CHAPITRE 2 : INTERMEDIATION BANCAIRE AU RWANDA
Quand on parle de l'intermédiation, on sous entend la
fonction des intermédiaires financiers qui recueillent des ressources et
mettent des fonds à disposition des tiers. Pour notre cas, les banques
qui, étant des entreprises effectuant pour le compte d'autrui paiements
et recettes, fait l'escompte, achète et revend des valeurs
boursières, accorde des prêts, etc sont considérées
comme ces intermédiaires financiers.
Ce chapitre concerne l'analyse et l'évolution de la
marge d'intermédiation bancaire, de la masse monétaire et du
niveau des crédits octroyés au secteur privé dans le cas
du Rwanda.
Sur base d'une théorie que nous venons de
développer dans le chapitre précédent, il sera question
dans le présent chapitre de pouvoir atteindre nos objectifs et de
vérifier notre première hypothèse.
A partir des données chiffrées de la Banque
Nationale du Rwanda (BNR), on va analyser l'évolution de ces facteurs
ci-hauts cités prouvant le niveau de l'intermédiation bancaire
pendant notre période d'étude.
Quand on parle de l'intermédiation bancaire on
sous-entend d'un ajustement des besoins et des capacités de financement
se traduisant par l'intervention d'un système bancaire ou des
institutions financières bancaires.
Le système bancaire : est un ensemble des banques et
autres établissements financiers qui entretiennent des relations
financières des créances et d'engagements les uns
vis-à-vis des agents non financiers.37
Les institutions financières bancaires : il s'agit
essentiellement des certaines banques spécialisées, des
caisses d'épargne, des institutions bancaires de financement
de l'habitat social, et plus généralement de tous les
établissements bancaires qui
37 MATHIS, J. : « Monnaie et banque en
Afrique francophone », Universités francophones, Edicef, 1992,
p.12
collectent des dépôts autres que ceux qui sont
payable à vue et transférables par chèque.38
Les institutions financières non bancaires : ce sont
des établissements qui ne reçoivent pas des dépôts
du public, mais qui participent d'une certaine manière au financement de
l'économie. 39
2.1. L'EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE
RWANDAIS
Contrairement à certains pays africains qui ont eu
leurs premiers établissements bancaires au 19ème
siècle (Exemple Nigéria en 1892), le premier établissement
n'est apparu au Rwanda que dans la 2ème moitié du
20ème siècle et plus précisément le 09
avril 1963. Il s'agit de la banque commerciale du Rwanda (BCR).
Avant 1960, le système monétaire du Rwanda
était intimement lié à celui du Congo et du Burundi car
ces trois pays ont évolué dans un système monétaire
commun.
Ils avaient une monnaie commune émise par un institut
d'émission commun. Le privilège d'émission de la monnaie
unique fût exercé respectivement par la Banque du Congo du 07
juillet 1911 au 30 Juin 1952 ; la banque centrale du Congo Belge et du Rwanda
Urundi du 1er Juillet 1952 au 3 juin 1960 (date d'accession à
l'indépendance du Congo), la Banque d'émission du Rwanda et du
Burundi du 21août 1960 au 1er janvier 1964. Ce régime
monétaire commun a porté un grand préjudice au
développement économique du Rwanda, par le fait que toutes les
institutions bancaires communes ont été installées en
dehors du territoire rwandais soit au Congo (à Léopoldville),
soit au Burundi (à Bujumbura).
Le système bancaire moderne n'émergea au Rwanda
qu'avec la création de la Banque Nationale du Rwanda (BNR),
autorité de tutelle du système, par la loi du 24 avril 1964 et
son entrée en fonction le 19 mai 1964, une année après la
naissance de la première banque commerciale à savoir la BCR.
Peu après, deux autres banques commerciales ont vu le
jour. Il s'agit de la Banque continentale Africaine au Rwanda (BACAR)
créée en mars 1983. Aussi quatre
institutions financières ont vu le jour : la Caisse
d'Epargne du Rwanda (CER) créée en juin 1963, la Banque Rwandaise
de Développement (BRD) créée en 1967, les Banques
populaires créées en Août 1975 et la Caisse
Hypothécaire du Rwanda (CHR) créée en 1975.
En somme, le système bancaire rwandais comprenait,
à la veille du génocide d'avril 1994, trois banques de
dépôts (BCR, BK, BACAR) et trois institutions financières
bancaires supra mentionnées à l'exception de la Caisse d'Epargne
du Rwanda qui avait arrêté ses activités en octobre
1993.
La guerre et le génocide d'avril 1994 ont
complètement ébranlé l'économie rwandaise en
général et particulièrement le système bancaire. Au
sortir de ces événements malheureux et à la reprise de
l'activité économique, la situation financière de pas mal
d'établissements était fragilisée à tel enseigne
qu'il a fallu adopter des plans de redressement allant jusqu'à trois ans
pour certains d'entre eux présentant des insuffisances de provisions et
des fonds propres.40
Malgré une situation économique d'après
guerre difficile, il est heureux de constater que d'autres nouvelles banques
commerciales ont vu le jour. Aujourd'hui, au Rwanda on compte 11 banques
commerciales à savoir : La Banque de Kigali (BK), la Banque Rwandaise de
Développement (BRD), Fina Bank Rwanda, Compagnie Générale
des Banques (COGEBAQUE), la Banque Commerciale du Rwanda (BCR), Ecobank Rwanda,
Banque de l'habitat du Rwanda (BHR), Banque Populaire du Rwanda (BPR), Urwego
Opportunity Microfinance Bank (UOMB), Access Bank et Kenya Commercial Bank
(KCB).41
2.2. EVOLUTION DE LA MARGE D'INTERMEDIATION
BANCAIRE
Comme nous l'avons souligné dans le chapitre
précédent, nous avons remarqué que la marge
d'intermédiation bancaire n'est qu'une marge d'intérêts
générés par les banques suite à leurs
activités journalières, au cours de ce sous-point nous allons
décrire l'évolution de cette marge d'intérêts.
Rappelons que cette dernière est déterminée à
partir de l'écart entre les taux d'intérêt débiteur
et créditeur. Et, c'est
40 BNR : « Rapport
d'activité1964-1999 », Kigali, avril 1999, p.27
41
http://www.bnr.rw/supervision/bankregis16.48ter.aspx/
visité le 21 Octobre 2010
grâce à cet écart, qui est
généralement bénéfique et connu sous le nom de
spread, que les banques s'en évoluent.
2.2.1. Historique du taux d'intérêt au
Rwanda
Avant Février 1981, las autorités rwandais
exerçaient une action régulatrice sur les taux et sur les autres
conditions de renumérotions de fond collectes par le système
financier en se référant à l'article 11, de la loi du 14
Juillet 1964 sur le contrôle des banques. Il stipulait que « le
ministère des finances pouvait, sur proposition de la BNR, fixer un taux
maxima, soit un taux minima pour les intérêts et commissions
applicables à certaines catégories d'opération
spécifiquement désigné ».
Par suite l'article 68 du décret-loi n°06/81 du
février 1980 portant réorganisation de la BNR a autorisé
cette dernière à fixer des taux d'intérêts et
commissions que les institutions financières étaient
autorisées à prélever sur leurs prêts, avances et
autres opérations de crédit ainsi que des taux
d'intérêts qu'elles sont autorisés à verser sur les
différentes catégories de dépôt.42
Avant l'avènement de la réforme
financière au Rwanda, de 1990 les conditions générales
applicables par les banques à leurs clients étaient
définies d'une manière exhaustive par la BNR et leur application
était imposée à l'ensemble des institutions
concernées. Les taux d'intérêts ont, depuis,
été administrés les seules activités jugées
appropriées dont notamment l'agriculture et l'exploitation, dans le
cadre de marges de fluctuation fixées par la Banque Nationale du Rwanda.
Par les instructions n°02/90 du novembre 1990 et celle du 10 Juin 1992, le
taux d'intérêt créditeur minimum a été
fixé à respectivement à 6%,9% et 12% l'an pour tous les
dépôts à terme d'un an étaient fixé librement
par les institutions financières.
Le taux débiteur maximum a été
fixé respectivement à 12%,19% et 15% pour tous les crédits
accordés par les institutions financières. Par l'instruction de
la BNR n°1/96, ce dernier taux a lui-même été aboli le
21 mai 1996, les taux d'intérêts créditeur et
débiteur devenant ainsi totalement négociables entre banque et
client.43 Depuis, le taux est négociable.
42 BNR: «Rapport annuel 2005»,
p.11
43 Idem, p.12
2.2.2. Analyse sur l'évolution da la marge
d'intermédiation bancaire
On peut analyser l'évolution de la marge
d'intermédiation bancaire en se servant du tableau ci-dessous montrant
la variation du taux débiteur et celle du taux créditeur, et leur
écart « spread » qui servira la compréhension de la
rentabilité du système bancaire :
Tableau 1 : Evolution du taux débiteur, taux
créditeur et leur écart « spread » (en
pourcentage)
Année
|
Taux
d'intérêt débiteur
|
Taux
d'intérêt créditeur
|
Spread
|
1990
|
16.67
|
10.00
|
6.67
|
1991
|
19.00
|
12.00
|
7.00
|
1992
|
15.00
|
9.00
|
6.00
|
1993
|
15.00
|
9.00
|
6.00
|
1994
|
15.00
|
9.00
|
6.00
|
1995
|
17.95
|
12.12
|
5.83
|
1996
|
18.44
|
11.26
|
7.18
|
1997
|
16.22
|
9.97
|
6.25
|
1998
|
17.13
|
9.05
|
8.08
|
1999
|
16.84
|
8.87
|
7.87
|
2000
|
16.99
|
10.11
|
6.88
|
2001
|
17.29
|
10.18
|
7.11
|
2002
|
16.37
|
9.02
|
7.35
|
2003
|
17.05
|
9.43
|
7.62
|
2004
|
16.48
|
9.39
|
7.09
|
2005
|
16.08
|
8.01
|
8.07
|
2006
|
16.07
|
8.29
|
7.78
|
2007
|
16.19
|
6.77
|
9.42
|
2008
|
16.51
|
6.72
|
9.79
|
2009
|
15.77
|
8.54
|
7.23
|
|
Source : BNR, Département de recherche et analyse
économique, 2010
Graphique 1 : Evolution la marge
d'intérêts bancaires « Spread » face aux taux
d'intérêts débiteur et créditeur (en %)
Année d'observation
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
20
18
16
14
12
10
8
6
Variation du Taux
4
2
0
Debitaur Créditeur spread
Source : Fait par nous même sur
base du tableau 1
Pour mieux comprendre cette évolution de la marge
d'intermédiation bancaire face aux taux d'intérêts
créditeur et débiteur, il est nécessaire de rappeler ce
que c'est les taux créditeurs et les taux débiteurs :
Les taux d'intérêts créditeurs sont les
taux d'intérêts aux ressources des institutions
financières. Ils sont librement débattus contre les institutions
financières et les déposants.
Concernant les taux débiteurs, ils sont les taux
d'intérêts appliqués aux crédits consentis par les
institutions financières aux agents économiques non financiers.
Au Rwanda, les taux d'intérêts débiteurs ne varient pas
souvent et ils sont maintenus à un niveau beaucoup plus
élevé. Ils varient d'une banque à l'autre.
Pour la marge d'intermédiation bancaire, il a
été calculé comme un écart entre le taux
d'intérêt débiteur et le taux d'intérêt
créditeur, et cet écart est connu sous le nom de « Spread
».
Cela signifie que les banques commerciales jouent avec le
taux d'intérêt débiteur du jour à autre afin
d'éviter de tomber en faillite. Autrement dit, la marge
d'intérêts bancaires varie en fonction des crédits
octroyés à l'économie.
Au cours de la période de 1990 à 1994 les taux
d'intérêts créditeur et débiteur ont
été caractérisés par une situation presque
stagnante sauf la variation enregistrée en 1991 passant de 10% en 1990
à 12% en 1991 du taux créditeur et passant de 16.67% en 1990
à 19% en 1991 du taux débiteur, et ils ont resté constants
de 9% du taux créditeur et 15% du taux débiteur pour les
années 1992,1993 et 1994. Cette situation a entrainé une
situation qui n'est pas assez significative du coté de la marge
d'intermédiation bancaire suite au ralentissement de la production et
à la situation de la guerre déclenchée en 1990.
C'est en date du 20 mars 1995, par l'instruction n°02/95
la BNR a libéralisé les taux d'intérêts
créditeur, débiteur à l'exception du taux minimum de 10%
sur les dépôts à un mois de durée initiale. Ce
dernier a été lui-même aboli le 1er Juin 1996,
les taux créditeur devenant totalement négociable entre banques
et clients.44
Pendant cette période le taux débiteur
était de 17.95% en 1995, de 18.44% en 1996, de 16.22 en 1997, de 17.13%
en 1998 et de 16.84% en 1999, soit un accroissement de 2.85% contre celle du
taux créditeur de 1.2%, c'est-à-dire 12.12% en 1995, 11.26% en
1996, 9.97% en 1997, 9.05% en 1998 et de 8.87% en 1999. Cette situation a
permet un accroissement de 6.81% de la marge d'intermédiation bancaire
expliqué surtout par l'accroissement des dépôts des banques
commerciales.
La période de 2000 à 2005 : la tendance à
la hausse du taux créditeur en 2000 à 10.11% soit une
augmentation de 12.70% qui n'était pas proportionnelle à celle du
taux débiteur c'est-à-dire 16.99% équivaut à un
accroissement de 0.89%, a provoqué une chute de Spread de 12.58%. Mais,
la diminution du taux créditeur dès 2001 à 2005 de -4.26%
en moyenne, a permet un accroissement en moyenne de la marge
d'intermédiation bancaire de 3.45% pour la même période.
Au cours de la période 2006-2008, on observe une hausse
continue de la marge d'intermédiation bancaire due à la baisse du
taux créditeur continue.
44 BNR: «Rapport annuel 1996»,
p.21
Cette augmentation du taux créditeur a
été provoquée par la hausse des dépôts de
14.6% entre 2006 et 2007. Les dépôts à terme ont
augmenté 13.5%, tandis que les dépôts en devises ont
enregistré une croissance 15.9% en 2008.45
En 2009, la chute de spread de (-26.15%) a été
la suite de l'accroissement de 27.1% du taux créditeur contre une
diminution de (-4.48%) du taux débiteur, ces variations sont
calculées aux taux de 2008. Tous ces brusques changements ont
été l'effet de la crise financière économique
mondiale de 2008.
2.3. EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE M2
La politique monétaire au Rwanda est définie
comme un outil essentiel dont disposent les autorités publiques, pour la
réalisation d'une croissance économique saine et soutenue et la
préservation recherchée des équilibres macro
économiques, la politique monétaire fait l'objet au Rwanda,
d'ajustement poursuivis. En maintenant, le rythme de la création
monétaire constamment compatible avec celui de la croissance
économique nominale, elle permet de situer en permanence le taux de
liquidité de l'économie à son niveau jugé optimum,
d'éviter, ainsi , l'apparition de pressions inflationnistes d'origine
monétaire exagérées et d'assurer en conséquence, la
stabilité monétaire recherchée.46
Cette création monétaire par le système
bancaire et financier peut se faire par trois manières comme le
wikipédia, l'encyclopédie libre en précise :47
? De la monnaie scripturale bancaire
La monnaie banque centrale déposée sur un
compte bancaire reste utilisable aussi facilement que si elle était en
poche : lorsqu'un client A, disposant d'un compte dans un établissement
financier F, souhaite verser de l'argent à un autre client B, il lui
suffit d'informer la banque (par un chèque, une communication
électronique par carte bancaire, ou tout autre moyen) qu'elle doit
diminuer le compte de A et augmenter le compte de B de la même somme. La
compensation permet au mécanisme de fonctionner aussi si B est client
d'un autre établissement financier.
45 MUREGO.S; «Analyse de l'impact du PIB,
taux d'intérêt créditeur, inflation sur l'Epargne national
au Rwanda», inédit, p.41
46 BNR: «Rapport annuel 2003»,
Page 13
47
http://fr.wikipedia.org/wiki/Création
monétaire visité le 29 Novembre 2010
· Création de monnaie scripturale par les
dépôts, destruction par les retraits
Un simple dépôt de billets dans une banque
crée de la monnaie scripturale, pour le montant ajouté au
crédit du client.
Or, dans ce cas, les billets de banque de la banque centrale
qui ont été déposé n'ont pas disparu pour autant.
La quantité de monnaie totale en circulation a doublé. La banque
peut utiliser comme elle l'entend les billets qui sont en dépôt
chez elle, pour autant qu'elle respecte la possibilité pour le client de
retirer son argent dans le délai convenu (à tout moment et
immédiatement pour un dépôt à vue, notamment).
· Création de monnaie scripturale par les
emprunts, destruction par les remboursements
Lorsqu'une banque reçoit un dépôt de
monnaie banque centrale, elle inscrit la somme au crédit de son client
et parallèlement elle augmente son passif, les deux opérations
signifiant d'un point de vue comptable que la banque a une dette envers le
client et les moyens de le rembourser.
La monnaie correspondante disparaît au fur et à
mesure que le compte du client diminue suivant l'échéancier de
remboursement prévu, tandis que parallèlement le montant inscrit
au passif de la banque diminue.
L'évolution de la masse monétaire au cours de la
période allant de 1990-2009 est expliquée par des raisons
différentes telles que : le recours important de l'état au
financement bancaire, l'augmentation des avoirs extérieurs nets.
Le tableau ci-dessous montre l'évolution de la masse
monétaire au cours de la période 1990-2009 :
Tableau 2 : Evolution de la masse
monétaire
|
|
|
Année
|
M2 en milliards de Frw
|
Année
|
M2 en milliards de Frw
|
1990
|
31.9
|
2000
|
119.5
|
1991
|
33.7
|
2001
|
130.7
|
1992
|
37.9
|
2002
|
146.7
|
1993
|
38.0
|
2003
|
167.5
|
1994
|
32.2
|
2004
|
185.1
|
1995
|
62.6
|
2005
|
218.4
|
1996
|
69.9
|
2006
|
285.7
|
1997
|
90.2
|
2007
|
375.3
|
1998
|
91.98
|
2008
|
384.1
|
1999
|
98.1
|
2009
|
402.0
|
|
Source : BNR, Département de recherche
et analyse économique, 2010
Graphique 2 : Evolution de la masse monétaire fin
de période (en milliards de Frw)
|
450 400 350 300 250 200 150 100 50
0
|
|
|
|
M2 en milliards de Frw
|
|
Variation de M2
|
|
|
|
|
|
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Années
Entre 1990-1993, la masse monétaire a connu une
croissance de 19.06%, avant de fléchir de 15.14% en 1994. La
dévaluation de 40% du Frw par rapport au dollar intervenue en novembre
1990 a certainement contribué à cette croissance de la masse
monétaire en 1991 par le biais de la contre valeur des avoirs
extérieurs en monnaie locale. Ces derniers ont subi un accroissement de
324.45% passant de 2.82 à 11.95 milliards de Frw au cours de la
même période. La plus forte croissance observée entre 1991
et 1992 (12.36%) est liée en grande partie à l'accroissement de
l'agrégat M1 qui a progressé de 21.25% contre 1.95% de la
quasi-monnaie.
Après l'année 1994 qui a vue l'effondrement de
l'économie du pays, la masse monétaire a connu une expansion de
63.6% en 1995, avant de revenir à une croissance plus
modérée de 11.50% en 1996.
La forte expansion observée en 1995 est la
conséquence de la dévaluation du Frw de l'ordre de 40% à
fin Mars 1995 par rapport à fin février 1995 avec le passage du
régime de taux de change fixe au taux de change flottant, la reprise des
activités de production et des concours bancaires à
l'économie, ainsi que les décaissements d'aides et prêts
étrangers qui ont permis la reconstitution des avoirs
extérieurs.48
Entre 1996 et 1997, cette période a connu une hausse
de 29.06%, à fin 1998, elle s'est modérément accrue de
2.02%. En 1999, elle s'est accrue de 6.59%, de 21.86% en 2000 et de 8.56% en
2001, suite à la progression des créances nettes sur
l'état, consécutives aux importants tirages effectués par
le trésor sur ses dépôts à la BNR.49
En 2002 cette année a connu une hausse de 12.24%
l'essentiel de cette expansion monétaire s'explique par le recours
important de l'Etat au financement bancaire, suite à l'insuffisance de
ses recettes fiscales et l'irrégularité des financements
extérieurs.50
En 2003, l'évolution de la situation monétaire
a été déterminée par l'évolution des besoins
de financement de l'économie en général et de ceux de
l'Etat en particulier. Ces derniers ont été
particulièrement ressentis, consécutivement à la
nécessité de financer les activités spécifiques
dans le domaine politique liées à la fin de transition.
48 BNR : « Rapport annuel 1993-1996
», Kigali, p.26
49 BNR : « Rapport annuel 2001 »,
Kigali, p.82
50 BNR : « Rapport annuel 2002 »,
Kigali, p.32
De ce fait l'augmentation de la masse monétaire a
dépassé l'objectif de 9.2% prévu par le programme
monétaire de l'année 2003.
Selon le rapport annuel de la BNR 2004, entre décembre
2003 et décembre 2004, la mase monétaire s'est accrue de 11.9%.
Entre décembre 2004 et décembre 2005, la masse monétaire a
augmenté de 10.47%. Ce taux est le résultat de l'accroissement
des avoirs extérieurs nets et de l'accélération dû
à l'économie.51
Entre décembre 2005 et décembre 2006, la masse
monétaire est passée de 218.4 à 286.0, soit une
augmentation substantielle de 31,1% tirée essentiellement de
l'accroissement rapide des dépôts. Ces derniers ont variées
sur un taux de 64.7% de dépôts à terme et 35.5% de
dépôts en devises.52
La masse monétaire est passée de 286,0 à
375,1 milliards de FRW entre 2006 et 2007, soit une augmentation substantielle
de 31,2%. Parmi les facteurs de l'augmentation de la masse monétaire, on
peut citer le niveau de l'activité économique (croissance de
6,3%), l'augmentation des dépenses publiques, (+29,7% par rapport
à l'année précédente) mais aussi
amélioration probable du taux de bancarisation.53
Les développements monétaires au cours de
l'année 2009 indiquent une décélération globale
dans l'expansion monétaire résultant des développements en
crédit domestique total et dans les avoirs extérieurs nets du
système bancaire. Antérieurement 2009, l'économie
rwandaise a été caractérisé par augmentation
significative en agrégats monétaire. La part proportionnée
des dépôts à terme en réserves M2 a augmenté
légèrement de 35.3% en 2008 à 35.5% en
2009.54
2.4. LE NIVEAU DES CREDITS OCTROYES AU SECTEUR
PRIVE
Le soutient de l'économie du pays en lui accordant des
crédits nécessaires à son fonctionnement suivant les
critères d'éligibilité est l'une des missions du secteur
bancaire. En matière de financement de l'économie, le secteur
bancaire rwandais est dominé par les banques des dépôts ;
celles-ci ne parviennent pas à financer les investissements, compte tenu
de leurs ressources limitées. Il se pose alors un
51 BNR : « Rapport annuel 2004 »,
Kigali, p.44
52 BNR: «Rapport annuel 2007»,
Kigali, p.46
53 Idem, p.49
54 BNR: «Annual Report 2009»,
Kigali, p.44
problème délicat, celui de pouvoir
disponibiliser les moyens de financement non seulement pour le court terme,
mais aussi pour le moyen et le long termes. C'est dans ce cadre que
l'intégration du marché du crédit bancaire dans les
modèles de financement des investissements productifs est donc
essentielle à la promotion et à la prospérité des
affaires.
2.4.1. Politique de crédit au Rwanda
La politique du crédit au Rwanda se caractérise
généralement par deux objectifs à savoir :
- La volonté de développer l'implantation des
structures et des mécanismes bancaires dans tous les pays dans un souci
d'une plus juste répartition de la richesse nationale.
- Le désir d'encourager les investissements dans les
secteurs jugés prioritaires pour l'expansion de l'économie
rwandaise.
La politique du crédit au Rwanda, est de la
compétence de la BNR pour atteindre ces objectifs cités ci haut,
elle utilise les instruments de crédit tels que les que les effets de
commerce et les bons de trésor par moyen de virement en compte et
chèque, etc.
Dans sa politique de réglementation de crédit,
la BNR a un rôle de définir la politique monétaire du pays.
Cette politique vise en particulier à préciser les règles
que le système bancaire et financier doit respecter dans
l'intérêt général de l'économie.
La BNR comme toute banque centrale a pour souci notamment,
d'assurer la sécurité et la liquidité des emplois du
système bancaire rwandais, mais encore de contrôler la masse des
crédits distribués.55
55 BNR : « Rapport annuel 1999 »,
Kigali, juin 2000, p.55
2.4.2. L'évolution des crédits
octroyés au secteur privé
Tableau 3 : Crédits au secteur privé en
milliards de Frw
Année
|
Crédits au secteur privé en
milliards de Frw
|
Année
|
Crédits au secteur privé en
milliards de Frw
|
1990
|
18.7
|
2000
|
60.7
|
1991
|
15.6
|
2001
|
76.5
|
1992
|
12.9
|
2002
|
85.5
|
1993
|
15.8
|
2003
|
120.2
|
1994
|
18.9
|
2004
|
131.0
|
1995
|
10.7
|
2005
|
165.3
|
1996
|
28.7
|
2006
|
211.0
|
1997
|
29
|
2007
|
257.4
|
1998
|
45.3
|
2008
|
340.0
|
1999
|
55
|
2009
|
334.3
|
|
Source : BNR, Département de recherche
et analyse économique
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Années
Credits octroyes en milliards de Frw
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Graphique 3 : Evolution du niveau des crédits
octroyés au secteur privé
Comme le graphique et le tableau ci-hauts les montrent, il ya
eu en général une augmentation continue du niveau des
crédits octroyés au secteur privé, cette augmentation est
de 20.78% en moyenne au cours de la période 1990-2009.
Pour mener à bien cette mission, les instruments
utilisés par la BNR au fur du temps, ont évolué selon les
orientations de la politique économique du gouvernement. Ainsi, avant
l'année 1990, la BNR a mené une politique monétaire
basée sur le contrôle direct du crédit.
L'entrée en vigueur du premier programme d'ajustement
structurel en novembre 1990 a amorcé l'introduction progressive des
instruments indirects de la politique monétaire.
L'année 1995, correspondant à des grandes
réformes économiques, a marqué un tournant décisif
dans la conduite de l'économie nationale. Depuis lors, la BNR
mène une politique de contrôle de la masse monétaire
utilisant les instruments indirects qui sont :
· Le taux de refinancement
· La réserve obligatoire
· Les interventions de la BNR sur le marché
monétaire
Malgré la croissance rapide du crédit entre 2002
et 2007, la part du crédit total du système bancaire a
plutôt baissé. Cette part est de 42.2% en 2007 contre 43.8% en
2002.56
Contrairement à 23% qui avait été
planifié au commencement de l'année 2009, les crédits en
souffrance au secteur privé ont tombé à 1.7% par suite du
problème de liquidité éprouvé par le système
bancaire entre le dernier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009.
Les crédits en souffrance au secteur privé étaient sur une
tendance de réduction pendant les trois premiers trimestres de 2009
successivement par 0.5%, 3.3% et 1.2%.
Cependant, du dernier trimestre 2009, en particulier en
novembre et décembre, le crédit au secteur privé avait
récupéré de manière significative. Par exemple,
entre septembre et Décembre de 2009, le crédit exceptionnel au
secteur privé a augmenté
56 BNR: «Rapport annuel sur la supervision
bancaire 1995-2007», Mars 2008, p.16
de 2.65% suivant la confiance regagnée en
système bancaire, stimulé par différentes mesures prises
par BNR et le gouvernement, qui incluent la réduction du taux de
réserve obligatoire de 8 à 5% début 2009, l'introduction
du service de refinancement de BNR contre des garanties aussi bien que des
dépôts à long terme du gouvernement.57
Le Rwanda n'a pas fait l'exception face à la crise
financière économique mondiale de 2008, c'est pourquoi qu'il se
présente un chute au cours de l'année 2009. Ce chute n'a pas
été très remarqué suite à la raison que la
BNR avait pris quelques mesures à la fin 2009, y compris les mesures
ci-hauts énoncés, pour faciliter les banques commerciales dans
l'octroie des crédits.
57 BNR: «Rapport annuel2009»,
p.45
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