Problématique de la réforme du système d'évaluation du personnel au contrôle financier dans le contexte de la GAR( Télécharger le fichier original )par Damien Bruce ABOHOUNGOE Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature du Bénin - Administrateur du Travail et de la Sécurité Sociale 2010 |
CHAPITRE DEUXIEME :Comme annoncé précédemment, ce chapitre sera d'abord consacré à la présentation du cadre théorique et méthodologique de l'étude (section 1), ensuite à l'exposé des résultats de nos enquêtes et des approches de solutions (section 2). SECTION 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDELa présentation du cadre théorique (1) précèdera celle de la méthodologie de l'étude (2). Paragraphe 1 : Présentation du cadre théorique de l'étudeElle se focalisera d'abord sur les objectifs et hypothèses de l'étude (A) ; ensuite sur son tableau de bord (B) et enfin, sur la revue de littérature (C). A. Objectifs et hypothèses de l'étude1. Les objectifs de l'étude Les objectifs de notre étude se déclinent en objectif général et en objectifs spécifiques.
Il s'agit d'objectifs liés aux problèmes spécifiques. Ainsi, notre étude vise essentiellement trois objectifs spécifiques à savoir : ? Proposer un système de fixation d'objectifs de rendement au personnel du Contrôle Financier (Objectif spécifique n° 1) ; ? Proposer une méthode efficace d'évaluation annuelle du rendement du personnel (Objectif spécifique n° 2) ; ? Suggérer des conditions d'adhésion du personnel à la méthode d'évaluation proposée (Objectif spécifique n° 3). Pour atteindre ces objectifs, il importe d'identifier les causes auxquelles il faudra s'attaquer dans la résolution de chaque problème et pour y parvenir, nous essaierons de formuler des hypothèses par rapport aux problèmes à résoudre. 2. Les hypothèses de recherche Avant de formuler les hypothèses de recherche, il s'avère nécessaire d'identifier les causes liées à chaque problème spécifique. a. Formulation des causes et hypothèses liées au problème spécifique n° 1 Sur la base de nos observations exploratoires relatives au problème spécifique n° 1 que constitue la non fixation d'objectifs de rendement au personnel, nous pouvons citer deux causes possibles y relatives. Il s'agit :
L'ignorance de la nécessité de fixer des objectifs de rendement dans un cycle de gestion semble être une cause peu plausible. En effet, nous pensons que les responsables hiérarchiques à divers niveaux de l'encadrement du Contrôle Financier ne peuvent méconnaître autant qu'ils sont, la nécessité et l'importance de se fixer des objectifs dans un cycle de gestion. Ceci nous amène à écarter cette première hypothèse. Par contre, il paraît plus acceptable de considérer le manque de définition et de clarification préalables des responsabilités des agents comme étant la cause du problème de non fixation d'objectifs de rendement au personnel. En effet, pour réaliser une bonne performance, chacun des agents doit avoir une idée claire de ses attributions et des limites de ses responsabilités. C'est pourquoi, l'hypothèse relative au problème spécifique n° 1 peut être formulée comme suit : « La non fixation d'objectifs de rendement au personnel est due au manque de définition et de clarification préalables des responsabilités » (Hypothèse spécifique n° 1). b. Formulation des causes et hypothèses liées au problème spécifique n° 2 En se basant sur nos observations de stage, nous pouvons dire que l'absence d'evaluation annuelle du rendement du personnel peut s'expliquer par :
L'une des contraintes de l'evaluation du rendement est de disposer suffisamment du temps pour les entretiens avec les collaborateurs. Or, la gestion quotidienne des problèmes dans l'Administration publique est telle qu'il n'existe pas une bonne planification des tâches ; ce qui evidemment peut ne pas permettre aux responsables hierarchiques de se livrer à un entretien d'evaluation avec leurs collaborateurs au cours de l'annee. Cependant, la seconde raison evoquee ci-dessus semble mieux expliquer le problème à notre avis. Vouloir expliquer l'absence d'evaluation annuelle du rendement du personnel par l'inexistence d'objectifs de rendement fixes aux agents en debut de gestion est certainement fonde car, comme le souligne Edgard GUIDIBI rapporte par Arsène CODO (2007), « Au nombre des problèmes majeurs dont souffre l'Administration publique béninoise, figure en bonne position le manque de contrats d'objectifs passés entre les agents publics et leurs structures de manière à leur fixer des normes précises de résultats sur la base desquelles ils seront évalués et promus »5. Il est donc evident que l'evaluation du rendement ne se fait pas ex-nihilo et qu'elle doit se baser sur des objectifs prealablement fixes. Cela paraît donc plausible de retenir la non fixation d'objectifs de rendement en amont comme un facteur explicatif du deuxième problème specifique. Mais nous pensons que la troisième raison evoquee supra semble mieux expliquer le problème. 5 CODO Arsène (2007) : « Contribution à une gestion optimale du rendement du personnel administratif au MESFP », Mémoire cycle 2, ENAM, GRH, p 32. En effet, de nos observations exploratoires et des entretiens non structurés que nous avons eus avec certains cadres de la structure, il ressort que l'aspect `'évaluation du rendement'' n'est pas pris en compte pas la notation. Celle-ci apparaît non seulement comme une appréciation ponctuelle du supérieur hiérarchique sur la manière de servir de ses collaborateurs, mais aussi elle ne porte pas sur le rendement des agents. Elle n'est donc pas établie comme un processus à l'instar de l'évaluation du rendement, qui a pour finalité de porter un jugement de valeur sur le résultat obtenu par un agent à la suite de certaines activités, en fonction de normes préétablies. C'est dire que dans ces conditions, l'évaluation du rendement du personnel ne saurait être une réalité dans le contexte de la gestion axée sur les résultats si le Contrôle Financier ne s'en tenait qu'au système de notation défini par le SGAPE. C'est pourquoi, nous avons cru devoir formuler la deuxième hypothèse spécifique comme suit : « L'absence d'évaluation annuelle du rendement du personnel est due à la non prise en compte de la dimension `'évaluation du rendement'' par le système actuel de notation ». c. Formulation des causes et hypothèses liées au problème spécifique n° 3 Par rapport à ce problème, nous pensons que si le personnel affiche un désintérêt pour le système actuel de notation, c'est parce que :
Soulignons que toutes ces approches sont sous le couvert de la thématique du problème général, à savoir la théorie générale de l'évaluation du rendement. Pour ce faire, il s'agira d'exposer les contributions antérieures liées aux problèmes spécifiques à résoudre. 1. Contributions antérieures sur le problème de la non fixation d'objectifs de rendement au personnel Conformément à la thématique liée à ce problème, il s'agira de développer des théories relatives à la nécessité et au processus de fixation des objectifs. La détermination des objectifs est en effet, un processus qui vise à améliorer le fonctionnement et l'efficacité de l'organisation en précisant les résultats souhaitables que les individus et les départements de l'organisation doivent s'efforcer d'atteindre. Dans leur ouvrage intitulé ``Management des Organisations'', HELLRIEGEL, SLOCUM et WOODMAN en citant les raisons qui justifient la détermination d'objectifs, affirment que « La fixation des objectifs engendre à la fois des gageures et des normes qui permettent de mesurer la performance des individus, des départements et de l'organisation. Les objectifs permettent de définir logiquement la structure de l'organisation. Ils déterminent, en partie, les modèles à suivre dans le domaine des communications, de la subordination hiérarchique, des rapports de pouvoir et de la division du travail. Les objectifs jouent donc un rôle en matière d'organisation *6. C'est dire que tout manager qui aspire à l'amélioration de la productivité de ses collaborateurs par le biais de l'évaluation de leur performance, doit préalablement leur assigner des objectifs, étant donné que ce sont eux qui permettent d'évaluer la prestation fournie. Mais en quoi consiste la fixation d'objectifs aux collaborateurs ? HELLRIEGEL et ses alliés nous donnent la réponse à cette question lorsqu'ils font remarquer que : « Pour l'individu, la détermination d'un objectif consiste à mettre au point, négocier et officialiser les buts que la personne a la responsabilité d'atteindre Les employés dont les objectifs ne sont pas clairs ou qui n'ont pas d'objectifs à atteindre sont plus enclins à lambiner, à se contenter d'un rendement médiocre, à s'ennuyer et à en faire moins que les employés dont les buts sont clairs. De plus, les employés dont les buts ont été clairement définis se montrent énergiques, plus battants et plus productifs. Ils font les choses en temps utile, puis se lancent dans d'autres activités et vers d'autres buts »7 Selon ces mêmes auteurs, « Le processus de fixation d'un objectif comprend la définition des domaines précis de la responsabilité du poste, la mise au point des normes de productivité dans chaque domaine, et, autant que possible, la formulation d'un plan de travail qui permette d'obtenir les résultats désirés *.8 D'une part, nous pouvons retenir de ces affirmations que la fixation d'objectifs de rendement au personnel implique : 6 HELLRIEGEL, SLOCUM et WOODMAN (2004) : « Management des Organisations », Nouveaux Horizons De Boerck, 1ère édition, 9ème tirage, p 449 7 Op. cit, p 450. 8 Op. Cit, p 454
Tous ces propos se resument en un seul concept, celui de la planification du rendement qui, selon P. CARON rapporte par Thierry A. CODO (2007), suppose la definition et la clarification des responsabilites à travers la description des postes, la fixation d'objectifs et l'elaboration de plans d'actions. La mise en place de tous ces outils d'organisation du travail permet à l'agent d'avoir une nette visibilite et une lisibilite correcte de son poste de travail, de ce qui est attendu de lui et la manière dont il se prendra pour y arriver. Ce faisant, il se sent motive à accomplir diligemment et correctement ses tâches, accroît ses performances et par ricochet concourt de façon significative à l'atteinte des objectifs globaux. Aussi, saura-t-il par rapport à quoi il est evalue et se faire une idee de l'appreciation qui sera faite de son travail (CODO A. Thierry. 2007). D'autre part, il importe que les objectifs de rendement obeissent à certains critères. En effet, « Pour etablir des objectifs efficaces, il faut utiliser la technique SMART en veillant à ce que les objectifs de rendement soient spécifiques (objectifs clairs et precis), mesurables (leur atteinte doit être observable en terme de quantite ou de qualite avec des indicateurs de mesure), atteignables (ils doivent être à la portee de l'employe tout en representant un certain defi pour lui), réalistes (axes sur les resultats) et temporels (limites dans le temps) » (Charles LAROCQUE, 2007). Enfin, s'il est necessaire de fixer des objectifs clairs et stimulants, cela n'est toutefois pas suffisant pour susciter une haute performance et focaliser les efforts des individus. Il est egalement indispensable que l'objectif soit accepte par les interesses. En general, la probabilite de l'acceptation d'un objectif positif est plus grande si les employes participent à sa determination (HELLRIEGEL et al. 2004). 2. Contributions antérieures sur le problème de l'absence d'évaluation annuelle du rendement du personnel Concernant ce problème, la thématique s'inscrit en termes de méthodes d'évaluation du rendement des agents. Selon LEVY-LEBOYER (2002), l'évaluation du personnel est « Une procédure qui a pour objet de porter un jugement sur la qualité des prestations effectuées par un agent durant une période déterminée, sur le niveau de ses aptitudes professionnelles et de ses compétences ».9 Quant à ROMELAER rapporté par A. CODO (2007), l'évaluation ou l'appréciation du rendement est « L'acte par lequel un responsable hiérarchique effectue une appréciation formalisée du rendement de ses subordonnés ». Outil très important au service du management, l'évaluation des salariés fait l'objet de différentes approches (a) et méthodes (b) que nous essaierons de présenter afin de savoir, au vue de leurs avantages et inconvénients, laquelle approche ou méthode suggérer à la hiérarchie du Contrôle Financier. a. Les différentes approches en matière d'évaluation du personnel L'évaluation des employés connaît deux approches fondamentales : l'approche basée sur la personne et celle centrée sur les résultats. La première vise à évaluer les traits personnels, les comportements et le potentiel de l'individu. A cet effet, on évalue la personne sur la base du degré de réussite de son travail en relation avec ses habiletés et ses capacités. En revanche, la seconde approche préconise d'évaluer la qualité et le degré de réalisation du travail. Pour les adeptes de cette approche, si on peut évaluer les résultats on n'a pas à se préoccuper de la façon dont l'employé s'y prend pour produire ces résultats, c'est-à-dire de ses comportements. Les arguments favorables et défavorables relatives à chaque approche peuvent être résumés dans le tableau qui suit : 9 Claude LEVY-LEBOYER (2002) : « L'évaluation du personnel », éditions des Organisations. Tableau n° 5 : Avantages et inconvénients des différentes approches d'évaluation
Source : CAFRAD/ACBF, Séminaire sur l'Evaluation de la Performance et le Développement du Secteur Public : Objectifs, méthodes et obstacles à l'évaluation de la performance, Banjul (Gambie), 26-30 Mai 2003,, par Benoît NDI ZAMBO,, Professeur-Consultant à l''Institut Supérieur de Management Public (ISMP),, Yaoundé (Cameroun). 3. Contributions antérieures relatives au problème du désintérêt du personnel pour la notation Dans la Fonction Publique béninoise, la notation est le terme utilisé pour désigner l'évaluation de la performance des agents, une activité des gestionnaires qui consiste à apprécier la performance de leurs collaborateurs au cours d'une année. Pour Christian BATAL, « La démarche d'évaluation consiste à analyser les raisons qui peuvent expliquer les performances ou les contre-performances. Ce travail doit associer les personnes concernées par l'évaluation, car il s'agit d'organiser le dialogue, de confronter les perceptions respectives des causes de la bonne ou de la mauvaise performance *10. Il faut noter que la participation des évalués au processus d'évaluation est très importante pour la crédibilité de l'évaluation et l'acceptation des appréciations faites par l'évaluateur. A l'instar de LEVY-LEBOYER, Jean-Claude BERNATCHEZ est convaincu de ce que l'efficacité d'un système d'évaluation dépend non seulement de la participation des évalués au processus mais aussi de l'objectivité des critères d'évaluation. C'est ce qu'il confirme si bien lorsqu'il affirme que « L'objectivité des critères d'appréciation demeure un élément déterminant du succès d'un système d'appréciation des performances. Elle conditionne l'appréciation éthique des performances et l'adhésion du personnel au système mis en place *11. Pour Catherine LEGRAS, « Le succès d'un système d'appréciation dans l'entreprise dépend :
10 Christian BATAL : « La gestion des ressources humaines dans le secteur public », Tome 2, Editions d'Organisation 11 Jean-Claude BERNATCHEZ (2003) : « L'appréciation des performances au travail : de l'individu à l'équipe », Ed. d'Organisation, p. 89 12 http://www.top-assistante.com/bureau/indexw.php, « L'entretien d'évaluation annuel : une contribution de Catherine LEGRAS », page consultée le 25 juillet 2009. Les diverses contributions antérieures ayant été revues, nous exposerons la méthodologie suivie pour la vérification de nos hypothèses. |
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