II. LA FRANCOPHONIE ET LA
RESOLUTION DES CONFLITS : LES TEXTES DE REFERENCE
1. Déclaration de Bamako
Cette déclaration a été faite le 3
novembre 2003, par les Ministres et Chefs de délégation des Etats
et gouvernements des pays ayant le français en partage, réunis
à Bamako pour le Symposium international sur le bilan des pratiques de
la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone ; L'article 5 relève1 :
« Décidons de recommander la mise en oeuvre des
procédures ci-après pour le suivi des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
:
1. Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de la situation de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace francophone, en s'appuyant
notamment sur la Délégation à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme, chargée de l'observation du respect de la
démocratie et des droits de l'Homme dans les pays membres de la
Francophonie ;
Une évaluation permanente des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
sera conduite, à des fins de prévention, dans le cadre de
l'Organisation internationale de la Francophonie, sur la base des principes
constitutifs énoncés précédemment. Cette
évaluation doit permettre :
· de définir les mesures les plus appropriées
en matière d'appui à l'enracinement de la démocratie, des
droits et des libertés,
· d'apporter aux Etats et gouvernements qui le souhaitent
l'assistance nécessaire en ces domaines,
· de contribuer à la mise en place d'un
système d'alerte précoce ;
2. Face à une crise de la démocratie ou en cas de
violations graves des droits de l'Homme, les instances de la Francophonie se
saisissent, conformément aux dispositions de la
1 Organisation Internationale de la Francophonie,
Déclaration de Bamako, Bamako, 3 novembre 2000, 9-10.
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Charte, de la question afin de prendre toute initiative
destinée à prévenir leur aggravation et à
contribuer à un règlement. A cet effet, le Secrétaire
général propose des mesures spécifiques :
· il peut procéder à l'envoi d'un
facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions
consensuelles. L'acceptation préalable du processus de facilitation par
les autorités du pays concerné constitue une condition du
succès de toute action. Le facilitateur est choisi par le
Secrétaire général après consultation du
Président de la Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes. La facilitation s'effectue en liaison
étroite avec le CPF ;
· il peut décider, dans le cas de procès
suscitant la préoccupation de la communauté francophone, de
l'envoi, en accord avec le CPF, d'observateurs judiciaires dans un pays en
accord avec celui-ci.
3. En cas de rupture de la démocratie ou de violations
massives des droits de l'Homme2 , les actions suivantes sont mises
en oeuvre :
Le Secrétaire général saisit
immédiatement le Président de la Conférence
ministérielle de la Francophonie à des fins de consultation ;
La question fait l'objet d'une inscription immédiate et
automatique à l'ordre du jour du CPF, qui peut être
convoqué d'urgence en session extraordinaire, et, le cas
échéant :
· confirme la rupture de la démocratie ou
l'existence de violations massives des droits de l'Homme,
· les condamne publiquement,
· exige le rétablissement de l'ordre constitutionnel
ou l'arrêt immédiat de ces violations,
Le CPF signifie sa décision aux parties
concernées.
Le Secrétaire général se met en rapport
avec les autorités de fait. Il peut envoyer sur place une mission
d'information et de contacts. Le rapport établi dans les plus brefs
délais par cette mission est communiqué aux autorités
nationales pour commentaires. Le rapport de la
2 Interprétation de la Tunisie : par «
rupture de la démocratie », entendre « coup d'Etat » par
« violations massives des droits de l'Homme », entendre «
génocide ».
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mission, ainsi que les commentaires des autorités
nationales, sont soumis au CPF, pour toute suite jugée pertinente.
Le CPF peut prendre certaines des mesures suivantes :
· refus de soutenir les candidatures
présentées par le pays concerné, à des postes
électifs au sein d'organisations internationales,
· refus de la tenue de manifestations ou conférences
de la Francophonie dans le pays concerné,
· recommandations en matière d'octroi de visas aux
autorités de fait du pays concerné et réduction des
contacts intergouvernementaux,
· suspension de la participation des représentants
du pays concerné aux réunions des instances,
· suspension de la coopération
multilatérale francophone, à l'exception des programmes qui
bénéficient directement aux populations civiles et de ceux qui
peuvent concourir au rétablissement de la démocratie,
· proposition de suspension du pays concerné de la
Francophonie. En cas de coup d'Etat militaire contre un régime issu
d'élections démocratiques, la suspension est
décidée.
Lorsque des dispositions sont prises en vue de restaurer
l'ordre constitutionnel ou de faire cesser les violations massives des droits
de l'Homme, le CPF se prononce sur le processus de retour au fonctionnement
régulier des institutions, assorti de garanties pour le respect des
droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Il détermine les
mesures d'accompagnement de ce processus par la Francophonie en partenariat
avec d'autres organisations internationales et régionales.
Si besoin est, le CPF saisit la Conférence
ministérielle de la Francophonie par le canal de son
Président.
La question de la rupture de la démocratie ou des
violations massives des droits de l'Homme dans un pays et des mesures prises,
reste inscrite à l'ordre du jour du CPF aussi longtemps que subsistent
cette rupture ou ces violations. »3
3 Réserve du Vietnam et du Laos sur l'article 5
(3)
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