La scène alternative de Poitiers( Télécharger le fichier original )par Maxime Vallée Université de Poitiers - UFR Sciences Humaines et Arts - Master 1 Civilisation Histoire et Patrimoine 2011 |
B/ Une ligne qui conserve ses caractéristiques et s'enrichit : vers un pôle culturel de grande envergure ?1 ROA lIIIRQs vARGIQsIQRtVESIFP IqIIISIMI,IO &RQfRLIf0 RGeIQe IGRSIM GqAIR débuts plusieurs caractéristiques faisant de lui un centre culturel important, revêtant divers rôles déjà explicités. Entre 1989 et 1992, on constate que la structure conserve ses bases anciennes, qui ont fait son succès. Du côté de son rôle culturel, nous YIQRQs GHP RQtIIIMI lDBI-1 s1 116R0NIIIMMDQe IiJQIUqDEAHNROlIit IXIF XiGHlIT scène alternative française en programmant à la fois les valeurs sûres issues du mouvement alternatif et les nouveaux courants musicaux émergeant au sein même GeAFP wrx[AnIP SalIpRE IP IITups QRtIP P IQt SIrEeFP SlRi GeAFQRuatun technologies électroniques). Le Confort Moderne conserve donc son rôle de défricheur culturel et continue à offrir aux Poitevins une programmation éclectique et SH FRQKQtiRQQeIDD, FIRP SIQtNIXIF 'l'RII11 FuOKIEDDGeTP IsA11R00Qst6IMIRQQHIN 6RQ INIRXESHP et IiQsiAG111Ii1HGpFRONLlifIXESNECDFEGIIuMINBUK CIsARFiItIREGeL diffusion artistique à Poitiers, eQ s'IsARFIIQt SIUPTIP SOgi I'AJRIITH1IuC3NIts GH lI &IMI ESRXEOPrJIQisIIIRQUGKIIIMBIl « Eat Some Rock a». 1/ H allNIMIIIILP e IIQIBP eQt FRP P HID IFIIIEyseur G'uQ tissu Issociatif en expansion à Poitiers et le nombre et la qualité des structures hébergées au 185, Faubourg du Pont-Neuf témoigne du caractère moteur du Confort Moderne. La cour reste en effet active durant notre tranche chronologique, avec la présence du restaurant et celle de « la Nuit Noire », boutique de disque très influente localement et plus encore, et dans le IRQG Gu TIINRWHIQ EEEE DISHAit lRFIl2hébergeant la Fanzinothèque. Le Confort Moderne continue donc à cristalliser des activités diverses, mais indépendante de / 2 + IINAHQ GeARRFIREqDEI'IsARFiItiRQ JqIIIP IiA Q'RFFuSHSIs. On remarque également que ces activités sont de plus en plus reconnues : la boutique de disques SIEIlD IFKRI{ 1qDIHDLSIRSRV, E« IRMFT EqDi Q'RMSIsBWI RS ITE »239 WiSIUNTptKITME INHOD IIGRSIM I « OVP IP EUFA G'A0 3 CqD1.Jq11Qt « la Nuit Noire » veulent « créer 239 ACM : « 31.MMARNLGH / 1Rre1.le11AWKIIGII » (septembre 1988-juillet 1989), La Nouvelle République du 15 février 1989. un autre rapport, sans faire de concurrence aux disquaires »240 #177; attire un public nombreux, et la Fanzinothèque conserve ce caractère. Le Confort Moderne reste donc attaché à la dimension sociale qu'il rev6tait dès ses débuts. Le centre culturel reste un lieu d'échanges et de contacts qui ne se limite pas à offrir des spectacles quelques soirs par semaine. Cette capacité à créer du lien social a été renforcée à cette période par divers événements, permettant le contact à différents niveaux. Ainsi, s'inscrivant dans son rôle de gestion de la jeunesse et donnant écho aux volontés gouvernementales qui attitra cette responsabilité aux structures constituant les scènes locales, une discussion entre le député Jean-Yves Chamard241 et la jeunesse poitevine se tient en 1990, afin d'aborder les thèmes de l'emploi et de la société.242 Une réunion similaire avait déjà eu lieu un an plus tôt avec cette fois-ci la présence du Président de l'Assemblée Nationale de l'époque, Laurent Fabius.243 On remarque donc que le Confort Moderne met ses locaux à contribution afin de créer des liens entre la jeunesse et les politiques, à condition que ces contacts donnent des perspectives d'insertion professionnelle et sociale aux participants. Une autre manifestation organisée au Confort Moderne témoigne de la volonté de créer du lien social et est également significative du climat régnant au sein du quartier du Pont-Neuf. En février 1990 se tient en effet dans la cour du centre culturel un marché aux puces, oil tout le monde a la possibilité de participer.244 Cette modeste brocante se déroule de fait à une époque oil le Confort Moderne est largement décrié par les riverains, qui se plaignent depuis plusieurs années des sorties de concerts oE ceux qu'ils qualifient de « jeunes marginaux, ivres, insoucieux du respect d'autrui »245 sont la cause de nuisances sonores et de vandalisme. Cette manifestation conviviale et familiale montre donc la volonté des membres du Confort Moderne d'apaiser ces tensions grandissantes et de s'intégrer au tissu urbain, au contact des riverains. 240 Ibidem. 241 Maître de conférences à l'Université de Poitiers, Jean-Yves Chamard fut député de la Vienne de 1988 à 1997 et de 2002 à 2007 dans le groupe parlementaire RPR puis UMP. 242 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1989-juillet 1990), Centre Presse du 3 mai 1990. 243 Membre éminent du Parti Socialiste, Laurent Fabius fut notamment Premier Ministre de 1984 à 1986, lors du premier mandat de François Mitterrand. 244 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1989-juillet 1990), La Nouvelle République du 12 février 1990. 245 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1988-juillet 1989), Centre Presse du 22 septembre 1988. On remarque donc que le lieu doit gérer des problèmes très locaux alors qu'il s'inscrit de plus en plus dans des dynamiques internationales. Pour exemple, on peut constater que le Confort Moderne s'enracine de plus en plus dans le réseau Trans Europe Halles, jusqu'à faire évoquer à la presse locale un « axe Poitiers-Amsterdam ».246 L'édition de 1990 du festival lié au réseau semble avoir participé à cet enracinement, avec un large succès de l'étape poitevine. Enrichi par l'action de la Fanzinothèque qui organisa en parallèle le festival Trans Zines en Halles, le festival « Trans Europe Halles » a réuni non seulement des artistes talentueux venus de toute l'Europe, mais aussi, conformément aux raisons qui ont poussé le Confort Moderne à adhérer au réseau, des intervenants membres des différentes structures soeurs accompagnés de divers représentants des scènes auxquelles ils appartiennent. Au final, le festival regroupa des formations musicales d'Allemagne et de Hollande notamment et permit à des groupes de Poitiers de créer des liens avec ces scènes étrangères. De plus, regroupant une soixantaine de stands, le Confort Moderne est devenu le temps du festival un véritable forum de la culture alternative européenne, proposant au public un large panorama de cette scène, mais aussi des débats permettant de réfléchir aux perspectives d'avenir et de développement de cette dernière. Le fait de faire jouer des musiciens poitevins dans des pays européens s'est certainement inscrit dans ces perspectives, qui ont sûrement poussé Les Petits Fiers à jouer à Budapest dès 1989 sous l'impulsion de Fazette Bordage, en profitant du démantèlement du rideau de fer hongrois pour ouvrir les pays de l'Est à de nouveaux horizons culturels. Le centre culturel s'inscrit donc toujours et de plus en plus profondément dans des dynamiques internationales, et européennes notamment. De plus, on remarque également durant le début des années 1990 un attachement privilégié du lieu avec la scène alternative américaine, s'expliquant par la vitalité de celle-ci, qui « persistait, et ne se trouvait pas prisonnier du business apparemment comme chez nous »247 et guidée par des personnages meneurs importants (Jello Biafra, leader du groupe Dead Kennedys, fonda par la suite le label « Alternative Tentacles », très reconnu et produisant des artistes dont quelques-uns sont passés par le Confort Moderne). Très liée au genre punk hardcore, très radical, cette scène a 246 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1988-juillet 1989), La Nouvelle République du 28 avril 1989. 247 Entretien avec Luc Bonet du label musical « On a faim ! », propos recueillis le 14 janvier 2011. trouvé écho à Poitiers, notamment chez certains membres de l'AMP et de « la Nuit Noire », qui fondèrent par la suite l'association « Nahda », vouée à la programmation de ce style musical dont les artistes majeurs étaient américains. Cet ensemble d'amateurs a ainsi influé sur la programmation du Confort Moderne, qui, plus qu'en se contentant de donner une réponse à ces aspirations, a tissé de réels liens avec la scène alternative radicale américaine, en faisant venir à Poitiers des groupes comme Fugazi248 (qui reste comme un événement majeur de la vie du Confort Moderne) ou le très influent Henry Rollins, malmené par la presse locale qui n'avait pas compris sa musique, ni d'ailleurs son nom, orthographié « Henry Rolling ».249 Ces liens perdurent encore aujourd'hui encore et le concert de NoMeansNo #177; groupe qui effectue des passages réguliers à Poitiers depuis 1989 #177; du 20 novembre 2010 a attiré un public nombreux mais aussi remarquable par la moyenne d'cge relativement élevée, inhabituelle au Confort Moderne, témoignant de l'attachement du public poitevin à cette scène américaine. Enfin, en complément de cette activité musicale déjà extrêmement riche, la fin des années 1980 a vu le développement important des arts plastiques au sein du Confort Moderne. Déjà prévue par l'aménagement d'une grande galerie d'exposition et d'une mezzanine permettant de petites expositions temporaires, la partie art contemporain du centre culturel poitevin prend réellement de l'envergure en 1989 avec l'exposition « Jardin Théâtre Bestiarum a». Il s'agit en effet de la première manifestation d'art contemporain de cette ampleur au Confort Moderne, en témoigne le subventionnement important dont elle a fait l'objet, qui atteint la somme de 320 000 F. provenant majoritairement du Centre National des Arts.250 La renommée de cette exposition est également une première pour le pôle poitevin, puisque l'oeuvre a été exposée à New York et à Séville avant d'Itre montrée à Poitiers, puis rachetée par l'État en 1990.251 Ce succès a donc poussé l'équipe du Confort Moderne à développer l'activité de galerie d'art, qui nous le verrons, joua un rôle important dans la continuation du lieu. 248 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1990-juillet 1991), La Nouvelle République du 31 août 1990. 249 ACM : « Press Book de L'oreille est hardie » (septembre 1988-juillet 1989), Centre Presse du 22 septembre 1989. 250 ACM : « Subventions », Dossier de subventions de l'exposition Jardin Théâtre Bestiarum, 1989. 251 Centre National des Arts Plastiques, Jardin Théâtre Bestiarum, http://www.cnap.culture.gouv.fr/index.php?page=presentation&rep=listeAnnuaire&type=detail&idIns titution=1464&idEvenement=20400&evenement=jardin-thtre-bestiarium, consulté le 23 mais 2011. Le Confort Moderne semble donc continuer à cristalliser des activités dont elle développe la qualité et des relations de plus en plus étroites avec la scène alternative W241MIRWD, EFeTIOi lOi FRCRTHIP E.1I G'On S{OIFOOOrIl G'FIveL.1OrIT E&eAWIP E.1E paraît difficilement dissociable des pouvoirs publics, qui y voient de réels enjeux lRFaOx, MYR1IIIKPIRnaO[ I&'HNSROrqORWROs aERns OtOdier dans cette dernière partie la position du Confort Moderne face à ces institutions. |
|