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L'externalisation de la fonction d'audit interne : quels enjeux pour les pme - pmi ?

( Télécharger le fichier original )
par Cyrille Armel GUEI
PIGIER Côte d'Ivoire - Master en audit et contrôle de gestion 2008
  

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Section 3 : Le risque de dépendance et d'irréversibilité

La dépendance au prestataire, la concentration du marché de prestation, la capacité de réorganisation et le coût de réintégration de l'entreprise qui externalise sont les raisons principales de l'irréversibilité du contrat d'externalisation. Dans l'environnement instable actuel (évolution technologique et réglementaire), la présence d'une clause de réversibilité n'est pas suffisante pour couvrir le risque. Elle doit être accompagnée par des audits, benchmarking d'une manière régulière. Et le comité de pilotage doit garder le contrôle des évolutions de la fonction d'audit interne. Aussi faudra-t-il maintenir une bonne connaissance technique de cette fonction et exiger du prestataire une recherche constante d'amélioration de sa compétitivité.

La création d'un lien de dépendance irréversible est fréquemment l'inquiétude majeure de l'entreprise qui externalise. Naturellement, ce risque ne peut réellement s'apprécier au moment de la signature du contrat car les conflits entre clients et prestataires ne surgissent qu'après un certain temps. Le développement de l'externalisation s'accompagne de l'opportunisme post-contractuel : le hold-up. En effet, ni l'ensemble des circonstances ni les comportements futurs ne sont prévisibles. Aucun contrat n'est complet. Dans le cas d'une prestation spécifique, le risque d'apparition d'une forte dépendance et de comportements opportunistes du prestataire est élevé.

D'après les études du cabinet Ernst and Young, le risque de dépendance est le frein le plus important dans l'externalisation. Il est la conséquence de la perte de savoir-faire, de contrôle ou de maîtrise de la fonction.


· Je dois faire ce qu'exige le prestataire


· Je ne peux pas changer le prestataire


· Je ne peux contrôler l'activité externalisée mais je peux toujours changer le prestataire


· Je perds mes ressources en les transférant à un prestataire

Risque de perte de savoir-faire

Risque de hold-up

Risque de dépendance

Risque de perte de contrôle

Temps

Degré de dépendance

Externalisation

En ce qui concerne la fonction d'audit interne, il faut ajouter aussi l'insécurité et la confidentialité des informations. La dépendance peut entraîner des risques de sous-performance voire d'irréversibilité. Nous proposons le schéma suivant permettant de comprendre son évolution :

Figure 6 : Évolution du risque de dépendance

Parmi les raisons les plus importantes de dépendance au prestataire et d'irréversibilité d'un contrat d'externalisation, nous essaierons de donner une définition aux plus significatives.

Nous pouvons citer entre autres:

- Concentration du marché des prestataires

- perte d'informations et de savoir-faire

- perte de contrôle de l'activité

v Concentration du marché des prestataires

L'externalisation implique des risques liés à la concentration du marché des prestataires. En effet, certaines grandes entreprises affichent la volonté de contracter avec des prestataires d'envergure internationale et susceptibles de les accompagner dans le développement de leurs activités. Ceci les conduits à faire appel à un tout petit nombre de prestataires. En fait, deux facteurs principaux concourent à expliquer le faible nombre de prestataires : la relative nouveauté du phénomène d'externalisation, et la nécessité de reprendre souvent des actifs coûteux.

Moins les prestataires d'externalisation sont nombreux, plus l'entreprise externalisatrice est dans une position délicate. En effet, il lui faudra alors obligatoirement composer avec son prestataire attitré, même si elle est peu satisfaite de ses performances. Cette concentration de l'offre expose les entreprises aux risques de banalisation des prestations offertes et de mauvaises réponses à la spécificité des besoins. Une situation de cartellisation pourrait alors survenir, et elle pourrait éventuellement empêcher la transition vers un autre prestataire.

v Perte d'informations et de savoir-faire

La question de la perte du savoir-faire est cruciale pour les entreprises externalisatrices. Le transfert d'équipements spécifiques et surtout d'une grande partie du personnel vers le prestataire implique une perte de compétences individuelles et organisationnelles. Le risque associé est que cette perte de compétences revête un caractère irréparable. Pourtant gérer en interne, la relation avec le prestataire, assurer le suivi, mettre en place le contrôle de la prestation, et faire évoluer le contrat requièrent de conserver les compétences nécessaires pour pleinement tirer un bénéfice de l'externalisation.

A long terme, l'externalisation fait courir des risques importants de savoir-faire. Elle implique la perte d'informations et de connaissances opérationnelles au niveau de l'activité externalisée. En effet, une organisation focalisée sur quelques compétences centrales peut être très efficiente à court terme mais inadaptée sur le long terme si elle a abandonné des compétences critiques pour le futur. Elle sera donc particulièrement vulnérable aux changements qui pourraient survenir dans son environnement.

v Perte de contrôle de l'activité

Les questions de la confidentialité et de la sécurité des informations sont donc des points sensibles à surveiller. Plus globalement, le risque de perte de contrôle de l'activité est souvent jugé important, en particulier pour ce qui concerne le suivi de la réalisation dans le temps de la prestation, mais aussi le contrôle des prix et de la qualité de la prestation. L'entreprise cliente doit ainsi développer une compétence spécifique de maîtrise d'ouvrage des fonctions sensibles externalisées. Cela suppose le maintien d'une bonne technicité en matière d'audit interne, et le développement d'outils de contrôle appropriés (définition des rôles, suivi des responsabilités respectives, évaluation du service rendu, définition et repérage des dérives, tableaux de bord de contrôle...).

En plus des risques majeurs aux quels s'expose l'entreprise lors de l'externalisation, nous pouvons aussi ajouter ceux liés au prestataire lui-même :

- sous-performance du prestataire

- Défaillance du prestataire...

v Sous-performance du prestataire

L'un des risques contractuels de l'externalisation est la sous performance ou la non performance du prestataire. Ceci correspond à la situation où le prestataire délivre un service qui ne correspond pas aux spécifications définies dans le contrat. Dans ce cas, le client subit une perte, voire un dommage. Cette situation est perçue comme risquée car le client n'a pas de véritable contrôle direct sur les moyens engagés par le prestataire. Pour limiter un tel risque, les clients privilégient, lors de la phase de sélection du prestataire, l'expérience et la réputation. Ensuite, ils se dotent généralement de systèmes de suivi et d'instruments de contrôle (détection des écarts, incitations pour une amélioration de la performance, pénalités, etc.). Toutefois, ce serait une erreur de penser que le risque associé à la performance est entièrement lié à l'offre. En effet, le comportement du client et son type d'organisation peuvent avoir un effet direct et décisif sur la performance du prestataire.

Notons que ce risque expose le client à une perte potentielle de son avantage concurrentiel.

v Défaillance du prestataire

Ce type de risque est rattaché aux compétences du prestataire, il peut être décomposé en deux : le risque économique et financier (de moyen terme), et le risque technologique (de moyen-long terme).

Le risque économique et financier soulève la question de la pérennité économique du prestataire. Certains marchés connaissent des vagues de nouveaux entrants attirés par une forte croissance, mais ils ne peuvent apporter les gages ni de l'ancienneté, ni de l'expérience accumulée. La potentialité d'un tel risque requiert alors une analyse poussée de la solidité financière du prestataire, mais aussi de la stabilité de ses équipes comme de la qualité de son climat social.

Enfin, le risque technologique recouvre l'incertitude à propos de la capacité du prestataire à faire les bons choix technologiques pour offrir le service le meilleur, au meilleur coût.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus