Section 2 : Méthodologie de d'étude
Toute étude dans le domaine de la gestion ou du
management nécessite la mise en application d'une méthodologie
permettant de mener à bien et de façon méthodique
l'étude. La méthodologie établit la façon dont on
va analyser, découvrir, décrypter un phénomène
(Rispal, 2002). Il existe de ce fait la méthode quantitative et la
méthode qualitative. La distinction entre les deux méthodes passe
par la nature des données (données qualitatives, données
quantitatives), l'orientation de la recherche (la construction ou le test d'un
objet théorique), le caractère objectif ou subjectif des
résultats (objectivisme/ subjectivisme), et la flexibilité des
résultats. (Thiétart, 2003).
Nous avons choisi pour les besoins de notre étude
d'adopter la méthode qualitative ; nous présenterons dans cette
section la méthode en elle-même, ainsi que la démarche
scientifique qui en découle.
1- Présentation de la méthode de
recherche
Pour Miles et Huberman, c'est une méthode basée
sur des données qualitatives, c'est-à-dire des données qui
se présentent sous forme de mots, plutôt que de chiffres. Selon
Evrard et al. (1993), les données qualitatives correspondent
à des variables mesurées sur des échelles nominales et
ordinales (c'est-à-dire non métriques). La méthode
qualitative, qui peut émaner d'une orientation, est une démarche
exploratoire, caractéristique de la construction théorique,
où l'on ignore en grande partie la teneur de ce que l'on veut mettre
à jour.
Le développement de l'approche qualitative a
été caractérisé par la prise en compte de la
subjectivité du chercheur. Selon Erickson (1986), la
caractéristique la plus distinctive de l'enquête qualitative
réside dans la mise en oeuvre de l'interprétation. Cette
interprétation ne doit pas être celle des individus qui sont
étudiés. Ce positionnement de l'approche qualitative s'apparente
aux préceptes des tenants de l'interactionnisme symbolique31
qui considèrent que « l'authentique connaissance sociologique
» nous est livrée « dans le point de vue des acteurs, quel que
soit l'objet de l'étude, puisque c'est à travers le sens qu'ils
assignent aux objets,
31 L'expression « interactionnisme symbolique »
désigne globalement un courant sociologique d'origine américaine
fondé sur l'idée que la société est le produit des
interactions entre les individus.
aux situations, aux symboles qui les entourent que les acteurs
fabriquent leur monde social » (Coulon, 1987).
L'approche qualitative ne limite pas l'interprétation
à l'identification des variables, au développement d'instruments
de collecte de donnés et à l'analyse pour établir des
résultats. Il s'agit plutôt pour nous de nous positionner comme
interprète du terrain étudié, même si notre propre
interprétation peut être plus appuyée que celle des
sujets.
Cette brève présentation de l'approche
qualitative nous permet donc de justifier le choix de cette méthode pour
notre étude ; les données que nous avons prévu
d'étudier sont des données nominales et ordinales, et donc
qualitatives.
2- Stratégie d'accès au
réel
Le choix d'une stratégie d'accès au réel
dépend fortement de la démarche adoptée. Plusieurs
stratégies peuvent de ce fait être énumérées
:
- Les études de cas ;
- Les méthodes comparatives ;
- La recherche expérimentale
- La simulation
- La recherche action (Wacheux, 1996).
Pour notre étude, nous avons choisi comme
stratégie d'accès au réel l'étude de cas ; nous
nous attèlerons à présenter les particularités de
cette stratégie, ensuite la manière avec laquelle nous avons
recueilli les données, et enfin la nature des données que nous
avons recueillies pour les besoins de l'étude.
2-1- L'étude de cas
La méthode des cas se définit comme une analyse
spatiale et temporelle d'un phénomène complexe par les
conditions, les évènements, les acteurs et les implications
(Wacheux, 1996). L'étude de cas est appliquée à des
réalités fort différentes. Elle désigne souvent une
courte description d'une entreprise visant à illustrer de manière
simplifiée une problématique dans le cadre d'une situation
d'enseignement. Elle se justifie par la complexité du problème
posé. Un cas peut être
une personne ou un groupe de personnes, un projet
déterminé, une organisation ou un groupe d'organisation, voire un
secteur d'activité. En sciences de gestion, les trois dernières
catégories sont les plus utilisées (Rispal, 2002).
L'étude de cas est appropriée lorsque la
question de recherche commence par « pourquoi
» ou « comment ». Elle permet de
suivre ou de reconstruire les évènements dans le temps,
d'évaluer les causalités locales et de formuler une explication.
Elle a pour objectif de :
- Comprendre une situation, les déterminants et en donner
une représentation (typologie des styles de direction)
- Permettre l'analyse des processus ;
- Mettre en évidence des causalités
récursives.
L'étude de cas peut être effectuée sur un ou
plusieurs sites comme le montre le tableau suivant.
Tableau 3: les types d'études de cas
Mono-site Multi-sites
Représentativité
Etude d'un thème
théorique32 générique
Repérer des
Représentativité
configurations et empirique
des images
Case-cluster Similitudes et
Processus différences
Sources : Wacheux (1996).
Pour notre étude, nous avons choisi d'étudier le
cas d'une organisation, spécifiquement un certain nombre de processus de
l'organisation, en vue de montrer comment est ce qu'ils lui permettent
d'accroitre sa performance financière.
32 Elle s'obtient en choisissant des cas
représentatifs des contrastes et différentes modalités des
concepts mobilisés.
2-2- Le recueil des données
Dans une analyse qualitative, le recueil de données peut
être effectué de deux manières : soit par des sources
évidentes soit par une triangularisation.
Le choix d'utiliser des sources évidentes implique pour
le chercheur soit de faire un entretien, soit une
observation passive ou participante, soit encore une
analyse documentaire et des archives.
Pour recueillir les données qui nous ont permis de
mener à bien notre analyse, nous avons utilisé la
troisième méthode à savoir l'analyse
documentaire et des archives. C'est une opération de
structuration d'informations éparses, pour aboutir à un
résultat original utilisable pour le chercheur. Elle ne se traduit pas
dans un sous produit, ou dans un concentré des dossiers initiaux, mais
dans la création d'une structure, où les informations prennent
place par rapport à leur nature et par rapport aux questions de
recherche envisagées. (Wacheux, 1996). Le tableau suivant nous montre la
fonction de la documentation et des archives consultées.
Tableau 4: différentes fonctions de la
documentation et des archives.
Finalité
|
|
|
Objectif
|
> Compréhension
|
·
|
Chercher dans le passé ce qui explique le
|
(reconstitution des
|
|
présent
|
évènements)
|
|
·
|
Comparer le présent et le passé
|
|
|
·
|
Raconter une période révolue pour la
comprendre
|
> Validation
|
|
·
|
Comprendre un discours par rapport à des
|
(complémentaire
|
à
|
|
faits
|
d'autres dispositifs)
|
|
·
|
Générer un questionnement précis aux
acteurs
|
|
|
·
|
Trianguler les données (discours et actions)
|
Sources : Wacheux, 1996.
Dans l'entreprise, les écrits ont une fonction
déterminée. Ils actent les événements, constatent
les décisions, engagent les individus pour l'action. Le système
de comptabilité et de contrôle de gestion, par exemple comme un
métronome de la vie de l'entreprise. Ils enregistrent la situation,
l'efficacité et l'efficience du système à périodes
régulières, et ils servent de base à la discussion entre
les acteurs.
Pour la recherche sur les entreprises la facilité
à identifier les sources de leur fonction constitue un avantage certain.
Encore faut-il y avoir accès. Plus le document sera perçu comme
important, plus il sera difficile de l'obtenir.
2-3- Natures et sources documentaires
L'analyse documentaire s'évertue à proposer les
relations déterminantes du contexte sans être empreints des
intentions et des perceptions des acteurs actuels. Cette objectivité
n'est qu'apparente. Une approche historique s'intéresse aux
représentations du passé. L'analyse a donc pour finalité
d'établir les images pérennisées par les écrits et
de comprendre leur influence sur le présent et même le futur.
A partir des différentes sources, l'on structure et
enregistre avant d'interpréter par un processus d'analyse classique. Au
minimum, l'information se retrouve dans deux dossiers (Thuiller et Tulard,
1986) :
- L'un établit la chronologie précise des
événements,
- L'autre cumule les données sur une question de recherche
particulière.
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