CONCLUSION GENERALE
o Les Guerres de l'Eau n'auront peut être pas
lieu
o Perspectives Environnementalistes, dans les
politiques de gestion de l'eau
o L'Environnement, Enjeu du
Millénaire
CHAPITRE PREMIER : L'EAU AU CENTRE DES CONFLITS
INTER-ETATIQUES
L'eau peut être une question de vie ou de mort. Y avoir
accès en qualité et en quantité satisfaisante constitue
donc un droit humain fondamental à ne pas marchander. Comme le rappelle
M. Chemillier-Gendreau, "la protection de l'humanité et de ses
conditions de survie est un absolu sur lequel aucune transaction n'est
admissible" [1]
Toutefois, l'eau est aussi, depuis toujours, au coeur d'enjeux
majeurs ayant pour noeud la détermination de son statut : À qui
appartient l'eau ? Quelle est la quantité que chaque état est
autorise à prélever dans ces eaux partagées? De quelle
marge de manoeuvre disposent les états du bassin quant a
l'érection d'ouvrages hydrauliques sur les eaux du fleuve ?
Voila autant de questions qui d'une manière ou d'une
autre, mettent en exergue toute la dimension conflictuelle de la question de
l'Eau dans les rapports Interétatiques.
Il s'agira des lors pour nous, de saisir le potentiel
conflictuel de l'eau d'abord, avant de dresser une typologie sommaire des
différents conflits, qui peuvent naître autour de la question de
l'eau. En effet il nous faudra répondre, à la question de savoir
quelles caractéristiques l'Eau détient-elle, pour amener les
états à adopter des positions belliqueuses quant a la
question de l'eau.
Au préalable (pour des nécessites de
visibilité et surtout de rigueur scientifique), il nous faudra
procéder a la définition du vocable même
« Conflit » qui nous semble centrale dans la
question ; nous le distinguerons de certaines notions plus ou moins
voisines
Qu'est ce qu'un conflit dans les faits .Il nous faut tout de
même définir ce concept.
Bien souvent on emploie confusément les termes
« Guerres », « Conflits », « Différend ».Certains
vont jusqu'à les employer de manière interchangeable.Afin
d'aboutir a une certaine clarté conceptuelle, nous nous
attèlerons a répertorier tout un panel de définitions a
même de nous permettre d'appréhender, avec plus ou moins
d'exactitude la notion de conflit.La définition empruntée au
Heidelberg Institute for International Conflict Ressearch
est : « Clashing of interest (positional
différences) on national values of some duration and magnitude between
at least two parties ( organized groups, states, groups of states,
organisations) that are determined to pursue their interest and their
case » Un conflit peut être latent, prendre des formes de
tensions diplomatiques, de crises Internationales, de crises régionales
ou locales.
Il peut aussi prendre la forme d'une confrontation
armée générale ou ponctuelle.Trois chaînes causales
sont à l'origine des conflits ; ces trois causes ne sont pas
nécessairement dissociables.Quelque soit l'époque et le lieu ,les
ressources ont toujours été l'objet de convoitises et donc
catalysatrices de conflits ; le conflit peut aussi être
générer par la volonté des états d'acquérir
une précellence géostratégique ; ou enfin le conflit
peut émaner d'antagonismes idéologiques.Toujours est il qu'un
conflit est une opposition de thèses juridiques ou
d'intérêts politico-économiques entre deux états.
Selon le dictionnaire de droit International de Jules Basdevant le conflit
international serait: « opposition graves de vues et
d'intérêts entre états, donnant lieu ou risquant de donner
lieu a l'emploi par ces états de mesures de forces en vue de faire
prévaloir leurs prétentions respectives» Voila autant
de définition qui nous permettent de parler avec plus ou moins de
certitudes de l'objet de ce présent chapitre et de disséquer
justement sa relation avec l'eau. Qu'est ce qui fait que l'eau justement est
si cristallisatrice de tensions ? La réponse à une telle
interrogation se retrouve en ce que nous avons appelé :
Le potentiel conflictuel de la ressource
Eau :
La rationalité derrière le potentiel conflictuel
de l'Eau, repose sur l'importance capitale de cette ressource sans substitut
pour les sociétés humaines, et sur sa demande en forte croissance
a l'échelle planétaire.alors que la disponibilité par
habitant est en baisse constante, (le stock d'eau douce mondiale est au
même niveau aujourd'hui, qu'a la préhistoire).Des
caractéristiques particulières des ressources hydriques viennent
préciser le potentiel conflictuel de l'Eau.Quelles sont ces
caractéristiques qui en dernière analyse sont les causes
profondes des conflits autour de la question de l'Eau ?
Trois facteurs jouent généralement de
manière décisive, dans l'exacerbation des relations
interétatiques, quant a la question de l'eau :
o Une Mauvaise Répartition de La
Ressource :
La Ressource est très inégalement repartie a la
surface de la terre, ce qui fait que bien que la planète renferme assez
d'eaux douces, pour subvenir aux besoins de tous les hommes, certains
états sont déjà aux prises avec des pénuries, alors
que d'autres font figures de châteaux d'eaux.
A cela s'ajoute de grandes différences, dans la
fiabilité de l'approvisionnement : des pluviométries
changeantes (entre les saisons, les années, ou les décennies),
l'aridité de certains climats (causant des pertes par
évapotranspiration et asséchant les sols agricoles), et la faible
accessibilité de certaines ressources (parce que éloignées
des centres de population, ou alors difficile d'accès) font qu'un
mètre cube d'eau annuel dans un état, peut soutenir d'avantage
d'activités économiques, que le même volume d'eau ailleurs
dans le monde.
o La Mobilité de La
Ressource :
L'Eau douce est une ressource en partie
fugitive,c'est-à-dire qu'une fraction importante des ressources
mondiales , se déplace naturellement du territoire d'un état a un
autre, a l'intérieur d'ensembles hydrographiques auxquels on refere sous
l'appellation `Bassins Versants Hydrographiques'. Dans un bassin, les
états peuvent être positionnes en amont et en aval, les uns par
rapport aux autres. Parce que l'eau circule sur leurs territoires en premier,
les prélèvements effectues par les états d'amont,
diminuent la quqntite d'eaux disponibles pour les états d'aval.En Fait
un état en amont peut théoriquement coupes complètement
l'accès a la ressource commune aux états en aval (a dessein ou
conséquemment par surpompage). Donc à mesure que leur demande
intérieure grimpe, les états d'amont risquent de réduire
la disponibilité hydrique des états d'aval, eux aussi
potentiellement aux prises, avec la même montée du besoin s en
eaux exprimées par leurs populations.
Puisque l'usage que fait un état de l'eau
s'écoulant sur son territoire peut affecter celui d' autres
états, il y'a clairement dans la mobilité de la ressource eau un
risque de conflit supplémentaire par rapport a des ressources naturelles
statiques comme les minerais et les forets.
o La Symbolique de La Ressource :
Dans plusieurs cultures le poids de la représentation
qui y sont attaches font du partage de l'eau, une question politiquement
très sensible.De plus l'importance culturelle peut être
multipliée lorsque associée a la survie même d'un peuple ou
d'une nation, par exemple lorsque l'altération de l'accessibilité
a la ressource, peut être synonyme d'une mise en danger directe de la
sécurité alimentaire.C'est dire, qu'il n'y a pas que les
caractéristiques moléculaires et objectives de l'eau comme
ressource, qui jouent un rôle prépondérant dans le
potentiel conflictuel de la ressource. Il nous faut dépasser cette
vision étroite de la question, pour prendre en compte la dimension
sociologique et son poids dans le potentiel conflictuel de l'eau.En effet l'eau
est souvent l'objet d'une représentation, qui la lie
intrinsèquement au territoire,ce qui fait que ses représentations
varient, selon les aires et sont parfois même opposées, et
peuvent ainsi stimuler des conflits, menaçant potentiellement la
sécurité environnementale.Dit autrement l'acceptabilité ou
non de certains usages de l'eau ,diffère d'une culture a l'autre,
heterogeneite de vues qui en définitive, peut faire germer des conflits
sur les modes de gestion de la ressource partagée.
Avec la fin de la guerre froide, la notion de
sécurité nationale des états, qui est selon la
théorie réaliste, la référence ultime des
gouvernements dans le choix de leurs politiques, a été l'objet de
nombreuses reconceptualisations, principalement dans le but d'en élargir
le sens, jusqu'alors exhaustivement politico-militaire.Cette
redéfinition a donne naissance a la théorie de la
sécurité environnementale, comme composante de la
sécurité nationale.Dans ce cadre analytique s'est developpee, une
théorie posant la relation entre la dégradation de
l'Environnement, et la fragilisation de la sécurité des
états, ce qui dans une certaine mesure justifie le postulat de la
centralité de la ressource Eau dans les conflits Inter-etatiques.
Toutefois il ne nous faut pas perdre de vue que quelque
importante, que puisse être la place de l'eau dans les conflits, son
impact sur ces différends varie d'un conflit à l'autre ce qui
pose la nécessite de dresser une certaine typologie de ces conflits.
SECTION PREMIERE: DES CONFLITS MULTIFORMES :
TYPOLOGIE des CONFLITS Liées a la question de l'eau
Devoir dresser une typologie des conflits relatifs a la
question de l'eau requiert de notre part des choix qui seront plus ou moins
arbitraires, mais qui permettent tout de même d'étudier dans le
détail sinon la quasi totalité des différends a
même de surgir, du moins d'en saisir l'essentiel et de restituer la
réalité des conflits interétatiques qui naissent autour de
la question de l'eau.En effet il s'offre au chercheur tout un panel de
critères qu'on peut valablement utiliser pour faire une typologie de ces
conflits.Ainsi on pourrait bien consacrer une classification selon les usages
et on s'inscrirait alors dans une perspective
Sectorielle ; il nous serait tout aussi loisible de
faire une typologie selon le critère Spatiale ,on aura
alors deux sous catégories : les oppositions entre états de
la rive gauche et ceux de la rive droite ; ou alors les frictions entre
pays en amont et états en aval .
Pour notre part on a juge plus pertinent de dresser une
typologie, selon le critère de la Cause du
conflit.Cette pertinence se justifie pour deux raisons : d'abord il nous
parait être au carrefour des deux premières classifications qui se
recoupent en elle ; et secundo elle permet d'inscrire la quasi
totalité des conflits lies a l'eau dans une grille de typologisation.
Ainsi au regard de cette classification nous avons deux types
de conflits :
§ Les Conflits d'Utilisations
§ Les Conflits de Distributions
PARAGRAPHE PREMIER : LES CONFLITS D'UTILISATIONS
Par conflits d'utilisations, il faut comprendre les tensions
qui peuvent naître quant à l'utilisation des eaux, qui
généralement sont partagées par plusieurs entités
étatiques.Dans cette catégorie, il faut retenir les conflits
d'usages et les conflits de pollutions. Nous allons en ce qui suit, en faire le
Distinguo.
A. Le Conflit d'Usages de L'Eau
Le conflit d'usage peut être cause par l'érection
d'un barrage ou encore le détournement d'un fleuve a des fins
d'irrigation au profit exclusif d'un seul des états du bassin.A
l'échelle du bassin, on ne manque pas d'eau, mais les usages que veulent
en faire les états riverains sont différentes et parfois
contradictoires.Cette contradiction peut surgir même en deca du niveau
interétatique, c'est-à-dire au niveau interne, ou une
hiérarchisation des usages de l'eau n'est pas fixée de
manière rigoureuse.Et on est pas sans savoir que les divers usages
s'impactent mutuellement, vu que il s'agit de la même source
utilisee.Ainsi par exemple pour ce qui est du niveau interne dans certains
villages du Fouta ,ou l'agriculture et l'élevage sont les principales
activités économiques ,on assiste a de violentes altercations
entre pasteurs et agriculteurs quant a la question de l'Eau.Sur la scène
Internationale,tout le monde se rappelle de ce qui est advenu entre la Hongrie
et la Tchécoslovaquie a propos de la construction de la centrale de
Gabcikovo/Nagymaros sur le Danube,qui impliquait un détournement du
cours du fleuve.La Hongrie inquiète des possibles retombées du
projet abrogea le traite de 1977 qui réglementait la gestion commune de
ce projet avec la Tchécoslovaquie, mais celle-ci puis la Slovaquie(
succession d'Etat) après ce qu'on appela le divorce de velours de
1993,poursuivirent les travaux, ce qui déclencha de vives protestations
de la part de Budapest qui en appela a la Cour Internationale de Justice et
consulta la CSCE.Les relations entre Budapest et Bratislava se deteriorerent
rapidement et des rumeurs d'interventions militaires vinrent aggraver les
tensions entre les deux pays.Pareille escalade surgit entre le Senegal et la
Mauritanie a propos des eaux du Senegal, que le pays du même nom voulait
utiliser a des fins de revitalisation de ses vallées fossiles, ce qui eu
le don d'exacerber la partie mauritanienne qui s'est sentie menacée.Nous
verrons dans les détails ce qui advint dans ce conflit dans les pages a
venir.
B-- Le Conflit de Pollution:
Par conflit de pollution il faut comprendre, les
différends qui peuvent naître à propos de l'utilisation des
eaux communes, avec la spécificité que cette utilisation est
mauvaise sur le plan environnemental. Le conflit de pollution
est en fait causé par les externalités négatives, qui ne
sont pas supportées par l'État pollueur parce que le courant
apporte avec lui les déchets d'un pays vers un autre. Ce qui
forcément fait du tort au pays qui supporte cette pollution, et peut
potentiellement mener au conflit si l'état pollueur n'offre pas une
contrepartie, pour permettre à l'état lésé de
supporter les coups de la dépollution. Ceci est particulièrement
bien illustré dans le cas du Rhin, où la Hollande, qui est
l'état le plus en aval, supporte les pollutions des eaux de ce fleuve
qu'il utilise à des usages humains. Les risques de conflits à
propos de la pollution des eaux communes, est devenu assez important, et ne se
limite pas seulement au cas du Rhin. En effet aussi bien le Danube que la Mer
d'Aral, mais également le lac Kootenay ont fait l'objet de graves
pollutions qui ont été à l'origine de frictions entre les
états qui les ont en partage. Nous verrons ces divers cas de
manière assez succincte, pour saisir toute la pertinence de la
nécessité d'une gestion plus raisonnable des eaux communes.
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