II-9. Test de tolérance au glucose :
Chez des rats normaux traités 1 h auparavant avec 1
g/kg d'extrait éthanolique, le gavage de 3 g/kg de glucose,
entraîne un état d'hyperglycémie supérieur à
la normal (témoins). La figure 06 montre, également,
l'évolution de la glycémie durant les 2 heures.
Glycémie (g/l)
|
2,40 2,00 1,60 1,20 0,80 0,40 0,00
|
|
0 30 60 90 120
Temps (mn)
|
Normaux témoins Normaux traités
préalablement
|
Figure 06 : Test de tolérance chez des rats
normaux traités 1 heure (par 1 g/kg de l'extrait éthanolique)
avant gavage de 3 g/kg de glucose.
II-10. Evaluation du pouvoir antiradicalaire :
La recherche d'une éventuelle efficacité
antiradicalaire à partir de l'extrait éthanolique, nous a
amené à obtenir les résultats illustrés dans la
figure 08 et 10. Le traitement de ces données révèle une
EC50 = 4943 mg/g et TEC50 = 9,64 mn (calculés graphiquement). De ce fait
l'efficacité antiradicalaire sera de 2. 10 -5.
Parallèlement, pour l'acide ascorbique (figure 07 et 09),
l'EC50 est de 123,94 mg/g avec un TEC50 égal à 1,06
mn, encore une efficacité antiradicalaire de l'ordre de 7,5.
10-3.
Figure 07 : Effet de la concentration
(exprimée en mg/g) en acide ascorbique sur le pourcentage de
réduction du DPPH :
(A) 48 mg/g; (B) 150 mg /g;
(C) 160 mg/g; (D) 240 mg/g; (E)
320 mg/g
Figure 08 : Effet de la concentration
(exprimée en mg/g) de l'extrait éthanolique sur le pourcentage de
réduction du DPPH :
(A) 4000 mg/g; (B) 8000 mg /g;
(C) 16000 mg/g; (D) 26600 mg/g; (E)
40000 mg/g
césuitate et
fnter~rétation
Figure 09 : (A) représente la relation
entre la concentration et le pourcentage d'inhibition
(B) montre la relation entre le temps
nécessaire pour atteindre la stabilité et la concentration en
acide ascorbique correspondante.
Figure 10 : (A) représente la relation
entre la concentration et le pourcentage d'inhibition
(B) montre la relation entre le temps
nécessaire pour atteindre la stabilité et la concentration de
l'extrait éthanolique correspondante.
L'utilisation des plantes médicinales est aujourd'hui
la forme de médecine la plus répandue à travers le monde.
Le recours au traitement par les plantes ainsi que la recherche de nouvelles
substances à activité biologiques constituent une des plus
grandes préoccupations scientifiques.
De ce fait, plusieurs travaux ont été
réalisés pour l'évaluation des secrets des plantes
médicinales dont la présente étude qui est
consacrée à la recherche d'éventuels effets
antidiabétiques à partir de l'extrait éthanolique de la
partie aérienne de Zygophyllum geslini Coss.
Dans cette direction de recherche , le choix de la plante, la
voie d'administration , le diabète induit ainsi que les
paramètres suivis sont des point essentiels à discutés.
Le Zygophylle comme d'autre plantes du même genre est
très utilisé pour traiter le diabète sucré,
notamment, chez les deux populations, marocaine et algérienne. En
Algérie, cette espèce est, généralement,
consommée comme condiment par les sahariens.
Un inventaire réalisé en 2000 par Benmehdi,
classe cette plante parmi les herbes pratiquement les plus utilisés par
la population tlemcenienne pour soigner le diabète sucré.
Désormais, cette plante nous a attirée vers ses vertus
thérapeutiques, particulièrement sur ses propriétés
antidiabétiques. Elle constitue alors, une matière
première de notre sujet de recherche.
La voie d'administration choisie est la voie orale pour de
multiples raisons. D'une part, car le choix de la plante s'était
fondé sur des bases ethnopharmacologiques; les gens l'utilisent pour
traiter le diabète sucré en avalant les tisanes qui en
découlent ou en la consommant entièrement. Subséquemment,
c'est la voie la plus proche de la réalité, c'est la mère
nature.
D'autre part, c'est une voie d'administration physiologique,
elle offre certain nombre de critères, d'efficacité et de
commodité. De plus elle ne nécessite aucun matériel
particulier. De point de vue pharmacologique, la voie orale est la plus
couramment utilisée (70 à 80% des
médicament sont administrés per os). Cette
voie est, généralement, bien acceptée par les patients
[Bourin et Jolliet, 1999].
Les données rassemblées sur l'utilisation
traditionnelle de cette herbe font ressortir que la plante était
consommée sous sa forme brute. De ce fait, on s'est basé sur
l'extrait éthanolique qui contient plus de composés, chose
confirmée par les tests phytochimiques réalisés sur les
trois extraits (Tableau n°1,Annexe 1).
Plusieurs techniques sont couramment utilisées afin de
produire, chez l'animal, un état comparable au diabète
sucré, en vue de mieux comprendre le diabète sucré de
l'homme ou de trouver de nouvelle thérapie.
Le diabète sucré peut être induit chez
l'animal par différentes techniques dont l'injection de la STZ qui est
largement utilisée [Szkudelski, 2001]. La STZ est un glucosamine
nitrosé [Anderson et al, 1974; Povoski et al., 1993],
elle entraîne un effet cytotoxique sélectif des cellules â
des îlots de Langerhans [Anderson et al, 1974 ; Robbins et
al, 1980 ; Crouch et al, 1978].
Le mécanisme d'action de cet agent
diabétogène reste encore mal connu. Cependant, les études
postérieures ont montré son action sur les îlots de
Langerhans en réduisant la masse des cellules â, par
conséquent une insulinopénie caractéristique d'une
hyperglycémie chronique ou transitoire [Aughsteen, 2000; Szkudelski,
2001; Chen et Ianuzzo, 1981].
Bien étudié, son impact sur le
métabolisme des hydrocarbures. La STZ provoque une altération du
métabolisme glucidique, lipidique et protéique due à la
défaillance en insuline [Szkudelski, 2001; Szkudelski et Szkudelska,
2002; Junod et al, 1969]. En revanche, des études
antérieures ont dévoilé l'effet indirect de cette toxine
sur la signalisation de l'insuline. La STZ, plus précisément
l'hyperglycémie chronique est à l'origine d'une
insulinorésistance résultante d'une diminution
d'autophosphorylation du récepteur de cette hormone [Kadowaki et
al, 1984]. Récemment démontré, elle active
l'expression de la protéine kinase C, protéine responsable de la
déphosphorylation du récepteur de l'insuline [Davidoff et
al, 2004]. De plus, l'injection de la STZ est à l'origine d'une
chute de poids [Junod et al, 1969; Chen et Ianuzzo, 1981].
Dans la présente étude, nous avons
injecté une dose de 50 mg/kg de STZ par voie intraveineuse, ceci a
provoqué un état d'hyperglycémie. Une glycémie
située entre 3,5 et 4 g/l était notée. Le diabète
induit par cette substance a, également, entraîné chez les
rats une polyphagie, polydipsie et une polyurie. De plus, une glucosurie a
été révélée. Ces signes, observés
chez l'animal, confirment l'installation du diabète sucré (*).
Les résultats obtenus durant les 5 semaines montrent
une légère diminution de la glycémie des rats
diabétiques. Celle-ci reste statistiquement non significatif. Il ressort
aussi de cette étape que l'extrait éthanolique n'a aucun impact
sur la glycémie des normaux où il est constatable que l'extrait
étudié à 500 mg/kg par voie orale administré
quotidiennement au rats normaux n'était pas toxique.
Le traitement des rats, par 500 mg/kg de l'extrait
éthanolique pendant 5 semaines, n'a aucun effet significatif sur la
glycémie. Plusieurs questions se posent. Pourquoi ? Est ce que la plante
est inefficace ? ...Simultanément, les réponses seront des
hypothèses à confirmer ou à infirmer.
L'explication qui vient dès le début est que la
plante semble inefficace ou que son effet n'est pas considérable. Si
elle en était, quelle était la cause du résultat obtenu
à la 3ème, 4ème et la 5ème
semaine ?
Déchiffrant, attentivement, l'évolution de la
glycémie des rats diabétiques témoins. La glycémie
diminue après la première semaine et ensuite on observe une
re-augmentation. Junod et al (1969) ont étudié la
relation entre la dose de la STZ et son effet diabétogène. Ils
ont rapporté que la STZ à une dose de 55 mg/kg administrée
par voie intraveineuse provoque une hyperglycémie de l'ordre de 3.4 g/l
24 heure après l'injection. Une semaine après, elle chute
à 2.04 g/l pour qu'elle se re-stabilise ensuite jusqu'à la
4ème semaine. Ceci confirme que le diabète induit par
la STZ passe par des étapes. Dans notre étude le diabète
des témoins se complique après la première semaine.
Certainement ce groupe est le miroir qui reflète l'évolution du
diabète sucré chez les rats traités.
(*) Malgré qu'il est très employé, le
terme de diabète sucré pourrait être mal placé. Il
serait beaucoup plus juste de dire que c'est un état semblable au
diabète sucré ou un état de dysglycémie.
Le suivi de la glycémie pendant 7 heures après
gavage de 1 g/kg de l'extrait montre une réponse positive des rats
à cet extrait. La diminution hautement significative peut aller
jusqu'à 75 % de la glycémie basale sept heures après. De
même, le test de réponse des rats à 1 g/kg
réalisé après la 5ème semaine montre une
réponse positive des rats. Une réduction de l'ordre de 67%, de la
glycémie basale, était observée 3 heures après le
gavage. Ce pourcentage était marqué chez les rats qui n'ont pas
reçu un traitement préalable après une durée de 5
heures.
En rapprochant les idées, l'hypothèse de
l'inefficacité de l'extrait sera complètement
éliminée. La seule explication est que la dose de 500mg/kg est,
probablement, insuffisante et loin d'inhiber les complications du
diabète résultantes de l'injection de 50 mg/kg de STZ par voie
intraveineuse.
Il est, peut être, constatable que le traitement
préalable des animaux améliore leur réponse à
l'extrait. Cette conclusion trouve son utilité dans le travail de
Jaouhari et al (1999) où ils ont visualisé
l'efficacité de l'extrait aqueux de Zygophyllum gaetulum sur
des patients diabétiques préalablement traités pendant une
semaine par le même extrait. Le résultat obtenu était
très intéressant comparé avec celui obtenu avant le
traitement.
Dans la présente étude, les rats rendus
diabétique présentent une chute de poids. Ceci est dû,
mentionné précédemment, à la STZ. Les deux groupes,
traités ou témoins ont la même allure de la courbe de
croissance; statistiquement pas de différence. Par conséquent,
l'extrait éthanolique à 500 mg/kg n'a pas d'impact sur la
croissance des rats. Son effet était neutre, ni positif, ni
négatif. Une conclusion à tirer : l'extrait étudié
n'était pas toxique et en même temps n'avait pas d'effet
bénéfique.
En ce qui concerne les paramètres lipidiques,
cholestérolémie et triglycéridémie, l'effet du
macérât était probablement masqué ou qu'il n'a pas
d'efficacité. Les valeurs obtenues restent indémontrables ainsi
que pour les protéines, où rien n'avait d'attirance.
Le test de tolérance des rats, préalablement
traités, à 3 g/kg de glucose montre une différence entre
leur réponse et celle des rats qui n'ont pas subi le traitement.
L'extrait éthanolique n'a pas pu améliorer la tolérance
des animaux au glucose. Il est donc constatable,
d'une part, que la plante n'agit pas au niveau intestinal et
précisément pas sur l'absorption du glucose. D'autre part, elle
ne stimule pas la sécrétion d'insuline, parce que si
c'était le cas, il y aurait une réponse positive. Ce test simple
peut nous orienter à postuler le mécanisme d'action par lequel
agit la plante en diminuant la glycémie.
Notre étude reste préliminaire et peu indicatif sur
le mécanisme d'action exact, néanmoins il est possible de
proposer les hypothèses suivantes :
~ A un premier regard et à partir du test de
tolérance au glucose réalisé sur les rats normaux, il
semble que l'extrait éthanolique contient un ou des composés qui,
éventuellement, agissent en compétition avec l'insuline sur sans
récepteur ou sur un site post récepteur. C'est-à-dire
qu'une fois absorbées, les substances responsables de l'effet
antihyperglycémiant vont probablement occuper les site d'action de
l'insuline qui est sécrétée suite au gavage du glucose. Il
est aussi bien remarquable que la glycémie ait un maximum 30 mn
après le gavage, et qu'elle reste dans les limites stable. Ceci indique
que le glucose en plus n'était pas stocké, il est donc probable
que les molécules actives n'agissent pas sur le stockage du glucose,
plus précisément, pas sur la synthèse du glycogène.
Cette hypothèse peut avoir une certaine probabilité surtout qu'il
existe dans la nature des substances agissant en compétition avec
l'insuline, c'est le cas des composés soufrés
dérivés de la cystéine extraits à partir
d'Allium sativum et A. cepa [Marles et Farnsworth, 1994 ; Dey
et al., 2002 ; Al-Achi, 2005].
~ La deuxième hypothèse vient, en quelques
sortes, compléter la première. Si la plante n'a pas d'effet sur
le stockage du glucose et qu'elle diminue la glycémie à jeun donc
il faut poser la question suivante : d'où vient l'hyperglycémie
à jeun ? Il est confirmé que l'élévation ou le
maintien du taux de glucose à jeun et la conséquence de la
glycogénolyse et/ou de la néoglucogenèse [Naik et
al., 1990]. Encore bien étudié est que la streptozotocine
augmente la production hépatique en glucose [Fisher et Kahn, 2003]. Il
est, également, probable que les composés actifs agissent en
inhibant la lyse des réserves glucidiques et/ou en inhibant la
synthèse du glucose (néoglucogenèse).
~ Nous avons cherché d'éventuelle
efficacité antiradicalaire à partir de l'extrait
éthanolique in vitro. Ceci pourrait avoir une relation avec
l'action de l'extrait in vivo. Si on prend en considération le
dommage induit par la STZ, cet axiome sera, donc, accepté. Plusieurs
travaux réalisés en vue de mieux comprendre le mécanisme
pathogène de la STZ, ont montré que ce produit diminue la
défense antioxydant de la cellule, particulièrement une
inhibition de l'activité superoxide dismutase [Robbins et al.,
1980; Gandy et al., 1982; Crouch et al., 1978; Rajasekaran
et al., 2005].
~ En dernier lieu, on peut penser aux enzymes. Les substances
peuvent avoir une certaine interaction (effecteur) avec un système
enzymatique.
Loin d'étudier le mécanisme d'action, la plante
constitue un ensemble riche en substances actives. Les résultats obtenus
peuvent être, ardemment, attribués à un des composés
ou une conjugaison de substances, aux saponosides surtout que la plante est en
très riche, aux flavonoïdes, ou à une autre famille de
composés présente dans l'extrait éthanolique.
A la lumière des résultats figurés dans
ce mémoire, notre objectif était abouti, l'extrait
éthanolique de la partie aérienne de Zygophyllum geslini
est doué d'une activité antihyperglycémiante (~)
remarquable. De fait, il sera très intéressant de réaliser
des études ultérieures sur cette plante et de rechercher la ou
les molécules actives responsables des effets trouvés.
(?) Plusieurs auteurs préfèrent
cette terminologie pour distinguer l'effet d'une substance sur la
glycémie normale (hypoglycémiant) de celui sur
l'hyperglycémie (antihyperglycémiant). Dans la présente
étude, l'extrait éthanolique n 'a pas entraîné un
état d'hypoglycémie chez les rats normaux d'où l'effet
antihyperglycémiant.
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