Chapitre 2 : Revue de littérature et
définitions des concepts
2.1. Revue de littérature
2.1.1. Modèles d'agriculture contractuelle
Des
travaux conduits par les chercheurs de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), on a déduit que l'agriculture
contractuelle suit généralement cinq grands modèles. Les
critères permettant de différencier ces modèles
sont : la nature du produit agricole, les ressources du promoteur et
l'intensité des relations existant entre ce dernier et l'agriculteur
(Eaton et Shepherd, 2002). Ces modèles identifiés se
présentent comme suit :
ü Modèle
centralisé
Il
s'applique à une entreprise de transformation et/ou de conditionnement
centralisée qui achète la production d'un grand nombre de petits
agriculteurs. Il est utilisé pour les cultures arboricoles, les cultures
annuelles, la volaille, les produits laitiers. Il est coordonné
verticalement, avec une allocation de quotas et un contrôle strict de la
qualité. Il permet l'engagement du promoteur dans la production par un
apport variable qui va d'un minimum, la fourniture d'intrants, à la
prise en charge de la plupart des aspects de la production.
ü Modèle de la
plantation-mère
Il est une variante du modèle centralisé
où le promoteur dirige également un domaine central ou une
plantation. Le domaine central est habituellement utilisé pour garantir
un flux de production à l'usine de transformation mais n'est parfois
utilisé qu'à des fins de recherche ou de sélection. Il
implique une fourniture importante d'intrants matériels et
administratifs.
ü Modèle multipartite
Il peut impliquer divers organismes comprenant souvent des
organismes de droit public. Il peut être créé à
partir des modèles centralisé ou de la plantation-mère,
par exemple par le biais d'agriculteurs organisés en coopératives
ou par le biais de la participation d'une institution financière.
ü Modèle informel
Il se caractérise par la participation d'entrepreneurs
individuels ou de petites sociétés. Il implique des contrats de
production informels, habituellement saisonniers. Il implique plus de risque de
vente de produits hors contrat.
ü Modèle
intermédiaire
Il implique le promoteur dans des rapports de sous-traitance
avec les agriculteurs par le biais d'intermédiaires. Il entraîne
les risques pour le promoteur de ne plus maîtriser la production, la
qualité du produit et les prix payés aux agriculteurs.
Hormis le modèle informel, les contrats de production
sont généralement écrits, donc formels.
2.1.2. Avantages et inconvénients de l'agriculture
contractuelle
Dans la littérature, l'agriculture contractuelle a des
avantages tant pour les producteurs que leurs partenaires commerciaux. Elle
favorise notamment le partage du risque, la réduction des coûts de
transaction, l'accès au marché, etc. (Dorward et al., 1998 ; Key
et Runsten, 1999 ; Eaton and Shepherd, 2001 ; Dorward, 2001 ; Kirsten et
Sartorius, 2002 ; Simmons, 2002 ; Masakure and Henson, 2005; Da Silva, 2005).
En effet, les producteurs sous contrat peuvent avoir
facilement accès aux marchés de facteurs de production (intrants,
crédit) et d'écoulement de leur produit. L'écoulement des
produits étant garanti aux producteurs avant la production, les
coûts de transaction sont réduits de même que les risques
liés au marché. De plus, l'accès aux intrants (engrais,
variétés améliorées) leur permet d'augmenter le
rendement des cultures ou d'améliorer la qualité des produits
agricoles. Ce qui leur permet de réaliser plus de
bénéfices.
En ce qui concerne les partenaires commerciaux des paysans,
les contrats leur permettent d'avoir une offre garantie tant du point de vue de
la quantité que de la qualité. En effet, grâce aux
contrats, les partenaires peuvent garantir une offre de produits uniformes
(variétés, types d'intrants utilisés, techniques de
production appliquées) en supervisant le processus de la production.
Aussi, les coûts de transaction et les risques liés au
marché sont-ils plus réduits sous contrat contrairement aux
marchés physiques (spot markets en anglais). Enfin, les
promoteurs achètent les produits agricoles à de prix avantageux
fixés avant ou après la production.
En dépit de ces avantages, l'agriculture contractuelle
présente également des désavantages pour les deux parties.
Pour les producteurs, on suppose généralement qu'ils sont dans
une position de dépendance vis-à-vis de leurs partenaires
commerciaux (Little et Watts, 1994). Dans certains cas, les partenaires sont
au-dessus des producteurs en matière de prise de décisions ;
ce qui fait que les partenaires peuvent forcer une renégociation des
termes du contrat s'il y a des changements sur les marchés. Aussi, les
producteurs perdent-ils parfois leur flexibilité à diversifier
les activités. Ce qui fait qu'ils pratiquent parfois une seule culture
(monoculture) (Bijman J., 2008). Enfin, les producteurs sous contrat courent le
risque de ne pas pouvoir rembourser le crédit obtenu si des aléas
importants de production surviennent.
Pour les partenaires commerciaux, on suppose qu'ils courent le
risque lié à l'offre que les producteurs leur ont promis à
cause des ventes hors contrat. On indique également que les producteurs
peuvent vendre les intrants acquis auprès de leurs partenaires ou bien
ils peuvent en faire une mauvaise utilisation. Aussi, évoque-t-on que
les partenaires vont perdre leur flexibilité à recourir à
d'autres alternatives d'offre plus bénéfiques.
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