L'efficacité de la politique des réformes monétaires sur l'inflation et la croissance économique en RDC (de 1982 à 2007)( Télécharger le fichier original )par Claude RUBONEZA BAHATI MIDAGU Université de Goma - Licence en économie 2008 |
I.6. Reforme monétaire d'octobre 1993Le diagnostic de l'économie Congolaise qui sous-tend généralement les reformes monétaires est invariable : v Dégradation prononcée de l'activité de production ; v Détérioration des finances publiques ; v Aggravation de l'inflation ; v Précarité des réserves de change ; v Accumulation des arriérés du service de la dette extérieure. Mais cette pénultième reforme monétaire procédait surtout d'un double constat nouveau et plus alarmant à savoir : v La profonde modification intervenue dans la structure de la masse monétaire à la suite d'un gonflement malsain des dépôts bancaires v Et l'incapacité croissante des banques à répondre aux demandes de retrait des fonds exprimées par la clientèle. Au lieu de s'attaquer à ces problèmes tout à fait spécifiques, l'autorité monétaire avait assigné à la reforme monétaire de 1993 des objectifs à la fois multiples et contradictoires37(*) : ü Réduire fortement le niveau de l'inflation par la résorption partielle des liquidités ; ü Réajuster la parité externe par l'empressions des signes monétaires, faciliter la comptabilisation de six zéros sur les billets existants et leur remplacement par d'autres dénominations (la parité interne retenue était de 1NZ= 3000 000Z) ü Créer un environnement économique favorable à la relance de l'activité économique. Au plan de l'exécution de cette reforme monétaire, plusieurs erreurs techniques fatales furent commises, et des mesures d'encadrement totalement irrationnelles appliquées. En effet, l'absence de sous-multiples annoncée de l'unité monétaire avait permis aux vendeurs de ramener automatiquement à la hauteur de 1NZ soit l'équivalent de 3000 000Z tous les prix des articles valant moins de cette somme exprimée dans l'ancienne unité monétaire. Par ailleurs, le gouvernement avait fixé à quatre semaines la période d'échange des anciens billets contre les nouveaux signes monétaires sans pour autant approvisionner tout l'intérieur de pays en quantité suffisante de ces billets. Cette méprise est sans doute l'une des principales causes des fractionnements de l'espace monétaire national en deux : ü L'un usant de billets libellé « nouveau Zaïres » et ü L'autre rejetant ceux-ci au profit des Zaïres démonétisé38(*) Aucun contrôle strict ne fut exercé sur l'expansion des liquidités à la veille de la reforme monétaire sur la circulation des ces encaisses et au 26 Novembre 1993, soit 35 jours plus tard, cette composante s'élevait à 70%. L'absence d'assainissement des finances publiques s'est avérée plus fatale pour le bon déroulement de cette reforme monétaire. La fixation par le gouvernement du taux de change de 1 dollars US= 3 NZ le jour de la reforme monétaire et la projection annoncée de ce taux à 1 dollar US = 15 NZ à la fin Décembre 1993, laissaient clairement entrevoir aux yeux du public que la banque centrale ne disposait pas de moyens nécessaires pour maintenir longtemps le premier taux. Une telle attitude ne pouvait que favoriser la spéculation et les anticipations à l'endroit du cours de la monnaie nationale. Bien plus, dans sa tentative d'encadrer la reforme monétaire, le gouvernement a pratiqué une véritable politique de répression des marchés des changes, de blocage des prix des produits et des denrées de première nécessité et même intimité des négociants en diamants d'exploitation artisanale. Ce dirigisme, qui cadre très peu avec l'option officielle de libéralisation des prix et des taux de change, prise depuis 1983, n'a fait que transmettre de mauvais signaux aux marchés. D'où l'emballement des prix et l'envol des taux de change. Tout compte fait, la reforme monétaire d'octobre 1993 s'était opérée dans un contexte très peu propice : insuffisance de concentration technique, précipitation dans l'exécution, agitations et surenchères politiques autour de l'idée même de reforme monétaire, grave pénurie de devises et absence d'appui financier extérieur. La suppression des Six zéros sur les anciennes dénominations et changement des signes monétaires auront été les seuls marques visibles de cette reforme tant décriée. * 37 K. KABUYA et N. KALONJI « Nouveau Zaïre : atouts et embûches d'une reforme monétaire » Notes de conjoncture, n° 10, Novembre 1993, pp. 10-13 * 38 F.K KABUYA, et P. MATATA, L'espace monétaire Kasaïn. Crise de légitimité et de souveraineté monétaire en période d'hyperinflation : Congo 1993-1999, Cedaf-l'Harmattan, p 49 |
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