Chapitre 2 : Contraintes à la mise en place
de l'audit interne
La mise en place d'une entité d'audit interne dans une
entreprise ne peut se faire par simple décision hiérarchique et
sans étude préalable des conditions optimales de sa
réussite. Celle-ci ne se limite pas seulement à étudier
les besoins ou l'opportunité pour l'entreprise à introduire
l'audit interne dans son management, mais à analyser également si
le contexte de l'entreprise dispose des préalables organisationnels,
humains et culturels nécessaires à la réussite
opérationnelle de la fonction et à la création d'un climat
réceptif dans l'entreprise.
L'une des attributions des Directions Générales
d'entreprise est l'appréciation du contrôle des opérations.
Mais par faute de temps, de moyens ou de compétences techniques, et par
le fait que la Direction ne pouvant assurer seule cette responsabilité,
la constitution d'un service d'audit indépendant se justifie. Sans
déterminer des critères absolus qui justifient la création
de la fonction d'audit, L. Collins et G. Valin3 citent un certain
nombre de facteurs, qui se retrouvent dans la plupart des entreprises
équipées d'un tel service.
Les auteurs signalent un certain nombre de critères
possibles : tailles de l'entreprise, décentralisation
géographique, secteurs d'activité, qualification du personnel,
politique de gestion aux quels s'ajoutent la mondialisation, les groupes de
pression et l'évolution des systèmes d'information.
(3) L. Collins, G. Vallin « Audit et contrôle
interne : aspects financiers, opérationnels et
stratégiques » éd. DALLOZ, 1992
Mais dans quelle mesure ces critères peuvent justifier
la création de la fonction d'audit interne dans l'entreprise ?
Section 1 : Taille de
l'entreprise
Les auteurs se basent sur la prépondérance du
phénomène auprès des entreprises. On remarque que les plus
grandes affaires cotées en bourse à travers
le monde ont créé ses services. En France, ce
phénomène a été particulièrement
remarqué depuis les années 1960. On pouvait, en effet,
considérer avant cette date que la grande majorité des auditeurs
internes appartenait à des filiales françaises de
sociétés étrangères. Il ne s'agissait donc pas de
création spontanée. Il faut constater que les grandes entreprises
françaises ont constitué un corps de révision pour
résoudre certains problèmes dûs à leur taille.
Celle-ci pourrait se mesurer en termes de chiffres d'affaires, de production
industrielle ou d'effectifs. C'est le dernier indice qui est retenu. Selon L.
Collins et G. Valin, ce n'est pas seulement la complexité des
problèmes techniques, financiers ou commerciaux qui justifie la
création de la fonction d'audit interne, mais avant tout la distance qui
sépare le système de décision du système
opérant. Car celle-ci pourrait provoquer une déformation des
informations transmises à la direction et une mauvaise
compréhension des décisions de celle-ci.
L'auditeur interne peut donc atténuer le
phénomène de dispersion qui se crée dans les grandes
entreprises en contrôlant et en expliquant l'information.
Néanmoins, l'audit interne ne concerne pas que les
grandes entreprises, même si c'est par elle que le mouvement a
commencé. L'audit interne en tant que fonction peut exister en dehors de
toute structure spécifique. Il concerne de plus en plus les
organisations de moyennes importances et celles-ci constituent un groupe
important au sein de l'institut français des auditeurs et consultants
internes (IFACI).
L'influence de la taille de l'entreprise porte sur les
méthodes de conduite des missions et sur les modes de relation que
peuvent entretenir les auditeurs avec l'ensemble des opérationnels.
Dans les PME et PMI, une certaine souplesse s'impose dans la
réalisation des programmes de travail. Les services d'audit sont soit
inexistants, soit rarement structurés. On leurs reconnaît
d'avantages de souplesse et d'efficacité, ce qui suppose un esprit
d'équipe développé et une certaine polyvalence.
? Donner une priorité aux relations
« humaines » avec l'auditeur, les opérationnels et
leur hiérarchie (formation et assistance sur le terrain pour
l'amélioration des situations)
? Nécessité d'un document final écrit et
accessible à tous, définissant concrètement les
opérations de redressement indispensables et des solutions
d'organisation futur détaillées, document destiné à
servir d'aide mémoire pour le chef d'entreprise.
D'une façon générale, dans une PME,
l'audit doit être « ciblé » sur le chef
d'entreprise lui-même, afin de l'éclairer et de le
sécuriser sur les aspects de celle-ci qui, pour des raisons de
formation, de compétence ou autres, ne relève pas de ses
préoccupations permanentes.
Section 2 : Décentralisation
géographique
Indépendamment de la taille de l'entreprise, la
répartition géographique des centres d'activité joue un
rôle fondamental en ce qui concerne la qualité des informations.
En côte d'Ivoire, surtout dans le secteur bancaire et de la
téléphonie, la plupart des sociétés ont leur
siège à Abidjan et diverses agences à travers tout le
pays.
Le siège réunit certains services centraux tels
que les services financiers, juridiques, informatiques qui subissent parfois
des difficultés pour saisir une information exacte du fait de
l'éloignement géographique. Inversement, les agences ne
reçoivent pas toujours du siège toutes les informations
nécessaires à leur gestion. Les auditeurs internes contribuent
à résoudre en général ce problème de
dispersion, selon L. Collins et G. Vallin.
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