Les fonds nationaux de financement de l'emploi et les jeunes diplômes: défis et perspectives( Télécharger le fichier original )par Issa ZONGO Ecole Nationale d4Administration et de Magistrature - Conseillers en Emploi et en Formation Professionnelle 2009 |
Paragraphe 3: La faiblesse de la culture de l'auto emploiLa capacité des diplômés à prendre des initiatives autonomes est un déterminant de leur capital humain entrepreneurial. La culture de l'auto emploi est un facteur indispensable dans la lutte contre le chômage. Malheureusement, elle n'est pas très développée chez les diplômés alors que dans un contexte où le marché ne crée plus d'emplois, seules les initiatives indépendantes peuvent relever les défis de l'emploi. La mentalité fonctionnariale, selon Justin KOUTABA22(*), héritée du système éducatif colonial et selon laquelle « sans la fonction publique on ne peut pas avoir du travail »23(*) freine les ardeurs et les initiatives entrepreunariales des jeunes. Pour combler ce déficit du système éducatif plusieurs programmes ont été initiés en faveur des diplômés notamment le fonds national pour la promotion de l'emploi (FONAPE). Mais le programme pilote d'installation des jeunes diplômés sans emploi, lancé par le chef de l'Etat le 27 janvier 1993, a mis à nu, dans son séminaire bilan tenu les 30 et 31 Mai 1995, la faiblesse de la culture d'entreprise des jeunes diplômés24(*). Cet état de fait a amené le MJE à investir depuis sa création en 2006 sur le volet entreprenariat dans les programmes d'insertion des jeunes. Ainsi, le programme d'insertion socioprofessionnelle de l'ANPE et le programme de formation de 5000 jeunes en entreprenariat piloté par le Fonds d'Appui aux Initiatives des Jeunes (FAIJ) sont des initiatives qui donneront aux diplômés le «goût« des initiatives que l'école n'a pas donné. Les objectifs des écoles et universités de l'heure se limitent le plus souvent à l'efficacité interne c'est-à-dire aux taux de succès et l'obtention des diplômes. L'insertion de leurs produits est moins considérée, ce qui fait qu'on constate un déphasage entre la formation et les opportunités qu'offrent les emplois. Pendant que les opportunités d'emplois se trouvent dans les secteurs agricoles et pastoraux, les offres de formation se focalisent dans les secteurs commerciaux de plus en plus saturés sur le marché du travail. En dépit de la forte évolution enregistrée dans le domaine de la formation technique et professionnelle entre 1997 et 2005, ainsi que la volonté affichée par les différents acteurs de pallier à l'insuffisance du système éducatif hérité de la colonisation, l'offre de formation reste caractérisée par des insuffisances majeures25(*) suivantes : v la concentration de l'offre de formation dans des filières des services (56,5%) et de l'industrie (15,6%) ; le secteur agricole compte à peine 6% des filières offertes; v l'inefficacité des programmes de formation qui ne correspondent pas aux compétences demandées par le secteur privé en liaison avec la faible capacité pédagogique et technique des établissements; En effet, un tel déséquilibre entre la formation et les opportunités de l'économie induit une faible productivité du travail et freine l'innovation et l'investissement dans le secteur privé. Malgré les efforts fournis par l'ANPE, l'attrait aux initiatives des diplômés demeure très faible. En 2007, hormis le programme d'insertion socioprofessionnelle des diplômés du supérieur en fin de cycle26(*), l'ANPE n'a pu former que 51 personnes dont 41 de niveau CEPE, 5 de BEPC et 5 du BAC27(*). Cela confirme le manque d'esprit entrepreneurial dans la population des diplômés, surtout celle du supérieur. L'adaptation de la formation aux opportunités du marché du travail et à l'auto emploi et l'expérience professionnelle sont des atouts indispensables à l'amélioration de l'employabilité des jeunes diplômés. Le développement de l'auto emploi, outre la compétence et son opportunité aux besoins de l'économie, nécessite un appui financier et un accompagnement, des soutiens que la majorité des diplômés ne peuvent accéder facilement. * 22 Ministre de la Jeunesse et de l'Emploi, 2008 * 23 SIDWAYA n°6239 du lundi 18 Août 2008, P. 27 * 24 Séminaire bilan du programme pilote d'installation des jeunes diplômés sans-emploi, METSS, PP.38, 53 et 57 * 25 MJE/BIT, fonctionnement et politique du marché du travail au Burkina Faso, P. 59 * 26 L'impact du programme est en annexe : Annexe 2 (Tableau TA4) * 27 ONEF, Annuaire statistique, 2007. Voir Annexe 2: Tableau TA3 |
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