Etude sur le forum des marchés d'Adjamé( Télécharger le fichier original )par Anonyme Université de Cocody - 2009 |
III- Les rapports entre les vendeursIII- 1- Le manque de solidaritéLes vendeurs de l'ancien marché n'étaient pas constitués en syndicats. Ainsi, ceux qui possédaient des moyens économiques puissants ont toujours été prêts à acheter les places de ceux qui avaient des velléités de révolte ou qui n'avaient pas suffisamment de moyens pour les conserver. C'est ainsi que six sur quinze vendeurs des trottoirs et pourtours avaient souscrits aux places, mais ne les ont pas obtenues. Un sur quinze avait même versé la somme demandée, mais ne l'a pas obtenue. Ces vendeurs n'ayant pas obtenus de places, se sont repliés sur les trottoirs et pourtours. Au même moment, le coût des places et la réduction de l'espace prévu pour un box n'ont pas empêché certains vendeurs d'acheter plusieurs box, au point de les ériger en magasin. C'est souvent que les acquéreurs perdent leurs places au profit d'autres vendeurs sans préavis.89(*) C'est le rôle que joue le service chargé de l'occupation des places et du règlement des litiges entre les acquéreurs. Nous avons assisté à une scène dans laquelle une dame qui disposait d'une place depuis 2002, à un endroit très fréquenté par les acheteurs, ne pouvait la mettre en valeur à cause de plusieurs difficultés . La mairie la lui a donc retirée sans préavis. Elle va alors négocier avec le service compétent. Après un pourboire, l'agent lui promet de lui trouver une autre place (celui- ci avait affirmé au départ que ce n'était pas possible, parce que toutes les places étaient occupées). Cet exemple montre que chaque vendeur ne défend que sa cause sans penser aux autres. Il use de tous les capitaux possibles pour ravir les places des autres. Cela est à l'origine des luttes individuelles pendant les revendications. Ainsi, les vendeurs n'ont pu obtenir gain de cause auprès des autorités administratives. Le manque de solidarité entre les vendeurs profite donc aux autorités administratives qui sont plus fortes, et campent ainsi sur leur décision. III- 2- Rapport de concurrenceLes vendeurs s'arrachent les clients. Lors de notre enquête, nous avons abordé un vendeur pour l'interview. Pensant que nous voulions acheter des articles, il nous a dit: «viens voir ma chérie, c'est avec moi que tu as acheté l'autre jour». Cela montre jusqu'où les vendeurs sont capables de s'arracher les clients les uns aux autres: les clients occasionnels comme les clients fidèles. Le simple fait de passer son chemin fait du passant un client potentiel. Si par aventure, il tente de s'arrêter pour regarder, ils lui posent la question: «c'est lequel tu veux», pour l'empêcher d'aller ailleurs. Le passant est traqué jusqu'à ce qu'il trouve un alibi pour s'éclipser. Ce comportement est observable chez les vendeurs de tout genre: tenues vestimentaires, denrées alimentaires, divers. D'où les nombreux cris au niveau des trottoirs et pourtours, du genre « on a cassé le prix, 2000 est devenu 1000 F, etc»; «viens voir ma chérie, je vais t'arranger». Ces techniques d'invitation traduisent le pouvoir d'achat du consommateur ivoirien, et le fait qu'il soit constamment poussé par la recherche de produits à moindre coût. La façon de conquérir les clients explique donc en partie le comportement des vendeurs face au forum des marchés. Le vendeur doit être installé à un lieu stratégique, où il peut avoir des clients potentiels. En effet, tous les vendeurs enquêtés ont affirmé que la plupart de leurs clients étaient des clients occasionnels. Leur pratique est similaire à celle de tout opérateur économique, qu'il soit d'une AGR, d'une PME, ou d'une firme. * 89 Le contrat de la mairie avec les vendeurs stipule qu'elle procéderait au retrait des places, à l'endroit de ceux qui ne les mettraient pas en valeur. |
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