raccordement au réseau d'égout
|
68
|
21,66
|
Camion de vidange
|
71
|
22,61
|
Dans le ravin
|
3
|
0,95
|
Autres
|
1
|
00,32
|
TOTAL
|
314
|
100
|
Source : Notre enquête, 2008
Il ressort de notre enquête qu'à Williamsville,
les ménages dans leur majorité vident leurs latrines et WC a
l'aide d'un raccordement aux caniveaux à ciel ouvert dans les ravins
dont le principal est celui qui abrite le quartier précaire
Cimetière de Williamsville I. Aussi, certains ménages du Sud se
sont raccordés aux caniveaux ouverts des autoroutes qui longent les
quartiers. Pourtant, ces caniveaux sont prévus pour l'évacuation
des eaux pluviales. Sur les 314 ménages de notre enquête, 171
ménages, soit 54,46% ont raccordé les latrines et les WC aux
caniveaux ouverts des eaux pluviales (photo 4).
Photo 4 : Raccordement des latrines et des WC au caniveau
ouvert des eaux pluviales à Williamsville I (La Paix). Cette photo
montre le raccordement des
Tuyaux au caniveau ouvert. (Source : Cliché TUO Pega,
2008)
Même si l es fosses septiques existent quelque fois chez
certains ménages, ils attendent la saison des pluies pour libérer
les déchets dans les ravins et dans les caniveaux ouverts des eaux
pluviales. Le raccordement au réseau collectif à Williamsville
est encore faible dans son ensemble. En effet, 68 chefs de ménages, soit
21,66% évacuent directement leurs eaux de latrines et WC a l'aide d'un
raccordement au réseau d'égout. Ce réseau les
emmène directement au
collecteur principal venant d'Abobo au niveau du carrefour de
la caserne de gendarmerie Agban. Dans le cas où les eaux usées
des latrines et des WC sont directement raccordées au réseau
d'égout, l'utilisateur n'est pas concerner par ce qui arrive
après avoir tiré la chasse d'eau. Aussi, il n'y a pas de
nuisances au voisinage du logement. C'est ce que nous avons pu observer au
niveau des logements SOGEFIHA, les établissements publics (CRS,
cité universitaire) et certains habitats résidentiels et
évolutifs.
Notre enquête montre que, 71 chefs de ménages,
soit 22,61% des ménages enquêtés utilisent des camions pour
la vidange des latrines et WC. Ces ménages ont recours aux services de
la SODECI ou des entreprises privées pour la vidange des puits perdus et
des fosses septiques car la mairie ne possède pas de camion vidangeur.
Le prix de la vidange varie de 15 000 à 20 000F CFA le tour. Les camions
sont loués par les ménages qui ont un revenu important ou une
cotisation est faite par les habitants de la cour pour vider les latrines et
WC. Nous avons pu interroger trois ménages, soit 0,95% qui transportent
les déchets jusqu'aux fonds de vallées des ravins. Lorsque les WC
ou les latrines sont chargés, les ménages font appel à des
videurs traditionnels. Ces derniers ouvrent la dalle du puits ou de la fosse et
utilisent des produits (grésil, pétrole) pour diluer les
déchets et ce travail peut prendre une heure à trois heures de
temps. Une fois que les déchets sont devenus liquides, les puisatiers
procèdent à la vidange des latrines a l'aide d'un seau. Ces
déchets sont transportés dans les sceaux jusqu'aux ravins.
Après, ils ferment la dalle du puits ou de la fosse. Ces ménages
qui utilisent cette technique, sont installés sur les versants et ne le
font pas pour évacuer totalement les déchets mais plutôt
pour diminuer la quantité.
Ces produits stérilisent les déchets organiques et
réduisent les odeurs émanant de déchets. Aussi, certains
utilisent de la cendre pour dessécher les déchets.
Le prix payé par les chefs de ménages varie
entre 7 000 et 25 000F CFA en fonction de la profondeur du trou et est obtenu
après une négociation. Cette pratique est plus utilisée
dans les deux quartiers précaires de Williamsville I (Watcity au
Cimetière et la Paix). Un seul chef de ménage nous a
témoigné à Williamsville III qu'il a supprimé son
premier WC pour la construction d'un nouveau parce qu'il n'y a pas de voie
d'accès pour les camions de vidange mais aussi qu'il ne dispose pas de
moyens financiers.
A Williamsville, les difficultés liées au mode
d'évacuation des latrines et des WC sont dues à la nature du site
et à la voirie. Selon Mr KANGAH Mathias, responsable de la section
assainissement d'Abidjan Nord de la SODECI « Nous n'intervenons pas dans
certains zones a Williamsville a cause de l'état de la voirie. Bien que
nous disposons seulement de quatre camions vidangeurs pour la zone Nord
d'Abidjan (Adjamé, Abobo, Yopougon et Cocody), les secteurs tels que la
zone située derrière la croix bleue à Williamsville I et
le secteur de Kennedy autour de l'ex-cinéma Egalité à
Williamsville II ne sont pas accessibles à cause de la
dégradation de la voirie qui devrait nous permettre d'intervenir ».
Cette situation justifie le choix de nombreux ménages pour
l'évacuation des eaux de latrines et de WC.
-Le temps de remplissage des latrines et WC
Il faut dire qu'à Williamsville, la période de
vidange des puits perdus ou des fosses septiques dépend de la dimension
de ces commodités mais aussi de la pression démographique des
ménages. En effet, la profondeur et la largeur des commodités
varient d'un habitat a un autre de même le nombre de personnes dans les
ménages. Sur les soixante-onze ménages de notre enquête qui
font régulièrement leurs vidanges par camion, les chefs de
ménages dont la population varie de 10 à 20 personnes ont un
temps de remplissage de leurs
latrines et WC qui se situe entre 06 et 10 mois. Ceux d'une
population inférieure a 10 personnes attendent 10 mois avant de vider
leurs latrines et WC tandis que les chefs de ménages qui comprennent
plus de 20 personnes doivent le faire entre 4 et 6 mois.
Tableau 19 : Temps de remplissage des latrines et
WC
Effectif des ménages
|
Temps de remplissage
|
[1 ;
|
10[
|
10 mois
|
[10
|
; 20[
|
06 à 10 mois
|
[20 ; plus [
|
04 à 06 mois
|
Source : Notre enquête, 2008
4-1-1-3- Les pratiques liées aux eaux usées
issues des activités de la cour
Les eaux sales issues des pressings, de la teinture des
basins, des indigos, des jeans et celles produites par les fumeuses de poissons
sont directement déversées dans la rue et dans les caniveaux
à ciel ouvert.
4-1-2- Les pratiques des agents économiques
4-1-2-1- Au niveau de l'usine MACACI
L'évacuation des eaux usées issue du traitement
du latex, se fait dans un caniveau a ciel ouvert. C'est un gros tuyau qui
évacue ces eaux usées dans un caniveau ouvert qui longe la
clôture de la société avant d'atteindre le caniveau au bord
de la voie express d'Abobo (photo 5).
Photo 5 : Tuyau d'évacuation des eaux usées issues
de la transformation du latex ~ MACACI (Source : Cliché TUO Pega,
2008)
En ce qui concerne l'évacuation des eaux des latrines
et des WC, la fosse septique est raccordée à un caniveau ouvert
qui longe la clôture avant d'atteindre celui à eau pluviale de
l'autoroute d'Abobo (photo 6).
Photo 6 : Caniveau a ciel ouvert d'évacuation des eaux de
latrines et des WC de l'usine MACACI (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
4-1-2-2- Au niveau des établissements
publics
A SONITRA, l'évacuation des eaux qui proviennent du
garage se fait a l'aide des caniveaux qui les déversent dans les ravins.
Pour l'évacuation des eaux de douches et les eaux vannes, les fosses
sceptiques sont reliées au caniveau à ciel ouvert qui longe
l'autoroute d'Abobo. Au garage de la police nationale, c'est une fosse septique
qui achemine les eaux usées jusqu'au caniveau ouvert qui est construit
devant l'entrée. Ce caniveau ouvert les draine jusqu'au caniveau
principal qui longe l'autoroute d'Abobo.
Au niveau de l'AGETU, toutes les eaux usées (garage,
latrine et WC) sont raccordées au collecteur principal qui vient
d'Abobo.
4-1-2-3- Au niveau des hotels, maquis, restaurants et
bars
Dans les hôtels comme hôtel Bamos, hôtel
Grola, l'évacuation des eaux usées (de lessive, de douche, WC) se
fait à travers des fosses septiques. Ces fosses septiques sont
raccordées aux ravins qui abritent respectivement les quartiers
précaires la Paix et Wat-city (Cimetière) a Williamsville I. A
l'hôtel la Montée toujours à Williamsville I, la fosse est
raccordée au réseau d'égout. Au niveau de l'hôtel
Clément de ce même quartier, c'est un puits perdu qui
reçoit les eaux de douches et les déchets humains tandis que les
eaux de vaisselle et de lessive sont versées à la rue.
Quant aux bars, maquis et restaurants, l'eau de vaisselle est
directement versée à la rue.
4-2-Les pratiques au niveau des eaux
pluviales
Les stratégies vont être analysées au niveau
des domiciles, dans les unités économiques ainsi qu'au niveau du
cadre public.
4-2-1 Au niveau des domiciles
Les eaux de pluie qui proviennent de la cour et des toitures
des habitats résidentiels, sont évacuées a
l'extérieur de l'habitat de différentes manières. En
effet, certains propriétaires ont installé des tuyaux qui
réceptionnent les eaux de toitures (dalle ou tôles) pour les
déverser dans la rue où dans le caniveau. Par contre, d'autres
les drainent vers la rue par un trou ou un tuyau qui est placé sous
l'entrée de la cour.
Dans les habitats évolutifs, 55,14 % des chefs de
ménages (Notre enquête 2008) ont cimenté l'intérieur
de la cour avec une pente douce en direction de la sortie des eaux. Cela permet
l'écoulement des eaux de la cour vers les caniveaux par endroit
où les rues (photo 7).
Photo 7 : Evacuation des eaux pluviales a la rue d'une cour dont
l'intérieur est cimenté à Williamsville III. Cette photo
montre un drain qui est creusé par les eaux pluviales (Source :
Cliché TUO Pega, 2008)
Les populations dont les habitats sont proches des caniveaux,
ont creusé des rigoles ou des saignées à ciel ouvert qui
longent les parcelles et qui drainent les eaux de ruissellement en direction
des caniveaux.
Pour les chefs de ménages à proximité des
versants de ravins, ce sont souvent des petits caniveaux à ciel ouvert
ou des tuyaux qui évacuent directement ces eaux pluviales dans le ravin.
Le premier souci des ménages, consiste à faciliter
l'écoulement des eaux pluviales plus loin de l'habitation et a se
protéger contre la stagnation.
Les ménages des habitats précaires
évacuent les eaux pluviales à la rue où dans les caniveaux
à ciel ouvert. Les caniveaux sont souvent faits en sacs remplis de
sable. Au niveau des ménages qui sont installés dans les ravins,
les eaux coulent sur les soubassements des murs. En effet, les ménages
construisent un petit mur qu'ils associent au soubassement pour le drainage des
eaux pluviales (photo 8). C'est aussi une pratique qui est faite pour les eaux
usées.
Photo 8 : Caniveau d'évacuation des eaux au quartier
Cimetière-Williamsville I. Cette
photo montre la constitution des caniveaux dans les quartiers
précaires. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
4-2-2- Au niveau des unités économiques
4-2-2-1- Dans les industries : MACACI et SISAG
Toutes ces sociétés industrielles ont
cimenté l'intérieur du terrain avec une légère
pente vers la sortie et les caniveaux qui longent la voie principale (voie
express Abobo). Les eaux pluviales sont évacuées vers les
caniveaux par des ouvertures ou des tuyaux qui sont placés sous
l'entrée ou le long du mur de la clôture.
4-2-2-2- Dans les établissements à
caractère public
Au niveau des établissements à caractère
public, ce sont des tuyaux ou des caniveaux qui sont construits pour
l'évacuation des eaux pluviales. A SONITRA, les caniveaux
évacuent les eaux pluviales dans le ravin qui abrite le quartier
précaire Sonitra (photo 9).
Photo 9 : Caniveau d'évacuation des eaux pluviales de la
Société SONITRA dans le quartier précaire
Sonitra-Williamsville III. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
4-2-2-3- Au niveau des hotels, maquis, bars et
restaurants
Dans les hôtels dont l'intérieur est
cimenté, les eaux de pluies ruissèlent a partir du ciment vers
l'extérieur soit à la rue, soit dans un caniveau où soit
dans le ravin. Au niveau des hôtels Bamos et Esther Kevine, les eaux de
pluie sont facilement évacuées dans les ravins, parce que ces
hôtels sont installés sur des versants.
Au niveau des maquis, bars et restaurants, rien n'est fait
pour l'évacuation des eaux pluviales. Ces eaux coulent dans la rue,
stagnent par endroit et atteignent parfois les caniveaux.
4-2-3- Au niveau du cadre public
A williamsville, les caniveaux d'évacuation des eaux
pluviales que nous avons pu observer sont à ciel ouvert. Ces caniveaux
sont majoritairement à williamsville I et II.
A Williamsville I, on y rencontre des caniveaux qui sont
souvent sans suite par endroit. Ces caniveaux longent les bordures de certaines
rues qui sont derrière le collège Ozanga, la pharmacie de
Williamsville, le groupe scolaire Jean Porquet et la Radio Téré
FM. Au quartier Williamsville II, l'absence de caniveaux par endroit
entraîne le ravinement de l'espace a Kennedy derrière l'ex
cinéma Egalité. Les eaux pluviales ont creusé un ravin qui
ne cesse de s'élargir chaque fois qu'il pleut (photo 10).
Photo 10 : Un petit ravin creusé par les eaux pluviales au
quartier Kennedy - Williamsville II. Cette photo montre le ravinement du site.
(Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Au quartier Williamsville III, les quelques caniveaux qui
existent, sont aux abords de l'avenue Jacob williams précisément
devant la société SISAG, l'usine MACACI et le garage de police
nationale. En face du Lycée Municipal d'AdjaméWilliamsville,
c'est un caniveau a ciel ouvert et sans suite qui a été
réalisé par la mairie en 1998 (photo 11).
Photo 11 : Le caniveau à ciel ouvert et sans suite
réalisé par la Mairie en face du Lycée Municipal est
rempli de déchets. Cette photo montre un caniveau qui reçoit les
déchets. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Selon les autorités municipales, il n'y a pas de
problème a Williamsville. Suite a l'observation sur le terrain, nous
n'adhérons pas a l'affirmation des autorités. C'est pourquoi,
nous disons qu'il reste à faire de gros efforts, pour la construction de
caniveaux à Williamsville. En dehors des caniveaux ouverts qui longent
les autoroutes du Nord au Sud, d'Abobo (Voie Expresse) a l'Ouest et la route du
Zoo a l'Est, ce sont des petits caniveaux qui sont réalisés a
l'intérieur des quartiers (photo 12).
Photo 12 : Le petit caniveau a ciel ouvert réalisé
au bord de l'avenueWilliams Jacob devant la société SISAG
à Williamsville III est bouché par les déchets solides
(Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Les dimensions des caniveaux varient de 0,25 à 0,50
mètre de largeur et de 0,5 à 1 mètre de profondeur
(Service Voirie-Réseaux-Divers du Service Technique de la Mairie
d'Adjamé). A cause de la vétusté de ces caniveaux, l'eau
de pluie n'est pas correctement évacuée.
Il faut noter que les infrastructures de gestion des eaux
usées et des eaux pluviales à Williamsville sont insuffisantes.
De ce fait, les pratiques des ménages, des agents économiques et
des autorités publiques concernant leurs évacuations demeurent
toujours une préoccupation.
|