1.2. Problématique et
justification
Dans
les pays sous-développés, la production en quantité
suffisante de certains produits agricoles, vivriers notamment, permet aux
producteurs non seulement de se nourrir mais également de commercialiser
le surplus afin de générer des revenus monétaires.
Malheureusement, dans ces pays, la production et la commercialisation de ces
produits sont confrontées à des problèmes non
négligeables. Il s'agit du manque de connaissances sur les techniques de
production et l'accès limité au crédit et aux intrants
(Bijman, 2008) d'une part, et, d'autre part, l'accès insuffisant aux
informations sur les opportunités de marché et l'insuffisance des
infrastructures (marchés et routes) (Olomola, op cit). Au
niveau de cet aspect, on note que les paysans sont confrontés à
des coûts de transaction considérables (coûts
d'entrée au marché élevés) enfonçant les
petits producteurs dans le cercle vicieux de l'agriculture de subsistance
(Kpènavoun et Gandonou, 2009). Dans ces conditions, l'agriculture
contractuelle, en offrant aux producteurs un marché garanti, un
crédit et une assistance technique, pourrait leur permettre de s'ouvrir
aux marchés.
Même si certains auteurs pensent que
l'agriculture contractuelle profite essentiellement aux promoteurs (Little et
Watts, 1994), on observe de nombreux pays lui porter une attention croissante,
notamment pour les cultures industrielles. On pourrait déduire qu'elle
est avantageuse pour les producteurs.
Masakure et Henson (2005) ont constaté que les
petits producteurs au Zimbabwe entrent en contrat pour la production de
légumes exotiques, car ils en tirent les avantages
principaux à savoir : un marché garanti, l'acquisition
de connaissances techniques et un accroissement du revenu. Warning et Key
(2002) ont trouvé que les producteurs d'arachide sous contrat ont
enregistré une augmentation substantielle de leurs revenus au
Sénégal. Simmons et al. (2005) ont constaté que
l'agriculture contractuelle pour la volaille, les semences de maïs et de
riz en Indonésie a affecté positivement les conditions de vie des
producteurs. Aussi Dorward et al. (1998) trouvent-ils que dans les
pays en développement, l'agriculture contractuelle contribue à la
réduction des coûts de transaction.
Au
Bénin, peu d'auteurs ont exploré le champ de l'agriculture
contractuelle en général et particulièrement celle
relative aux cultures vivrières. Gabre-Madhin (2007) et Fafchamps et
Gabre-Madhin (2006) trouvent que l'agriculture contractuelle est
développée pour le maïs au Bénin et au Malawi, et
précisent qu'il s'agit essentiellement de contrats informels.
Kpènavoun et Gandonou (op cit) confirment ces résultats
et ajoutent que les contrats, bien qu'ils soient oraux sont respectés au
Bénin. Les études qui ont abordé l'agriculture
contractuelle au Bénin ne l'ont pas décrite de manière
approfondie et n'ont presque pas abordé ses effets sur la performance de
la production agricole. La présente étude est initiée pour
combler ce vide.
Le
thème de cette étude est intitulé :
Contrat agricole et ses effets sur la performance de
la production vivrière dans la commune de Kétou : cas du
maïs (Zea mays).
De ce
travail, des réponses seront apportées aux questions
suivantes :
ü
Comment l'agriculture contractuelle est-elle organisée dans la
commune de Kétou ?
ü
Quels sont les mécanismes de fixation du prix du maïs vendu sous
contrat dans la commune de Kétou ?
ü
Quel est le mécanisme de l'impact des contrats agricoles sur les
principales décisions de production des paysans dans la commune de
Kétou ?
ü
Les contrats influencent-ils la performance de la production du maïs dans
la commune de Kétou ?
La
présente étude permettra de fournir des analyses qui serviront de
base aux décisions entrant dans le cadre de l'élaboration des
politiques de développement agricole en particulier et du milieu rural
en général au Bénin. En effet, la culture de maïs
rythme les activités du monde paysan au sud du pays (Midingoyi
cité par Singbo, 2000). L'existence de surplus commercialisables suscite
un regain d'intérêt de la part des commerçants et des
producteurs. Cependant, l'accès difficile et limité des
producteurs aux marchés étouffe les potentialités de
commercialisation et emprisonne presque les producteurs dans la seule option
d'agriculture de subsistance. Etant donné que l'agriculture
contractuelle est un mécanisme initié à la base par les
acteurs ruraux eux-mêmes, elle pourrait constituer une voie de sortie que
doit appuyer ou de laquelle doivent s'inspirer, les structures de
développement et l'Etat dans les interventions. L'essor et la
durabilité de ce type d'agriculture pourraient contribuer à
l'amélioration des conditions de vie des populations rurales et à
la croissance économique. Pour ce faire, une connaissance approfondie de
l'organisation de l'agriculture contractuelle, de ses effets sur la performance
de la production agricole et également des difficultés qui la
minent, s'avère indispensable pour rendre les décisions des
pouvoirs publics efficaces et réalistes. C'est ce que cette étude
se propose de faire.
Le
terrain que nous abordons est très peu exploré au Bénin.
Parmi les auteurs qui se sont intéressés à l'agriculture
contractuelle au Bénin, on peut citer Fafchamps et Gabre-Madhin (2006),
Gabre-Madhin (2007), Kpènavoun et Gandonou (2009). Ces auteurs n'ont pas
abordé les questions liées aux effets de cette forme
d'agriculture. De même, ils ne décrivent pas suffisamment la
manière dont les contrats sont organisés. La présente
étude va proposer une description plus approfondie de l'agriculture
contractuelle dans la commune de Kétou, mais elle va surtout tenter de
déterminer ses effets sur la performance de la production agricole.
La
commune de Kétou est intéressante pour cette étude,
à cause de la part relativement importante de producteurs de maïs
qui produisent sous contrat ; selon Kpènavoun et Gandonou(op
cit), ils représentent environ 35% des producteurs qui vendent des
surplus de maïs dans cette commune.
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