Conclusion
L'étude de la flore et de la faune de l'aulnaie d'Ain
Khiar nous a confirmé que ce milieu se singularise par une valeur
patrimoniale importante. Sa localisation en plaine, à la jonction de
plusieurs grands massifs forestiers : Bougous au sud, Feggaïa au nord ; en
fait un milieu de transit très favorable pour de nombreuses
espèces d'oiseaux et de mammifères. Les conditions de fraicheur
qui règnent durant la saison estivale jouent un puissant rôle
attracteur pour toute une faune qui y trouve le moyen de se soustraire aux
fortes températures. Le classement international de ce site s'en trouve
donc largement justifié, même s'il ne bénéficie pas
d'une protection légale nationale. Il lui confère une
notoriété qui peut être utile pour appuyer des actions de
sensibilisation.
L'existence de ce site est largement déterminée
par l'eau. Ce facteur fait également l'objet d'une convoitise
grandissante par l'homme pour assurer ses besoins vitaux (irrigation, eau
potable...). L'aulnaie se retrouve donc dans une situation de concurrence
directe avec l'homme, pour cet élément.
Par ailleurs, cet écosystème à une
productivité primaire importante. En plus de la diversité et du
caractère patrimonial des espèces en présence, cette
productivité est à l'origine d'une concentration animale
supérieure à la moyenne. Cette production primaire constitue une
ressource qui n'est pas à la seule disposition de la faune sauvage. Elle
fait l'objet d'une exploitation intensive directe par les animaux domestiques
(bovins, ovins, caprins).
Enfin, la proximité de l'habitat humain confère
à cet écosystème sensible la fonction de réceptacle
de résidus de toute sorte. Eaux usées, ordures
ménagères...
On l'a vu le classement international de ce site n'est pas
suffisant pour le soustraire aux multiples agressions dont il est l'objet. Sa
valeur patrimoniale, largement établie n'a plus besoin de renseignements
supplémentaires pour l'étayer. Il faut désormais passer
aux actes en établissant un plan détaillé et précis
de conservation. Ce plan de conservation doit être accompagné
d'une maîtrise des paramètres qui agissent sur le fonctionnement
du milieu. Ces paramètres sont de nature anthropique (exploitation de
l'eau, de l'espace, pollution, incendies...) et participent du fonctionnement
naturel des écosystèmes (facteurs biotiques et abiotiques).
La maîtrise de ces paramètres implique la mise en
place d'un véritable plan pour gérer l'ensemble des enjeux
(économiques, sociaux, écologiques et patrimoniaux).
Mais les enjeux écologiques seront
irrémédiablement sacrifiés sur l'autel de l'urgence
économique, face à la précarité d'une existence
où les besoins vitaux de bases (nourriture, soins, éducation...)
seront difficilement satisfaits.
Il sera donc impératif d'accompagner les mesures de
conservation ; de mesure de gestion à même d'assurer une
exploitation raisonnée et durable par les riverains dont on doit
impérativement s'attacher la contribution volontaire.
Cette contribution doit concerner tous les aspects liés
au fonctionnement et à la structure de l'aulnaie. Agriculture,
élevage, urbanisme, pollution, niveau des eaux, faune, flore, doivent
constituer en permanence un pôle de sensibilisation, de dialogue, de
négociation, pour dégager la meilleure conduite à tenir
afin de garantir la pérennité de l'ensemble de
l'écosystème.
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